Matthieu 13, 18

Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.

Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.
Saint Thomas d'Aquin
1552. ÉCOUTEZ DONC, VOUS, LA PARABOLE DU SEMEUR, etc. Ici est présentée l’explication. Premièrement, [le Seigneur] conclut sur le fait qu’ils étaient dignes ; deuxièmement, il explique.

1553. Il dit donc : «ÉCOUTEZ DONC, etc., car vous, vous êtes dignes d’entendre, et non seulement d’entendre, mais de l’entendre de moi.» Pr 1, 5 : Celui qui écoute avec sagesse deviendra plus sage.
Louis-Claude Fillion
Vous donc. « Vous » est emphatique, comme « vos » du v. 16. « Donc », puisque vous êtes appelés à recevoir des révélations qui demeureront cachées aux autres - Écoutez, comprenez ; ou bien, écoutez de nouveau cette parabole avec une interprétation authentique, qui en déterminera pour vous le sens d’une manière infaillible. - La parabole du semeur, c’est-à-dire de celui qui dissémine, propage, répand. Le divin Maître daigne se faire exégète pour nous apprendre non seulement ce que signifie cette parabole particulière, mais aussi et par là-même quelles règles générales nous devrons suivre pour interpréter toutes les autres. Ces règles ont été souvent indiquées. Elles consistent 1° à rechercher avec le plus grand soin la vérité dominante que la parabole a pour but d’enseigner ; 2° à recourir au contexte qui est souvent d’un grand secours pour fixer le vrai sens de la parabole. Ce sera tantôt une allusion de Jésus-Christ, tantôt une note de l’Évangéliste, tantôt un détail préliminaire, tantôt un épilogue, qui mettra sur la voie de l’interprétation légitime ; 3° l’idée-mère une fois trouvée, à s’occuper des détails qu’il faudra ramener toujours à cette pensée principale, car ils partent d’elle comme les rayons du centre ; 4° à éviter les analogies forcées, purement imaginaires, par conséquent à ne pas trop s’écarter du sens littéral de la parabole. Naturellement, sur ce terrain qui ne saurait être limité d’une manière précise, la sagesse et le discernement de l’interprète ont à jouer un rôle important, mais ce rôle est bien délicat, et il serait facile d’en abuser. Quant à la question de savoir jusqu’où s’étendent les traits significatifs et symboliques des paraboles, on sait qu’elle est l’objet d’une grande controverse, née dès les premiers jours de l’exégèse et venue jusqu’à nous à travers les siècles. Deux systèmes d’interprétation se sont formés depuis longtemps sur ce point. S. Jean Chrysostôme, et de nombreux commentateurs à sa suite, assurent qu’il suffit de trouver la pensée dominante, le but principal de la parabole. Il n’est pas nécessaire, disent-ils, de chercher une signification spéciale pour chacun des incidents accessoires dont elle se compose, car ces incidents ne sont nullement essentiels ; ce n’est qu’une draperie destinée à donner aux paraboles plus de grâce et de beauté. Donc, le principal une fois obtenu, ne vous inquiétez pas de détails sans valeur (S. Jean Chrysost.). L’autre école affirme au contraire que, dans une parabole, tout a une signification, même les fibres les plus ténues du récit, même les détails les plus insignifiants en apparence ; l’interprète ne doit donc rien négliger, puisque rien n’est ornement pur et simple. - On peut dire qu’il y a exagération des deux parts : Jésus-Christ lui-même a donné tort aux défenseurs de l’un et de l’autre système, car, dans l’interprétation qu’il nous a laissée des paraboles du semeur et de l’ivraie, nous le voyons tantôt descendre à plusieurs faits fort secondaires, tels que les oiseaux, les épines, la chaleur brûlante, pour les appliquer à la vie spirituelle, tantôt négliger divers incidents du même genre, montrant ainsi que ce n’étaient, dans sa pensée, que des embellissements poétiques. Il faut donc éviter l’arbitraire et se tenir autant que possible dans le juste milieu que Vitringa nous semble avoir très bien défini dans les lignes suivantes : « Me plaisent ceux qui tirent des paraboles du Christ plus de vérités que d’un précepte d’éthique illustré par une parabole. Si on peut expliquer les paraboles du Christ de façon à retrouver la doctrine du salut dans chacune de leurs parties, sans exagération et sans contorsion, j’estime qu’il faut choisir ce genre d’explication comme étant le meilleur et préférable aux autres. Plus nous tirerons des vérités solides des paroles du Verbe de Vie, plus nous aurons part à la sagesse divine », Schriftmaessige Erklaerung der Evang. Parabeln, Francfort, 1717, in h. l. Ainsi donc, expliquons autant de traits que nous le pourrons, mais que l’exégète ou le prédicateur prenne bien garde de « résister à la tentation de ramener l’Écriture à sa propre volonté » (S. Jérôme), comme il n’arrive que trop souvent.