Matthieu 13, 33
Il leur dit une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Il leur dit une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Ou bien encore le Seigneur se compare lui-même au levain; le levain est fait avec de la farine et il rend à la masse d'où il est sorti la vertu qu'il en a reçue. Or, c'est ce le vain qu'une femme, la synagogue, a pris et a caché par la condamnation à mort qu'elle a pro noncée contre le Seigneur. Ce levain, mélangé avec trois mesures de farine, c'est-à-dire mêlé dans des proportions égales à la loi, aux prophètes, à l'Évangile, ne fait qu'une seule chose de ces trois éléments, parce que la propagation de l'Évangile vient accomplir les prescriptions de la loi et les prédictions des prophètes. Je me rappelle cependant en avoir entendu plusieurs qui interprétaient ces trois mesures de farine de la vocation des nations sorties de Sem, de Cham et de Japhet. Mais je ne sais si cette interprétation est fondée en raison, car quoique toutes les nations aient été appelées à l'Évangile, on ne peut dire que Jésus-Christ y ait été caché; puis qu'au contraire il s'y est manifesté avec éclat; et d'ailleurs ce céleste levain n'a point commu niqué sa vertu à toute la masse des infidèles.
C'est pour établir la même vérité que Notre-Seigneur propose la parabole du levain: «Il leur dit encore cette autre parabole: Le royaume des cieux est semblable au levain»,etc., c'est-à-dire: de même que le levain change et modifie une grande quantité de farine, en lui communiquant sa saveur; ainsi vous changerez le monde entier. Et remarquez ici la sagesse du Sauveur; il emprunte ses comparaisons à des faits naturels et il montre ainsi que de même qu'il est impossible que ces faits ne se produisent pas suivant leur nature, ainsi en est-il du royaume des cieux. Or, il ne dit pas simplement: Le levain qu'elle place, mais «qu'elle cache, qu'elle mêle», paroles dont voici le sens: C'est ainsi que vous-mêmes vous triomphe rez de vos persécuteurs après vous être mêlés et confondus avec eux. Car de même que le levain, bien qu'il soit comme perdu dans la masse, n'est point détruit, mais communique insensi blement sa force à toute la pâte, ainsi en sera-t-il de votre prédication. Ne craignez donc pas les persécutions que je vous ai prédites, car elles ne serviront qu'à vous rendre plus éclatants et à vous faire triompher de tous vos ennemis. Notre-Seigneur prend ici les trois mesures de fa rine pour une grande quantité, et il donne au nombre trois la signification d'un nombre consi dérable et indéterminé.
La mesure dont il est ici question est une mesure en usage dans la Palestine et qui représente un boisseau et demi.
Ou bien encore cette femme qui prend du levain et le met dans trois mesures de farine, c'est la prédication des Apô tres, ou l'Église formée de différentes nations. Elle prend le levain, c'est-à-dire l'intelligence des Écritures, et elle le cache dans trois mesures de farine: l'esprit, l'âme et le corps, afin de les ramener à l'unité, et qu'il n'y ait entre eux aucun désaccord. Ou bien encore, nous lisons dans Platon qu'il y a trois parties dans l'âme: la partie raisonnable, la partie irascible et la par tie concupiscible; si donc nous avons reçu le levain évangélique des saintes Écritures, nous devons posséder la prudence dans la partie raisonnable, la haine contre le mal dans la partie irascible, le désir des vertus dans la partie concupiscible, et tout cela doit être le fruit de la doctrine évangélique que notre mère la sainte Église nous a communiquée. Je crois devoir rap porter également l'interprétation de quelques auteurs, d'après laquelle cette femme est aussi l'Église, qui a mêlé la foi à trois mesures de farine, c'est-à-dire à la croyance dans le Père, dans le Fils et dans le Saint-Esprit, et lorsque ce précieux levain de la foi a fait fermenter toute la masse, elle nous conduit à la connaissance non pas de trois Dieux, mais d'un seul et même Dieu. C'est une pieuse interprétation; mais ni les paraboles, ni l'explication douteuse d'un discours énigmatique ne peuvent servir d'appui et de preuve aux dogmes de la foi.
