Matthieu 14, 33

Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Origène
S'il nous arrive d'être exposés à des tentations inévitables, rappelons-nous que Jésus nous a obligés à monter dans la barque et qu'il veut que nous le précédions sur l'autre rive (Mt 14,22). A la vérité, il est impossible d'atteindre l'autre rive sans supporter l'épreuve des vagues et du vent contraire. Lorsque nous nous verrons assaillis de nombreuses et graves difficultés, et que nous serons fatigués d'effectuer cette traversée avec des moyens modestes et limités, pensons que notre barque arrivant alors au milieu de la mer est tourmentée par les flots (Mt 14,24), qui veulent que nous fassions naufrage dans la foi (1Tm 1,19) ou dans quelque autre vertu. Mais lorsque nous verrons l'esprit du Mauvais combattre nos entreprises, pensons qu'alors le vent nous est contraire.

Quand donc nous aurons subi ces assauts au long des trois veilles de la nuit, en traversant l'obscurité des tentations, luttant avec tout le courage dont nous sommes capables et prenant garde à ne pas faire naufrage dans la foi ou dans quelque autre vertu, <> croyons alors qu'à la quatrième veille (Mt 14,25), lorsque la nuit sera avancée et que le jour sera tout proche (Rm 13,12), le Fils de Dieu viendra vers nous en marchant sur la mer (Mt 14,25) pour nous la rendre bienveillante. Et lorsque nous verrons le Verbe nous apparaître, nous serons troublés avant de comprendre clairement que c'est le Sauveur, venu habiter parmi nous. Croyant encore voir un fantôme (Mt 14,26), pleins de crainte, nous pousserons des cris. Mais lui nous parlera aussitôt: Confiance, dira-t-il, c'est moi, n'ayez pas peur (Mt 14,27).

Et il peut se trouver parmi nous un Pierre (Mt 14,28) tendant vers la perfection (He 6,1) sans y être encore parvenu, que cette parole d'encouragement remplira d'une ardeur nouvelle. Comme pour échapper à cette tentation qui le tourmente, il descendra de la barque ; voulant aller vers Jésus, il se mettra à marcher sur les eaux (Mt 14,29); mais, avec sa foi encore faible et ses doutes, il verra la violence du vent, il prendra peur et commencera à enfoncer. Pourtant, il ne coulera pas, parce qu'il appellera Jésus d'une voix forte et lui dira: Seigneur, sauve-moi (Mt 14,30)! Puis, à peine ce Pierre aura-t-il fini de parler et de dire: Seigneur, sauve-moi!, que le Verbe étendra la main pour lui porter secours; il le saisira au moment où il commencera à enfoncer et lui reprochera son peu de foi et ses doutes.

Observez toutefois qu'il n'a pas appelé Pierre "incrédule", mais homme de peu de foi, et qu'il lui a dit: Pourquoi as-tu douté? (Mt 14,31), car il avait une certaine foi, mais penchait aussi dans le sens contraire. Après cela, Jésus et Pierre monteront dans la barque, et le vent tombera (Mt 14,32), et ceux qui seront dans la barque, sachant de quels périls ils ont été sauvés, se prosterneront devant lui en disant <>: Vraiment, tu es le Fils de Dieu (Mt 14,33).
Saint Hilaire de Poitiers
Il est seul vers le soir, figure de l'abandon où il doit être au temps de sa passion lorsque la crainte aura dispersé tous ses disciples.

Il ordonne à ses Apôtres de monter dans la barque, et de traverser le détroit pendant qu'il congédie la foule, et, après l'avoir renvoyée, il monte sur la montagne; c'est-à-dire au sens figuré, qu'il nous commande de rester dans le sein de l'Église et de voguer sur la mer du monde jusqu'au temps où il reviendra dans la gloire pour sauver les restes d'Israël et leur pardonner leurs péchés. Après avoir renvoyé le peuple d'Israël, ou plutôt après l'avoir admis dans le royaume céleste, il s'assiera dans sa gloire et dans sa majesté en rendant à Dieu le Père d'éternelles actions de grâces. Mais en attendant, les disciples sont le jouet des vents et de la mer, et livrés à ces agitations du monde que soulève contre eux l'esprit du mal.

