Matthieu 13, 52
Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »
Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »
A l'homme qui recherche de belles perles (Mt 13,45), il faut appliquer les paroles suivantes: Cherchez et vous trouverez, et: Celui qui cherche, trouve (Mt 7,7-8). En effet, à quoi peuvent bien se rapporter cherchez et celui qui cherche, trouve"? Disons-le sans hésiter: aux perles, et particulièrement à la perle acquise par l'homme qui a tout donné et tout perdu. A cause de cette perle, Paul dit: J'ai accepté de tout perdre afin de gagner le Christ (Ph 3,8). Par le mot tout il entend les belles perles, et par gagner le Christ l'unique perle de grand prix.
Précieuse, assurément, est la lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres (Lc 1,79) et qui en ont besoin (cf. Ap 22,5) jusqu'au lever du soleil. Précieuse aussi la gloire resplendissante sur le visage de Moïse (cf. 2Co 3,7) (et aussi, je crois, sur celui des autres prophètes). Elle est belle à voir, et elle nous aide à progresser jusqu'à ce que nous puissions contempler la gloire du Christ, à laquelle le Père rend témoignage: Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Mais ce qui a été glorieux de cette manière partielle, ne l'est plus, parce qu'il y a maintenant une gloire suréminente (2Co 3,10). Et nous avons besoin en un premier temps d'une gloire susceptible de disparaître devant la gloire suréminente, comme nous avons besoin d'une connaissance partielle qui disparaîtra quand viendra ce qui est parfait (1Co 13,10).
Donc toute âme qui est encore dans l'enfance et chemine vers la perfection (He 6,1) a besoin d'un pédagogue, d'économes et de tuteurs jusqu'à ce que s'instaure en elle la plénitude du temps (Ga 4,4). Ainsi, celui qui d'abord ne diffère en rien d'un esclave, bien qu'il soit maître de tout (Ga 4,1), sera finalement affranchi et recevra de la main du pédagogue, des économes et des tuteurs son patrimoine: celui-ci correspond à la perle de grand prix et à la perfection qui abolit ce qui est partiel (1Co 13,10). Il y parviendra lorsqu'il sera capable d'accéder à la prééminence de la connaissance du Christ (Ph 3,8), après s'y être préparé par les connaissances, s'il convient de les appeler ainsi, qui sont dépassées par la connaissance du Christ. <>
La Loi et les Prophètes parfaitement compris sont les rudiments qui nous conduisent à bien comprendre l'Évangile et tout le sens des actes et des paroles du Christ
Précieuse, assurément, est la lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres (Lc 1,79) et qui en ont besoin (cf. Ap 22,5) jusqu'au lever du soleil. Précieuse aussi la gloire resplendissante sur le visage de Moïse (cf. 2Co 3,7) (et aussi, je crois, sur celui des autres prophètes). Elle est belle à voir, et elle nous aide à progresser jusqu'à ce que nous puissions contempler la gloire du Christ, à laquelle le Père rend témoignage: Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Mais ce qui a été glorieux de cette manière partielle, ne l'est plus, parce qu'il y a maintenant une gloire suréminente (2Co 3,10). Et nous avons besoin en un premier temps d'une gloire susceptible de disparaître devant la gloire suréminente, comme nous avons besoin d'une connaissance partielle qui disparaîtra quand viendra ce qui est parfait (1Co 13,10).
