Matthieu 14, 25

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
Saint Thomas d'Aquin
1706. À LA QUATRIÈME VEILLE DE LA NUIT, IL VINT VERS EUX EN MARCHANT SUR LA MER. Après la présentation du danger, la délivrance du danger est présentée. À ce propos, [Matthieu] fait deux choses : premièrement, il présente le secours ; deuxièmement, son effet. Le second point [se trouve] en cet endroit : CEUX QUI ÉTAIENT DANS LA BARQUE SE PROSTERNÈRENT DEVANT LUI [14, 33].

1707. [Matthieu] avait présenté trois dangers : d’abord, la noirceur de la mer, [puis] le danger de la mer, [enfin] le danger du vent. Contre le premier, il présente la visite [de Jésus] ; contre le deuxième, l’assurance qu’il exprime, en cet endroit : MAIS AUSSITÔT JÉSUS LEUR PARLA, etc. [14, 27] ; contre le troisième, [Jésus] tend la main : ET AUSSITÔT JÉSUS TENDIT LA MAIN ET LE SAISIT [14, 31]. De même, [Matthieu présente] l’apaisement de la mer : ET QUAND IL FUT MONTÉ DANS LA BARQUE, LE VENT CESSA [14, 32].

1708. À propos du premier point, [Matthieu] présente la visite [de Jésus] ; deuxièmement, l’effet de sa visite, en cet endroit : LE VOYANT MARCHER SUR LA MER, ILS FURENT TROUBLÉS [14, 26].

1709. [Matthieu] dit donc : À LA QUATRIÈME VEILLE DE LA NUIT, IL VINT VERS EUX. Ici est abordée la venue [de Jésus] et le moment, car c’était À LA QUATRIÈME VEILLE. Jérôme dit que les anciens divisaient la nuit en quatre parties. Au cours de la première, certains veillaient ; au cours de la deuxième, de la troisième et de la quatrième, d’autres [veillaient], et ceux qui avaient veillé allaient se reposer. [Matthieu] dit ainsi : À LA QUATRIÈME VEILLE, etc., parce qu’ils avaient été en mer toute la nuit. IL VINT VERS EUX EN MARCHANT SUR LA MER. Et pourquoi ? Chrysostome donne une raison tirée du texte lorsqu’il dit qu’il avait tellement tardé afin de se faire davantage désirer. Is 26, 9 : Mon âme t’a désirée pendant la nuit. Aussi, afin qu’ils apprennent que s’ils ne reçoivent pas immédiatement de secours, ils ne doivent pas abandonner, car il faut toujours prier.

1710. Au sens mystique, les quatre états sont représentés par les quatre heures : premièrement, l’état de la loi ; deuxièmement, l’état des prophètes ; troisièmement, l’état de la grâce ; quatrièmement, la montée au ciel, état dans lequel la tempête a cessé. [Jésus] vint donc à la quatrième veille comme vers la fin de la nuit. Ainsi, Jc 5, 8 : Soyez patients vous aussi et affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur approche.

1711. Mais comment vient-il ? EN MARCHANT SUR LES EAUX. Et pourquoi a-t-il voulu venir ainsi ? Afin de montrer qu’il était le Seigneur de la mer. Ps 88[89], 10 : Tu domines la puissance de la mer, tu changes le mouvement de ses vagues. Aussi, afin de mettre en lumière les tromperies du pouvoir de ce siècle. En effet, le Diable trompe toujours le pouvoir de ce siècle. Ps 103[104], 26 : Ce dragon que tu as créé pour te jouer de lui. Mais le Seigneur a brisé ce pouvoir. Ps 73[74], 14 : Tu as brisé la tête du dragon. Et cela signifie que l’Église ne peut supporter de tribulations qu’il n’ait lui-même voulues.

1712. Il y a eu à ce sujet l’opinion que, dans cette vie, le Seigneur a pris quatre qualités : la subtilité lors de sa naissance ; l’impassibilité lorsqu’il jeûna quarante jours ou lors de la transsubstantiation du sacrement de l’eucharistie ; l’agilité ici et la clarté lors de la transfiguration. Mais je ne le crois pas. Je crois en effet qu’il a agi ainsi miraculeusement.
Louis-Claude Fillion
Mais Jésus n’oubliait point ses Apôtres, bien qu’il eût permis cette nouvelle épreuve beaucoup plus pénible pour eux que la première tempête (8, 24 et ss.) comme le montre S. Jean Chrysostôme avec sa délicatesse accoutumée : « Les disciples sont de nouveau ballottés par des vagues. Ils sont, comme antérieurement, brimbalés par une mer déchaînée. Mais ils avaient Jésus dans leur bateau, autrefois, quand ils eurent à essuyer la tempête. Maintenant ils sont seuls et loin du rivage. Car il leur présente petit à petit et par degrés des défis de plus en plus grands, pour qu’ils soient capables de tout supporter courageusement. La première fois qu’ils étaient sur le point de sombrer il était avec eux endormi, pour être plus prêt à leur porter secours. Mais il est absent maintenant pour mettre davantage leur patience à l’épreuve. Et il permet que la tempête fasse rage en pleine mer, et que les flots s’agitent toute la nuit, pour qu’il ne reste apparemment aucun espoir de salut », Hom. 5 in Matth. - A la quatrième veille. Avant la conquête romaine, les Juifs, de même que les Grecs, divisaient la nuit en trois parties appelées veilles qui duraient quatre heures chacune : la première de six à dix heures du soir, la seconde de dix heures du soir à deux heures du matin, la troisième de deux à six heures du matin. Depuis la soumission de la Palestine par Pompée, ils avaient adopté la division romaine en quatre veilles de trois heures (6 à 9, 9-12, 12-3, 3-6). C’est donc entre trois et six heures du matin que Notre-Seigneur Jésus-Christ vint rejoindre les Apôtres. Ceux-ci avaient lutté pendant presque toute la nuit contre la tempête : Il avait passé le même temps en prière sur la montagne. - Jésus vint à eux, indiquant le point de départ. - Marchant sur la mer, c’est-à-dire, d’après Paulus et d’autres rationalistes, sur le rivage, en longeant le bord du lac ; suivant Bolten, en nageant. Comme si une indication si claire était susceptible de plusieurs interprétations ! Strauss lui-même n’hésite pas à reconnaître que l’écrivain sacré a voulu raconter un fait miraculeux ; il est vrai que ce n’était qu’un mythe !
Fulcran Vigouroux
Du temps de Jésus-Christ, les Juifs partageaient la nuit en quatre veilles égales entre elles, à la manière des Grecs et des Romains. ― La première veille commençait au coucher du soleil ; la seconde, appelée minuit, commençait vers neuf heures et se prolongeait jusqu’au milieu de la nuit ; la troisième, appelée le chant du coq ; se terminait vers trois heures du matin ; la quatrième finissait à la pointe du jour.