La première veille fut celle de la loi; la seconde, celle des prophètes; la troisième, celle de l'avènement corporel du Sauveur; la qua trième sera celle de son retour dans la gloire.

Lorsque le Christ reviendra à la fin des temps, il trouvera l'Église fatiguée et comme assiégée de tous côtés, et par l'esprit de l'Antéchrist, et par les agitations du monde entier. Et comme les four beries de l'Antéchrist inspireront aux fidèles une juste défiance contre toute nouveauté, ils se ront effrayés même de l'avènement du Seigneur, craignant d'être le jouet de fausses représen tations et de fantômes destinés à tromper les yeux. Mais le bon Maître dissipera toutes leurs craintes en leur disant: «C'est moi», et par la foi qu'ils auront en son avènement, il les déli vrera du naufrage qui les menace.

Ou bien encore Pierre qui, de tous ceux qui sont dans la barque, est le seul pour oser adresser la parole au Seigneur et lui demander l'ordre d'aller à lui sur les eaux, semble prédire les dispositions de son âme au temps de la passion, alors que s'attachant aux pas du Sauveur, il voulut le suivre jusqu'à la mort. Mais la crainte qui s'empare de lui annonce aussi la faiblesse qu'il a montrée dans cette épreuve, lorsque la crainte de la mort le porta jusqu'à re nier son divin Maître. Le cri qu'il jette exprime les gémissements de sa pénitence.

Jésus n'accorda pas à Pierre le pouvoir de venir jusqu'à lui; il se contenta de le soutenir en lui tendant la main, et en voici la raison: c'est que lui seul devait souffrir pour tous les hommes et pouvait les délivrer de leurs péchés, et il ne veut partager avec personne l'oeuvre du salut qu'il accomplit seul pour l'universalité du genre humain.

Le calme que Jésus rend aux vents et à la mer est une figure de cette paix et de cette tranquillité éternelles qu'il doit rendre à l'Église en revenant dans sa gloire. Et comme cet avènement sera beaucoup plus éclatant que le premier, tous s'écrient pleins d'admiration: «Vous êtes vraiment le Fils de Dieu», car tous proclameront alors d'une manière absolue et publique que le Fils de Dieu des cendu sur la terre non plus dans l'humilité de la chair, mais au milieu de là gloire dont il est environné dans les cieux, a rendu la paix à son Église.
Saint Jean Chrysostome
50). Notre-Seigneur, voulant livrer à un examen sérieux le miracle qu'il vient d'opérer, ordonne à ceux qui en ont été les témoins de se séparer de lui; car en suppo sant que lui présent, on pût croire qu'il n'avait fait ce miracle qu'en apparence, on ne pourrait en porter le même jugement lorsqu'il aurait disparu. C'est pour cela que l'Évangéliste ajoute: «Et aussitôt Jésus obligea ses disciples d'entrer dans une barque et de le précéder».

Remarquons que toutes les fois que le Seigneur a opéré de grandes choses, il renvoie le peuple, et nous enseigne ainsi à ne pas rechercher la gloire qui vient des hommes, et à ne pas attirer le peuple après nous. Il nous apprend aussi à ne pas nous mêler continuellement à la multitude et à ne pas la fuir non plus toujours, mais à fréquenter tour à tour le monde et la solitude. «Après avoir renvoyé la foule, il monta seul sur la montagne», etc. Il nous enseigne ici les avantages de la solitude, lorsque nous voulons nous entretenir avec Dieu. Jésus se rend dans le désert, et il y passe la nuit en prières, pour nous apprendre à choisir les temps et les lieux où nous pourrons nous livrer dans le calme à la prière.

Les disciples essuient de nouveau une tempête, mais la première fois ils avaient le Sauveur avec eux dans leur barque; et maintenant ils sont seuls; c'est ainsi qu'il les conduit par degrés à de plus grandes épreuves, et qu'il leur apprend à tout supporter avec courage.

Pendant toute la nuit il les laisse ballottés par les flots, il veut, par là, relever leur âme abattue par la crainte, leur inspirer un vif désir de sa personne qui le rende continuellement présent à leur souvenir. C'est pour cela qu'il ne vient pas immédiatement à leur secours; car l'Évangéliste ajoute: «Or, à la quatrième veille de la nuit».