Donc toute âme qui est encore dans l'enfance et chemine vers la perfection (He 6,1) a besoin d'un pédagogue, d'économes et de tuteurs jusqu'à ce que s'instaure en elle la plénitude du temps (Ga 4,4). Ainsi, celui qui d'abord ne diffère en rien d'un esclave, bien qu'il soit maître de tout (Ga 4,1), sera finalement affranchi et recevra de la main du pédagogue, des économes et des tuteurs son patrimoine: celui-ci correspond à la perle de grand prix et à la perfection qui abolit ce qui est partiel (1Co 13,10). Il y parviendra lorsqu'il sera capable d'accéder à la prééminence de la connaissance du Christ (Ph 3,8), après s'y être préparé par les connaissances, s'il convient de les appeler ainsi, qui sont dépassées par la connaissance du Christ. <>
La Loi et les Prophètes parfaitement compris sont les rudiments qui nous conduisent à bien comprendre l'Évangile et tout le sens des actes et des paroles du Christ
Jésus parle ici à ses disciples et il les appelle scribes ou docteurs à cause de leur science, parce qu'ils ont compris ce qu'il leur a enseigné de nouveau et d'ancien, c'est-à-dire son Évangile, et ce qu'il leur a expliqué de la loi. La loi et l'Évangile ont tous les deux pour auteur le même père de famille et sortent tous les deux du même trésor. Sous ce nom de père de famille, il éta blit aussi une comparaison entre ses disciple s et lui-même, parce qu'ils ont puisé la doctrine des vérités anciennes et des vérités nouvelles dans le trésor de l'Esprit saint.
Après que le peuple s'est retiré, le Seigneur continue de parler à ses disciples en paraboles, parce que cette méthode d'enseignement a ouvert leur intelligence et leur a fait comprendre les paroles du Sauveur. Il leur demande donc: «Avez-vous compris toutes ces choses? Ils lui répondent: Oui».
Il les félicite de nouveau de ce qu'ils ont compris par les paroles suivantes: «C'est pourquoi tout docteur tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes».
Il s'adresse particulièrement aux Apô tres, car il ne veut pas seulement qu'ils entendent comme le peuple, mais comme des hommes qui doi vent un jour enseigner les autres.
Ou bien il donne aux Apôtres le nom de scribes doctes et instruits, parce qu'ils étaient comme les secrétaires du Sauveur, et qu'ils écrivaient ses paroles et ses préceptes sur les tables de chair du coeur humain. (2 Co 3). Riches des mystères du royaume des cieux et des ri chesses du père de famille, ils tiraient du trésor de leur doctrine des choses nouvelles et des choses anciennes, c'est-à-dire qu'ils appuyaient toutes les vérités de l'Évangile sur des témoi gnages de la loi et des prophètes. C'est pour cela que l'épouse dit dans le Cantique des canti ques (Ct 7): «Mon bien-aimé, je vous ai réservé les choses nouvelles avec les choses an ciennes».
Il ne dit pas des choses anciennes et des choses nouvelles, ce qu'il n'eût pas manqué de faire, s'il n'avait préféré suivre l'ordre que prescrivait le mérite de ces choses plutôt que l'ordre des temps. Les Manichéens qui prétendent n'être en possession que des promesses nouvelles de Dieu, restent ensevelis dans la vétusté de la chair et introdui sent en même temps la nouveauté de l'erreur.
Notre-Seigneur a-t-il voulu expliquer ici quel est ce trésor caché dans le champ et que l'on peut entendre des saintes Écritures composées de l'Ancien et du Nouveau Testament; ou bien son dessein est-il de nous apprendre qu'on doit regarder comme un homme docte dans l'Église celui qui comprend les anciennes Écritures, même sous la forme de paraboles, en puisant dans les nouvelles les princi pes d'une bonne interprétation (puisque le Sauveur lui-même a parlé en paraboles dans le Nou veau Testament) ? Car s'il est celui en qui toutes les Écritures reçoivent leur accomplissement et leur manifestation, et que cependant il parle encore en paraboles jusqu'à ce que sa passion ait déchiré le voile et qu'il n'y ait rien de caché qui ne soit révélé, nous devons en conclure que ce qui avait été prédit de lui si longtemps avant sa venue sur la terre était plus que tout le reste caché sous le voile des paraboles. Et en voulant entendre ces prédictions à la lettre, les juifs ont refusé de devenir instruits de ce qui concerne le royaume des cieux.
