Matthieu 13, 15
Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.
Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.
Le cœur de ce peuple s'est épaissi... Nous venons d’apprendre qu’Israël est aveugle et sourd ; la
suite de la prophétie nous montre que cela est arrivé par sa propre faute. La graisse, chez tous les anciens,
était regardée comme une cause et citée comme un symbole d’insensibilité. Cette expression est donc une
figure énergique pour décrire l’état d’endurcissement moral dans lequel les Juifs étaient tombés. - Ils ont
péniblement entendu, ils n’entendent qu’avec beaucoup de peine ; bien plus, ils tiennent leurs yeux
hermétiquement fermés. Et pourquoi donc ? De peur qu'ils ne voient... Rien ne saurait mieux exprimer que
ces paroles la liberté de leur obstination dans le mal : c’est justement pour ne pas entendre, pour ne pas
comprendre, qu’ils agissent comme l’a dit le Prophète. S’ils voyaient, s’ils comprenaient, ils se
convertiraient et ils seraient sauvés, tandis qu’ils veulent vivre et mourir dans leurs iniquités, malgré la
damnation éternelle qui les attend. - Et que je les guérisse ; Jésus ajoute ces mots, dit S. Jean Chrysostôme, l.
c., «montrant par là leur profonde méchanceté et une opposition préparée à dessein». - Notons ce qu’il y a de
vérité psychologique dans ce verset. Les substantifs « cœur, oreilles, yeux » y sont répétés à deux reprises,
mais dans un ordre inverse, parce que l’écrivain sacré ne voulait pas représenter le même état de choses.
L’insensibilité morale qui règne dans le cœur passe de là aux oreilles, puis aux yeux : il est notoire, en effet,
qu’au moral l’oreille subit l’influence du cœur et la vue celle de l’oreille. Si le cœur est endurci, l’oreille est
sourde ; si l’oreille entend mal l’œil voit mal. Dans le second cas l’ordre est renversé, parce qu’il est question
de conversions et que le cœur demeure la dernière citadelle à conquérir, et qu’on n’arrive à lui que par les
sens de la vue et de l’ouïe. Remarquons encore que, dans le texte primitif, le prophète reçoit directement de
Jéhova la mission d’endurcir et d’aveugler Israël, Cf. Vulgate, 6, 10 ; mais c’est là une manière tout orientale
d’annoncer avec plus de force un avenir inévitable. Celui à qui on le prédit est censé le produire lui-même.
Le Juif Kimchi admet expressément que les impératifs équivalent ici à de simples futurs et qu’ils ont
simplement pour but de renforcer l’idée.