Ce n'est qu'après qu'ils ont jeté ces cris que le Seigneur se révèle à ses disciples; car plus leur frayeur avait été grande, plus aussi leur joie fut vive en le voyant au milieu d'eux. Aussitôt Jésus leur parla et leur dit: «Rassurez-vous, c'est moi; ne craignez pas». Cette parole dissipe leurs craintes, et ouvre leur âme à la confiance.

Il leur apprend ainsi à ne pas chercher avec trop d'empressement à échapper aux maux qui les mena cent, mais supporter avec courage les épreuves qui leur arrivaient. Or, c'est justement au mo ment où ils espéraient être délivrés, que leur crainte est à son comble. «Et lorsqu'ils le virent marcher sur les flots, ils furent troublés», etc. Telle est la conduite du Seigneur lorsqu'il est sur le point de mettre fin à une épreuve. C'est alors qu'il fait naître de nouveaux dangers, et inspire de plus grandes appréhensions; car le temps de l'épreuve ne devant pas être bien long, lorsque les combats des justes touchent à leur fin, il augmente leurs dangers pour augmenter leurs mé rites; c'est ce qu'il fit pour Abraham, dont la dernière épreuve fut l'immolation de son fils.

Voyez combien grande est sa ferveur, combien grande est sa foi, il ne dit pas: Demandez, priez, mais: «Ordonnez». Il ne s'est pas borné à croire que le Christ pouvait marcher sur les flots, mais il a cru qu'il pouvait communiquer cette puissance aux autres, et il désire vivement aller le rejoin dre, non point par ostentation, mais par amour pour son divin Maître. En effet, il ne dit pas: Commandez que je marche sur les eaux, mais: «Commandez que je vienne à vous». Il est évident qu'après avoir montré par le premier miracle qu'il vient d'opérer que la mer lui est soumise, il en fait maintenant un plus grand et pl us admirable encore: «Et Jésus lui dit: Ve nez».Et Pierre, descendant de la barque, marchait sur l'eau pour aller à Jésus. - Que ceux qui prétendent que le corps dit Seigneur n'est pas véritable, parce qu'il a marché comme une substance aérienne et légère sur les eaux qui cèdent si facilement, expliquent comment Pierre a pu marcher sur ces mêmes eaux, bien qu'ils soient obligés de reconnaître en lui un homme véritable.

Pierre, qui vient de triompher de la plus grande difficulté en marchant sur les eaux de la mer, se laisse troubler par un obstacle beaucoup moindre, par le souffle du vent. «Mais, voyant la violence du vent», etc. Telle est la nature humaine, elle déploie souvent un courage admirable au milieu des grandes épreuves, et elle faiblit dans les circonstances ordinai res. Cette crainte qu'éprouve Pierre, montre la différence qui séparait le maître du disciple, et en même temps elle calmait la jalousie des autres Apôtres. Car s'ils furent contrariés de la de mande faite par les deux frères de s'asseoir à la droite du Sauveur ( Mt 20 ), ils l'eussent été bien davantage de la fermeté avec laquelle saint Pierre eût marché sur les eaux. Ils n'étaient pas encore remplis de l'Esprit saint, ce n'est que plus tard que devenus tout spirituels, ils accordent en toute circonstance la primauté à Pierre, et lui donnent la première place dans toutes leurs assemblées.

Jésus ne commande pas aux vents de s'apaiser, mais il étend la main pour le soutenir, parce qu'il fallait que pierre fit preuve de foi. Lorsque tous nos moyens hu mains font défaut, c'est alors que Dieu fait paraître sa puissance. Et pour le convaincre que ce n'est pas la violence du vent, mais son peu de foi qui l'a mis en danger, il lui dit: «Homme de peu de foi, pourquoi avez-vous douté ?» Preuve que le vent n'aurait pu rien contre lui, si sa foi avait été plus ferme. Notre-Seigneur Jésus-Christ fait ici ce que fait la mère qui voit le petit oiseau sortir du nid avant d'être assez fort, et sur le point de tomber, elle le prend sur ses ailes, et le reporte dans son nid. «Et lorsqu'il fut monté dans la barque, ceux qui étaient là se jetè rent à ses pieds, en disant: Vous êtes vraiment le Fils de Dieu».