Si par ces choses nouvelles et anciennes nous entendons les deux Testa ments, nous serons forcés de ne point regarder Abraham comme docte et instruit, lui qui connaissait sans doute les faits de l'Ancien et du Nouveau Testament, mais qui n'en a point parlé. Nous ne pourrons pas non plus comparer Moïse à ce docte père de famille, car s'il a enseigné les préceptes de l'Ancien Testament, il n'a point promulgué les vérités de la loi nou velle. Nous devons donc entendre que Notre -Seigneur ne parlait que de ceux qui existaient autrefois, mais de ceux qui pouvaient faire partie de l'Église. Ce sont ces derniers qui tirent de leur trésor des choses nouvelles et des choses anciennes lorsque par leur vie comme par leurs paroles, ils annoncent les vérités renfermées dans les deux Testaments.
Ou bien encore, la chose ancienne, c'est que le genre hu main, par suite de ses crimes, devait périr victime d'un supplice éternel, et la chose nouvelle, c'est qu'il se convertisse et qu'il vive d'une vie immortelle dans le royaume des cieux. Il nous a donné d'abord comme figure du royaume le trésor trouvé et la pierre précieuse; il nous a fait connaître ensuite les peines de l'enfer où les méchants brûleront éternellement, et il conclut par ces paroles: «C'est pourquoi tout scribe instruit tire de son trésor des choses nouvelles et anciennes, paroles dont voici le sens: Celui-là doit être regardé dans l'Église comme un prédicateur instruit qui sait dire des choses nouvelles sur les douceurs ineffables du royaume des cieux, et des choses anciennes sur la rigueur effrayante des supplices éternels, afin que les châtiments épouvantent ceux qui demeurent insensibles à l'attrait des récompenses.
1640. AINSI DONC, TOUT SCRIBE DEVENU DISCIPLE, etc. Ici, [le Seigneur] montre la fonction qui allait bientôt être la leur, comme s’ils avaient déjà passé l’examen. Et cette conclusion peut découler de deux manières de ce qui précède. Premièrement, comme un retour sur ce qui a été dit au sujet du trésor. Le sens selon lequel le Seigneur a voulu expliquer cela peut donc être [le suivant] : «Vous dites que vous comprenez. Si vous comprenez, vous pouvez savoir que le trésor est la sainte doctrine. De ce trésor, vous pourrez tirer du neuf et du vieux.» Et il faut remarquer que [les disciples] sont appelés SCRIBES, parce qu’ils peuvent aussi s’entretenir dans le royaume des cieux de la sainte doctrine, qui contient du neuf et du vieux. Et ils sont appelés des SCRIBES en raison de leurs capacités, car les scribes sont des gens instruits. Dn 12, 10 : Ayant reçu l’enseignement, ils comprendront ; plus loin, [Mt] 23, 34 : Voici que je vois envoie des sages et des scribes. Ils sont aussi appelés des SCRIBES en raison de leur fonction, parce qu’ils sont des notaires du Christ, puisqu’ils ont écrit ses commandements sur les tablettes de leur cœur. Pr 6, 21 : Fixe-les pour toujours sur ton cœur. De même, [parce qu’ils ont écrit ses commandements] dans le cœur des autres. Ainsi, l’Apôtre [dit], 1 Co 3, 2 : Vous êtes une lettre écrite dans nos cœurs. IL EST SEMBLABLE À UN PROPRIÉTAIRE, à savoir, le Christ. En effet, il est lui-même le Seigneur, comme on le lit plus haut, 13, 52. QUI TIRE DE SON TRÉSOR DU NEUF ET DU VIEUX. [Il s’agit] des fonctions de la loi nouvelle. En effet, la loi nouvelle ajoute des sens nouveaux à [la loi] ancienne, et le Christ les a expliqués ; c’est pourquoi il doit nous suffire d’être semblables au Christ, comme plus haut, 10, 25 : Il suffit que le disciple ressemble à son maître. Ou bien on peut dire : cela ressemble à n’importe quel autre père, qui tire de la science qui lui a été divinement donnée du neuf et du vieux. Il n’était pas ainsi des manichéens, qui ne proposaient pas du vieux. Ct 7, 13 : Je t’ai donné du neuf et du vieux. Cela peut donc se rapporter à l’interprétation de la parabole.