Ou bien le levain c'est la charité, parce qu'elle excite et qu'elle échauffe: la femme représente la sagesse. Ces trois mesures de farine sont ces trois choses qui se trouvent dans l'homme et qui sont exprimées par ces paroles: «De tout votre coeur, de toute votre âme et de tout votre esprit» ( Mt 22 ). Ou bien elles représentent les trois récoltes qui donnent: l'une cent, l'autre soixante et l'autre trente; ou bien les trois espèces d'hommes dont il est parlé dans Ezéchiel: Noé, Daniel et Job ( Ez 14,14-16 ).
Il dit: «Jusqu'à ce que toute la pâte soit levée», parce que la charité cachée dans notre âme doit s'y développer jusqu'à ce qu'elle ait communiqué sa perfection à l'âme tout entière, ce qui se commence dans cette vie et s'achève dans l'autre.
1603. Ici est présentée une parabole sur le développement, et celui-ci apparaît étonnant car il vient d’une source cachée. [Le Seigneur] dit donc : LE ROYAUME DES CIEUX EST SEMBLABLE À DU LEVAIN QU’UNE FEMME A PRIS ET ENFOUI DANS TROIS MESURES DE FARINE, JUSQU’À CE QUE LE TOUT AIT LEVÉ. Remarquez qu’il n’est pas inapproprié d’interpréter la même chose parfois en bien, parfois en mal, comme on parle de pierre parfois pour le Christ, parfois pour son contraire, la dureté. Ez 36, 26 : J’enlèverai de votre chair votre cœur de pierre. De même, on parle de levain parfois pour le mal, pour autant qu’il comporte corruption, 1 Co 5, 7 : Purifiez-vous du vieux levain, etc. De même, au même endroit : Non par du vieux levain ni par un levain de malice et d’impiété, mais par des azymes de sincérité et de vérité. Mais, pour autant que [le levain] comporte une chaleur et une capacité d’expansion, il s’accorde au bien. 1604. Qu’est-ce donc qui est signifié par lui ? Quatre choses sont signifiées. Chrysostome dit que ce levain, ce sont les apôtres. UNE FEMME, la Sagesse divine, les ENFOUIT DANS TROIS MESURES DE FARINE, c’est-à-dire qu’elle les écrase de tribulations. Mais d’abord, elle le prend, Jn 15, 19 : Je vous ai tirés du monde afin que vous alliez. Ceux qu’il a envoyés parmi les fidèles, il les place DANS TROIS MESURES DE FARINE (c’est une mesure de capacité qui équivaut à un muid et demi), donc DANS TROIS MESURES DE FARINE. Et pourquoi dans trois [mesures] ? Un nombre déterminé est utilisé pour [signifier un nombre] indéterminé, car [ils furent envoyés] à plusieurs nations. Ou bien [on parle de trois] en raison des trois parties du monde, car ils ont été envoyés à tous ; ou bien en raison des peuples, car ils sont issus des trois fils de Noé. JUSQU’À CE QUE LE TOUT AIT LEVÉ, c’est-à-dire jusqu’à ce que tous aient été convertis à Dieu. Ps 18, 5 : Leur voix a été entendue par toute la terre et leurs paroles jusqu’aux confins de la terre. Ou bien, autre interprétation selon Augustin, par le levain est signifiée la ferveur de la charité, car, de même que le levain prend de l’expansion, de même [en est-il] de la charité. Ps 118[119], 32 : J’ai parcouru le chemin de tes commandements, alors que tu élargissais mon cœur. UNE FEMME, la raison ou l’âme, L’ENFOUIT DANS TROIS, c’est-à-dire dans tout le cœur, dans toute l’âme et dans toutes les forces. Ou bien, par les trois mesures, [sont signifiés] trois états, à savoir, celui des prélats, des contemplatifs et des actifs, qui sont représentés par Noé, Job et Daniel. Ou bien [les trois mesures] peuvent être mises en rapport avec les fruits multipliés par cent, par soixante et par trente. Jérôme donne de l’enseignement évangélique l’interprétation qu’UNE FEMME, à savoir, la Sagesse, L’ENFOUIT DANS TROIS MESURES, qui sont l’esprit et l’âme, ou l’irascible, le concupiscible et la raison. Ou bien, d’une autre façon, la foi est représentée par la femme ; par les trois mesures, les trois personnes en Dieu. Hilaire interprète cela du Christ, qui est le levain, qui a été enfoui par la providence du Père dans une triple loi : la loi de la nature, la loi mosaïque et la loi évangélique.
