Matthieu 15, 14
Laissez-les ! Ce sont des aveugles qui guident des aveugles. Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. »
Laissez-les ! Ce sont des aveugles qui guident des aveugles. Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. »
Donc ces paroles: «Toute plante qui n'a pas été plantée par mon Père céleste sera arrachée», signifient que toute tradition humaine qui sert de prétexte à la violation de la loi doit être arrachée et rejetée.
Les pharisiens, ayant entendu la doctrine que Jésus vient d'enseigner, n'osent plus le contredire, car il les avait for tement convaincus non-seulement en repoussant leurs accusations, mais encore en dévoilant leurs fourberies, mais ils furent scandalisés (les pharisiens et non le peuple). «Alors les disci ples s'approchant lui dirent: Savez-vous bien que les pharisiens, ayant entendu ce que vous venez de dire, s'en sont scandalisés?
Notre-Seigneur Jésus-Christ ne cherche pas à faire disparaître le scan dale des pharisiens; au contraire, il donne un nouveau cours à ses reproches: «Toute plante que n'a pas plantée mon Père céleste sera arrachée».Les Manichéens prétendent qu'il veut parler ici de la Loi, mais cette opinion se trouve réfutée par ce qu'il a dit plus haut; car, s'il avait ici la Loi en vue, comment aurait-il pris plus haut la défense de la Loi en leur disant: «Pourquoi transgressez-vous la loi de Dieu, à cause de votre tradition? Comment aurait-il pu citer à l'appui l'autorité du prophète? Si c'est Dieu qui a fait ce commandement: «Honorez votre père et votre mère», comment ce précepte, qui fai t partie de la Loi, ne serait-il pas la plantation de Dieu?
Une seule parole du Sauveur vient de détruire toute cette superstition des observan ces légales auxquelles tenaient tant les Juifs, persuadés que toute leur religion consistait à prendre telle nourriture ou à rejeter telle autre.
Comme le mot scandale est souvent employé dans la sainte Écriture, il nous faut expliquer en peu de mots ce qu'il signifie. Nous croyons pouvoir le définir, une pierre d'achoppement, une cause de chute ou un choc des pieds. Lors donc que nous lisons: «Quiconque aura scandalisé»,nous devons l'entendre dans ce sens: Celui qui en paroles ou en action aura été pour son frère une occasion de chute ou de ruine.
Est-ce que cette plantation dont l'Apôtre a dit: «J'ai planté, Apollon a arrosé» serait aussi déracinée? La réponse à cette question se trouve dans les paroles suivantes: «C'est Dieu qui a donné l'accroissement». L'Apôtre ajoute encore: «Vous êtes le champ que Dieu cultive, vous êtes l'édifice que Dieu bâtit», et dans le même verset: «Nous sommes les coopérateurs de Dieu»; or, si nous sommes ses coopéra teurs, donc lorsque Paul plante et qu'Apollon arrose, c'est Dieu qui plante et arrose avec ses coopérateurs. Ceux qui soutiennent le système de plusieurs natures différentes abusent de ce passage en disant: «Si la plantation que n'a pas faite le Père doit être arrachée, donc celle qu'il a faite ne sera jamais déracinée». Jérémie leur répond: «Je vous ai planté comme une vigne choisie, comment êtes-vous devenus pour moi une vigne étrangère et pleine d'amertume ?»Dieu a planté, il est vrai, et personne ne peut déraciner ce qu'il a plante; mais, comme cette plantation a ses racines dans le libre arbitre, aucun autre ne pourra la déraciner si elle ne donne son consentement.
C'est le commandement que l'Apôtre avait fait à son disciple: «Fuyez celui qui est hérétique après le premier ou le second avertissement, en vous rappelant qu'un tel homme est perverti» ( Tt 3 ). C'est dans le même sens que le Sauveur nous ordonne d'abandonner les docteurs de mensonge à leur volonté dépravée, convaincu qu'il était qu'on ne pouvait que diffici lement les ramener à la vérité.
Toute fausse doctrine, toute observance superstitieuse ne peuvent avoir de durée non plus que leurs auteurs, et comme elles ne viennent pas du Père, elles seront déracinées avec eux; celle-là seule demeure ra qui a été plantée par Dieu le Père.