1641. Selon Augustin, l’interprétation est la suivante : AINSI, TOUT SCRIBE DEVENU DISCIPLE, etc. «Vous avez compris comment j’ai parlé aux foules en paraboles ; et vous avez appris à comprendre selon le sens spirituel ce qui a été dit en parabole. Vous devez donc comprendre ce qu’on lit dans la loi ancienne, pour que vous puissiez l’expliquer par la [loi] nouvelle.» Ainsi, ce qui est dit dans l’Ancien [Testament] est une figure du Nouveau Testament. L’Apôtre [dit] donc, 1 Co 10, 11 : Tout cela leur est arrivé comme une figure. Et cela a été révélé dans la passion. Plus loin, [Mt] 27, on dit donc que, alors que le Seigneur souffrait, le voile du temple se déchira. Le Christ a donc parlé en paraboles avant la passion afin qu’en entendant cela, ils comprennent que ce qui avait été dit dans l’Ancien Testament l’avait été comme une figure d’autres choses, bien que cela soit [effectivement] arrivé. TOUT SCRIBE DEVENU DISCIPLE DU ROYAUME DES CIEUX EST SEMBLABLE À UN PROPRIÉTAIRE, QUI TIRE DE SON TRÉSOR DU NEUF ET DU VIEUX.
1642. Ou bien, selon Grégoire, le vieux désigne tout ce qui se rapporte au péché ; le neuf, [tout ce qui se rapporte] à la grâce du Christ. On appelle donc neuves les récompenses de la vie éternelle, et ancienne la peine de l’enfer. Celui-là tire donc du neuf et du vieux qui considère non seulement les récompenses, mais aussi la peine de l’enfer.
1641. Selon Augustin, l’interprétation est la suivante : AINSI, TOUT SCRIBE DEVENU DISCIPLE, etc. «Vous avez compris comment j’ai parlé aux foules en paraboles ; et vous avez appris à comprendre selon le sens spirituel ce qui a été dit en parabole. Vous devez donc comprendre ce qu’on lit dans la loi ancienne, pour que vous puissiez l’expliquer par la [loi] nouvelle.» Ainsi, ce qui est dit dans l’Ancien [Testament] est une figure du Nouveau Testament. L’Apôtre [dit] donc, 1 Co 10, 11 : Tout cela leur est arrivé comme une figure. Et cela a été révélé dans la passion. Plus loin, [Mt] 27, on dit donc que, alors que le Seigneur souffrait, le voile du temple se déchira. Le Christ a donc parlé en paraboles avant la passion afin qu’en entendant cela, ils comprennent que ce qui avait été dit dans l’Ancien Testament l’avait été comme une figure d’autres choses, bien que cela soit [effectivement] arrivé. TOUT SCRIBE DEVENU DISCIPLE DU ROYAUME DES CIEUX EST SEMBLABLE À UN PROPRIÉTAIRE, QUI TIRE DE SON TRÉSOR DU NEUF ET DU VIEUX.
1642. Ou bien, selon Grégoire, le vieux désigne tout ce qui se rapporte au péché ; le neuf, [tout ce qui se rapporte] à la grâce du Christ. On appelle donc neuves les récompenses de la vie éternelle, et ancienne la peine de l’enfer. Celui-là tire donc du neuf et du vieux qui considère non seulement les récompenses, mais aussi la peine de l’enfer.
Il leur dit : c'est pourquoi... « De quelle chose Jésus dit-il c'est pourquoi, il n’est pas
facile de le dire », Maldonat. Il n’y a guère que deux manières de rattacher ce mot aux antécédents : 1°
puisque je vous ai montré par mes exemples les différentes manières dont on peut prêcher l’Évangile ; 2°
puisque vous avez compris. Cette seconde liaison semble préférable, parce qu’elle n’est pas tirée d’aussi loin
que l’autre. Au reste, les exégètes sont d’accord pour dire que la conséquence exprimée par « c'est
pourquoi » n’est pas très rigoureuse. « Eh bien ! en vérité ! » telle serait sa vraie traduction. - Tout scribe.
