Matthieu 13, 22
Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.
Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.
1561. Ici est présenté un empêchement à bien fructifier, qui vient parfois de la prospérité, et parfois de l’adversité. [Le Seigneur] dit donc : CELUI QUI A ÉTÉ SEMÉ DANS LES ÉPINES, C’EST CELUI QUI ENTEND LA PAROLE DE DIEU. Ces épines sont les soucis de ce temps. en effet, de même que les épines piquent et ne laissent pas de repos à un homme, de même en est-il de ces soucis. Ainsi donc, ne semez pas dans les épines. LES SOUCIS DE CE TEMPS ET LA SÉDUCTION DES RICHESSES ÉTOUFFENT LA PAROLE. LES SOUCIS, pour ce qui est de l’avenir, LA SÉDUCTION DES RICHESSES, pour ce qui est du présent. Ainsi lorsque les richesses abondent, elles sont trompeuses. 1 Tm 6, 17 : Il ne faut pas donner beaucoup de valeur aux richesses de ce temps ni mettre son espérance dans des richesses incertaines. De même, lorsqu’elles sont désirées, elles ne réussissent pas à satisfaire, parce qu’elles ne comblent pas. De même, elles provoquent l’inquiétude. C’est pourquoi le Seigneur les interdit à ses apôtres : Ne vous préoccupez pas de ce que vous mangerez ni de ce que vous boirez, plus haut, 6, 31. ÉTOUFFENT LA PAROLE. Plus haut, il a dit qu’elle se dessèche ; ici, [il dit] qu’ELLE EST ÉTOUFFÉE. En effet, vous savez qu’une chandelle peut s’éteindre soit par le manque d’humidité, et alors elle se dessèche, soit par l’excès [d’humidité], et alors elle est étouffée. De même la vie naturelle, qui est fondée sur le chaud et l’humide, peut-elle dépérir en raison de l’abondance ou du manque d’humidité. De la même façon, les tribulations enlèvent parfois l’humidité de la consolation présente, et alors [la parole] est rendue instable et se dessèche ; et parfois elles l’augmentent, et alors [la parole] est étouffée. C’est la raison pour laquelle la semence ne donne pas de fruit. [Le Seigneur] dit donc : ET ELLE DEMEURE SANS FRUIT. Rm 6, 21 : Quel fruit avez-vous donc porté de ce dont vous rougissez maintenant ? Vient ensuite : Devenus serviteurs de Dieu, vous portez du fruit par la sanctification. Ep 5, 9 : En effet, les fruits de la lumière sont toutes les formes de bonté, de justice et de vérité.
Parmi les épines. Les premiers auditeurs de la parole céleste lui avaient créé des
obstacles dès le principe, aussi n’avait-elle pas même pu germer en eux ; les autres, après avoir favorisé sa
première croissance, s’étaient bientôt opposés à ses progrès ultérieurs ; ceux dont parle maintenant le divin
Maître la laissent grandir davantage et même monter en épis, mais pour eux comme pour les autres la
semence demeure finalement stérile. Cependant le terrain de leur cœur est bon et profond : malheureusement
il est rempli d’épines ; de là l’insuccès qui attend la prédication évangélique dans cette partie du grand
champ humain. - Les épines sont de deux sortes très distinctes. - 1° Les sollicitudes de ce monde : les soucis
et les ennuis de cette vie, lorsqu’ils préoccupent et absorbent une âme, l’entraînent de divers côtés, selon le
mot de Térence, et peuvent être extrêmement funestes à la parole divine que la Providence y a semée. - 2° La
séduction des richesses. Les richesses et les délices du siècle ne le sont pas moins quand on en abuse ; elles
peuvent même produire des effets plus pernicieux encore. Chacune de ces causes, prise à part, « a fortiori »
leur réunion, étouffe la semence évangélique, qui se trouve ainsi empêchée, « par la prospérité et
l’adversité », selon l’expression de S. Thomas d’Aquin. La locution séduction des richesses est
remarquable : la richesse y est personnifiée et dépeinte sous les traits d’une femme qui induit le monde en
erreur en le flattant. « Qui me croirait jamais, dit à ce sujet saint Grégoire le Grand, si je disais que les épines
représentent les richesses, surtout parce que les unes piquent, et les autres plaisent. Et pourtant ce sont bien
des épines, car par les piqûres de leurs pensées elles lacèrent l’esprit. Et, comme elles entraînent jusqu’au
péché, elles infligent donc réellement une blessure. Jésus a raison de donner aux richesses le qualificatif de
fausses. Elles sont fausses puisqu’elles ne peuvent pas demeurer avec nous longtemps. Elles sont fausses
parce qu’elles ne sont pas capables de chasser la stérilité de notre pensée. »
Mais ce " rapport intime et vital qui unit l’homme à Dieu " (GS 19, § 1) peut être oublié, méconnu et même rejeté explicitement par l’homme. De telles attitudes peuvent avoir des origines très diverses (cf. GS 19-21) : la révolte contre le mal dans le monde, l’ignorance ou l’indifférence religieuses, les soucis du monde et des richesses (cf. Mt 13, 22), le mauvais exemple des croyants, les courants de pensée hostiles à la religion, et finalement cette attitude de l’homme pécheur qui, de peur, se cache devant Dieu (cf. Gn 3, 8-10) et fuit devant son appel (cf. Jon 1, 3).