Matthieu 12, 30

Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse.

Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse.
Saint Hilaire de Poitiers
Jésus fait connaître combien il s'en faut qu'il ait emprunté la moindre puis sance au démon, et il nous laisse entrevoir combien il est dangereux de se faire une mauvaise idée de lui, puisque ne pas être avec lui c'est être contre lui.
Saint Jean Chrysostome
A cette troisième raison en succède une quatrième: « Celui qui n'est pas avec moi est con tre moi ».

Comment donc celui qui n'amasse pas avec moi et qui n'est pas avec moi, peut-il être d'accord avec moi pour chasser les démons? il désire bien plutôt disperser et détruire ce qui m'appartient. Mais dites moi, si vous aviez un combat à livrer, celui qui ne voudrait pas venir à votre secours ne serait point par là même contre vous. Car le Seigneur lui-même a dit dans un autre endroit: «Celui qui n'est pas contre vous est pour vous». Il n'y a point ici de contradiction entre ces deux passages: d'un côté le Seigneur veut parler du démon qui est en guerre ouverte avec lui; de l'autre, d'un homme qui était en partie avec les disciples, et dont ils disaient: «Nous avons vu un homme chasser les démons en votre nom». Ce sont les Juifs qu'il paraît surtout avoir ici en vue, et qu'il range dans le parti du démon; ils étaient en effet contre lui, et ils dispersaient ce qu'il cherchait à réunir. On peut admettre aussi qu'il veut parler de lui-même, car il était l'ennemi déclaré du démon, et s'efforçait de détruire ses oeu vres.
Saint Jérôme
Il ne faut pas croire cependant que ces paroles se rapportent aux hérétiques et aux schismatiques, quoiqu'on puisse les leur appliquer par extension; car le contexte et la suite du récit nous forcent de les entendre du démon, en ce se ns qu'on ne peut comparer les oeuvres du Seigneur aux oeuvres de Béelzé bub. Le désir du démon, c'est de tenir les âmes captives; le désir du Seigneur, c'est de les délivrer; l'un prêche le culte des idoles, l'autre la connaissance du vrai Dieu; le démon en traîne au mal, le Sauveur rappelle à la pratique des vertus. Or, quel accord est possible entre ceux dont les oeuvres sont si contraires ?
Saint Thomas d'Aquin
1438. Ici est présentée la quatrième raison et elle renforce toutes les autres. En effet, quelqu’un pourrait dire : «Si tu enlevais par la victoire, la raison serait valable ; mais tu ne [le] fais pas par la violence, mais par la passion. Ainsi, ce n’est pas un signe que tu [l’]as lié.» C’est pourquoi [le Seigneur] présente une quatrième raison. Elle est la suivante : ceux qui s’entendent sur une chose agissent de la même manière. Ainsi, ceux qui agissent de la même manière ne se font pas obstacle les uns aux autres. Mais moi, j’agis contrairement à eux. C’est pourquoi, CELUI QUI N’EST PAS AVEC MOI EST CONTRE MOI. En premier lieu, il présente la raison d’une manière générale ; en second lieu, d’une manière particulière.

1439. [Le Seigneur] dit donc : CELUI QUI N’EST PAS AVEC MOI, etc. Et il est clair que le Diable n’est pas avec moi, car il s’oppose à ce que je fais, 2 Co 6, 15 : Qu’y a-t-il de commun entre le Christ et Bélial ? Qu’il lui soit opposé, on le trouve en Si 33, 15 : La mort s’oppose à la vie, et le pécheur à l’homme juste. Ainsi le Diable agit-il contre l’homme, lui qui est le père du péché. Mais en quoi s’oppose-t-il [au Seigneur] ? ET QUI N’AMASSE PAS AVEC MOI DISSIPE. En effet, le Seigneur rassemble, Is 40, 11 : Il rassemblera les agneaux dans ses bras et il les soulèvera contre sa poitrine ; il portera les brebis qui ont mis bas. Mais le Diable dissipe ; ainsi, Jn 10, 12 : Le loup s’en empare et les disperse.

