Matthieu 14, 4
En effet, Jean lui avait dit : « Tu n’as pas le droit de l’avoir pour femme. »
En effet, Jean lui avait dit : « Tu n’as pas le droit de l’avoir pour femme. »
1662. Vous devez comprendre que ce Jean était un homme d’une grande puissance. Il est donc dit de lui : Il viendra avec la puissance d’Élie [Mt 1, 17]. Vous devez encore remarquer qu’il est aussi appelé martyr, car il est mort pour la défense de la foi puisqu’il [est mort] pour la vérité. Et le Christ est la vérité. [Jean] disait en effet à Hérode : IL NE T’EST PAS PERMIS DE L’AVOIR. Il faut savoir qu’Antipater, le père du roi Hérode, était un étranger, mais il était un prosélyte ; ses fils furent donc des Juifs. Mais c’était un commandement de la loi que, du vivant du frère, un autre [frère] ne devait pas avoir comme épouse la femme de [son] frère. Soucieux de la loi, Jean disait donc : IL NE T’EST PAS PERMIS DE L’AVOIR.
Jean lui disait. Le Précurseur ne tarda pas à se faire l’écho de l’indignation publique qu’il partageait si
vivement. Il dit en face, ou du moins il fit dire en son nom au tétrarque : Il ne t'es pas permis... L’union
d’Hérode et d’Hérodiade était en effet criminelle à plusieurs points de vue. C’était d’abord un double
adultère, puisqu’ils avaient auparavant contracté l’un et l’autre un mariage légitime et que leurs conjoints
vivaient encore. C’était en outre un inceste formel, attendu qu’Hérodiade était non seulement la nièce, mais
surtout la belle-sœur d’Antipas, et qu’une alliance conjugale était expressément interdite par la loi dans ces
conditions ; Cf. Levit. 18, 16 ; 20, 21. Il n’y avait d’exception que pour le cas bien connu du lévirat, Deut.
25, 5. S. Jean-Baptiste joue dans cette circonstance un rôle admirable, en rapport parfait avec sa sainteté et
son courage. « Jean n’atténuait pas la force des vérités amères par des paroles conciliantes. Il n’y a pas que
ses habits qui n’étaient pas mous; ses paroles non plus », Bengel, Gnomon, h. l. Plus d'une fois, dans des cas
analogues, les souverains Pontifes et les évêques n'ont pas craint de dire à leur tour aux grands de la terre :
« Il ne t’est pas permis de l’avoir ». - Josèphe, Ant. 28, 5, 2, allègue une autre raison de l’emprisonnement de
S. Jean-Baptiste. Hérode, dit-il, aurait craint que ce saint personnage n’usât de sa grande influence sur les
Juifs pour les pousser à la révolte contre un gouvernement qui était loin de leur plaire. Ces deux motifs
peuvent avoir agi de concert sur l’esprit du tétrarque : ils ne s’excluent donc pas l’un l’autre. Mais on
s’accorde à donner sous tout rapport la préférence au récit de l’Évangile. C’est donc pour avoir osé protester
contre l’énormité d’une telle alliance que le Baptiste fut enchaîné.
La loi de Moïse prohibait le mariage entre beau-frère et belle-sœur, même divorcés (voir Lévitique, 18, 16).