Matthieu 12, 37
D’après tes paroles, en effet, tu seras reconnu juste ; d’après tes paroles tu seras condamné. »
D’après tes paroles, en effet, tu seras reconnu juste ; d’après tes paroles tu seras condamné. »
A la suite de ces reproches, le Seigneur cherche à inspirer aux Juifs une grande crainte en leur apprenant que ceux qui se seront rendus coupables de crimes semblables seront punis du dernier supplice: «Or, je vous déclare que les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole inutile qu'ils auront dite».
Il ne dit pas: «La parole inutile que vous aurez dite», car son dessein est d'enseigner tout le genre humain et de rendre son discours moins dur pour les Juifs. Or, la parole oiseuse est celle qui contient un mensonge ou une calomnie; quelques-uns l'étendent à la parole vaine, à celle par exemple qui excite un rire immodéré ou qui est contraire à la dé cence et à la pudeur.
Remarquez que ce jugement n'a rien de trop sévère: vous serez jugés non point sur ce qu'on aura dit de vous, mais sur ce que vous aurez dit vous-même; ce ne sont donc pas ceux qui sont accusés qui doi vent craindre, mais ceux qui accusent les autres, car personne ne sera forcé de s'accuser du mal qu'il aura entendu et dont il aura été l'objet, il ne sera responsable que du mal qu'il aura dit lui-même.
Voici le sens de ces paroles: Si une parole oiseuse qui n'édifie en rien ceux qui l'entendent n'est point sans danger pour celui qui la dit, et si au jour du jugement chacun doit rendre compte de ses discours, à combien plus forte raison vous qui calomniez les oeuvres de l'Esprit saint, et qui dites que je chasse les démons par Beelzéhub, rendrez-vous compte de semblables calomnies.
C'est une parole qui est sans utilité pour celui qui parle comme pour celui qui écoute; par exemple, lorsqu'au lieu d'entretiens sérieux no us nous entretenons de choses frivoles ou que nous racontons les récits fabuleux de l'antiquité. Quant à celui qui se livre aux bouffonne ries, rit à gorge déployée et blesse la pudeur dans ses discours, il n'est pas seulement coupable d'une parole oiseuse, mais de discours criminels.
A cette vérité se rattache la maxime suivante: «C'est d'après vos paroles que vous serez condamnés; c'est d'après vos paroles que vous serez justifiés».Nul doute qu'on ne soit condamné pour les mauvaises paroles qu'on aura di tes; mais quant aux bonnes paroles, elles ne pourront justifier que celui qui les aura dites avec une conviction intime et une intention vertueuse.
Ou bien la parole oiseuse est celle qui n'est motivée ni par une véritable utilité, ni par une juste nécessité.
1467. Ensuite, [le Seigneur] donne l’explication : CAR C’EST D’APRÈS TES PAROLES QUE TU SERAS JUSTIFIÉ, etc. Dans un jugement du monde, parfois les innocents sont punis et les méchants libérés, parce que le jugement est porté selon ce que disent les témoins ; dans le jugement de Dieu, [le jugement est porté] selon l’homme qui s’accuse lui-même, à savoir, selon ce qu’il confesse à son propre sujet. Ainsi, pour qu’on ne croie pas que tu seras jugé par ce que les autres diront à ton sujet, mais par ce que tu diras de toi, [le Seigneur] dit : CAR D’EST D’APRÈS TES PAROLES QUE TU SERAS JUSTIFIÉ ET C’EST D’APRÈS TES PAROLES QUE TU SERAS CONDAMNÉ. Comme en Lc 19, 22 : Je te juge d’après ce que tu dis, mauvais serviteur.
Le Sauveur insiste encore sur l’importance des paroles et sur le compte sérieux que chacun de nous devra
rendre au souverain Juge de celles qu’il aura proférées. - Car tu seras justifié ; la particule « car » relie
étroitement les deux versets. C’est d’après ses paroles que l’homme sera justifié, c’est-à-dire déclaré juste,
ou condamné dans l’autre vie. Il sera justifié si elles ont été bonnes ; il sera condamné si elles ont été
mauvaises, parce que, dans l’un et dans l’autre cas, elles attesteront sa moralité intérieure. Cf. Luc. 19, 22 ;
Job. 15, 6. On reconnaît l’oiseau à son chant, l’homme à son langage. Ainsi donc, « avec la langue nous
écrivons pour nous-mêmes le protocole le plus décisif de notre futur examen devant le tribunal de la justice
suprême », Stier, l. c. - Revenons rapidement sur l’ensemble de l’apologie de Notre-Seigneur, afin de mieux
marquer la liaison des détails qui la composent. Jésus avait guéri un démoniaque sourd et muet, v. 22 ; la
foule stupéfaite tendait à conclure de là qu’il était le Messie, v. 23 ; mais les Pharisiens assurèrent qu’il
n’avait accompli ce prodige que grâce à la coopération de Satan, v. 24. Le Sauveur leur adressa cette réponse
: Tout royaume divisé contre lui-même périt infailliblement, v. 25 ; le royaume de Satan n’échappe point à
cette règle ; si le démon m’aide à chasser le démon, c’en est donc fait de son autorité, v. 25. Du reste, c’est
ou par Béelzébub, ou par l’esprit de Dieu que je guéris les démoniaques ; dans le premier cas, vos disciples
font comme moi, v. 27, dans le second cas le règne du Messie a commencé, et je suis moi-même le Messie, v.
28. Comment pourrais-je en effet chasser le démon, si je n’étais pas plus fort que lui ? v. 29. Qu’on y prenne
bien garde ! Dans la lutte que vous engagez contre moi sur ce terrain, il n’est pas possible de demeurer
neutre, v. 30. Sachez d’ailleurs à quoi vous vous exposez en m’outrageant ainsi : vous blasphémez contre
l’Esprit-Saint, ce qui est un péché irrémissible de sa nature, vv. 31-32. Prétendre, comme vous le faites, que
le fruit est bon tandis que l’arbre est mauvais, c’est une inconséquence palpable, v. 33. Mais rien ne doit
étonner de votre part : on parle mal quand on a un mauvais cœur, v. 34, car les paroles correspondent à l’état
intérieur de l’âme, v. 35. Vous subirez les conséquences de cette conduite, attendu qu’au jugement
messianique il faudra rendre compte des moindres paroles, v. 36, et que la sentence du souverain Juge sera
conforme au langage qu’on aura tenu sur la terre, v. 37.
Car c’est par tes paroles, etc. Il paraît que c’est un proverbe que l’évangéliste rapporte textuellement, puisque les verbes sont au singulier.