1440. Mais, en Lc 9, 50, on lit : Celui qui n’est pas contre vous est avec vous, etc. Il semble donc qu’on dise ici le contraire. Chrysostome dit que les deux choses ont été dites dans un sens particulier. On n’interprète donc pas dans un sens général, mais en fonction d’une situation particulière et d’une manière spéciale, que celui qui n’a pas d’entente avec moi est contre moi. C’est pourquoi [le Seigneur] parlait là des disciples, et ici du Diable. Ou bien nous pouvons dire autrement qu’il en va différemment de Dieu et de l’homme. Il est clair que Dieu est la fin naturelle vers laquelle tous tendent. C’est pourquoi celui qui n’est pas avec Dieu doit nécessairement être séparé de Lui. Ainsi, 3 R [1 R] 18, 21 : Pourquoi boitez-vous des deux jambes ? Si le Seigneur est Dieu, suivez-le. Mais il n’en est pas de même des rapports d’un homme avec un autre homme, car celui qui n’est pas avec moi n’est pas pour cette raison contre moi.
Louis-Claude Fillion
Celui qui n'est pas avec moi... La signification de ces paroles est claire. C’est comme si Jésus eût dit « Celui qui n'est pas un ami est considéré comme un ennemi ». Quand, sur un point donné, deux partis hostiles sont en face l’un de l’autre, et que ces deux partis seulement sont possibles, il n’est permis à personne de demeurer impartial : il faut être ou pour ou contre. Or, tel est précisément le cas, dit Jésus. « Je suis du parti de Dieu. Par conséquent, celui qui n'est pas de mon camp est mon ennemi, mon adversaire », Érasme. Mais à qui Notre-Seigneur voulait-il appliquer cette sentence ? Il y a controverse là- dessus parmi les commentateurs. « Le contexte montre qu'il fait référence au démon ; car les œuvres du Seigneur ne peuvent être comparées à celle du démon », écrit S. Jérôme. De même S. Thomas : « Et le démon sert celui qui n'est pas avec moi ». Le proverbe cité par Jésus contiendrait donc une nouvelle réfutation des Pharisiens ; Cf. Wetstein, de Wette, Arnoldi, etc. Bengel et Néander rapportent moins heureusement encore ces paroles aux exorcistes juifs mentionnés plus haut, v. 27 ; d’autres les appliquent aux Pharisiens et à leurs sentiments hostiles contre Jésus. Nous préférons les regarder, avec Grotius, comme une sentence générale qui convient à tout l’auditoire du Sauveur. Il y avait là beaucoup d’hommes flottants, indécis, qui, frappés d’une part des miracles auxquels ils avaient assisté, de l’autre de la réflexion des Pharisiens, ne savaient de quel côté se ranger. Notre-Seigneur leur donne un avertissement sérieux, en montrant qu’en une telle matière la neutralité est impossible. Le juste-milieu ne saurait exister lorsque les principes sont en jeu, comme ils l’étaient alors ; car, en pareil cas, l’indifférence serait la haine. - Celui qui n'amasse pas... Même pensée revêtue d’une image qui est empruntée à la moisson. Ne pas se ranger avec le divin Moissonneur, c’est imiter l’insensé qui jetterait au loin à pleines mains les grains à peine récoltés. Là encore, il n’y a pas de milieu : on recueille ou on disperse.
Fulcran Vigouroux
Jésus-Christ parle ici à des pharisiens, qui, par le seul refus qu’ils faisaient de croire en lui, formaient une opposition des plus fortes à la prédication de l’Evangile. Car, comme ils étaient les plus accrédités des Juifs, leur exemple empêchait un grand nombre de conversions.
Catéchisme de l'Église catholique
Seule l’identité divine de la personne de Jésus peut justifier une exigence aussi absolue que celle-ci : " Celui qui n’est pas avec moi est contre moi " (Mt 12, 30) ; de même quand Il dit qu’il y a en Lui " plus que Jonas, (...) plus que Salomon " (Mt 12, 41-42), " plus que le Temple " (Mt 12, 6) ; quand Il rappelle à son sujet que David a appelé le Messie son Seigneur (cf. Mt 12, 36. 37), quand Il affirme : " Avant qu’Abraham fut, Je Suis " (Jn 8, 58) ; et même : " Le Père et moi nous sommes un " (Jn 10, 30).