Matthieu 13, 47

Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons.

Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons.
Saint Thomas d'Aquin
1632. LE ROYAUME DES CIEUX EST ENCORE SEMBLABLE À UN FILET QU’ON JETTE EN MER, etc. Ici est présentée une autre parabole ; en second lieu, une explication en est donnée, non pas en totalité, mais en partie, en cet endroit : AINSI EN SERA-T-IL À LA FIN DU TEMPS [13, 49]. Et, dans cette [parabole], on fait deux choses : premièrement, le caractère universel de cet enseignement est présenté ; deuxièmement, le tri, en cet endroit : QUAND [LE FILET] EST PLEIN, etc. [13, 48].

1633. [Le Seigneur] dit donc : LE ROYAUME DES CIEUX EST ENCORE SEMBLABLE À UN FILET. Ce filet est un instrument qui entoure une grande partie de la mer. Par lui peut donc être signifié soit l’enseignement, soit l’Église, car les premiers docteurs furent des pêcheurs, plus haut, 4, 18 : En effet, ils étaient des pêcheurs. Ce [filet] est lancé dans la mer, c’est-à-dire dans le monde. Ps 103[104], 18 : Voici la mer grande et spacieuse, etc. ET [CE FILET] RAMÈNE TOUTES SORTES DE POISSONS. Voilà le caractère universel. En effet, la loi n’avait été donnée qu’à une nation. Ps 147[148], 20 : Il n’a pas agi de la sorte pour toutes les nations, et il ne leur a pas manifesté ses jugements. La loi évangélique rassemble tous les hommes. Rm 1, 14 : Je suis redevable aux Grecs comme aux barbares, aux sages et aux insensés. Et Mc 16, 15 : Allez annoncer l’évangile à toute créature.
Louis-Claude Fillion
Est encore semblable... Un lecteur superficiel pourrait s’imaginer aisément que cette parabole est une répétition pure et simple de la seconde, car il existe entre elles, nous l’avons dit, une certaine analogie. Le filet rempli de poissons bons et mauvais, de même que le champ qui produit l’ivraie à côté du froment, ne nous apprend-il pas que l’Église de Jésus-Christ, aussi longtemps qu’elle subsistera sur la terre, sera formée d’un mélange hétérogène de bien et de mal ? Oui sans doute, mais les différences sont plus grandes encore et plus profondes que la ressemblance. Là, Jésus-Christ avait insisté sur la coexistence actuelle des justes et des impies au sein de son royaume ; ici, il appuie davantage sur leur séparation future. Là, on voyait les méchants semés par l’ennemi dans le champ messianique, et le père de famille ne permettait pas qu’on les en arrachât ; ici, ils sont séparés violemment des bons par l’ordre de Dieu. Là, il s’agissait du développement progressif du royaume des cieux : ici, c’est sa consommation finale qui est surtout représentée. - Un filet. Ce mot, venu du grec dont nous avons fait « seine », désigne un long filet traînant, « vasta sagena », comme l’appelle Manilius. On en porte les bouts au moyen de bateaux, de manière à renfermer un grand espace en pleine mer ou en plein lac, puis on rapproche ces bouts, et alors tout ce qui se trouve renfermé dans l’intérieur est pris. Cf. Trench, Synonymes of the New Testam. §64. Ce symbole convient à merveille dans la parabole, pour dévoiler l’étendue et le caractère envahissant du royaume de Dieu. - Jeté dans la mer. Le lac fournit à son tour une comparaison. La plupart de celles que nous avons entendues jusqu’ici avaient été empruntées aux champs qui s’étalaient en face de Jésus sur le rivage. - Des poissons de toute espèce. Ce dernier mot, « piscium », n’est pas dans le texte grec, mais il est bien dans la pensée, que la Vulgate a rendue plus claire par cette petite addition intelligente. Tout est donc saisi pêle-mêle dans les plis du filet, les mauvais poissons aussi bien que les bons, « L'immonde chromis, le merlu le plus vil, Le calmar portant du poison noir dans un corps blanc comme neige Le porc, si dur à digérer ... » Ovide, Halieuticon