Matthieu 12, 40
En effet, comme Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, le Fils de l’homme restera de même au cœur de la terre trois jours et trois nuits.
En effet, comme Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, le Fils de l’homme restera de même au cœur de la terre trois jours et trois nuits.
Le Seigneur avait bien des fois réduit les pharisiens au silence et mis un frein à leur impudence; ils se rejettent donc de nouveau sur ses oeuvres, ce que l'Évangéliste étonné nous raconte en ces termes: «Alors quelques-uns des scribes lui dirent», etc. Alors, c'est-à-dire quand ils auraient dû se rendre, pleins d'admiration et d'étonnement; mais ils per sévèrent dans leur malice et ils lui disent pour le surprendre: «Nous voudrions que vous nous fassiez voir un prodige».
Leurs paroles sont pleines à la fois d'adulation et d'ironie. Ils avaient commencé par outrager le Sauveur en le traitant de possédé du démon; ils cherchent à le flat ter maintenant en l'appelant Maître. Aussi leur répond-il avec sévérité: «Cette génération méchante», etc. Lorsqu'ils le chargeaient d'injures, il leur répondait avec douceur; mais lors qu'ils veulent le prendre par la flatterie il leur fait les plus vifs reproches; il prouve ainsi qu'il était supérieur à toute faiblesse, incapable de s'irriter des outrages ou de faiblir devant la flatterie. Or, voici le sens de ces paroles: «Qu'y a-t-il d'étonnant que vous agissiez ainsi contre moi qui suis pour vous un inconnu, quand vous vous êtes conduit de la même manière à l'égard de mon Père dont vous aviez éprouvé tant de fois la puissance et que vous avez aban donné pour courir aux autels du démon ?» Il les appelle «génération méchante» parce qu'ils n'ont jamais eu que de l'ingratitude pour leurs bienfaiteurs. Les bienfaits ne font que les rendre plus mauvais, ce qui est le comble de la perversité.
Il se déclame ainsi l'égal de Dieu son Père, puisque c'est pour n'avoir pas voulu croire en lui que cette génération est devenue adultère.
Il parle ainsi, parce que ce n'était pas pour les amener à lui qu'il faisait des mira cles, car il savait qu'ils étaient plus durs que la pierre, mais c'était pour en convertir d'autres. Ou bien c'est parce qu'ils ne devaient pas être témoins d'un signe tel qu'ils le demandaient. En effet, il leur donna plus tard un signe, alors qu'ils apprirent à connaître sa puissance par leur propre châtiment, et c'est ce qu'il leur fait entendre à mots couverts en leur disant: «On ne lui donnera pas de signe», paroles dont voici le sens: J'ai répandu sur vous mes bienfaits à profusion, aucun d'eux ne vous a portés à rendre hommage à ma puissance; vous la connaîtrez donc par le châtiment qui vous attend, lorsque vous verrez la destruction de votre cité. Il en tremêle ici une prédiction de sa résurrection, qu'ils devaient aussi connaître un jour par leur supplice, «si ce n'est le signe du prophète Jonas».La croix n'aurait jamais été l'objet de la foi si elle n'avait eu pour elle le témoignage des miracles, et si elle n'avait pas été crue, la résur rection ne l'aurait pas été davantage; c'est pour cela qu'il l'appelle un signe, et que pour en faire reconnaître la vérité il en rappelle une figure prophétique: «Car, de même que Jonas fut dans le ventre de la baleine», etc.
Il ne leur dit pas claire ment qu'il ressusciterait, car ils se seraient moqués de lui; mais il le leur donne à entendre pour qu'ils pussent croire par la suite ce qu'il avait prédit par avance. Il ne dit pas simplement: «Dans la terre», mais «dans les entrailles de la terre» pour exprimer une véritable sépulture, et afin que personne ne pût soupçonner que sa mort n'était qu'apparente. Il dit clairement qu'il y restera trois jours, afin que l'on ne pût douter de la réalité de sa mort. D'ailleurs la figure de la résurrection est une preuve de sa réalité, car Jonas ne fut pas seulement en apparence, mais bien réellement dans le ventre de la baleine. Or la vérité n'aurait-elle existé qu'en apparence, tandis que la figure a existé en réalité? Les disciples de Marcion sont donc de véritables en fants du démon, en affirmant avec leur maître que la passion du Christ n'a été qu'imaginaire; ajoutons que le signe du prophète Jonas, qui devait être donné à cette génération est une preuve que le Sauveur devait souffrir la mort pour les Juifs, quoiqu'ils n'en dussent tirer aucun profit (cf. Jon 1,5 ).
Ils demandent des prodiges, comme si les faits qu'ils ont vus jusqu'ici n'étaient pas des prodiges. Saint Luc explique plus clairement quelle espèce de miracle ils lui demandent: Nous voudrions que vous nous fassiez voir un prodige dans le ciel ( Lc 11 ). Peut-être voulaient-ils que comme Elie il fît descendre le feu du ciel, ou qu'à l'exemple de Samuel ( 2R 1 ), il fît en plein été et contrairement à ce qui arrive dans ces contrées, il fit gronder le tonnerre, briller les éclairs et tomber la pluie ( 1S 7 1S 12 ). Mais n'auraient-ils pas trouvé le moyen de calomnier ces prodiges en disant qu'ils étaient le résultat de causes secrètes et variées qui agis sent sur l'atmosphère? Car, puisque vous calomniez ce que vous voyez de vos yeux, ce que vous touchez de la main, ce dont vous ressentez l'utilité, que ne diriez-vous pas d'un miracle qui viendrait du ciel? Vous répondriez sans doute que les magiciens en Egypte ont fait eux-mêmes beaucoup de prodiges dans les airs.
Le mot «adultère» qu'il ajoute est parfaitement choisi, parce que cette génération avait abandonné son mari et que, suivant Ezéchiel, elle s'était livrée à plusieurs amants ( Ez 16,15 Ez 16,24-25 Ez 16,33 ).
Ce n'est pas que Jésus-Christ ait été les trois jours entiers et les trois nuits dans les enfers, mais on entend que ces trois jours et ces trois nuits sont formés d'une partie du jour de la Pâque, d'une partie du dimanche et du jour du sabbat tout entier.
Quelques auteurs qui paraissent ignorer la manière de s'exprimer de l'Écriture, ont voulu compter pour une nuit les trois heures qui s'écoulèrent de la sixième à la neuvième et pendant lesquelles le soleil fut obscurci, et pour un jour les trois autres heures, depuis la neuvième jusqu'au coucher du soleil, pendant lesquelles il éclaira de nouveau la terre. Vint ensuite la nuit du sabbat, et en la comptant avec le jour qui suivit on a deux nuits et deux jours. Après le jour du sabbat vient la nuit du premier jour de la semaine (c'est-à-dire la nuit qui précède le dimanche) dans laquelle le Seigneur est ressuscité. Nous avons donc deux nuits et deux jours et de plus une nuit, alors même qu'on devrait la comprendre tout entière, et que nous ne prouverions pas que le point du jour était la partie extrême de cette nuit. C'est ainsi que sans compter ces six heures (dont trois heures de nuit et trois heu res de jour), nous avons réellement trois jours et trois nuits, et il ne nous reste plus qu'à dém ontrer que cette explication est conforme à l'usage de l'Écriture, qui prend souvent la partie pour le tout.
L'Écriture elle-même nous témoigne que ces trois jours ne furent pas complets; mais la seconde partie du premier jour et la première partie du troisième jour sont comptées pour des jours entiers; quant au jour intermédiaire, c'est-à-dire le deuxième jour, il est complet et a ses vingt-quatre heures, douze de nuit et douze de jour. La nuit qui pré céda la première aurore où la résurrection du Seigneur eût lieu appartient au troisième jour. Car de même que les premiers jours de l'homme sur la terre se comptent du jour à la nuit comme symbole de sa chute future, de même les jours se comptent ici de la nuit au jour comme figure de la réparation de l'homme.
Il va maintenant leur répondre non pas en leur faisant voir un prodige dans le ciel, mais en le tirant des profondeurs de la terre. Il a donné ce signe dans le ciel, mais à ses disciples, en leur dévoilant la gloire de l'éternelle félicité, d'abord en figure sur la montagne ( Mt 18 ), et puis en réalité lorsqu'il s'éleva dans les cieux ( Mc 16 ). Il ajoute :«On ne lui donnera pas d'autre signe».
Il fait voir aux Juifs qu'ils sont aussi coupables que les Ninivites, et que leur ruine est imminente s'ils ne font pénitence; mais de même que Jonas, en annonçant le châtiment, indique les moyens de l'éviter, ainsi les Juifs ne doivent pas déses pérer de leur pardon, si du moins, après la résurrection de Jésus-Christ, ils font pénitence. Jo nas, don t le nom signifie colombe et celui qui gémit, figure celui sur lequel l'Esprit saint des cendit en forme de colombe ( Lc 3 ), et qui s'est chargé de nos souffrances ( Is 53 ). La baleine qui engloutit Jonas au milieu de la mer ( Jon 2 ) signifie la mort que Notre-Seigneur Jésus-Christ a endurée sur la croix. Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre de la ba leine, le Christ demeura le même temps dans le tombeau. Jonas fut jeté sur le rivage, le Christ a ressuscité dans sa gloire.
