Matthieu 13, 32
C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. »
C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. »
Ou bien encore le Seigneur se compare lui-même à ce grain de sénevé qui est d'un goût très piquant, la plus petite de toutes les semences, et dont la force augmente lorsqu'il est broyé.
Lorsque ce grain eut été semé dans la terre, c'est-à-dire lorsque le Sauveur fut tombé au pouvoir de la multitude, qu'il eut été livré par elle à la mort et que son corps eut été enseveli dans le tombeau comme un grain qu'on sème dans un champ, il devint plus grand que tous les légumes et surpassa de beaucoup la gloire des prophètes. La prédication des prophètes fut donnée comme une herbe salutaire au peuple d'Israël encore faible et infirme, mais aujourd'hui les oiseaux du ciel se reposent sur les branches de l'arbre. Ces branches de l'arbre, ce sont les Apôtres qui par la puissance du Christ se sont étendus sur toute la surface du monde pour lui donner un doux ombrage. C'est sur ces bran ches que toutes les nations de la terre viendront dans l'espérance d'y trouver la vie et un lieu de repos comme sur les branches d'un arbre, contre la violence des vents, c'est-à-dire contre les orages que soulève le souffle du démon.
Notre-Seigneur venait de dire que trois parties de la semence étaient perdues et qu'une seule produisait du fruit et que dans cette dernière la perte est encore consi dérable à cause de l'ivraie qu'on a semée par dessus. Ses disciples pouvaient lui dire: Mais quels seront donc les fidèles, et quel sera leur nombre? Il va au-devant de cette crainte en leur proposant la parabole du grain de sénevé: « Il leur dit encore cette autre parabole: Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé »,etc.
Ou bien la semence de l'Évangile est la plus petite, parce que les disci ples étaient les plus faibles des hommes; mais comme ils avaient en eux une grande vertu, leur prédication s'est répandue par toute la terre, comme l'indique la suite de la parabole: « Mais lorsqu'il a crû, il est le plus grand de tous les légumes », c'est-à-dire de tous les dogmes.
Le royaume des cieux, c'est la prédication de l'Évangile et la connaissance des Écritures, qui conduisent à la vie et dont Notre-Seigneur dit aux Juifs: «Le royaume de Dieu vous sera enlevé ».Or, ce royaume du ciel est semblable à un grain de sénevé.
Cet homme qui sème dans son champ, c'est, d'après le sentiment le plus commun, le Sauveur qui sème la vérité dans l'âme des fidèles. Selon quelques autres, c'est l'homme lui-même qui sème dans son champ, c'est-à-dire dans son coeur. Or, quel est celui qui sème en nous si ce n'est notre intelligence et notre sentiment? Ils reçoivent le grain de la prédication, et le nourrissant avec le suc de la foi, ils lui donnent la force de se développer dans le champ de notre coeur. « Ce grain est la plus petite de toutes les semences ».La prédication de l'Évangile est la plus humble de toutes les doctrines, car au premier coup d'oeil elle n'obtient pas la croyance due à la vérité, en prêchant un homme-Dieu, un Dieu mort, et le scandale de la croix. Rapprochez-la des doctrines et des écrits des philosophes, de l'éclat de leur éloquence, de leurs discours étu diés, et vous reconnaîtrez combien la semence de l'Évangile est inférieure aux autres semen ces.
La doctrine des philosophes, lorsqu'elle se développe, ne présente rien de piquant et n'a aucune apparence de vie, et sa nature molle et languissante ne produit que des plantes et des herbes que l'on voit bientôt se dessécher et périr. Au contraire, la prédication évangélique, qui paraissait peu de chose dans ses commencements lorsqu'elle fut semée, soit dans l'âme des fidèles, soit dans tout l'univers, n'a point produit de simples plantes, mais s'est élevée jusqu'à la hauteur d'un arbre, et sur les branches sont venus habiter les oiseaux du ciel, c'est-à-dire les âmes des fidèles ou les vertus qui sont consacrées au service de Dieu. « Et il devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent se reposer sur ses branches ». Je suis porté à croire que ces branches de l'arbre évangélique, qui sont sor ties du grain de sénevé, figurent la variété des dogmes, sur lesquels chacun des oiseaux dont nous avons parlé vient se reposer. Prenons donc aussi nous-mêmes les ailes de la colombe (cf. Ps 55,7 ) et élevons-nous bien haut, afin de pouvoir habiter sur les branches de cet arbre, nous construire un nid au milieu des vérités divines, et nous hâter de fuir la terre et de gagner le ciel.
