Matthieu 12, 31
C’est pourquoi, je vous le dis : Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné.
C’est pourquoi, je vous le dis : Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné.
1441. AUSSI JE VOUS LE DIS : TOUT PÉCHÉ ET BLASPHÈME SERA REMIS AUX HOMMES, etc. Après avoir réfuté leurs paroles, [le Seigneur] s’élève ici contre eux. Premièrement, en raison de la gravité de [leur] péché ; deuxièmement, de leur mauvaise intention ; troisièmement, du jugement à venir. Le second point [se trouve] en cet endroit : PRENEZ UN ARBRE BON, etc. [12, 33] ; le troisième, en cet endroit : OR, JE VOUS LE DIS, etc. [12, 36].
1442. À propos du premier point, [le Seigneur] fait deux choses. Premièrement, il présente d’abord des idées générales ; deuxièmement, il explique, en cet endroit : QUICONQUE AURA DIT UNE PAROLE CONTRE LE FILS DE L’HOMME, etc. [12, 32].
1443. [Le Seigneur] dit donc : «Il est arrivé ce que vous dites ; AUSSI JE VOUS LE DIS, etc.» Et il présente deux idées. Premièrement, au sujet de la rémission du péché d’une manière générale : JE VOUS DIS : TOUT PÉCHÉ, à savoir, en action, ET TOUT BLASPHÈME, à savoir, en paroles, SERA REMIS AUX HOMMES, à savoir, s’ils font pénitence. Ainsi, Ps 102[103], 3 : Lui qui pardonne toutes tes fautes et qui guérit toutes tes maladies. Et ailleurs, Ps 31[32], 1 : Bienheureux ceux dont les fautes sont remises et dont les péchés sont acquittés. Et, par cela, l’opinion de Novatien est détruite, qui disait que tous les péchés ne sont pas rémissibles ; ici, il est dit que tout péché est rémissible. Deuxièmement, [le Seigneur] présente quelque chose de particulier qui n’est pas remis, lorsqu’il dit : MAIS L’ESPRIT DE BLASPHÈME NE SERA PAS REMIS, c’est-à-dire la volonté de blasphémer, à savoir, lorsqu’on blasphème avec une malice certaine. Et ces choses ont été dites d’une manière générale.
1442. À propos du premier point, [le Seigneur] fait deux choses. Premièrement, il présente d’abord des idées générales ; deuxièmement, il explique, en cet endroit : QUICONQUE AURA DIT UNE PAROLE CONTRE LE FILS DE L’HOMME, etc. [12, 32].
1443. [Le Seigneur] dit donc : «Il est arrivé ce que vous dites ; AUSSI JE VOUS LE DIS, etc.» Et il présente deux idées. Premièrement, au sujet de la rémission du péché d’une manière générale : JE VOUS DIS : TOUT PÉCHÉ, à savoir, en action, ET TOUT BLASPHÈME, à savoir, en paroles, SERA REMIS AUX HOMMES, à savoir, s’ils font pénitence. Ainsi, Ps 102[103], 3 : Lui qui pardonne toutes tes fautes et qui guérit toutes tes maladies. Et ailleurs, Ps 31[32], 1 : Bienheureux ceux dont les fautes sont remises et dont les péchés sont acquittés. Et, par cela, l’opinion de Novatien est détruite, qui disait que tous les péchés ne sont pas rémissibles ; ici, il est dit que tout péché est rémissible. Deuxièmement, [le Seigneur] présente quelque chose de particulier qui n’est pas remis, lorsqu’il dit : MAIS L’ESPRIT DE BLASPHÈME NE SERA PAS REMIS, c’est-à-dire la volonté de blasphémer, à savoir, lorsqu’on blasphème avec une malice certaine. Et ces choses ont été dites d’une manière générale.