Scribe, non pas dans le sens exclusivement juif de cette expression (Cf. l’explication de 2, 4), mais en
général, pour signifier : Tout savant, tout docteur. - Instruit, docte, d’après le grec, est un verbe au participe
passé passif, « qui a été instruit, enseigné » ; ce n’est pas un adjectif. - De ce qui regarde le royaume. Cette
locution signifie : « Pour le royaume des cieux, en vue du royaume messianique ». Les docteurs qui ont reçu
une instruction particulière, en vue de l’enseignement qu’ils auront eux-mêmes à donner plus tard dans
l’Église de Dieu, ne sont autres que les Apôtres et généralement tous les prédicateurs de l’Évangile. Jésus va
maintenant leur tracer leurs devoirs sous la forme d’une belle comparaison. - Semblable à un père de famille.
Les choses matérielles, les coutumes de la vie de famille, vont encore servir à illustrer les choses spirituelles
et surnaturelles. - Qui tire de son trésor. Ici le mot trésor n’a pas le sens spécial qu’il avait au v. 44 : il reprend sa signification primitive et désigne tout lieu où l’on renferme des richesses ou des provisions de
divers genre, pour en faire usage quand on en aura besoin. - Des choses nouvelles et des anciennes, des
objets de toute espèce et de toute saison, les uns déjà anciens, les autres neufs et frais. Le père de famille que
Jésus propose comme un modèle à ses disciples est un économe prudent qui, après avoir soigneusement
assemblé des provisions variées, sait les faire servir à propos, selon les besoins et les désirs de ses enfants ou
de ses hôtes : il ne donne pas toujours des choses anciennes, il n’en donne pas toujours de nouvelles, mais il
mélange habilement les unes et les autres, se conduisant d’après les circonstances. Tel doit être le pasteur des
âmes. « Le bon maître, qui a enrichi son esprit des trésors d’une érudition variée, sera toujours prêt, selon les
exigences de son enseignement, à mettre la main sur ce qui lui sera nécessaire et à recourir à l’expérience des
temps anciens aussi bien qu’à des idées nouvelles : il adaptera à sa doctrine les maximes, les proverbes et les
sentences des sages qui ne sont plus, ainsi que les événements de l’histoire ; en même temps, il saisira toutes
les actualités ou les objets présents et en tirera d’utiles leçons pour ses disciples », Card. Wiseman, Mélanges
religieux, etc...1. Paraboles, p. 22. Il faut donc au prédicateur, à l’apôtre, des connaissances abondantes et
variées. Notre-Seigneur ne pouvait pas démontrer avec plus de vigueur et en moins de mots l’absolue
nécessité d’une grande science pour le prêtre. Quelques Pères ont vu dans les choses anciennes et nouvelles
dont parle Jésus l’indication de la Loi et de l’Évangile, de l’Ancien et du Nouveau Testament ; mais il vaut
mieux conserver aux adjectifs « nouvelles » et « anciennes » leur signification générale. - Nous avons achevé
l’explication des Paraboles du royaume des cieux ; mais, avant de passer à un autre sujet, il sera bon de jeter
un regard rétrospectif sur ces admirables comparaisons et de montrer leur union harmonieuse, au moyen de
quelques idées d’ensemble. Chacune d’elles est relative à l’Église de Jésus considérée dans toute son
étendue, c’est-à-dire depuis sa fondation jusqu’à sa consommation à la fin des temps ; mais cette relation n’a
pas lieu de la même manière, car elles nous présentent chaque fois le royaume messianique sous un aspect
nouveau, sous une des ses faces multiples, de telle sorte que chaque fois aussi, nous recueillons une nouvelle
leçon : c’est donc la diversité la plus heureuse dans la plus parfaite unité. Elles nous ont fait assister à la
croissance, aux développements du royaume de Dieu sur la terre, depuis sa fondation par Notre-Seigneur
Jésus-Christ jusqu’à sa glorieuse transfiguration dans le ciel, la première commençant précisément par la
fondation et la dernière nous conduisant à la consommation. Est-ce à dire cependant, comme on l’a prétendu,
