Matthieu 14, 11
La tête de celui-ci fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui l’apporta à sa mère.
La tête de celui-ci fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui l’apporta à sa mère.
1672. En conséquence, les suites de la décollation sont présentées. Premièrement, l’accomplissement de la promesse est présenté ; deuxièmement, la sépulture [de Jean]. [Matthieu] dit donc : ET SA TÊTE FUT APPORTÉE SUR UN PLATEAU. En ceci, Hérode fut répréhensible, car il a manifesté de la cruauté au milieu des plaisirs. On dit ainsi qu’un fonctionnaire aimait une courtisane et, alors qu’elle était sur ses genoux, elle lui dit qu’elle n’avait jamais vu tuer un homme. Et, alors qu’on était en train de manger, il fit amener quelqu’un qui méritait la mort et le fit décoller devant elle. Les Romains l’apprirent et il fut exilé de Rome. De même, [Hérode] fut-il exilé.
Et sa tête fut apportée, immédiatement et en pleine fête, si l’anniversaire d’Hérode
fut célébré, comme nous le croyons, dans la citadelle de Machéronte. - Et donnée à la jeune fille. Quel
contraste ! Les peintres les plus habiles ont aimé à le reproduire, entre autres Andrea del Sarto, le Guerchin,
le Guide, Bernardino Luini, Giorgione. - Qui l'apporta à sa mère. Hérodiade dût alors être satisfaite. S.
Jérôme raconte, contr. Rufin. l. 3, c. 11, que cette femme cruelle se mit aussitôt à percer avec une épingle la
langue qui avait prononcé le « Il ne t'est pas permis », de même que Fulvie avait fait autrefois pour Cicéron. Que c’est bien là une cour orientale ! Tout s’y rencontre en même temps : l’impudicité, l’ivresse, les folles
promesses, la barbarie la plus révoltante, le servilisme hideux et lâche qui approuve facilement les crimes du
Maître. S. Jean Chrysostôme, dans l'admirable homélie qu'il a composée sur ce passage, Hom. 48 in Matth.,
donne libre cours à son indignation : « considérez, je vous prie, tout l’ensemble de ce festin, et vous verrez
que c’était le diable qui y présidait. Premièrement tout s’y passe dans les délices, dans la fumée du vin et des
viandes, ce qui ne peut avoir que de malheureuses suites. Tous les conviés sont des méchants, et celui qui les
convie est le plus méchant de tous. De plus la licence et le libertinage y règnent souverainement. Enfin on y
voit une jeune fille qui, étant née du frère mort, rendait ce mariage illégitime, et que sa mère devait cacher
comme un témoignage public de son impudicité, qui entre au contraire avec pompe et avec magnificence au
milieu de ce festin, et au lieu de se maintenir dans l’honnêteté propre à son sexe, s’expose aux yeux de tous,
avec une impudence que n’auraient pas les femmes les plus débauchées... Qu’y a-t-il de pire que cette
barbarie qui consiste à demander la mort comme une grâce, une mort inique, un meurtre au milieu d’un
banquet, une mort demandée publiquement et impudemment. »