Après avoir réfuté ses adversaires,
Jésus-Christ les attaque à son tour, et, en les attaquant, il essaie de leur inspirer un salutaire effroi par le
tableau de leur malice et des dangers auxquels elle les expose relativement à l’autre vie. Telle sera la couleur
générale de cette seconde partie de la défense du Sauveur, vv. 31-37. « Après s’être défendu; après avoir
satisfait à toutes les objections; après avoir découvert l’impudence de ses ennemis, il les effraye ensuite par
ses menaces. Car ce n’est pas une petite preuve du zèle qu’il avait du salut des hommes, de ne pas se
contenter de se justifier devant eux et de les persuader de son innocence, mais de les intimider même par les
menaces », S. Jean Chrysost. Hom. 41 in Matth. - C'est pourquoi ne se rapporte pas à ce qui vient d’être dit
immédiatement par Jésus, mais à l’accusation du v. 24. « C'est pourquoi », puisque, malgré l’évidence du
contraire, vous osez affirmez que c’est avec le secours de Béelzébub que je chasse les démons, sachez bien
quel affreux péché vous pouvez commettre en tenant un pareil langage. - Je vous dis ; formule solennelle,
comme toujours. - Tout péché et tout blasphème... S. Augustin regardait les vv. 31 et 32 comme les plus
difficiles de toute la Bible ; il a fréquemment essayé de les expliquer, complétant peu à peu son interprétation
primitive par de nouveaux développements. Cf. Jansenius in h. l. - Jésus commence par une proposition
générale : tout péché et tout blasphème sera pardonné. Le mot « péché » indique le genre, tandis que
« blasphème » désigne une espèce particulière de péché, au sujet de laquelle le Sauveur veut faire une
restriction importante. - Sera remis ; naturellement, si les conditions nécessaires pour cela sont posées par le
coupable. Il suit de là qu’il n’y a pas de péché irrémissible à proprement parler. : « Que personne, à la
pensée de ses fautes passées, ne désespère des récompenses divines. Dieu saura modifier sa sentence si vous
savez corriger votre faute », S. Ambroise, Commentaire de l'Évangile de Luc, 1. - Et pourtant, Jésus-Christ
établit immédiatement une exception : Le blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis. Nous avons deux
choses à examiner ici : 1° Que faut-il entendre par le blasphème contre l’Esprit-Saint ? 2° Pourquoi, et dans
quel sens ce péché est-il impardonnable ? Le substantif « blasphème » vient, comme nous l’avons dit plus
haut, du nom grec qui désigne directement des paroles nuisibles à la réputation de quelqu’un. Dans notre
passage, il s’agit d’un blasphème dirigé contre l’Esprit-Saint, Cf. v. 32 et Marc. 3, 29, circonstance qui
accroît singulièrement la malice de l’acte. Cependant, comme le dit Maldonat avec beaucoup de justesse :
« Il est certain que le péché contre le Saint Esprit n’est pas un péché contre la personne du Saint Esprit,
comme le remarque finement saint Augustin ». Jésus-Christ parle conformément au langage de l’Ancien
Testament, le seul qui fût accessible à ses auditeurs ; par les mots « Esprit-Saint » il désigne donc l’Esprit de
Dieu en général, c’est-à-dire l’activité divine qui se manifeste soit au-dehors par des effets sensibles, soit
au-dedans par les opérations de la grâce, Cf. Schegg, in h. l., et non pas la troisième personne de la Sainte
Trinité de manière à exclure le Père et le Fils. D’après le contexte, le blasphème contre l’Esprit de Dieu est le
dernier degré de la malignité humaine. Les éclaircissements que nous cherchons sur sa nature, nous sont
fournis par la scène à laquelle nous a fait assister le récit de S. Matthieu. Jésus-Christ avait opéré un miracle
éclatant, qui révélait visiblement l’action de Dieu ; néanmoins les Pharisiens, fermant les yeux à la lumière,
avaient osé dire que ce prodige provenait du démon. Partant de là, Notre-Seigneur certifie que le blasphème
contre l’Esprit-Saint ne saurait être pardonné ; il montre par là-même que ses adversaires avaient commis, ou
du moins avaient été sur le point de commettre ce péché irrémissible. S’il en est ainsi, la faute dont il parle
consiste en un endurcissement volontaire contre les manifestations les plus authentiques de l’Esprit-Saint, en
un outrage dirigé contre les opérations divines les plus évidentes, en une lutte ouverte et calculée contre
Dieu. Celui qui la commet détourne sciemment, librement, sa volonté de la vérité reconnue comme telle. -
Ne sera pas remis. Sentence terrible dont il est aisé maintenant de comprendre le motif. L’irrémissibilité du
blasphème contre l’Esprit-Saint n’existe pas du côté de Dieu, car sa bonté et sa puissance sont infinies ; elle
existe seulement du côté du pécheur, dont l’état est tel que son pardon est à peu près impossible. En effet, pour qu’un péché puisse être remis, il est nécessaire qu’on le regrette, qu’on en ait une contrition sincère ;
mais cette contrition ne saurait que très difficilement avoir lieu quand on blasphème contre le Saint -Esprit,
attendu qu’on s’endurcit soi-même dans le mal, qu’on aime sa faute et qu’on y persiste malgré l’évidence. «
Il faudra donc dire que les écritures et les pères ont enseigné que le péché contre l’Esprit saint est
irrémissible parce que habituellement et la plupart du temps il n’est pas remis », Bellarmin, de Poenitentia, l.
2, c. 16. C’est donc habituellement une anticipation de la damnation éternelle. C’est le péché de Satan et des
mauvais anges, qui n’a jamais été et ne sera jamais pardonné.
Pour ce qui est de certaines fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu purificateur, selon ce qu’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (Mt 12, 31). Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur (S. Grégoire le Grand, dial. 4, 39).
" Tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis " (Mt 12, 31 ; cf. Mc 3, 29 ; Lc 12, 10). Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint (cf. DeV 46). Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle.