Matthieu 12, 48

Jésus lui répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? »

Jésus lui répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? »
Saint Thomas d'Aquin
1500. MAIS, EN LUI RÉPONDANT, etc. La réponse du Christ est présentée, et il fait deux choses : premièrement, il réfute celui qui l’interroge ; deuxièmement, il fait l’éloge de ses disciples, en cet endroit : EN TENDANT LA MAIN VERS SES DISCIPLES, etc. [12, 49].

1501. [Jésus] dit donc : QUI EST MA MÈRE ET QUI SONT MES FRÈRES ? À partir de ce passage, certains ont nié que le Christ se soit incarné d’une manière véritable, mais [ont affirmé qu’il l’a fait] d’une manière imaginaire. Ils donnaient donc l’interprétation suivante : «Celle-ci n’est pas ma mère, ni ceux-ci mes frères.» Ce qui est contraire à ce que dit l’Apôtre, Ga 4, 4 : Dieu a envoyé son Fils né d’une femme, etc. De même, Rm 1, 3 : Lui qui est né de la semence de David selon la chair. De même, le Seigneur a reconnu [sa mère] alors qu’il était sur la croix : Femme, voilà ton fils ! Jn 19, 26. Chrysostome [écrit] : «Pourquoi le Seigneur dit-il : “Qui est ma mère et qui sont mes frères ?”» [Le Seigneur] dit deux choses, dont l’une est saine et l’autre, non. En effet, il dit que sa mère et ses frères ont ressenti quelque chose d’humain, car, voyant Jésus prêcher et la foule qui le suivait, ils se réjouirent. Ils voulurent donc en retirer une certaine gloire. C’est pourquoi le Seigneur a voulu montrer que ce qu’il faisait, il ne le faisait pas en vertu de ce qu’il avait reçu de sa mère, mais [de ce qu’il avait reçu] de son Père. Cette position est partiellement saine, car, pour ce qui est des frères, elle est saine, car on lit en Jn 8, 5 : En effet, même ses frères ne croyaient pas en lui. Mais, pour ce qui est de la mère du Seigneur, elle n’est pas saine, car on croit qu’elle n’a jamais péché, ni mortellement, ni véniellement. En effet, il est dit d’elle dans Ct 4, 7 : Tu es toute belle, mon amie, et il n’y a pas de tache en toi ! Et Augustin dit : «Lorsqu’il est question du péché, je ne veux pas qu’on fasse mention d’elle.»

1502. Jérôme donne donc une autre solution : celui qui informa [le Seigneur] l’informa de manière insidieuse. En effet, il voulait vérifier si [Jésus] se concentrait à ce point sur les réalités spirituelles qu’il ne s’occupait pas des réalités temporelles. C’est pourquoi la réponse [de Jésus] porte sur les sentiments : il n’aurait pas davantage aimé sa mère si elle n’avait eu autant de consistance spirituelle. Il dit donc : QUI EST MA MÈRE ? Il ne nie pas que celle-ci soit sa mère, mais il veut interdire une affection désordonnée. Ainsi, plus haut, 10, 37 : Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi.
Louis-Claude Fillion
De prime-abord la réponse de Notre-Seigneur semble dure pour sa Mère et pour ses proches. Mais elle perd beaucoup de sa froideur apparente si l'on fait attention : 1° qu'elle n'est pas adressée directement à Marie et aux frères de Jésus, mais à celui des auditeurs qui avait pris la liberté d'interrompre le divin Maître, celui qui avait dit cela ; 2° qu'elle a beaucoup d'analogie avec deux autres réponses faites antérieurement par Jésus-Christ à sa Mère, soit dans le temple de Jérusalem, Luc. 2, 19, soit aux noces de Cana, Joan. 2, 4, et qui n'avaient rien de blessant ni d'irrespectueux ; 3° qu'en tenant ce langage, le Sauveur voulait donner à ses auditeurs un exemple de noble dégagement des affections terrestres et d'attachement profond aux choses du ciel, aux intérêts de Dieu. « Il ne méprise pas la mère, mais il fait passer le Père avant », Bengel. « Il montre qu’il se doit plus au ministère confié par son père qu’à l’affection maternelle », St. Ambroise.