Matthieu 13, 54

Il se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?

Il se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?
Saint Thomas d'Aquin
1645. ET S’ÉTANT RENDU DANS SA PATRIE. Parfois, on dit que sa patrie est Nazareth, où il a été élevé et a fait peu de miracles ; parfois, Bethléem, où il est né ; parfois, Capharnaüm, parce qu’il y a fait des miracles. ET IL ENSEIGNAIT DANS LEURS SYNAGOGUES, etc.

1646. Vient ensuite l’étonnement. Premièrement, l’étonnement est présenté ; deuxièmement, l’effet se produit. [Matthieu] dit : DE TELLE SORTE QU’ILS ÉTAIENT ÉTONNÉS. Il n’était pas étonnant qu’ils fussent étonnés. Ps 118[119], 129 : Tes témoignages sont étonnants. Ils s’étonnaient [en se demandant] d’où venait cette puissance : en effet, l’étonnement vient du fait qu’on voit l’effet sans en connaître la cause. Ceux-là voyaient l’effet évident, mais n’en connaissaient pas la cause. Ils disaient donc : D’OÙ LUI VIENNENT CETTE SAGESSE ET CES MIRACLES ? Mais c’est là un étonnement insensé, car on lit, en 1 Co 1, 24, qu’il est lui-même la puissance et la sagesse de Dieu. Mais ils ne le savaient pas. C’est pourquoi ils s’étonnaient.
Louis-Claude Fillion
Lorsque Jésus eut achevé ces paraboles..., c’est-à-dire aussitôt après l’intéressante journée qui a rempli la plus grande partie des chapitres 12 et 13. - Il partit de là. Il quitta pour un temps les bords du lac de Tibériade, où avaient eu lieu plusieurs des scènes racontées plus haut. Cf. vv. 1 et 2. - Et étant venu dans son pays. La patrie proprement dite du Sauveur était Bethléem ; mais ce n’est certainement pas la cité de David que l’Évangéliste veut désigner en cet endroit, puisqu’il n’est question nulle part d’une visite faite par Jésus au lieu de sa naissance, et que d’ailleurs S. Matthieu ne s’occupe, durant toute la Vie publique, que du séjour de Notre-Seigneur en Galilée. Il s’agit donc ici d’une patrie adoptive, et telle était Nazareth, où il avait été élevé, Luc. 4, 16 ; Cf. Matth. 2, 23. - Il les instruisait. Les auditeurs sont vaguement indiqués par l’expression, ainsi qu’il arrive fréquemment dans le premier Évangile, (Cf. la note de 4, 23) ; mais ils sont très nettement déterminés par le contexte. - Dans leurs synagogues ; mieux, d’après le texte grec, dans la synagogue au singulier ; la variante semble être une corruption du texte, car Nazareth était une ville bien peu considérable pour avoir plusieurs synagogues. - Ce voyage du Sauveur à Nazareth est l’objet d’une vive controverse. En effet, tandis que les deux premiers synoptiques le racontent à peu près dans les mêmes termes et le placent vers la même période du ministère public de Jésus, S. Luc lui attribue une date beaucoup moins tardive, Cf. 4, 16-30, et ajoute à sa narration des détails très particuliers, bien que le fond présente dans les trois rédactions des caractères de ressemblance. Ces divergences soulèvent une grosse difficulté d’harmonie évangélique. Sommes-nous en face d’un fait unique ou de deux événements distincts ? - Les exégètes se partagent sur ce point en deux groupes à peu près égaux, les uns identifiant les deux épisodes, les autres les séparant au contraire. Voici les principales raisons alléguées de part et d’autre. Il n’est pas croyable, disent les partisans de la fusion des deux visites en une seule, que Jésus soit revenu à Nazareth après avoir reçu de ses compatriotes la réception odieuse que nous lisons dans S. Luc. En outre, si Notre-Seigneur vint deux fois dans sa patrie, n’est-il pas bien étonnant qu’il ait été traité de la même manière à chacun des séjours qu’il y fit, qu’on lui ait adressé les mêmes paroles, Cf. Luc. 4, 22, qu’il ait cité le même proverbe, Cf. Luc. 4, 24, qu’il ait été empêché de manifester sa puissance miraculeuse, Cf. Luc. 4, 23 ? Il n’y eut donc qu’une seule visite, qui a été rapportée dans tous ses détails par S. Luc, seulement esquissée par les deux autres synoptiques. Tel est l’avis de S. Augustin, de Sylveira, de Maldonat, de J. P Lange, d’Olshausen, etc. Ceux qui croient devoir distinguer les deux épisodes, et parmi eux nous pouvons citer Patrizzi, Curci, Schegg, Wieseler, Tischendorf, Arnoldi, Bisping, etc., répondent : 1° qu’il s’était écoulé un temps suffisant entre le premier et le second séjour pour donner à la passion le temps de se calmer, de sorte que Jésus pouvait venir maintenant à Nazareth sans aucun danger sérieux ; 2° que s’il existe entre les deux visites des ressemblances frappantes, favorables à l’identité, il règne aussi entre elles des différences plus notables encore qui exigent la séparation des faits. Nous devons avouer que la question est délicate, et qu’il est bien difficile de se prononcer entre deux opinions qui paraissent également raisonnables, également appuyées. Si les événements sont distincts, pourquoi les Évangélistes qui racontent le second ne disent-ils pas un seul mot du premier ? Pourquoi S. Luc, qui expose le premier, demeure-t-il entièrement muet sur le second ? Mais, d’un autre côté, s’ils sont identiques, comment se fait-il que les écrivains sacrés leur aient attribué des dates si diverses ? Néanmoins, tout bien considéré, les divergences qui règnent entre les récits nous semblent plus frappantes que les ressemblances ; voilà pourquoi nous nous décidons à soutenir la non-identité des séjours. - Ils étaient dans l'admiration, ils étaient vivement frappés, hors d’eux-mêmes. Les merveilles que les habitants de Nazareth contemplaient en Jésus auraient été, pour des esprits bien disposés, un secours très efficace, qui les eût portés à reconnaître la divinité de sa mission ; elles ne pouvaient servir qu’à aveugler des âmes étroites, remplies de préjugés vulgaires. - D'où viennent cette sagesse... La sagesse, surtout une telle sagesse. - Et ces miracles : le don d’opérer de nombreux et d’éclatants miracles. Tout cela en un homme qui leur paraît si commun ! Comment concilier les œuvres et la personne de celui qui les produit ? D’autre part les œuvres sont palpables, on ne saurait en nier la réalité. Donc, « d'où » ? voilà le problème à résoudre pour ces sceptiques.