Matthieu 13, 17
Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.
Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.
Ajoutons que les Juifs, n'ayant pas la foi, ont perdu la loi qu'ils avaient reçue; car la foi chrétienne renferme tout don parfait; dès qu'on l'a reçue, elle s'enrichit de nouveaux fruits; mais si on la rejette, elle enlève jusqu'aux dons qu'on avait reçus précédemment.
Ou bien il veut parler ici du bonheur des Apô tres, à qui il fut donné de voir de leurs yeux et d'entendre de leurs oreilles le salut de Dieu, que les prophètes et les justes avaient désiré voir et entendre, et qui ne devait être révélé que dans la plénitude des temps, comme Notre-Seigneur le dit en termes exprès: «Car je vous dis en vérité, que beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous ent endez, et ne l'ont point entendu.
Notre-Seigneur veut rendre encore plus claire cette vérité, et il ajoute: «Je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point». Si cet aveuglement ve nait de la nature, le Sauveur aurait dû leur ouvrir les yeux; mais comme il était volontaire, il ne dit pas simplement: Ils ne voient pas, mais «en voyant, ils ne voient pas». Ils l'ont vu, en effet, chasser les démons, et ils ont dit: «C'est par Béelzébub qu'il chasse les démons» ( Mt 12,24 ). Ils entendaient dire qu'il attirait tout le monde à Dieu, et ils disaient: «Cet homme ne vient pas de Dieu» ( Jn 9,16 ). Mais comme ils affirmaient le contraire de ce qu'ils voyaient et de ce qu'ils entendaient, ils perdent la faculté de voir et d'entendre. En effet, cette faculté, ne leur a servi de rien qu'à rendre leur condamnation plus terrible. Aussi dans le commencement il ne leur parlait pas en paraboles, mais en termes clairs et sans énigme, et il ne se sert de paraboles que parce qu'ils dénaturent tout ce qu'ils voient et tout ce qu'ils entendent.
Afin qu'ils ne pussent dire: C'est notre ennemi qui nous accuse, il leur cite le Prophète qui rend pleinement témoignage à ce qu'il vient de dire: «Et la prophétie d'Isaïe s'accomplit en eux: vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez pas, et en voyant, vous ne verrez pas», c'est-à-dire vous entendrez de vos oreilles des paroles, mais vous n'en comprendrez pas le sens; vous verrez de vos yeux mon humanité, et vous ne verrez pas, c'est-à-dire vous ne comprendrez pas ma divinité.
Jusqu'ici il a fait voir l'étendue de leur malice et leur éloignement affecté à l'égard de Dieu; mais comme son désir est de les attirer à lui, il ajoute: «Et que s'étant convertis, je ne les guérisse», paroles qui prouvent que s'ils voulaient se convertir, il les guéri rait. Ainsi lorsqu'on dit d'une personne quelconque: S'il m'en avait prié, je lui aurais immédia tement pardonné, on déclare à quelles conditions le pardon est offert; de même en disant: «De peur que s'étant convertis je ne les guérisse»,Notre-Seigneur montre et qu'il leur est possible de se convertir, et qu'en faisant pénitence ils seront sauvés.
Ce que les Apôtres voient et entendent, c'est sa présence, ses miracles, sa voix, sa doctrine, et en cela il proclame leur sort préférable non-seulement à celui des méchants, mais encore à celui des bons qui les ont précédés, et il les déclare plus heureux que les anciens justes, parce qu'ils voient non-seulement ce que les Juifs ne voient point, mais encore ce que les prophètes et les justes ont désiré voir et n'ont pas vu. En effet, les anciens justes n'ont vu le Christ que par la foi, tandis que les Apô tres le voient de leurs yeux et sans obscurité. Admirez le parfait accord de l'Ancien Testament avec le Nouveau. Si les prophètes avaient été les serviteurs d'un dieu étranger ou opposé au vrai Dieu, jamais ils n'auraient désiré voir le Christ.
Il leur parle de la sorte, parce qu'ils se sont privés eux-mêmes de la faculté de voir et d'entendre en fermant leurs oreilles et leurs yeux, et en laissant leur coeur s'appesantir; car leur crime n'était pas seulement de ne pas entendre, mais d'être contrariés d'entendre; c'est pour cela qu'il ajoute: «Leur coeur s'est appesanti».