Le grain de sénevé figure la ferveur de la foi, à cause de la vertu qu'on lui attribue d'expulser le poison, c'est-à-dire tous les dogmes pervers des hérétiques. « Qu'un homme prend et sème dans son champ ».
Les dogmes des sectes sont leurs propres sentiments, c'est-à-dire les opinions dont elles sont convenues.
Il est en effet ce grain de sénevé qui, après avoir été semé dans le jardin de sa sépulture, s'est élevé comme un grand arbre; c'était un grain lorsqu'il mourut, ce fut un arbre lorsqu'il ressuscita; c'était un grain par l'humilité de la chair, il devint un arbre par la puissance de sa majesté.
Sur ces branches se reposent les oiseaux du ciel; en effet, les saintes âmes qui s'élèvent au-dessus des pensées de la terre sur les ailes des vertus, se reposent des fatigues de la vie dans leurs saintes conversations et dans les consolations dont elles sont la source.
1598. [Le Seigneur] dit donc : C’EST BIEN LE PLUS PETIT DE TOUS LES GRAINS. Au départ, il apparaissait donc comme le plus petit. Puis, il grandit. Premièrement, [sa] grandeur est présentée ; deuxièmement, elle est confirmée, en cet endroit : QUAND IL A POUSSÉ, c’est-à-dire, qu’il s’est multiplié, IL DEVIENT LA PLUS GRANDE DES PLANTES POTAGÈRES, UN ARBUSTE MÊME, car l’enseignement évangélique a porté plus de fruits que l’enseignement de la loi, puisque l’enseignement de la loi n’a porté de fruits que parmi les Juifs. C’est pourquoi on disait, Ps 147[148], 20 : Il n’a pas fait la même chose pour tous les peuples et il ne leur a pas manifesté ses jugements. En effet, il n’y a eu aucun philosophe qui ait pu convertir tout un pays à son enseignement, car si un philosophe, tel Platon, avait dit que tel ou tel allait venir, on ne l’aurait pas cru. Ps 118[119], 85 : Les méchants m’ont raconté des mensonges, mais il n’y a rien comme ta loi.
1599. Il est donc plus grand par sa solidité, par son étendue et son utilité. Par sa solidité, IL DEVIENT UN ARBUSTE, car les autres doctrines sont des plantes flexibles, qui n’ont aucune fermeté, du fait qu’elles sont soumises à la raison. Sg 9, 14 : En effet, les pensées des mortels sont hésitantes et nos prévisions incertaines. Mais celle-ci est un arbuste solide. Ps 118[119], 89 : Ta parole, Seigneur, demeure pour l’éternité. Lc 21, 33 : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Ainsi, comme cet arbuste se compare aux autres arbustes, cette doctrine se compare-t-elle aux autres. AU POINT QUE LES OISEAUX DU CIEL VIENNENT S’ABRITER DANS SES BRANCHES.
1600. De même la doctrine évangélique l’emporte-t-elle par son étendue, car cette science a de multiples rameaux et montre aux hommes ce qui est nécessaire à la vie. Ainsi, s’ils sont mariés, ils apprennent de celle-ci comment ils doivent se diriger ; s’ils sont des clercs, comment ils doivent vivre, et ainsi de suite pour les autres. De sorte que les divers enseignements sont les divers rameaux.