Voyez comme il les conduisait tous par degrés vers ce qui est plus élevé. Il a commandé précédemment à la mort, mais sa puissance paraît bien plus grande lors qu'il marche sur la mer, qu'il commande à un autre d'en faire autant, et qu'il le sauve du danger qui le menace. Aussi s'empressent-ils de reconnaître sa divinité: «Vous êtes vraiment le Fils de Dieu»,ce qu'ils n'avaient pas fait auparavant.
Saint Jérôme
Dieu laisse un peu d'action à la tentation, pour augmenter la foi de Pierre, et lui faire comprendre que ce qui l'a sauvé du danger, ce n'est point la prière qu'il lui adresse si facilement, mais la puissance divine. Sa foi était vive, mais la fragilité humaine l'entraînait dans l'abîme.

Nous avons ici une preuve que c'était malgré eux que les disciples se séparaient du Sauveur, et que dans l'affection qu'ils avaient pour ce divin Maître, ils ne voulaient même pas le quitter un seul instant.

Ces paroles: «Il monta seul pour prier», ne doivent pas être rapportées à la nature divine qui vient de rassasier cinq mille tommes avec cinq pains, mais à la nature humaine qui se retire dans la solitude en apprenant la mort de Jean-Baptiste. Ce n'est pas que nous divisions la personne du Seigneur, mais il faut admettre une distinction entre les oeuvres qui viennent de Dieu, et celles qui ne viennent que de l'homme.

C'est avec bien de la raison que les disciples ne se séparent du Seigneur que malgré eux, et contre leur volonté, dans la crainte d'être exposés à un naufrage en son absence, car, ajoute l'Évangéliste: «Le soir étant venu, la barque était battue par les flots».

Pendant que le Seigneur est sur le sommet de la montagne, soudain un vent contraire s'élève, agite la profondeur de la mer, et met les disciples en danger, et ils sont menacés du naufrage jusqu'au moment où Jésus arrive.

Les heures de la nuit sont divisées en trois parties d'après les veilles où l'on relevait les postes mi litaires établis pour la nuit, et en rapportant que le Seigneur ne vint à eux qu'à la quatrième veille, c'est nous indiquer qu'ils furent en danger toute la nuit.

Ces cris confus, ces voix sans expression sont l'indice d'une crainte excessive. Or, s'il est vrai, comme le prétendent Marcion et les Manichéens, que le Seigneur ne soit pas né d'une vierge, et qu'il n'ait qu'une apparence fantastique, comment les Apôtres craignent-ils de voir un fantôme.

Il dit: «C'est moi», et il n'explique pas qui il est; mais comme sa voix leur était connue, ils pouvaient le reconnaître malgré la profonde obscurité de la nuit. Ou bien encore, ils reconnu rent en lui celui qu'ils savaient avoir ainsi parlé à Moïse ( Ex 3 ): «Voilà ce que vous direz aux enfants d'Israël: Celui qui est m'a envoyé vers vous». Partout on retrouve la foi vive de Pierre; c'est cette foi vive, qui dans cette circonstance comme dans toutes les autres, lui fait espérer, alors que tous les autres gardent le silence, qu'il pourra faire par la puissance du Maître ce qui lui était naturellement impossible. «Or, Pierre, prenant la parole, lui dit: «Seigneur, si c'est vous, commandez-moi d'aller à vous», etc. Commandez-moi, et soudain les flots s'affermiront, et mon corps pesant par sa nature, deviendra léger.

En voyant Jésus rendre à la mer par un seul signe le calme qu'elle ne recouvre ordinairement qu'après de violentes secous ses, les matelots et les passagers le proclament le vrai Fils de Dieu. Pourquoi donc Arius ose-t-il enseigner dans l'Église qu'il n'est qu'une créature?

Il monta encore seul sur la montagne, parce que la foule ne peut s'élever avec lui vers les cho ses sublimes, avant qu'il ne l'ait enseigné près de la mer, sur le rivage.
Saint Augustin
Je ne le puis de moi-même, mais par votre puissance. Pierre reconnut ainsi ce qu'il avait de lui-même, et la puissance supérieure à toute faiblesse humaine que le Sauveur pouvait lui communiquer et dont il lui donnait l'assurance.