qu’elles correspondent toutes, et d’une manière exclusive, à une époque précise de l’histoire ecclésiastique,
par exemple, la parabole de la semence au siècle apostolique, celle de l’ivraie à la période des anciennes
hérésies, celle du grain de sénevé à l’ère constantinienne, et ainsi de suite ? Bengel, entre autres auteurs,
l'affirme catégoriquement : « En marge des propriétés communes et perpétuelles du royaume des cieux ou de
l’Église, nous trouvons ces sept paraboles qui possèdent un sens très secret, même dans des périodes et des
âges différents de l’Église, de telle sorte que l’une vient en complément de l’autre, chacune commençant là
où l’autre finit », Gnomon Novi Testam. in h. l. Mais non! Il y a évidemment dans ce système beaucoup
d'exagération et beaucoup d'arbitraire; car, si les paraboles ont prophétisé quelque chose, - et il en est ainsi
pour un grand nombre d’entre elles, - c’est l’avenir général de l’Église plutôt que les traits particuliers de son
histoire, ce sont les lois universelles qui la régiront dans le cours des siècles et non des périodes isolées,
déterminées. C’est ainsi que la parabole du semeur expose les motifs du succès et de l’insuccès que rencontre
en général la prédication évangélique lorsqu’elle est annoncée au monde. Celle de l’ivraie décrit les obstacles
qui attendent le royaume des cieux lorsqu’il a été constitué nouvellement en quelque endroit et qu’il travaille
à son développement intime : elle fait en même temps connaître le véritable auteur de cette opposition hostile
et prédit le triomphe définitif de l’Évangile. Les deux paraboles suivantes, le grain de sénevé et le levain,
expriment la croissance du royaume messianique sur la terre, d’après le double mode par lequel elle se
manifeste : il y a l’énergie extrinsèque figurée par le grain de sénevé, et la force intrinsèque figurée par le
levain. Les quatre premières paraboles avaient montré le royaume de Dieu s’offrant au monde et
l’envahissant peu à peu ; celles du trésor caché et de la perle précieuse déclarent ensuite quels sont les
devoirs des hommes à son égard et la manière dont ils sont obligés de tout abandonner pour se le procurer,
quand ils ont eu le bonheur de le découvrir. Enfin, la parabole du filet fait voir comment le bien et le mal,
après avoir longtemps existé l’un auprès de l’autre dans le royaume du Christ, seront séparés éternellement
par Dieu à la fin des temps. Il règne donc entre nos sept paraboles un enchaînement logique qui ne laisse rien
à désirer et grâce auquel elles s’expliquent et se complètent mutuellement. - En arrivant à la fin de ce premier
groupe, nous pouvons maintenant apprécier avec connaissance de cause la beauté des paraboles
évangéliques, et comprendre avec quelle justesse S. Bernard pouvait porter sur elles le jugement suivant :
« La surface vue de l’extérieur est magnifiquement décorée. Et si quelqu’un en brise le noyau, il trouvera à
l’intérieur tout ce qu’il y a de plus délectable et de réjouissant ». Il n’y a rien dans le langage humain qui puisse leur être comparé sous le triple point de vue de la simplicité, de la grâce et de la richesse intérieure. Ce
sont des modèles accomplis et inimitables, de charmants tableaux dans lesquels l’idée dominante est mise en
relief par les contrastes les plus frappants, au moyen des couleurs les plus variées. Mais quelque séduisante
que soit leur forme extérieure, les vérités qu’elles renferment sont encore mille fois plus admirables. Ce sont
des trésors inépuisables de doctrine, de consolation et d’exhortation ; à chaque méditation nouvelle qu’on
leur consacre, on y découvre des splendeurs intimes dont on ne s’était pas encore rendu compte. « Simples
pour les simples, elles sont assez profondes pour les plus profonds penseurs ; c’est, comme toute l’Écriture,
un cours d’eau qu’un agneau peut passer à gué et dans lequel l’éléphant peut nager à son aise », Lisco, die
Parabeln Jesu 2° édit. p. 16.