1474. COMME JONAS FUT DANS LE VENTRE DE LA BALEINE PENDANT TROIS JOURS ET TROIS NUITS, comme cela est arrivé, DE MÊME EN SERA-T-IL POUR LE FILS DE L’HOMME AU CŒUR DE LA TERRE. Par cela, l’erreur des manichéens est confondue, selon laquelle [le Seigneur] n’est pas vraiment mort. Et il dit : AU CŒUR DE LA TERRE, car, de même que le cœur de l’homme se trouve dans les profondeurs, de même le Christ est-il dans les profondeurs de la terre. Ou bien AU CŒUR DE LA TERRE, c’est-à-dire au sein des gens terrestres et des disciples, qui désespéraient à son sujet, comme on le lit en Lc 24, 21 : Nous espérions qu’il rachèterait Israël.
1475. TROIS JOURS ET TROIS NUITS. Mais il y a ici une question à propos du texte. Il semble que ceci soit faux, car il a rendu l’âme à la neuvième heure et a été enterré le soir [de ce même jour] ; mais il est ressuscité au matin du troisième jour. Augustin dit que certains veulent dire qu’il faut compter à partir de l’heure à laquelle il a été crucifié. Ils disent donc que la première nuit est cette obscurité qui est apparue, la seconde fut la nuit du vendredi, et la troisième, celle du jour du sabbat. Mais, selon Augustin, cela ne tient pas ; cela pourrait toutefois nous être utile si [le Seigneur] avait passé toute la journée du dimanche dans le sépulcre.
1476. Il faut donc plutôt dire que le jour naturel, comportant jour et nuit, couvre une période de vingt-quatre heures. Mais, comme le dit Augustin, parfois, dans l’Écriture, la partie est prise pour le tout. Il faut donc dire que, par synecdoque, [le Seigneur] fut dans le sépulcre trois jours et trois nuits, parce que le vendredi compte pour toute la journée et aussi pour la nuit précédente ; pour le second jour, il n’y a pas de doute ; mais le troisième jour [compte] pour la nuit et le jour suivants. Toutefois, si nous examinons [les faits] selon la vérité, [le Seigneur fut au sépulcre] deux nuits et un jour entier, pour indiquer que ce qui est simple pour lui est double pour nous. Chez nous, il y avait la peine et la faute ; chez lui, seulement la peine. C’est pourquoi, etc.
1475. TROIS JOURS ET TROIS NUITS. Mais il y a ici une question à propos du texte. Il semble que ceci soit faux, car il a rendu l’âme à la neuvième heure et a été enterré le soir [de ce même jour] ; mais il est ressuscité au matin du troisième jour. Augustin dit que certains veulent dire qu’il faut compter à partir de l’heure à laquelle il a été crucifié. Ils disent donc que la première nuit est cette obscurité qui est apparue, la seconde fut la nuit du vendredi, et la troisième, celle du jour du sabbat. Mais, selon Augustin, cela ne tient pas ; cela pourrait toutefois nous être utile si [le Seigneur] avait passé toute la journée du dimanche dans le sépulcre.
1476. Il faut donc plutôt dire que le jour naturel, comportant jour et nuit, couvre une période de vingt-quatre heures. Mais, comme le dit Augustin, parfois, dans l’Écriture, la partie est prise pour le tout. Il faut donc dire que, par synecdoque, [le Seigneur] fut dans le sépulcre trois jours et trois nuits, parce que le vendredi compte pour toute la journée et aussi pour la nuit précédente ; pour le second jour, il n’y a pas de doute ; mais le troisième jour [compte] pour la nuit et le jour suivants. Toutefois, si nous examinons [les faits] selon la vérité, [le Seigneur fut au sépulcre] deux nuits et un jour entier, pour indiquer que ce qui est simple pour lui est double pour nous. Chez nous, il y avait la peine et la faute ; chez lui, seulement la peine. C’est pourquoi, etc.
