Matthieu 14, 30

Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »

Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
Saint Thomas d'Aquin
1720. MAIS, VOYANT LA FORCE DU VENT, etc. Ici est présenté le troisième secours, car il délivra Pierre de la noyade. Premièrement, la cause est présentée ; deuxièmement, la demande de Pierre ; troisièmement, le secours du Christ.

1721. MAIS, VOYANT LA FORCE DU VENT, [PIERRE] PRIT PEUR. Sur mer, le vent n’a pas toujours une force continue, pas davantage que sur terre.[Jésus] fut donc interpellé lorsque Pierre débarqua sur la mer, mais lorsque [celui-ci] fut sur la mer, [le vent] souffla fortement, et [Pierre] prit peur. Et il faut remarquer ce que [Matthieu] dit, [à savoir] qu’il y avait plus de danger sur la mer que dans la barque. C’est pourquoi le Seigneur permet parfois que ceux qui sont forts soient submergés par les dangers de la mer. Ainsi, l’Apôtre [dit], 1 Co 10, 12 : Celui qui estime se tenir debout, qu’il craigne de ne pas tomber. Mais pourquoi [le Seigneur] permit-il que [Pierre] soit en danger ? D’abord, il [lui] ordonna de venir, afin que sa puissance soit manifestée, car les deux marchaient, et les disciples ont vu cela. Mais il fit en sorte de permettre que Pierre s’enfonce afin qu’on constate ce qu’il pouvait accomplir par lui-même. Ainsi, ce fut par la puissance du Christ qu’il marcha sur la mer ; mais ce fut à cause de la faiblesse de Pierre qu’il se mit à s’enfoncer, comme [le dit] Paul, 2 Co 12, 7 : Afin que la grandeur de ces révélations ne m’enorgueillissent pas, il m’a été donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan pour me souffleter. Le Seigneur a aussi permis que Pierre s’enfonce parce qu’il devait devenir le pasteur. Il voulut donc manifester à la fois la vérité et [sa] puissance. Il a aussi fait cela afin de refréner la rivalité entre les disciples. En effet, voyant le danger qui menaçait [Pierre], la rivalité entre eux cessa.

1722. ET, COMMENÇANT À COULER, IL S’ÉCRIA : «SEIGNEUR, SAUVE-MOI !» [On lit] la même chose dans Ps 68[69], 2 : Sauve-moi, Seigneur, car les eaux ont pénétré jusqu’en mon âme.
Louis-Claude Fillion
Voyant la violence du vent. La tempête en effet était loin d’être calmée, et, maintenant qu’il est hors de l’embarcation, il voit, c’est-à-dire il ressent beaucoup plus la violence du vent qui soulève les vagues en tous sens. - Aussitôt, son courage faiblit, il eut peur : l’homme naturel, qui avait disparu devant la foi, prend le dessus. « Il ne suffit donc pas d’être près du Christ, si on ne l’est par la foi. », S. Jean Chrysostome l. c. L’Apôtre marche sans peine sur le lac agité aussi longtemps qu’il pense à Jésus : sa foi le porte, son amour le conduit. Mais dès qu’il détourne ses regards du divin Maître pour se souvenir du danger et de lui-même, il chancelle et trouve bientôt un juste sujet de crainte. - Il commençait à enfoncer. Toute son habileté de nageur disparaît sur les flots en furie et il se sent enfoncer peu à peu ; mais il sait qu’il y a tout auprès de lui quelqu’un qui est capable de le sauver. Faisant de nouveau appel à toute la vivacité de sa foi, il s’écrie : Sauve-moi. Il y a loin de ce cri de détresse à la demande du v. 29. Saint Augustin donne à ce trait une belle signification morale : « Il faut voir dans Pierre la condition de tous les êtres humains. Si le vent des tentations cherche à nous faire chavirer, ou si l’eau des épreuves s’apprête à nous submerger, appelons le Christ », Serm. 14 de Verbis Domini.