La conduite des Apô tres est vraiment digne d'admiration; malgré le désir qu'ils ont de s'instruire, ils choisissent le moment pour interroger, et ils ne le font pas publiquement, ce que saint Matthieu nous indique par ces paroles: «Alors ses disciples s'approchant»,etc. Saint Marc est encore plus explicite, et dit clairement qu'ils vinrent le trouver en particulier.
Remarquez aussi avec quelle vive affection ils se préoccupent du soin et des intérêts du prochain, avant de penser à ce qui les concerne, car ils ne lui disent pas: «Pourquoi nous parlez-vous en paraboles», mais: «Pourquoi leur parlez-vous en paraboles ?» «C'est, leur répond-il, que pour vous autres, il vous a été donné de connaître les mystè res du royaume des cieux».
En parlant de la sorte, Notre-Seigneur n'établit pas le système de la nécessité ou de la fatalité; il veut simplement montrer que ceux qui n'ont pas reçu cette faveur sont eux-mêmes la cause de tous leurs maux, et que la connaissance des mystères divins est un don de Dieu et une grâce qui descend du ciel. Cependant le libre arbitre n'est pas pour cela détruit, ces paroles et celles qui suivent le prouvent évidemment. En effet, pour ne pas jeter dans le désespoir ceux qui n'ont pas reçu cette grâce, ou dans la négligence ceux à qui elle a été donnée, il nous dit clairement que la raison première de ces dons vient de nous: «Celui qui a déjà, on lui donnera encore»,etc., parole s dont voici le sens: Celui qui est plein d'ardeur et de zèle recevra en abondance tous les dons de Dieu, mais s'il en est dépourvu et qu'il ne prête en aucune manière son concours, il ne recevra pas les dons de Dieu, et il perdra même ce qu'il a; non pas que Dieu le lui enlève, mais parce qu'il se rend indigne de conserver ce qu'il possède. Si donc nous voyons un de nos frères entendre la parole de Dieu avec négli gence, et que nos efforts soient impuissants pour réveiller son attention, gardons le silence; car en insistant davantage, nous ne ferions qu'accroître sa négligence. Mais pour celui qui a le désir de s'instruire, nous l'attirons facilement, et nous ne craignons pas de prolonger nos dis cours. Notre-Seigneur a bien raison de dire: «Ce qu'il paraît avoir»; car il ne possède pas même ce qu'il a.
Ou bien encore, les Apôtres qui ont cru en Jésus-Christ, n'eussent-ils qu'une vertu médiocre, en recevront l'accroissement; mais les Juifs, qui n'ont pas voulu croire en lui, bien qu'il fût le Fils de Dieu, se verront enlever même les biens naturels qu'ils paraissent avoir; car ils ne peuvent rien comprendre avec sagesse, parce qu'ils n'ont pas en eux le principe de la sagesse.
Aussi ne dit-il pas: Tous les prophètes et tous les justes, mais plusieurs, car dans ce nombre, les uns ont pu voir, et les autres être privés de cette faveur. Toutefois cette interpréta tion n'est pas sans danger, car elle paraît établir entre les saints différents degrés de mérite (quant à la foi qu'ils avaient en Jésus-Christ). Abraham vit sous des emblèmes, sous des nua ges obscurs; mais vous avez sous vos yeux et vous possédez votre Seigneur, vous l'interrogez comme vous voulez, et vous vivez avec lui.
De peur que nous ne pensions que cet appesantissement du coeur et cette surdité de l'ouïe étaient un vice de la nature et non de la volonté, il prouve que c'était la suite du mauvais usage de leur liberté en ajoutant: «Et ils ont fermé les yeux».
On peut se demander com ment ils purent s'approcher du Seigneur, puisqu'il se trouvait alors dans la barque. Il faut l'entendre dans ce sens qu'ils étaient montés avec lui dans cette barque, et que c'est là qu'ils lui demandèrent l'explication de la parabole.
