Matthieu 13, 50
et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
Notre-Seigneur, craignant que nous ne mettions toute notre confiance dans la prédication seule, et que nous ne croyion s que la foi seule suffit pour le salut, après avoir relevé le prix de la prédication évangélique dans les paraboles qui précèdent, en ajoute une autre qui est effrayante: «Le royaume des cieux est encore semblable à un filet».
Quelle différence y a-t-il entre cette parabole et celle de l'ivraie? De part et d'autre, les uns sont sauvés et les autres périssent; mais dans la parabole de l'ivraie, c'est la perversité des dogmes hérétiques qui est la cause de leur perte; dans la parabole de la se mence, c'est le défaut d'attention à la parole de Dieu, et dans celle-ci c'est la vie criminelle des hommes qui sera pour eux un obstacle à leur salut, bien qu'ils aient été pris dans le filet, c'est-à-dire bien qu'ils aient reçu la connaissance de Dieu. Et ne soyez pas tenté de regarder comme un supplice peu rigoureux pour les mauvais d'être jetés dehors, car écoutez Notre-Seigneur qui vous fait connaître dans l'explication de cette parabole combien ce supplice sera terrible: «Il en sera de même à la fin des temps. Les Anges viendront et sépareront les mauvais», etc. Il dit ailleurs que c'est lui-même qui les séparera comme un pasteur sépare les brebis d'avec les boucs. Ici ce sont les Anges qui font cette séparation, comme dans la parabole de l'ivraie.
En effet, lorsque ce filet sera tiré sur le rivage, alors on verra comment doit s'opérer la séparation des bons avec les mauvais.
Après que cette prophétie de Jérémie fut accomplie: «Je vous enverrai un grand nombre de pécheurs» (Jr 16); après que Pierre, André, Jacques et Jean eurent entendu ces paroles: «Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes», (Mt 4) ils se firent à l'aide de l'Ancien et du Nouveau Testament un filet entrelacé des vérités de l'Évangile; ils le jetèrent dans la mer de ce monde, et il est resté tendu jusqu'à présent au milieu des flots pour prendre dans ces gouffres amers et trompeurs tout ce qui se présente, c'est-à-dire les hommes bons et mauvais: «Et qui prend toute sorte de poissons».
Il faut bien plutôt trembler en entendant ces paroles, que chercher à les expliquer, car les tourments des pécheurs y sont prédits ouvertement et personne ne peut s'excuser ici sur son ignorance en prétextant l'obscurité du dogme des supplices éternels.
Ou bien la sainte Église est comparée à un filet parce qu'elle est confiée à des pêcheurs, et c'est par elle que chacun de nous est tiré d es flots de ce monde sur le rivage du royaume des cieux et arraché aux abîmes de la mort éternelle. Ce filet recueille des poissons de toute espèce, car l'Église appelle à la rémission des péchés les sages et les ignorants, les hommes libres et les esclaves, les riches et les pauvres, les forts et les fai bles. Ce filet, c'est-à-dire la sainte Église, sera tout à fait rempli lorsqu'à la fin des temps la destinée du genre humain sera consommée. C'est pour cela qu'il est dit: «Lorsqu'il fut plein»,etc. - De même que la mer figure le monde, ainsi le rivage de la mer représente la fin du monde. C'est alors que les bons poissons seront recueillis dans des vaisseaux et les mauvais jetés au loin, c'est-à-dire que les élus seront reçus dans les tabernacles éternels, tandis que les méchants, privés de la lumière qui éclaire le royaume intérieur, seront traînés dans les ténèbres extérieures. Pendant cette vie, les filets de la foi contiennent indifféremment les bons et les mauvais, comme des poissons mêlés ensemble; mais le rivage fera reconnaître ceux que conte nait le filet de l'Église.
Lorsque la fin du monde sera venue, on connaîtra les véritables signes qui doivent servir à séparer les poissons entre eux, et là comme dans un port, à l'abri de toute agitation, les bons seront placés dans les vaisseaux des célestes demeures, et les mauvais jetés dans les flammes de l'enfer qui doivent les brûler et les tourmenter pendant l'éternité.
1636. Vient ensuite la peine du sens : ET ILS LES JETTERONT DANS LA FOURNAISE ARDENTE. Ceci s’interprète comme plus haut. Mais il se pose une question : pourquoi le Seigneur a-t-il répété cela, car cela semble la même chose que la parabole de l’ivraie ? Il faut dire que c’est la même chose sous un aspect, car ici, par le filet, on entend les bons et les méchants ; il signifie donc ceux qui ne sont pas retranchés de l’Église. Mais, par l’ivraie, sont signifiés ceux qui sont retranchés par la diversité de leurs croyances, et ceux-ci ne font pas partie de l’Église.
A la fin du monde ; Cf. v. 4. Jésus explique rapidement cette
parabole, qui ne présentait du reste aucune difficulté sérieuse après l’interprétation qu’il avait faite de celle
de l’ivraie. Quand l’heure solennelle de la fin du monde sera venue, Dieu examinera très attentivement tout
ce que contiendra l’Église représentée par le filet. Ce sera l’œuvre du jugement final. - Les anges...
sépareront les méchants... Cf. les vv. 41 et 42, dont nous avons ici une reproduction à peu près littérale. La
dernière des paraboles relatives au royaume des cieux nous rappelle d’une manière très vive l’éternité
malheureuse ; aussi S. Jean Chrysostôme l'appelle-t-il la parabole effrayante, l. c. De son côté, S. Grégoire le
Grand écrivait à propos des mots qui la terminent : « Il faut craindre plutôt qu’expliquer », Hom. 11 in
Evang. - Elle prouve contre Luther et Calvin que l’Église actuelle n’est pas exclusivement un « chœur des
prédestinés ».