Matthieu 13, 3

Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer.

Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer.
Saint Thomas d'Aquin
1512. ET IL LEUR PARLA DE BEAUCOUP DE CHOSES EN PARABOLES. La raison [de ceci] est double. L’une est que, par ces paraboles, les choses sacrées sont cachées aux infidèles pour éviter qu’ils ne blasphèment. En effet, il est dit plus haut : Ne donnez pas les choses saintes aux chiens [Mt 7, 6]. Parce que beaucoup blasphémaient, [le Seigneur] a donc voulu parler en paraboles. Ainsi, Lc 8, 10 : Il vous a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu, mais aux autres [il n’est connu] qu’en paraboles. La seconde raison est que, par ces paraboles, les gens sans instruction sont mieux enseignés. Ainsi, lorsque les choses divines sont expliquées sous forme de comparaisons, les gens sans instruction [les] saisissent et les retiennent mieux. C’est pourquoi le Seigneur a voulu parler en paraboles afin que [celles-ci] soient mieux mémorisées. En effet, parce qu’il savait que ceux qui en étaient dignes accueilleraient son enseignement, il voulut le livrer ainsi afin qu’ils le mémorisent mieux. Ps 77[78], 2 : Je parlerai en paraboles. Et pourquoi [le Seigneur] a-t-il proposé plusieurs paraboles ? Une raison est que, parmi la multitude des hommes, les uns sont touchés différemment des autres ; il a donc dû diversifier [ses paraboles] afin que celles-ci conviennent à toutes les dispositions. Une autre raison est que les choses spirituelles sont toujours cachées ; elles ne peuvent donc pas être pleinement manifestées par des choses temporelles. Elles doivent donc être manifestées diversement. Jb 11, 5 : Si seulement Dieu voulait parler et ouvrir ses lèvres pour toi, afin de te montrer les secrets de la sagesse.

1513. IL DISAIT : «VOICI QUE LE SEMEUR EST SORTI POUR SEMER, etc.» Ici est présenté l’enseignement sous forme de paraboles. [Le Seigneur] vise trois buts : premièrement, il présente un empêchement à l’enseignement évangélique ; deuxièmement, [son] développement ; troisièmement, [sa] dignité. Le second point [se trouve] en cet endroit : LE ROYAUME DES CIEUX EST SEMBLABLE À DU LEVAIN, etc. [13, 33] ; le troisième, en cet endroit : LE ROYAUME DES CIEUX EST SEMBLABLE À UN HOMME EN QUÊTE DE PERLES FINES, etc. [13, 45].

1514. À propos du premier point, [le Seigneur] présente d’abord les empêchements intérieurs ; en second lieu, [les empêchements] extérieurs, dans la parabole suivante.

1515. La première [partie se divise] en trois : car, en premier lieu, la parabole est présentée ; en deuxième lieu, elle est appliquée ; en troisième lieu, elle est expliquée. Le second point [se trouve] en cet endroit : LES DISCIPLES S’APPROCHANT, etc. [13, 10] ; le troisième point, en cet endroit : VOUS, ÉCOUTEZ DONC LA PARABOLE DU SEMEUR [13, 18].

1516. Dans la première [partie], [le Seigneur] fait trois choses. Premièrement, l’effort du semeur est décrit ; deuxièmement, l’obstacle à la semence ; troisièmement, le fruit. La seconde [partie se trouve] en cet endroit : ET COMME IL SEMAIT, DES GRAINS SONT TOMBÉS AU BORD DU CHEMIN, etc. [13, 4] ; la troisième, en cet endroit : D’AUTRES SONT TOMBÉS SUR LA BONNE TERRE, etc. [13, 8].

