Matthieu 13, 29

Il répond : “Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps.

Il répond : “Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps.
Saint Thomas d'Aquin
1580. ET IL LEUR DIT. Il faut remarquer que c’est la troisième fois qu’il parle de supporter le mal. À ce propos, on lit dans Qo 8, 1 : Parce qu’un jugement n’est pas immédiatement porté contre les méchants, les fils des hommes s’adonnent sans crainte au mal. Premièrement, il met son objectif en lumière ; deuxièmement, il en donne la raison ; troisièmement, il présente le moment jusqu’où il supportera, car il ne supportera pas toujours.

1581. [Le Seigneur] dit donc : «NON, c’est-à-dire, je ne veux pas que vous la ramassiez tout de suite.» 2 P 3 9 : Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de sa promesse, mais il attend avec patience. DE CRAINTE : ici, il donne la raison. Dès le départ, vous devez remarquer que le bien est grand et l’emporte sur le mal, car le bien peut exister sans le mal, mais le mal [ne peut exister] sans le bien. C’est pourquoi le Seigneur supporte beaucoup de maux afin qu’arrivent ou même ne disparaissent pas beaucoup de biens. Il dit donc : DE CRAINTE QU’EN ARRACHANT L’IVRAIE, c’est-à-dire les méchants ou les hérétiques, etc., VOUS N’ARRACHIEZ AUSSI LE BLÉ.

1582. C’est pour quatre raisons qu’il arrive que les méchants ne doivent pas être arrachés au profit des bons. Une raison est que les bons sont mis à l’épreuve par les méchants. 1 Co 11, 19 : Il importe qu’il y ait des hérésies afin que ceux qui ont été mis à l’épreuve se mettent en évidence parmi vous. Pr 9, 29 : Celui qui est insensé sera au service du sage. S’il n’y avait pas eu d’hérétiques, la science des saints ne se serait pas illustrée, [celle] d’Augustin et d’autres. Ainsi, celui qui voudrait déraciner les méchants déracinerait aussi beaucoup de choses bonnes.

1583. Il arrive de même que quelqu’un qui est mauvais maintenant devienne bon par la suite, comme Paul. Si Paul avait été tué, l’enseignement d’un si grand maître nous ferait donc défaut, ce qu’à Dieu ne plaise. Si tu veux donc déraciner, tu déracineras en même temps le blé, à savoir celui qui sera le blé. Ps 67[68], 23 : Le Seigneur a dit : «Je fais revenir de Basan, je fais revenir du fond de la mer.»

1584. La troisième raison est que certains semblent mauvais et ne le sont pas. C’est pourquoi, si tu voulais arracher les mauvais, tu arracherais en même temps plusieurs qui sont bons. Et cela est montré par le fait que Dieu n’a pas voulu qu’ils soient ramassés avant qu’ils ne soient parvenus à maturité. 1 Co 4, 5 : Ne jugez pas avant le temps.

1585. La quatrième raison est que parfois quelqu’un possède une grande puissance ; s’il est écarté, il en entraîne donc plusieurs avec lui, et ainsi plusieurs périssent avec ce méchant. C’est pourquoi une communauté n’est pas excommuniée ni le dirigeant d’une peuple, afin d’éviter que plusieurs ne tombent à cause d’un seul. C’est de cela que parle ce qui est dit en Ap 12, 4, que le dragon a entraîné le tiers des étoiles avec lui, etc. Et Gn 18, 25 : Loin de toi que tu fasses cela et que tu tues le juste en même temps que l’impie.
Louis-Claude Fillion
Et il dit : Non. Le Maître n’accepte pas leurs offres de service. Cependant, « on ne doit pas blâmer le dédain qu’on a pour la zizanie, mais il faut quand même le rendre raisonnable », Bengel. Leur zèle, en effet, quelque grand et quelque désintéressé qu’il fût, était loin d’être bien éclairé, comme le leur indique le père de famille en motivant son refus. - De peur qu'en arrachant... Le danger ne venait plus de la difficulté de distinguer les deux plantes l’une de l’autre, puisque, d’après ce que nous avons dit, l’ivraie se manifestait maintenant avec la différence qui la caractérise, (« l'ivraie parut aussi », v. 26) ; il venait de la difficulté d’arracher la mauvaise herbe sans endommager la bonne. On a remarqué, en effet, dans les champs où l’ivraie et le froment poussent côte à côte, que leurs racines s’entremêlent et s’enlacent, de telle sorte qu’il est impossible d’extraire l’ivraie sans nuire au blé d’une manière considérable.