Parmi les charges principales des évêques, la prédication de l’Évangile est la première. Les évêques sont, en effet, les hérauts de la foi, amenant au Christ de nouveaux disciples, et les docteurs authentiques, c’est-à-dire pourvus de l’autorité du Christ, prêchant au peuple qui leur est confié la foi qui doit régler leur pensée et leur conduite, faisant rayonner cette foi sous la lumière de l’Esprit Saint, dégageant du trésor de la Révélation le neuf et l’ancien (cf. Mt 13, 52), faisant fructifier la foi, attentifs à écarter toutes les erreurs qui menacent leur troupeau (cf. 2 Tm 4, 1-4). Les évêques qui enseignent en communion avec le Pontife romain ont droit, de la part de tous, au respect qui convient à des témoins de la vérité divine et catholique ; les fidèles doivent s’attacher à la pensée que leurs évêques expriment, au nom du Christ, en matière de foi et de mœurs, et ils doivent lui donner l’assentiment religieux de leur esprit. Cet assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence est dû, à un titre singulier, au Souverain Pontife en son magistère authentique, même lorsqu’il ne parle pas ex cathedra, ce qui implique la reconnaissance respectueuse de son suprême magistère, et l’adhésion sincère à ses affirmations, en conformité à ce qu’il manifeste de sa pensée et de sa volonté et que l’on peut déduire en particulier du caractère des documents, ou de l’insistance à proposer une certaine doctrine, ou de la manière même de s’exprimer.
Par l’Esprit qui la conduit " dans la vérité tout entière " (Jn 16, 13), l’Église a reconnu peu à peu ce trésor reçu du Christ et en a précisé la " dispensation ", comme elle l’a fait pour le canon des saintes Écritures et la doctrine de la foi, en fidèle intendante des mystères de Dieu (cf. Mt 13, 52 ; 1 Co 4, 1). Ainsi, l’Église a discernée au cours des siècles que, parmi ses célébrations liturgiques il y en a sept qui sont, au sens propre du terme, des sacrements institués par le Seigneur
C'est aux pasteurs qu'incombe, à un titre particulier, la responsabilité de la foi du Peuple de Dieu et de sa vie chrétienne, comme nous le rappelle le Concile Vatican II : « Parmi les charges principales des évêques, la prédication de l'Evangile est la première. Les évêques sont, en effet, les hérauts de la foi, qui amènent au Christ de nouveaux disciples ; et les docteurs authentiques, c'est-à-dire pourvus de l'autorité du Christ, qui prêchent, au peuple à eux confié, la foi qui doit régler sa pensée et sa conduite, faisant rayonner cette foi sous la lumière de l'Esprit Saint, dégageant du trésor de la Révélation le neuf et l'ancien (cf. Mt 13, 52), faisant fructifier la foi, attentifs à écarter toutes les erreurs qui menacent leur troupeau (cf. 2 Tm 4, 1-4) »
C'est en vertu de la conscience qu'il avait de sa mission de successeur de Pierre que Léon XIII décida de prendre la parole, et c'est la même conscience qui anime aujourd'hui son successeur. Comme lui, et comme les Papes avant et après lui, je m'inspire de l'image évangélique du « scribe devenu disciple du Royaume des cieux », dont le Seigneur dit qu'il « est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien » (Mt 13, 52). Le trésor est le grand courant de la Tradition de l'Eglise qui contient les « choses anciennes », reçues et transmises depuis toujours, et qui permet de lire les « choses nouvelles » au milieu desquelles se déroule la vie de l'Eglise et du monde.