Notre-Seigneur parle ainsi de ceux qui sont sur le rivage, et qui, autant par suite de la distance qui les sépare de Jésus, que du bruit des flots, n'entendaient pas clairement ce qu'il disait.
Si nous n'avions pas lu plus haut que, pour exciter l'attention de ceux qui l'écoutaient, le Sauveur avait dit: «Que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre», nous aurions pu croire que ce sont les yeux et les oreilles du corps qu'il proclame bienheureux. Mais pour moi, ces yeux sont heureux qui peuvent connaître les mystères de Jésus-Christ, et heureuses ces oreilles dont Isaïe a dit: «Le Seigneur m'a donné une oreille pour l'écouter».La Glose. En effet, l'âme est véritablement un oeil, parce qu'elle s'applique par son énergie naturelle à l'intelligence des choses; l'âme est aussi l'oreille parce qu'elle peut recevoir les enseignements des autres.
Ce que le Sauveur dit ici paraît contraire à ce qu'il dit ailleurs: «Abraham a désiré voir mon jour, et il l'a vu, et il en a été réjoui».
Ou bien encore, ils ont fermé les yeux afin de ne pas voir de leurs yeux, c'est-à-dire qu'eux-mêmes ont été cause que Dieu leur a fermé les yeux, comme le dit un autre Évangéliste ( Jn 12,40 ): «Il a aveuglé leurs yeux». Est-ce de telle sorte qu'ils ne voient jamais, ou bien est-ce afin qu'ils ne voient point en regrettant et en déplorant leur aveuglement, de manière qu'étant profondément humiliés de cet état, ils soient amenés à confesser leurs pé chés et à chercher Dieu avec amour? C'est ainsi que saint Marc l'entend: «De peur qu'ils ne viennent à se convertir, et que leurs péchés ne leur soient pardonnés» ( Mc 4,12 ). Nous voyons donc clairement que par leurs péchés ils se sont rendus indignes de comprendre, et que cependant, par un effet de la miséricorde de Dieu, ils ont pu connaître leurs péchés, et en obte nir le pardon par leur conversion. Mais la manière dont saint Jean rapporte ce passage: «Ils ne pouvaient croire, parce que, Isaïe a dit encore: Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur coeur, de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, et ne comprennent du coeur, et qu'ils se conver tissent, et que je les guérisse», paraît contredire cette explication, et nous force d'entendre ces paroles: «De peur qu'ils ne voient de leurs yeux», non pas d'un aveuglement qui leur per mettra de voir un jour, mais dans ce sens que cet aveuglement sera perpétuel. En effet, saint Jean dit clairement: «Afin qu'ils ne voient pas de leurs yeux», et en ajoutant: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient pas croire»,il montre assez que cet aveuglement n'a pas eu lieu, afin que, vivement touchés de cet état et regrettant de ne pas comprendre, ils se convertissent en faisant pénitence (car c'est ce qu'ils ne pourraient faire sans croire tout d'abord, puisque la foi est ce principe de leur conversion, comme la conversion est le principe de leur guérison, et leur guérison la condition nécessaire pour comprendre); mais cet Évangéliste nous déclare, au contraire, qu'ils ont été aveuglés, de manière que la foi leur fût impossible, puisqu'il dit ouvertement: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient croire». Or, s'il en est ainsi, qui ne prendrait la défense des Juifs et ne proclamerait qu'ils ne sont nullement coupables de n'avoir pas cru? Car s'ils n'ont pas cru, c'est que Dieu a aveuglé leurs yeux. Mais comme nous ne devons point supposer l'ombre de faute en Dieu, il nous faut reconnaître que certains autres péchés ont été causes de cet aveuglement qui leur a rendu la foi impossible. Car voici comme s'exprime saint Jean: «Ils ne pouvaient croire, parce qu'Isaïe a dit encore: Il a aveuglé leurs yeux».C'est donc en vain que nous nous efforçons de comprendre qu'ils ont été aveuglés à cette fin qu'ils pussent se conver tir, puisqu'au contraire ils ne pouvaient pas se convertir parce qu'ils ne croyaient pas, et qu'ils ne pouvaient croire parce qu'ils étaient