De
même que Jonas... Cf. Jon. 2, 1 et ss. L’histoire de l’Ancien Testament ne présente pas d’exemple plus
frappant d’une conservation toute providentielle, alors que la mort devait nécessairement arriver d’après les
lois ordinaires de la nature. Jésus-Christ nous révèle maintenant le dessein principal que Dieu s’était proposé
en accomplissant un tel prodige. Le séjour de Jonas dans l’estomac du poisson devait être, d’après le plan
divin, le type et la figure de la résurrection du Messie, Jonas, dans le cantique d’action de grâces qu’il chanta
après sa merveilleuse délivrance, s’était représenté comme perdu « au cœur des mers », 2, 4 ; le Sauveur fait
une allusion évidente à ce trait de l’ancienne prophétie, lorsqu’il parle de son propre séjour dans le cœur de
la terre. Qu’entendait-il par cette expression ? Sa sépulture, suivant plusieurs auteurs ; les limbes, selon
plusieurs autres (Tertullien, S. Irénée, etc.) ; peut-être aussi ces deux choses à la fois. Les Pharisiens avaient
demandé un signe du ciel, Jésus-Christ leur en promet un qui sortira du cœur de la terre. - Trois jours et trois
nuits. Ces chiffres seraient inexacts d’après notre manière ordinaire de compter ; mais ils sont d’une
exactitude parfaite si on les apprécie d’après le langage numérique alors usité chez les Juifs, langage auquel
Notre-Seigneur Jésus-Christ dût naturellement se conformer dans la circonstance présente. Toutes les fois
qu’on employait des locutions de ce genre, on se donnait de très grandes libertés, suivant ce principe : « Le
jour et la nuit constituent le temps, et une partie du temps est comme la totalité du temps », Schabb. 12, 1. Le Sauveur fut enseveli le vendredi soir et il ressuscita le dimanche de grand matin ; il ne demeura donc
réellement dans le tombeau que deux nuits entières, un jour entier et des parties peu considérables de deux
autres jours. Les Hébreux, moins stricts que nous en pareil cas, comptaient un jour commencé comme un
complet : la soirée du vendredi, le samedi et les premières heures du dimanche équivalaient pour eux à
« trois jours et trois nuits ». Cf. Lightfoot, Hor. Talm. h. l. Ce point n’offre pas la moindre difficulté. - Tel
sera le signe de Jésus. La parole qui l’annonçait fut sans doute obscure pour l’auditoire ; mais les événements
se chargeront de la dévoiler. Qui ne reconnaît aujourd’hui que la Résurrection de Notre-Seigneur
Jésus-Christ est son signe, son miracle par excellence, la preuve la plus forte de sa mission et de sa divinité ?
Si l’on a égard à la manière dont les Juifs divisaient le temps, on reconnaîtra sans peine que le corps de Jésus-Christ est resté trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.
La mort du Christ a été une vraie mort en tant qu’elle a mis fin à son existence humaine terrestre. Mais à cause de l’union que la Personne du Fils a gardé avec son Corps, il n’est pas devenu une dépouille mortelle comme les autres car " il n’était pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir (de la mort) " (Ac 2, 24). C’est pourquoi " la vertu divine a préservé le corps du Christ de la corruption " (S. Thomas d’A., s. th. 3, 51, 3). Du Christ on peut dire à la fois : " Il a été retranché de la terre des vivants " (Is 53, 8) ; et : " Ma chair reposera dans l’espérance que tu n’abandonneras pas mon âme aux enfers et ne laisseras pas ton saint voir la corruption " (Ac 2, 26-27 ; cf. Ps 16, 9-10). La Résurrection de Jésus " le troisième jour " (1 Co 15, 4 ; Lc 24, 46 ; cf. Mt 12, 40 ; Jon 2, 1 ; Os 6, 2) en était la preuve car la corruption était censée se manifester à partir du quatrième jour (cf. Jn 11, 39).
Mais il y a plus : Jésus lie la foi en la résurrection à sa propre personne : " Je suis la Résurrection et la vie " (Jn 11, 25). C’est Jésus lui-même qui ressuscitera au dernier jour ceux qui auront cru en lui (cf. Jn 5, 24-25 ; 6, 40) et qui auront mangé son corps et bu son sang (cf. Jn 6, 54). Il en donne dès maintenant un signe et un gage en rendant la vie à certains morts (cf. Mc 5, 21-42 ; Lc 7, 11-17 ; Jn 11), annonçant par là sa propre Résurrection qui sera cependant d’un autre ordre. De cet événement unique Il parle comme du " signe de Jonas " (Mt 12, 40), du signe du Temple (cf. Jn 2, 19-22) : il annonce sa Résurrection le troisième jour après sa mise à mort (cf. Mc 10, 34).