1601. [La doctrine évangélique] l’emporte aussi par [son] utilité, car LES OISEAUX S’ABRITENT DANS SES RAMEAUX, à savoir, tous ceux dont l’âme est au ciel. Ph 3, 20 : Pour nous, notre vie est au ciel. Ces [oiseaux] viennent pour méditer et se reposer. En effet, ceux qui vivent sur la terre ne sont pas des oiseaux. 2 Co 4, 18 : Nous ne contemplons pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas : ce qui se voit appartient au temps, mais ce qui ne se voit pas appartient à l’éternité. Chrysostome interprète [ceci] des apôtres, qu’il a comparés au grain de sénevé parce qu’ils ont un esprit brûlant. Et UN HOMME L’A SEMÉ, à savoir, le Christ, DANS SON CHAMP, à savoir, dans l’Église, d’où provient toute la fructification de l’Église. Ils étaient peu de chose et méprisables, car aucune science n’a été diffusée par des hommes aussi méprisables. Ainsi l’Apôtre [dit], 1 Co 1, 27 : Il n’y avait pas beaucoup de sages, de puissants ou de nobles ; mais Dieu a choisi ce qui était insensé dans le monde pour confondre les sages, etc. Mais QUAND IL A POUSSÉ, IL DEVIENT LA PLUS GRANDE, c’est le résultat, DE TOUTES [LES PLANTES POTAGÈRES], car les apôtres ont porté plus de fruits. Alexandre a converti à lui une partie du monde, de même Rome ; mais jamais autant que ceux-là, qui ont tant fait. AU POINT QUE LES OISEAUX DU CIEL, c’est-à-dire les bons, SE REPOSENT DANS SES BRANCHES, c’est-à-dire dans leurs enseignements. Za 8, 23 : Ils saisiront la frange d’un Juif en disant : «Nous irons avec vous, car nous avons entendu que Dieu est avec vous.»
1602. Hilaire l’interprète du Christ, qui fut un grain de sénevé par sa ferveur, rempli qu’il était de l’Esprit Saint, qu’il a SEMÉ ensuite par sa mort, DANS SON CHAMP, c’est-à-dire, le peuple. LE [GRAIN] PLUS PETIT, en raison du mépris des infidèles. Is 53, 2 : Nous l’avons vu sans beauté, et nous l’avons attendu, défiguré et le plus vil des hommes, homme des douleurs et éprouvant la faiblesse. ET IL EST PLUS GRAND QUE TOUTES LES PLANTES POTAGÈRES, à savoir, que tous les parfaits. On ne lui comparera pas l’or [Jb 28, 17]. Et les parfaits sont comparés à des plantes potagères, car on donne aux malades des plantes potagères : Celui qui est malade, qu’il mange des plantes potagères [Rm 14, 2]. Mais l’enseignement du Christ est donné aux parfaits, et il devient ainsi un arbuste. C’est cela qui est signifié par l’arbuste, dont parle Dn 4, 7s.
1599. Il est donc plus grand par sa solidité, par son étendue et son utilité. Par sa solidité, IL DEVIENT UN ARBUSTE, car les autres doctrines sont des plantes flexibles, qui n’ont aucune fermeté, du fait qu’elles sont soumises à la raison. Sg 9, 14 : En effet, les pensées des mortels sont hésitantes et nos prévisions incertaines. Mais celle-ci est un arbuste solide. Ps 118[119], 89 : Ta parole, Seigneur, demeure pour l’éternité. Lc 21, 33 : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Ainsi, comme cet arbuste se compare aux autres arbustes, cette doctrine se compare-t-elle aux autres. AU POINT QUE LES OISEAUX DU CIEL VIENNENT S’ABRITER DANS SES BRANCHES.
1600. De même la doctrine évangélique l’emporte-t-elle par son étendue, car cette science a de multiples rameaux et montre aux hommes ce qui est nécessaire à la vie. Ainsi, s’ils sont mariés, ils apprennent de celle-ci comment ils doivent se diriger ; s’ils sont des clercs, comment ils doivent vivre, et ainsi de suite pour les autres. De sorte que les divers enseignements sont les divers rameaux.
