Matthieu 14, 26

En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.

En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.
Saint Thomas d'Aquin
1713. [LES DISCIPLES], LE VOYANT. Ici est présenté l’effet de la présence du Christ, à savoir, le trouble des disciples. Le trouble est donc présenté, [puis] la cause du trouble, [enfin] le signe.

1714. [Matthieu] dit : [LES DISCIPLES], LE VOYANT, FURENT TROUBLÉS, etc. Vous devez savoir que lorsque l’aide de Dieu se rapproche, le Seigneur permet qu’on soit plus affligé afin que son aide soit accueillie avec une plus grande dévotion et davantage d’action de grâce. Aussi, la crainte augmenta-t-elle, car fréquemment les hommes se convertissent par crainte. Et pourquoi ? Parce que [les disciples] croyaient que c’était un fantôme ; aussi DISAIENT-ILS : «C’EST UN FANTÔME !», ne croyant pas qu’il s’agissait du corps véritable né de la Vierge.

1715. Au sens mystique, cela signifie qu’avant la venue du Christ, beaucoup diront bien des choses imaginaires, comme on le lit plus loin, 24, 23s. PRIS DE PEUR, ILS SE MIRENT À CRIER. Le cri est en effet le signe de la peur. Ainsi devons-nous en toute tribulation crier vers le Seigneur. Ps 119[120], 1 : Dans mes tribulations, j’ai crié vers le Seigneur et il m’a entendu.
Louis-Claude Fillion
Et le voyant. Quand Jésus se fut rapproché de la barque, ses Apôtres aperçurent à travers les ténèbres cette forme humaine qui marchait sur les flots, apparaissant et disparaissant tour à tour au milieu des mouvement des vagues. - Ils furent troublés ; on le comprend sans peine, en de telles circonstances. A la frayeur que leur causait l’orage, se joignit un effroi d’un nouveau genre et plus pénible encore, leur imagination troublée leur faisant croire à une apparition. - C'est un fantôme. Une pareille supposition paraît tout d’abord surprenante de la part d’hommes robustes, habitués à braver bien des dangers. Mais on cesse d’en être étonné quand on se souvient que la croyance aux fantômes avait poussé, dès les temps les plus anciens, de profondes racines chez toutes les nations. Dans l’Égypte, en Grèce, à Rome, chez les Juifs, la possibilité ou plutôt la réalité des apparitions ne faisait pas l’objet du moindre doute : l’histoire de l’antiquité païenne et la littérature rabbinique en sont remplies. Ce sont tantôt les démons ou mauvais esprits, tantôt les âmes des damnés, les « larvæ » des Romains, qui profitent de la nuit pour venir tourmenter les hommes. Imbus de ces idées depuis leur enfance, les Apôtres se croient subitement en face d’un de ces spectres nuisibles dont ils ont si souvent entendu parler, et qui font encore la terreur des Juifs modernes. Notons encore que plusieurs d’entre eux étaient des pêcheurs et que c’est cette catégorie d’hommes avec celle des marins qui a de tout temps le plus ajouté foi aux fantômes et aux revenants. - Ils poussèrent des cris de frayeur : détail pittoresque et plein de naturel.