1517. [Le Seigneur] dit donc : VOICI QUE LE SEMEUR EST SORTI POUR SEMER. Celui qui sort est le Christ. En effet, il sort de trois façons : du secret du Père, sans changer de lieu ; de la Judée, pour aller vers les païens ; de la profondeur de la sagesse vers le public de son enseignement. VOICI donc QUE LE SEMEUR, à savoir, de la semence de l’enseignement. Ainsi, le Christ sème en baptisant, comme on lit en Jn 4. En effet, la semence est le principe du fruit. De sorte que toute bonne action vient de Dieu. Ph 1, 6 : Celui qui a commencé à réaliser en nous le bien l’achèvera, etc. Et, par cela, est écartée l’erreur de ceux qui disent que l’amorce du bien vient de nous, ce qui est faux. Grégoire [écrit] donc : «C’est en vain que travaille le prédicateur, si la grâce intérieure du Sauveur n’est pas présente.» [Le Seigneur] dit donc : VOICI QUE LE SEMEUR EST SORTI POUR SEMER, etc. Il semble embrouiller ces mots, mais il ne les embrouille pas, car parfois le semeur sort pour semer, et parfois pour moissonner. Ainsi, au départ, le Christ sort pour semer. Pr 11, 18 : À qui sème la justice, la récompense est assurée. VOICI donc QUE LE SEMEUR EST SORTI POUR SEMER. [Pour semer] quoi ? SA SEMENCE. En effet, certains sortent pour semer l’iniquité. Jb 4, 8 : J’ai vu ceux qui font l’iniquité : ils sèment les souffrances et les récoltent. Mais celui-ci sort pour semer sa semence. Cette semence est le Verbe de Dieu, qui procède selon l’essence. Il est donc le Verbe du Père. Si 1, 5 : La parole de Dieu est la source de la sagesse. Mais que fait-il ? [Il en fait] de semblables à Celui de qui il procède, car il fait des fils de Dieu. Ps 81[82], 6 : J’ai dit : «Vous êtes des dieux et tous des fils du Très-Haut.» Jn 10, 35 : Il a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée ; et, chez le même, 1, 12 : Il leur a donné le pouvoir de devenir fils de Dieu. IL SORT, donc, etc.
Louis-Claude Fillion
Et il leur dit. Théophylacte, faisant allusion à la situation extérieure, telle qu’elle a été décrite par l’Évangéliste, compare gracieusement Notre-Seigneur Jésus-Christ à un pêcheur extraordinaire qui, avec le filet de sa parole, pêche du sein de la mer les poissons réfugiés sur le rivage. - Beaucoup de choses en paraboles. « Beaucoup », c’est-à-dire, les sept paraboles du royaume des cieux exposées par S. Matthieu à la suite de cette petite introduction, et aussi la parabole de la graine jetée en terre, conservée par S. Marc, 4, 26-29. Car tout porte à croire que Notre-Seigneur exposa, de suite et dans la même journée, cette série entière de paraboles. Cela ressort en premier lieu de l’union étroite qui existe entre elles au point de vue du sujet : la seconde explique la première, la troisième se rattache de la même manière à la seconde pour l’éclaircir et la développer, et il en est ainsi jusqu’à la septième, qui complète et achève toutes les autres. C’est une chaîne continue dont tous les anneaux se tiennent : il n’est guère vraisemblable que ses différentes parties auront été formées à des époques séparées, comme on pourrait le supposer d’après le récit de S. Luc ; Cf. 8, 4-15 ; 13, 18-21. L’unité frappante qui règne entre les paraboles montre donc qu’elles furent en quelque sorte coulées d’un seul jet. De plus, S. Matthieu montre lui-même d’un bout à l’autre de ce chapitre qu’il a voulu suivre un ordre strictement chronologique : on le voit par le soin qu’il a pris de relier aux versets 1 et 3 toutes les sections dont se compose son récit ; Cf. vv. 10, 24, 31, 33, 36, 53. A quoi bon tous ces points de raccord s’il eût sacrifié ici la suite des événements à celle des choses ?

Cette parabole, qui nous fait assister à la formation du royaume des cieux sur la terre dans ses premiers éléments, ouvre d’une manière très naturelle le groupe des comparaisons relatives à l’empire messianique. Le début en est simple, mais expressif. On voit le semeur, en grec, le semeur en général, qui sort de sa maison, portant la semence qu’il va confier à la terre, et se dirigeant vers son champ. Bientôt l’opération commence, et nous en apprenons les résultats immédiats.
Catéchisme de l'Église catholique
Le Décalogue, le Sermon sur la Montagne et la catéchèse apostolique nous décrivent les chemins qui conduisent au Royaume des cieux. Nous nous y engageons pas à pas, par des actes quotidiens, soutenus par la grâce de l’Esprit Saint. Fécondés par la Parole du Christ, lentement nous portons des fruits dans l’Église pour la gloire de Dieu (cf. la parabole du semeur : Mt 13, 3-23).