1601. [La doctrine évangélique] l’emporte aussi par [son] utilité, car LES OISEAUX S’ABRITENT DANS SES RAMEAUX, à savoir, tous ceux dont l’âme est au ciel. Ph 3, 20 : Pour nous, notre vie est au ciel. Ces [oiseaux] viennent pour méditer et se reposer. En effet, ceux qui vivent sur la terre ne sont pas des oiseaux. 2 Co 4, 18 : Nous ne contemplons pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas : ce qui se voit appartient au temps, mais ce qui ne se voit pas appartient à l’éternité. Chrysostome interprète [ceci] des apôtres, qu’il a comparés au grain de sénevé parce qu’ils ont un esprit brûlant. Et UN HOMME L’A SEMÉ, à savoir, le Christ, DANS SON CHAMP, à savoir, dans l’Église, d’où provient toute la fructification de l’Église. Ils étaient peu de chose et méprisables, car aucune science n’a été diffusée par des hommes aussi méprisables. Ainsi l’Apôtre [dit], 1 Co 1, 27 : Il n’y avait pas beaucoup de sages, de puissants ou de nobles ; mais Dieu a choisi ce qui était insensé dans le monde pour confondre les sages, etc. Mais QUAND IL A POUSSÉ, IL DEVIENT LA PLUS GRANDE, c’est le résultat, DE TOUTES [LES PLANTES POTAGÈRES], car les apôtres ont porté plus de fruits. Alexandre a converti à lui une partie du monde, de même Rome ; mais jamais autant que ceux-là, qui ont tant fait. AU POINT QUE LES OISEAUX DU CIEL, c’est-à-dire les bons, SE REPOSENT DANS SES BRANCHES, c’est-à-dire dans leurs enseignements. Za 8, 23 : Ils saisiront la frange d’un Juif en disant : «Nous irons avec vous, car nous avons entendu que Dieu est avec vous.»
1602. Hilaire l’interprète du Christ, qui fut un grain de sénevé par sa ferveur, rempli qu’il était de l’Esprit Saint, qu’il a SEMÉ ensuite par sa mort, DANS SON CHAMP, c’est-à-dire, le peuple. LE [GRAIN] PLUS PETIT, en raison du mépris des infidèles. Is 53, 2 : Nous l’avons vu sans beauté, et nous l’avons attendu, défiguré et le plus vil des hommes, homme des douleurs et éprouvant la faiblesse. ET IL EST PLUS GRAND QUE TOUTES LES PLANTES POTAGÈRES, à savoir, que tous les parfaits. On ne lui comparera pas l’or [Jb 28, 17]. Et les parfaits sont comparés à des plantes potagères, car on donne aux malades des plantes potagères : Celui qui est malade, qu’il mange des plantes potagères [Rm 14, 2]. Mais l’enseignement du Christ est donné aux parfaits, et il devient ainsi un arbuste. C’est cela qui est signifié par l’arbuste, dont parle Dn 4, 7s.
C'est la plus petite... Cette graine, continue le Sauveur, est la plus
petite de toutes les semences. En soi et d’une manière absolue, il n’est pas exact de dire que la graine de
sénevé est la plus petite de toutes ; c’est du moins l’une des plus menues parmi celles que l’on semait en
Orient : aussi était-elle devenue proverbiale pour désigner une quantité à peine perceptible. « Pour la quantité
d’un grain de sénevé, pour la quantité d’une gouttelette de sénevé », ces formules reviennent à chaque instant dans le Talmud, comme synonymes d'une dimension très minime. Le Coran parle dans le même sens, Surate
31. Cf. Matth. 17, 20. Jésus-Christ emploie donc cet exemple à la façon de ses compatriotes. Or, « Dans les
sentences des paraboles, nous n’avons pas coutume de parler subtilement en philosophe, mais d’après la
façon de penser et de s’exprimer du peuple », Maldonat ; Cf. Lightfoot, Hor. Talmud. in Matth. h. l. -
Lorsqu'elle a crû, lorsqu’elle sera parvenue à sa pleine croissance. - Elle est plus grande que tous les autres
légumes ; assertion qui se réalise à la lettre en Palestine, comme nous l’apprennent de nombreux documents
anciens et modernes. La « synapis nigra » atteint facilement là-bas une hauteur de dix pieds. Les voyageurs
Irby et Mangles rencontrèrent dans la vallée du Jourdain une petite plaine qui en était couverte, et cette
plante montait aussi haut que la tête de leurs chevaux. Le Dr Thomson en vit d’autres échantillons qui
dépassaient la tête d’un cavalier. Ces traits nous aident à comprendre les faits suivants racontés par le
Talmud : « R. Simon a dit : j’avais dans mon champ une tige de sénevé, dans lequel j’avais l’habitude de
grimper, comme on a l’habitude de faire dans un figuier », Hieros. Peah. f. 20, 2. « R. Joseph donne comme
exemple que son père lui avait donné trois tiges de sénevé. L’une d’elles fut arrachée et on y trouva neuf
boisseaux de senevé, et de ses branches il formait par entrelacement un abri pour le figuier. » Kethub. f. 3, 2.