Il semble qu'il y ait ici contradiction entre saint Matthieu, d'après lequel Jésus, après avoir renvoyé le peuple, m onte seul sur la montagne pour y prier, et saint Jean, qui rapporte qu'il était sur la montagne lorsqu'il nourrit la multi tude. Mais comme saint Jean raconte qu'après ce miracle il s'enfuit sur la montagne pour ne pas être retenu par le peuple qui voulait le faire roi, il est évident qu'il était descendu de la montagne dans la plaine lorsqu'il fit distribuer les pains à la foule. Ce que dit saint Matthieu: «il monta sur la montagne pour prier», n'est pas contraire à ce que dit saint Jean: «Lorsqu'il sut qu'ils allaient venir pour le faire roi, il s'enfuit tout seul sur la montagne». Le désir de prier n'exclut pas l'intention qu'il avait de fuir; au contraire, le Seigneur nous apprend ici que nous avons une raison pressante de prier lorsque nous sommes obligés de fuir. Il n'y a pas plus de contradiction entre le récit de saint Matthieu, où Notre-Seigneur ordonne d'abord à ses disci ples de monter dans la barque, et congédie ensuite le peuple avant de monter seul sur la mon tagne pour y prier, et le récit de saint Jean, où nous lisons: «Il s'enfuit seul sur la montagne. Et lorsque le soir fut venu, ses disciples descendirent au bord de la mer, et lorsqu'ils furent montés dans la barque», etc. Car qui ne voit que saint Matthieu raconte sommairement et par ré capitulation, tandis que saint Jean ne rapporte qu'ensuite ce que firent les disciples, c'est-à-dire ce que Notre-Seigneur leur avait ordonné avant de s'enfuir sur la montagne.

Pierre mit donc sa confiance dans le Seigneur, et le Seigneur lui rendit le pouvoir qu'il lui avait accordé, il chancela par suite de la faiblesse de l'homme, mais il revint aussitôt au Seigneur. «Et lorsqu'il commençait à enfoncer, il s'écria», etc. Est-ce que le Seigneur laisserait chanceler celui dont il a entendu la prière? «Et aussitôt Jésus étendant la main»,etc.

Dans le sens mystique, la montagne, c'est l'élévation; mais qu'y a-t-il dans l'univers de plus élevé que le ciel? Or, notre foi connaît celui qui monte au ciel. Mais pourquoi y mon te-t-il seul? Parce que personne ne monte au ciel que celui qui est descendu du ciel ( Jn 3,13 ). Lors même qu'à la fin des temps il viendra pour nous faire monter avec lui jusqu'au ciel, il y montera seul encore, car la tête avec le corps ne forment qu'un seul Christ. Maintenant le chef seul y est monté, et pour prier, parce qu'il y est monté afin d'intercéder pour nous.

Cependant dans le temps où le Christ prie sur la montagne, la barque est agitée sur la mer par une violente tempête, et les vagues qui la couvrent peuvent la submerger. Dans cette barque, vous devez voir l'Église, et dans cette mer agitée, le monde présent.

Lorsqu'un homme qui joint à une volonté impie une grande puissance, cherche à persécuter l'Église, c'est la mer en furie qui se soulève contre la barque du Christ.

Le Seigneur vint trouver ses disciples battus par les flots, à la quatrième veille, c'est-à-dire vers la fin de la nuit, car la veille est de trois heures et la nuit est divisée en quatre veilles.

Il vient à la quatrième veille de la nuit, lorsque la nuit touche à sa fin, et c'est aussi à la fin du monde, lorsque la nuit de l'iniquité aura disparu, qu'il viendra juger les vivants et les morts. Il vient les trouver d'une manière merveilleuse; les flots se soulevaient, mais il les fou lait aux pieds; ainsi, quel que soit le soulèvement des puissances de ce monde, leur tête or gueilleuse se trouve foulée aux pieds de celui qui est notre tête.

Ou bien les dis ciples, en croyant que c'est un fantôme, sont la figure de ceux qui se sont laissé vaincre par le démon et qui douteront de l'avènement du Christ. Pierre, au contraire, qui implore le secours du Seigneur pour ne pas être submergé, représente l'Église qui, après la dernière persécution, aura encore besoin d'être purifiée par quelques tribulations, vérité qu'exprime l'apôtre saint Paul, lorsqu'il dit: «Il ne laissera pas d'être sauvé, mais comme par le feu» ( 1Co 3,15 ).