Une autre parabole. On a depuis longtemps observé que, parmi les sept paraboles du royaume des cieux, il
y en a six qui sont accouplées deux à deux par la signification à peu près identique qu’elles présentent : ce
sont la troisième et la sixième, la seconde et la septième. Dans la troisième parabole, Notre-Seigneur Jésus-Christ s’était proposé, comme nous venons de le voir, de prophétiser le développement progressif de
son royaume, et d’indiquer la force mystérieuse mais active qui produisait ce développement. Il continue,
dans la parabole du levain, d’exprimer la même pensée à l’aide d’une autre image, de manière à la présenter
ainsi sous une face nouvelle. - Du levain ; l’étymologie de ce mot est instructive. « Fermentum »,
primitivement « fervimentum », dérive de « ferveo » ; de même en français, « levain » du bas-latin
« levare ». Dans ces trois langues, le nom indique très clairement l’effet. Le royaume des cieux ressemble
donc, nous dit Jésus, à une certaine quantité de levain : on voit par là son énergie intrinsèque et pénétrante. -
Qu'une femme a pris... : c’est la femme qui, au sein de la famille, est d’ordinaire chargée de pétrir le pain,
surtout en Orient ; Cf. Levit. 26, 26. - Et mêlé, c’est-à-dire mélangé : le levain, bien mêlé à la pâte, disparaît
bientôt complètement, comme si on eût voulu le cacher à dessein. - Dans trois mesures de farine. La mesure
(Satum en latin) vient du grec lequel dérive lui-même de l’hébreu, seâh, par l’intermédiaire du Chaldéen,
sâta. Or, le seâh était une mesure juive équivalente à un épha, à deux hin, à vingt-quatre log, en fin de
compte au contenu de 144 œufs. D’après l’historien Josèphe, Antiq. 9, 2, le seâh correspondait à une
boisseau et demi d’Italie. Il semble que trois de ces mesures formaient la quantité habituelle de farine que
l’on pétrissait à la fois ; Cf. Gen. 18, 6 ; Jud. 6, 19 ; 1 Reg. 2, 24. - Jusqu'à ce que toute la pâte soit levée : le
levain, mélangé à cette masse de farine, agit aussitôt sur elle et la fait fermenter tout entière. « Voyez,
s’écriait S. Paul, quelle petite quantité de levain suffit pour préparer une grande quantité de pain ! » 1 Cor. 5,
6. Ici encore, comme dans la parabole du grain de sénevé, nous avons de grands effets produits rapidement
par des causes qui semblent n’avoir avec eux aucune proportion réelle. Mais ce n’est pas une répétition pure
et simple d’une même pensée. La parabole précédente montrait le royaume de Dieu grandissant et se
manifestant au-dehors ; celle-ci fait voir davantage l’action secrète de l’Évangile, ses qualités assimilantes, la
manière dont il envahit et compénètre les éléments étrangers placés à sa portée. Quelle étonnante
fermentation produite dans l’humanité par la prédication de l’Évangile !
Trois mesures de farine, trois sata, c’est-à-dire environ 39 litres.
Il est urgent de se livrer à une mobilisation générale des consciences et à un effort commun d'ordre éthique, pour mettre en œuvre une grande stratégie pour le service de la vie. Nous devons construire tous ensemble une nouvelle culture de la vie: nouvelle, parce qu'elle sera en mesure d'aborder et de résoudre les problèmes inédits posés aujourd'hui au sujet de la vie de l'homme; nouvelle, parce qu'elle sera adoptée avec une conviction forte et active par tous les chrétiens; nouvelle, parce qu'elle sera capable de susciter un débat culturel sérieux et courageux avec tous. L'urgence de ce tournant culturel tient à la situation historique que nous traversons, mais elle provient surtout de la mission même d'évangélisation qui est celle de l'Eglise. En effet, l'Evangile vise à « transformer du dedans, à rendre neuve l'humanité elle-même »; il est comme le levain qui fait lever toute la pâte (cf. Mt 13, 33) et, comme tel, il est destiné à imprégner toutes les cultures et à les animer de l'intérieur, afin qu'elles expriment la vérité tout entière sur l'homme et sur sa vie.