- Et elle devient un arbre. Plusieurs auteurs, prenant ces mots à la lettre, ont supposé que Jésus voulait parler
dans cette parabole, non de la plante herbacée que nous avons décrite, mais d’un arbre proprement dit, de
l’arbre à moutarde ou « Salvadora persica » qui croît en divers endroits de la Terre Sainte, et spécialement
aux environs de la mer Morte. Toutefois, cette opinion est communément rejetée par les exégètes, soit parce
que Notre-Seigneur a lui-même formellement classé parmi les légumes (« elle est plus grande que tous les
autres légumes ») le végétal auquel il emprunte les divers traits de cette parabole, soit parce que l’expression
« devient un arbre » est suffisamment justifiée par les dimensions prodigieuses auxquelles le sénevé parvient
en Orient. - De sorte que les oiseaux du ciel... Trait gracieux qui a pour but de montrer les développements
considérables de ce qui n’était naguère qu’une graine bien petite : Maldonat le confirme d’après des scènes
dont il avait été fréquemment témoin en Espagne. « Les oiseaux aiment extrêmement ses grains : C’est
pourquoi, au cœur de l’été, ils ont coutume, pour manger la semence, de se poser sur ses branches qui ne se
cassent pas sous le poids du grand nombre de ces oiseaux », Comm. in h. l. - Viennent habiter... Ils s’y
perchent non seulement pour manger plus commodément les graines, mais pour y passer la nuit. « Habiter »
n’a pas ici le sens de « nicher » que lui attribuent quelques exégètes à la suite d’Érasme. - Le but de cette
parabole est facile à découvrir : de même qu’un grain de sénevé, malgré sa petitesse proverbiale donne
bientôt naissance à une plante qu’on peut comparer à un arbre ; de même le royaume des cieux, faible et à
peine perceptible à son début, acquiert en peu de temps des proportions étonnantes et tous les peuples
viennent lui demander un abri. Les Pères ont exprimé cette idée avec leur éloquence accoutumée : « La
prédication de l’évangile est la plus petite de toutes les disciplines philosophiques. Au premier abord, elle
n’a pas l’apparence de la vérité, quand elle prêche un homme Dieu, un Dieu mort, et le scandale de la croix.
Compare cette doctrine avec les dogmes des philosophes et avec leurs livres, avec l’éclat de leur éloquence
et la beauté de leur style, et tu verras comme elle est plus petite que toutes les semences la semence
évangélique. Quand leur semence à eux croît, elle ne montre rien de vivace, rien de vigoureux. Tout est
flasque et languissant. Mais cette prédication qui semblait petite au tout début, quand elle moissonnera dans
l’âme d’un croyant ou dans tout l’univers, elle ne s’élèvera pas comme une plante potagère, mais comme un
arbre », St. Jérôme, Comm. in h. l. Cf. August. Serm. 44, 2.
Il devient un arbre. Les premiers chrétiens ont souvent représenté Jésus-Christ dans le tombeau avec un arbre qui sort de sa bouche et sur les branches duquel sont les Apôtres.
Le Seigneur pouvait inviter les autres à être attentifs à la beauté qu’il y a dans le monde, parce qu’il était lui-même en contact permanent avec la nature et y prêtait une attention pleine d’affection et de stupéfaction. Quand il parcourait chaque coin de sa terre, il s’arrêtait pour contempler la beauté semée par son Père, et il invitait ses disciples à reconnaître dans les choses un message divin : « Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson » (Jn 4, 35). « Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ. C’est bien la plus petite de toutes les graines, mais quand il a poussé, c’est la plus grande des plantes potagères, qui devient même un arbre » (Mt 13, 31-32).