aveugles. Toutefois on peut dire, avec quelque appa rence de raison, qu'un certain nombre de Juifs auraient pu être guéris, mais que cependant l'excès de leur orgueil était monté à un tel point, qu'il leur était avantageux de ne pas croire tout d'abord. Ils ont donc été aveuglés pour ne pas comprendre les paraboles du Seigneur; ne les comprenant pas, ils ne crurent pas en lui, et ne croyant pas en lui, ils le crucifièrent avec les autres Juifs qui étaient perdus sans espoir. Mais après la résurrection ils se convertirent, alors que profondément humiliés du crime du déicide qu'ils avaient commis, ils aimèrent avec plus d'ardeur celui qu'ils reconnaissaient avec joie leur avoir pardonné un si grand crime; car il fallait que la grandeur de leur orgueil fût abattue par cet excès d'humiliation. Cette explication pourrait paraître singulière si les faits ne lui donnaient raison, comme nous le lisons expressé ment au livre des Actes (2, 37). La manière dont saint Jean s'exprime: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient croire, parce qu'il a aveuglé leurs yeux, afin qu'ils ne voient point»,ne lui est pas contraire; nous disons, en effet, qu'ils ont été aveuglés, afin qu'ils pussent se convertir, c'est-à-dire que les paroles du Seigneur leur furent d'abord cachées sous le voile des paraboles, afin qu'après sa résurrection, ils fussent ramenés à lui par une pénitence salutaire. Aveuglés d'abord par l'obscurité de ce langage, ils ne comprirent pas les paroles du Seigneur; ne les comprenant pas, ils ne crurent pas en lui, et ne croyant pas en lui, ils le crucifièrent. Mais après sa résurrection, saisis d'épouvante à la vue des miracles qui se faisaient en son nom, ils furent touchés jusqu'au fond du coeur de l'énormité d'un si grand crime, et donnèrent les preuves du plus humble repentir, et lorsqu'ils eurent reçu le pardon de leurs péchés, leur obéissance fut d'autant plus grande que leur amour était plus ardent; mais cet aveuglement ne fût pas ainsi pour tous le principe de leur conversion.
L'Évangéliste dit qu'ils s'approchèrent pour marquer qu'ils l'interrogèrent; ou bien ils ont pu s'approcher réellement de lui, bien qu'il n'y eût qu'une légère distance qui les en séparât.
Celui qui a le désir de la lecture recevra le don de l'intelligence, et celui qui n'a pas ce désir, se verra enlever jusqu'aux dons qu'il tenait de la nature. Ou bien, celui qui a la charité recev ra toutes les autres vertus; mais celui qui n'a pas la charité en sera dépouillé, parce qu'il n'y a pas de bien possible sans la charité.
Et remarquez que non-seulement ses paroles, mais encore ses actions elles-mêmes, étaient autant de paraboles, c'est-à-dire des symboles des choses spirituelles, ce que prouvent évidemment les paroles suivantes: «Parce qu'en voyant ils ne voient point»; car on ne peut voir les paroles, mais seulement les entendre.
Pour vous, dis-je, qui me suivez, et qui croyez en moi. Les mystères du royaume des cieux, c'est la doctrine évangélique; mais pour eux, c'est-à-dire pour ceux qui sont au dehors et ne veulent pas croire en lui (les scribes, les pharisiens et tous les autres qui persévèrent dans leur infidélité), il ne leur a pas été donné de les comprendre. Joignons-nous donc aux disciples pour approcher du Seigneur avec un coeur pur, afin qu'il daigne nous expliquer la doctrine de l'Évangile, selon cette parole du Deutéronome ( Dt 33 ): «Ceux qui se tiennent à ses pieds recevront sa doctrine».
Cette phrase peut être entendue en ce sens qu'à chaque membre on sous-entende la particule négative; afin qu'ils ne voient pas de leurs yeux, qu'ils n'entendent pas de leurs oreilles, qu'ils ne comprennent pas de leur coeur, et qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.
Le coeur des Juifs s'est appesanti sous le poids de leur malice, et c'est la multitude de leurs péchés qui leur a fait entendre avec peine les paroles du Seigneur qu'ils recevaient avec une superbe ingratitude.
