Matthieu 14, 1
En ce temps-là, Hérode, qui était au pouvoir en Galilée, apprit la renommée de Jésus
En ce temps-là, Hérode, qui était au pouvoir en Galilée, apprit la renommée de Jésus
1651. Plus haut, le Seigneur a montré la puissance de l’enseignement évangélique par des paraboles ; ici, il [la] montre par des actes, et il fait trois choses : premièrement, il montre quels effets il peut produire en comparant des faits ; deuxièmement, il montre la suffisance de l’enseignement évangélique ; troisièmement, [il montre] comment celui-ci doit être conservé dans sa pureté. Le second point [se trouve] au chapitre XV ; le troisième, au chapitre XVI.
1652. À propos du premier point, il présente une fausse opinion ; deuxièmement, l’occasion ; troisièmement, [cette] opinion est rejetée. Le second point [se trouve] en cet endroit : EN EFFET, HÉRODE AVAIT FAIT ARRÊTER JEAN, etc. [14, 3] ; le troisième, en cet endroit : L’AYANT APPRIS, JÉSUS SE RETIRA [14, 13].
1653. [Matthieu] dit donc : EN CE TEMPS-LÀ, HÉRODE LE TÉTRARQUE ENTENDIT PARLER DE LA RENOMMÉE DE JÉSUS. Et il ne faut pas s’arrêter à ce jour-là, mais à un certain moment, d’une manière générale, car Mc 6, 1 et Lc 4, 16 ne présentent pas [les choses] dans le même ordre, puisqu’ils les racontent après l’envoi des disciples, comme on le trouve en Mc 6. On ne sait donc pas avec certitude qui suit l’ordre historique. Toutefois, ce qui est dit : EN CE TEMPS-LÀ, est dit pour signaler la négligence d’Hérode, car il avait d’abord entendu parler de la renommée de Jésus après les miracles. Une telle indolence se rencontre habituellement chez les riches qui ne s’occupent pas des petites choses. 1 Tm 6, 17 : Ne mettez pas votre cœur dans les richesses de ce temps et ne mettez pas votre espérance dans des richesses incertaines, etc.
1654. HÉRODE LE TÉTRARQUE ENTENDIT PARLER, à la différence d’Hérode le roi, sous lequel le Christ était né, comme on le lit plus haut, [Mt] 2. Après la mort de celui-ci, le Christ est revenu d’Égypte. Le présent Hérode était le fils de celui-là et il était tétrarque. Son père avait été établi roi par les Romains. Il avait eu six fils. Il en tua deux pendant sa vie ; il en tua un autre à sa mort, car celui-ci avait fait en sorte de se faire nommer roi alors que son père vivait encore. Après la mort de ce dernier, Archélaüs reçut la royauté et, suivant la malice de son père, il ne put être supporté par les Juifs. Ceux-ci firent donc des démarches auprès des Romains, et le royaume fut divisé en quatre parties : deux parties furent données à Archélaüs, une à Hérode et une autre à Philippe. [Hérode] était donc tétrarque et dirigeant du quart du royaume. [HÉRODE] ENTENDIT PARLER DE LA RENOMMÉE DE JÉSUS. Il était répréhensible que [Jésus] ait vécu si longtemps et ait fait des miracles, et que pourtant [Hérode] en entendît alors parler pour la première fois. Ainsi s’accomplit ce qui [se lit] en Jb 28, 22 : La perdition et la mort ont dit : «La rumeur de sa renommée est parvenue à nos oreilles.»
1652. À propos du premier point, il présente une fausse opinion ; deuxièmement, l’occasion ; troisièmement, [cette] opinion est rejetée. Le second point [se trouve] en cet endroit : EN EFFET, HÉRODE AVAIT FAIT ARRÊTER JEAN, etc. [14, 3] ; le troisième, en cet endroit : L’AYANT APPRIS, JÉSUS SE RETIRA [14, 13].
1653. [Matthieu] dit donc : EN CE TEMPS-LÀ, HÉRODE LE TÉTRARQUE ENTENDIT PARLER DE LA RENOMMÉE DE JÉSUS. Et il ne faut pas s’arrêter à ce jour-là, mais à un certain moment, d’une manière générale, car Mc 6, 1 et Lc 4, 16 ne présentent pas [les choses] dans le même ordre, puisqu’ils les racontent après l’envoi des disciples, comme on le trouve en Mc 6. On ne sait donc pas avec certitude qui suit l’ordre historique. Toutefois, ce qui est dit : EN CE TEMPS-LÀ, est dit pour signaler la négligence d’Hérode, car il avait d’abord entendu parler de la renommée de Jésus après les miracles. Une telle indolence se rencontre habituellement chez les riches qui ne s’occupent pas des petites choses. 1 Tm 6, 17 : Ne mettez pas votre cœur dans les richesses de ce temps et ne mettez pas votre espérance dans des richesses incertaines, etc.
