Matthieu 13, 35
accomplissant ainsi la parole du prophète : J’ouvrirai la bouche pour des paraboles, je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde.
accomplissant ainsi la parole du prophète : J’ouvrirai la bouche pour des paraboles, je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde.
Après avoir rapporté ces paraboles, l'Évangéliste, voulant prouver que Notre-Seigneur n'introduisait pas en cela de nouveautés, cite le prophète qui avait prédit ce mode d'enseignement. «Or Jésus dit toutes ces choses», etc. Saint Marc dit qu'il parlait en paraboles pour se mettre à la portée de leur intelligence ( Mc 4 ). Ne soyez donc pas surpris si, en parlant du royaume des cieux, il emprunte les comparaisons de la semence et du levain; il s'adressait à des hommes ignorants et qu i avaient besoin de cette méthode simple pour être amenés à la vérité.
Cependant il a parlé souvent au peuple sans paraboles, mais dans cette circonstance il ne leur parla qu'en paraboles.
Ce n'est pas aux disciples, mais au peuple qu'il parlait en paraboles, et encore au jourd'hui c'est le langage que le peuple entend volontiers; aussi l'Évangéliste ajoute-t-il: «Et il ne leur parlait point sans paraboles».
Ce témoignage est em prunté au Ps 77. Dans quelques manuscrits, au lieu de la traduction de la Vulgate que nous avons rapportée: «Afin que cette parole du prophète fut accomplie»,on lit: «Cette parole du prophète Isaïe».
Comme cette citation ne se trouvait nullement dans Isaïe, j'avais d'abord pensé que des hommes instruits avaient fait dis paraître le nom du prophète. Mais je crois maintenant que le texte portait primitivement: «Ce qui a été écrit par le prophète Asaph». En effet, le Ps 72, auquel est emprunté ce témoignage, a pour titre: «Au prophète Asaph».Les premiers copistes n'auront pas compris ce nom d'Asaph et, croyant que c'était une faute d'écriture, ils auront remplacé ce nom par le nom plus connu d'Isaïe; car il faut se rappeler que non-seulement David, mais tous les autres dont les noms se trouvent en tête des psaumes, des hymnes et des divins cantiques, tels qu'Asaph, Idithun, Eman, Ezarite et d'autres dont l'Écriture fait mention, méritent le nom de prophète. Quant à ce qui est dit de la personne du Christ: «J'ouvrirai ma bouche en parabo les», etc., si nous considérons attentivement ces paroles, nous y verrons la description de la sortie d'Israël de la terre d'Égypte, et le récit de tous les miracles qui sont contenus dans l'Exode; d'où nous devons conclure que tout ce qui se trouve écrit dans ce livre doit être pris dans un sens allégorique et nous révèle des mystères cachés. Ce sont ces vérités mystérieuses que le Seigneur promet de dévoiler, lorsqu'il dit: «J'ouvrirai ma bouche en paraboles».
Ou bien l'Évangéliste s'exprime ainsi, non que le Seigneur n'ait jamais parlé dans le sens littéral, mais parce qu'il n'a presque jamais fait de discours où il n'ait enseigné quelque vérité sous le voile de la parabole, bien qu'il y ait parlé en même temps dans le sens littéral; c'est-à-dire que souvent son discours est tout entier composé de paraboles, tandis qu'on n'en trouve aucun qui soit tout entier dans le sens littéral. Par discours entiers et com plets, j'entends ceux que le Seigneur faisait suivant que l'occasion se présentait, jusqu'à ce que la matière qu'il traitait, étant terminée, il passait à un autre sujet. On ne peut nier du reste que souvent un évangéliste présente en un seul discours ce qu'un autre évangéliste rapporte comme ayant été dit en plusieurs circonstances différentes, parce qu'il s'attache dans sa narration, non pas à l'ordre historique des faits, mais à l'ordre dans lequel ils se présentent à son souvenir. Or, l'auteur sacré nous apprend pourquoi il parlait en paraboles: «C'est afin que cette parole du Prophète fût accomplie».
Le mot parabole, en grec comme en latin, signifie comparaison qui sert à démontrer la vérité, car elle nous découvre dans les différentes parties de la compa raison des expressions figurées et des images de la vérité.
Porphyre prend occasion de là pour faire cette objection aux chrétiens: Votre Évangéliste a poussé la sottise jusqu'à attribuer à Isaïe ce qui se trouve dans les psaumes et à citer ce témoignage comme venant du prophète Isaïe.
La Glose
Ces paroles veulent dire: J'ai parlé autrefois par les prophètes; je parlerai maintenant moi-même en paraboles, et je ferai sortir du trésor de mes secrets des mystères qui s'y trouvaient cachés depuis la création du monde.