Nous voyons encore ici une figure de la manifestation éclatante qu'il fera de lui-même à ceux qui marchent ici-bas dans la foi et qui le verront alors tel qu'il est.

Dans ce seul apôtre (c'est-à-dire dans pierre, le premier, le chef du collège apostolique et qui figure l'Église), nous sont représentées les deux classes d'hommes: les forts, lorsqu'il marche sur les eaux; les fai bles, lorsque le doute s'empare de son âme. La tempête, c'est la passion qui domine chacun de nous. Vous aimez Dieu? Vous marchez sur la mer et vous foulez aux pieds la crainte du monde. Vous aimez le monde? Il vous submerge. Mais lorsque votre coeur est agité par les flots des passions, si vous voulez en triompher, invoquez la divinité du Sauveur.
Saint Rémi
Le Seigneur viendra certainement à votre secours, lorsqu'après avoir apaisé les flots des tentations, il vous donnera l'espoir d'échapper au danger par la protection dont il vous couvre; c'est ce qu'il fera aux approches de l'aurore, car, lorsque la fragilité humaine, comme assiégée par les épreuves, considère son peu de force, elle ne voit que ténèbres autour d'elle, mais si alors elle élève sa pensée vers le secours qui vient d'en haut, elle aperçoit aussitôt le lever du jour qui éclaire toute la veille du matin.
Rabanus Maurus
Théodore a soutenu aussi que le corps du Seigneur était sans pe santeur, et qu'il avait marché sur la mer sans peser sur elle; mais cette opinion est contraire à la foi catholique; car saint Denis a écrit que Notre-Seigneur marchait sur l'eau sans que ses pieds fussent mouillés, bien qu'ils fussent pesants et matériels comme tous les corps

Paroles qu'on peut entendre des matelots ou des Apôtres.

Aussi est-ce avec raison que l'Évangéliste nous représente la barque au milieu de la mer, tandis que Jésus est seul sur la terre, car souvent l'Église gémit sous le poids de telles afflictions, que le Seigneur paraît l'avoir abandonnée pour un moment.

Le Seigneur jeta sur lui un regard et le convertit; il étendit la main et lui accorda le pardon de sa faute; et c'est ainsi que ce disciple trouva le salut qui ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde.

Il n'est point étonnant que le vent cesse au moment où le Seigneur monte dans la barque, car toutes les guerres s'apaisent bientôt dans tout coeur où le Seigneur est présent par sa grâce.
Saint Thomas d'Aquin
1725. Vient ensuite l’effet de la délivrance : CEUX QUI ÉTAIENT DANS LA BARQUE SE PROSTERNÈRENT DEVANT LUI, c’est-à-dire, les disciples ou les marins, plus haut, 8, 27 : Quel est celui-ci pour que les vents et la mer lui obéissent ?

«VRAIMENT, TU ES LE FILS DE DIEU !» Il est indiqué par cela que, lorsque le Seigneur est avec ses fidèles, ils croient vraiment. 1 Jn 2, 28 : Mes petits enfants, afin que, lorsqu’il paraîtra, nous ayons l’assurance et que nous ne soyons pas confondus par lui lors de son avènement.
Louis-Claude Fillion
Ce verset décrit l’impression profonde produite sur les assistants par le triple prodige dont ils venaient d’être témoins. - Ceux qui étaient dans la barque : non-seulement les Apôtres, mais aussi les bateliers et les autres passagers qui pouvaient avoir profité du départ de la barque pour se faire transporter sur la rive occidentale. - Vinrent ; ils s’approchent tous ensemble de Jésus, dès qu’il est entré dans l’embarcation, et se prosternent devant lui (adorèrent) en s’écriant : Tu es vraiment le Fils de Dieu. Il y a là, vu les circonstances, quelque chose de plus que le simple titre de Messie. Après ces brillants prodiges opérés coup sur coup, les assistants pressentent que Jésus doit posséder une nature surhumaine et divine. Néanmoins il est peu vraisemblable qu’ils comprissent dès lors toute la profondeur de cette expression.