Isaïe lui-même, Michée et d'autres prophètes ont vu la gloire du Seigneur, et c'est pour cela qu'ils ont été appelés voyants.
La Glose
Les disciples, remarquant qu'il y avait de l'obscurité dans le discours que le Seigneur adressait au peuple, voulurent lui conseiller de ne plus parler en paraboles: «Et ses disciples, s'approchant de lui, lui dirent»,etc.
Les yeux de ceux qui voient et ne veulent pas croire sont donc bien malheureux. Mais pour vous, vos yeux sont heureux, parce qu'ils voient, et vos oreilles, parce qu'elles en tendent».
1551. Ensuite, [le Seigneur] donne un signe : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, etc. Augustin dit : «Bienheureux celui qui possède tout ce qu’il veut. Sont donc bienheureux ceux à qui est donné tout ce que les anciens voulaient, à savoir, les prophètes et les justes.» En effet, quiconque est juste est roi, comme on lit en Pr 20, 8 : Le roi qui siège sur son trône fait disparaître tout mal. Et cela, parce QU’ILS ONT DÉSIRÉ VOIR CE QUE vous avez déjà reçu : une certaine participation à la béatitude. Mais que veut-il dire lorsqu’il dit : ET ILS NE L’ONT PAS VU ? Ne lit-on pas en Jn 8, 56 : Abraham a désiré voir mon jour ; il l’a vu et s’est réjoui ? De même, en Is 6, 1 : Il vit le Seigneur assis sur un trône haut et élevé. Et le même, lorsqu’il parle de la passion, 53, 2 : Nous l’avons vu et il n’avait pas l’aspect…Une solution est que certains ont vu et d’autres, non. Mais, comme le dit Jérôme, il est dangereux de dire cela. Autre interprétation : ils ont vu, mais pas aussi clairement. Ep 3, 5 : Ce qui n’a pas été connu des fils des hommes au cours des autres générations, comme cela a maintenant été révélé aux saints apôtres. Ou bien, autre interprétation : [il faut] mettre tout en rapport avec la vision et l’audition de la présence corporelle, car les justes avaient désiré le voir dans la chair. On en a un exemple dans Siméon, Lc 2, 10. Ainsi, HEUREUX SONT VOS YEUX QUI VOIENT, etc. Et les Juifs n’ont-ils pas vu ? Je dis à leur sujet qu’ils ne voient pas, parce qu’ils ne voient que l’extérieur. Mais on lit le contraire en Jn 20, 29, où il est dit : Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. Il faut dire qu’il y a la béatitude effective, qui s’obtient par la participation, et la béatitude de l’espérance, qui s’obtient par le mérite. Ainsi, bienheureux de la béatitude de l’espérance ou du mérite sont ceux qui n’ont pas vu, et bienheureux de la béatitude effective ou par participation ceux qui voient ! C’est ainsi qu’il est dit d’Abraham, Jn 8, 56 : Il s’est réjoui de voir mon jour ; il l’a vu et s’est réjoui.
En vérité... Sous le sceau du serment, Jésus-Christ apporte un exemple destiné à montrer toute
l’étendue de la faveur accordée aux disciples. - Beaucoup de prophètes et de justes, c’est-à-dire les hérauts
de Dieu, chargés d’annoncer aux hommes ses volontés et de leur parler de son Christ ; de l’autre les Saints de
toute condition. - Ont désiré voir... Ils consumaient en ardents désirs vers Celui que l’un d’entre eux avait
appelé l’attente des peuples, Cf. Gen. 49, 10 : ils souhaitaient de voir le Messie et ses œuvres, d’entendre sa
parole ; mais ces souhaits quoique bien légitimes, ne furent point réalisés, ne l'ont pas vu... ne l'ont pas
entendu. S. Paul, dans l’épître aux Hébreux, insiste sur leurs vifs désirs demeurés inassouvis : « Ils sont tous
morts ceux-là en croyants, sans avoir reçu les choses promises, mais les regardant et les saluant de loin »,
Hebr. 11, 13 ; Cf. 39, 40.