1608. POUR QUE S’ACCOMPLÎT CE QU’A DIT LE PROPHÈTE : «J’OUVRIRAI LA BOUCHE POUR DIRE DES PARABOLES.» Le Seigneur a parlé au genre humain de deux façons. Premièrement, par les prophètes ; deuxièmement, par lui-même. Is 52, 6 : C’est moi qui parle, je suis là. Des deux manières, il a parlé en paraboles : par les prophètes à de nombreuses reprises, et par lui-même aussi. En effet, ce qui a été accompli par les prophètes a été le signe de ce qui devait être fait par le Christ. Il dit donc : «Moi, le Seigneur, qui ai ouvert la bouche des prophètes pour qu’ils disent des paraboles, je l’ouvrirai pour moi-même : Je ferai jaillir ce qui était caché depuis la création du monde» [Mt 13, 35]. La révélation de secrets se fait en ouvrant la bouche, comme [il est dit] plus haut : Le jaillissement vient des profondeurs. Il fait donc jaillir lorsqu’il exprime la profondeur de la sagesse. Ps 44[45], 2 : Mon cœur a fait jaillir des paroles belles. La sagesse du Seigneur est cachée, Jb 28, 2 : Elle est cachée au regard de tous les vivants . Jn 1, 18 : Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui l’a fait connaître, etc. Il a fait jaillir ce qui est caché et ce qui était caché depuis la création du monde. Ep 3, 5 : Ce qui avait été caché aux autres générations de fils d’hommes a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes dans l’Esprit. Ou bien, autre [interprétation] : Je ferai jaillir ce qui existe depuis la création du monde, et qui est caché. Et pourquoi ? Parce qu’il existe lui-même avant la création du monde et qu’il s’est lui-même révélé à nous par ce qu’il a fait. Rm 1, 20 : Ce qui est invisible de Dieu se laisse voir à l’intelligence par ce qui a été créé.
Afin que
s'accomplît. Jésus-Christ cite au peuple de nombreuses paraboles, non seulement parce que les Juifs aimaient
cette forme de prédication, non seulement parce qu’il voulait châtier leur incrédulité en leur présentant la
vérité couverte d’un voile, Cf. v. 11-17, mais encore parce que les Écritures avaient annoncé, quoique d’une
façon toute mystérieuse, que le Messie devait agir ainsi. S. Matthieu ne perd pas un seul instant de vue le but
qu’il s’est tracé : il profite de toutes les occasions pour montrer que les moindres traits de la vie de Jésus ont
été prophétisés dans l’Ancien Testament. - Ce qui avait été dit... Le passage qui suit étant tiré du psaume 77,
78 d’après l’hébreu, et ce psaume étant attribué à Asaph dans l’inscription qui précède, c’est ce Lévite
célèbre qui est désigné par les mots par le Prophète : il porte en effet dans la Bible, 3 Par. 29, 30, le nom de
« voyant » qui équivaut au tire de Prophète. - J'ouvrirai ma bouche en paraboles... « Ecoute, ô peuple, ma
doctrine ; prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche. Car je vais ouvrir la bouche pour m’exprimer en
paraboles, je vais raconter les mystères des temps anciens ». Ainsi commence, d’après l’hébreu, le psaume cité par S. Matthieu, et dans lequel Asaph célèbre les actions merveilleuses opérées par Jéhova en faveur de
son peuple depuis la sortie d’Égypte. Le poète appelle paraboles et énigmes, choses cachées, les grandes
choses que le Seigneur avait daigné accomplir pour sauver Israël et pour l’installer heureusement dans la
Terre promise. Pour des yeux divinement éclairés, comme l’étaient les siens, ces faits éclatants renfermaient
des enseignements prophétiques et pleins de mystères qui intéressaient toutes les générations à venir. C’est
pourquoi il les chantait avec un saint enthousiasme, à la manière d’une fontaine dont les eaux sortent en
bouillonnant. Cependant Asaph, en écrivant ce verset, ignorait selon toute vraisemblance qu’il servait
personnellement de type au Messie, lequel viendrait réaliser un jour dans sa plénitude le rôle qu’il ne jouait
lui-même qu’en passant. Mais l’Esprit-Saint, inspirateur de ces lignes, le savait, et c’est lui qui révéla à S.
Matthieu leur sens messianique demeuré caché pendant plusieurs siècles. « Ce qui nous fait comprendre la
façon dont nous devons interpréter ce qui a été écrit en paraboles. Il ne faut pas nous s’en tenir à la lettre,
mais y voir des mystères abscons », St Jérôme, Comm. in h. l. - Depuis la création du monde ; l’hébreu dit
seulement « ab olim », c’est-à-dire depuis les temps les plus reculés de l’histoire juive. L’évangéliste, avec sa
liberté accoutumée remonte jusqu’aux premiers jours du monde, afin de pouvoir mieux appliquer ce passage
à Notre-Seigneur Jésus-Christ. En effet, tandis qu’Asaph divulguait seulement les mystères de l’histoire des
Hébreux, Jésus dévoilait ceux qui étaient renfermés dans l’histoire de toute l’humanité depuis la création.
Ainsi donc, le Sauveur, en imitant le genre littéraire employé autrefois par le Prophète, son représentant
mystique, accomplissait un oracle du Saint-Esprit qui se rapportait finalement, quoique d’une manière
indirecte, à sa personne sacrée. - On le voit, S. Matthieu nous fait connaître au moyen de cette citation, un
nouveau motif de la méthode d’enseignement récemment adoptée par Jésus-Christ. L’auteur du livre de
l’Ecclésiastique, faisant la description d’un sage, n’avait-il pas dit que « l’homme sage doit entrer dans les
mystères des paraboles, qu’il pénétrera le secret des proverbes, et qu’il se nourrira du sens-caché des
paraboles ? » Eccli. 39, 1, 3. Puisque, dans le pays et à l’époque du Christ, l’idée de la sagesse s’alliait si
étroitement à l’usage des paraboles, et cela non point par suite d’un caprice de la foule, mais d’après la
définition même des livres inspirés, « il convenait à Jésus de se conformer à cette manière de voir, si
profondément enracinée dans les esprits, de façon à se concilier l’attention et le respect que méritait un
sage, » Card. Wiseman, Mélanges religieux : Les Paraboles, page 27.