1654. HÉRODE LE TÉTRARQUE ENTENDIT PARLER, à la différence d’Hérode le roi, sous lequel le Christ était né, comme on le lit plus haut, [Mt] 2. Après la mort de celui-ci, le Christ est revenu d’Égypte. Le présent Hérode était le fils de celui-là et il était tétrarque. Son père avait été établi roi par les Romains. Il avait eu six fils. Il en tua deux pendant sa vie ; il en tua un autre à sa mort, car celui-ci avait fait en sorte de se faire nommer roi alors que son père vivait encore. Après la mort de ce dernier, Archélaüs reçut la royauté et, suivant la malice de son père, il ne put être supporté par les Juifs. Ceux-ci firent donc des démarches auprès des Romains, et le royaume fut divisé en quatre parties : deux parties furent données à Archélaüs, une à Hérode et une autre à Philippe. [Hérode] était donc tétrarque et dirigeant du quart du royaume. [HÉRODE] ENTENDIT PARLER DE LA RENOMMÉE DE JÉSUS. Il était répréhensible que [Jésus] ait vécu si longtemps et ait fait des miracles, et que pourtant [Hérode] en entendît alors parler pour la première fois. Ainsi s’accomplit ce qui [se lit] en Jb 28, 22 : La perdition et la mort ont dit : «La rumeur de sa renommée est parvenue à nos oreilles.»
En
ce temps-là. Cette vague formule semble indiquer, d’après S. Marc, 6, 6 ss. et 30, la période durant laquelle
les Apôtres prêchaient deux à deux en Galilée, tandis que Jésus lui-même exerçait le ministère pastoral à
travers les bourgades et les cités ; Cf. 11, 1. - Hérode le tétrarque apprit. - Le tétrarque Hérode, nommé aussi
Hérode Antipas, était fils d’Hérode-le-Grand et de la Samaritaine Malthace. Cf. Jos. Ant. 17, 1-3. Son père,
après lui avoir destiné primitivement la partie principale de son héritage, c’est-à-dire la Judée, la Samarie et
l’Idumée, se borna ensuite à lui léguer la Galilée et la Pérée. Le titre de tétrarque qu’il portait était alors très
usité. Employé d’abord d’une manière conforme à l’étymologie pour désigner des chefs qui gouvernaient le
quart d’un pays, Cf. Strabon, 14, il était à peu près indifféremment appliqué, sous l’empire romain, aux
princes tributaires qui n’avaient pas une importance suffisante pour être appelés rois. - Ce qui se disait de
Jésus. Il semble tout d’abord extraordinaire qu’Hérode Antipas n’ait entendu parler de Jésus qu’à une époque
si tardive. Il n’y a pourtant là rien que de très naturel, si l’on se rappelle quelques circonstances de lieu, de
temps et de personnes. Notre-Seigneur avait passé en Judée une partie notable de la première année de son
ministère public, ne faisant alors en Galilée, où vivait Hérode, que de courtes apparitions ; son ministère dans
cette dernière province n’avait commencé à proprement parler qu’après l’incarcération du Précurseur. Cf. 4,
12. Du reste, les fêtes de la cour et les soucis de la politique ne laissaient guère au tétrarque ambitieux,
efféminé, le temps de s’occuper de miracles et de choses religieuses. Il avait pu entendre mentionner en
passant le nom et les actes de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais il n’avait trouvé là rien qui fût digne de
l’attention d’un prince. « Les oreilles et les cours des rois résonnent de toutes les nouveautés. Mais c’est à
peine si leur parviennent les choses spirituelles répandues partout », Bengel. Aujourd’hui cependant, la
renommée du Sauveur est si grande qu’elle s’impose même à Hérode ; et puis, maintenant que le tétrarque
est agité par le remords, sa conscience est plus impressionnable et il est frappé de ce qu’il entend raconter au
sujet de Jésus. Cf. S. Jean Chrysost. Hom. in Matth. Il n’est donc pas nécessaire de recourir avec Baronius et
Grotius, pour expliquer cette ignorance d’Hérode, à des « alibis » qui sont en contradiction avec l’histoire ;
car le tétrarque était bien alors dans ses États et nullement à Rome, ou en guerre avec Arétas.
On donnait le titre de tétrarques à des princes qui gouvernaient la quatrième partie d’un royaume démembré. ― Hérode le tétrarque s’appelait aussi Antipas et il était fils, comme Archélaüs (voir Matthieu, 2, 22), d’Hérode le Grand et de Malthace la Samaritaine. Après la mort de son père, il devint tétrarque de la Galilée et de la Pérée. Il épousa d’abord une fille du roi arabe Arétas mais se lia ensuite avec Hérodiade, sa nièce, femme de son demi-frère, Hérode Philippe (voir Matthieu, 14, 3). Cette liaison coupable fit de lui le meurtrier de saint Jean-Baptiste et amena plus tard sa ruine, comme il est dit à la Matthieu, note 14.3. C’est à cet Hérode que Pilate envoya Notre-Seigneur, (voir Luc, 23, 7-12). C’était un esprit faible, superstitieux, rusé et sans principes (voir Luc, 13, 31-32). Exilé à Lyon, en l’an 39, il fut transféré ensuite en Espagne, où il mourut.