La Glose
Ou bien cette plantation signifie les docteurs de la loi et leurs disciples, qui n'avaient pas Jésus-Christ pour fondement. Le Sauveur donne la raison pour laquelle ils seront déracinés: «Laissez-le; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles». - Ils sont aveugles, c'est-à-dire privés de la lumière des commandements de Dieu, et ils sont conducteurs d'aveugles parce qu'ils entraînent les autres dans le précipice; ils sui vent eux-mêmes les sentiers de l'erreur et ils y égarent les autres ( 1Tm 3 ). C'est pour cela qu'il ajoute: «Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tombent tous deux dans la fosse».
1754. Vient ensuite : LAISSEZ-LES : CE SONT DES AVEUGLES. Ici, [le Seigneur] montre qu’il ne faut pas faire de cas de leur scandale parce qu’ils nuisent aux hommes. Premièrement, il montre qu’il ne faut pas en faire de cas ; deuxièmement, [il montre] leur présomption ; troisièmement, comment ils nuisent.
1755. À propos du premier point : «Vous dites qu’ils sont ainsi scandalisés ; LAISSEZ-LES, et ne vous en occupez pas.» Mais ne doit-on pas s’occuper d’un scandale ? Le Seigneur, afin d’éviter un scandale, n’a-t-il pas envoyé Pierre vers la mer afin d’acquitter le tribut ? [Mt 17, 24s]. Il faut dire que parfois le scandale vient de la vérité. Il faut donc éviter le scandale qui peut être évité sans préjudice pour la vérité, la vie, la doctrine ou la justice. Ainsi, le juge ne doit pas reporter le jugement si quelqu’un en est scandalisé. Il faut cependant distinguer, car certains sont scandalisés par faiblesse, et certains par une malice avérée. Le scandale des petits doit être évité, la vérité étant sauve ; et cependant un homme peut reporter ou remettre. Mais si [le scandale] vient de la malice, il ne faut pas [l’éviter]. [Les Pharisiens] sont scandalisés de cette manière. De sorte que s’ils n’avaient pas été scandalisés à cause de leur malice, le Seigneur n’aurait pas dit : LAISSEZ-LES, mais plutôt : «Enseignez-leur.» Tt 3, 10 : Après un second avertissement, évite l’hérétique ; Jr 51, 9 : Nous avons soigné Babylone, et elle n’est pas guérie.
1756. Et pourquoi : CE SONT DES AVEUGLES ? Au sens spirituel, les aveugles sont les ignorants. Is 56, 10 : Ses guetteurs sont tous des aveugles. Et parce que cela vient d’une malice avérée, ils ne sont pas seulement aveugles, mais aussi des guides d’aveugles et des maîtres. Jb 19, 4 : Si je m’égare, mon égarement restera en moi seul. Qu’ils soient des guides d’aveugles, cela est bien ; mais qu’ils soient aveugles, cela est mal.
OR, SI UN AVEUGLE GUIDE UN AVEUGLE, TOUS LES DEUX TOMBERONT DANS UN TROU. Jb 40, 8 : Cache-les dans la poussière, à savoir, pour ce qui est de leur corps.
1755. À propos du premier point : «Vous dites qu’ils sont ainsi scandalisés ; LAISSEZ-LES, et ne vous en occupez pas.» Mais ne doit-on pas s’occuper d’un scandale ? Le Seigneur, afin d’éviter un scandale, n’a-t-il pas envoyé Pierre vers la mer afin d’acquitter le tribut ? [Mt 17, 24s]. Il faut dire que parfois le scandale vient de la vérité. Il faut donc éviter le scandale qui peut être évité sans préjudice pour la vérité, la vie, la doctrine ou la justice. Ainsi, le juge ne doit pas reporter le jugement si quelqu’un en est scandalisé. Il faut cependant distinguer, car certains sont scandalisés par faiblesse, et certains par une malice avérée. Le scandale des petits doit être évité, la vérité étant sauve ; et cependant un homme peut reporter ou remettre. Mais si [le scandale] vient de la malice, il ne faut pas [l’éviter]. [Les Pharisiens] sont scandalisés de cette manière. De sorte que s’ils n’avaient pas été scandalisés à cause de leur malice, le Seigneur n’aurait pas dit : LAISSEZ-LES, mais plutôt : «Enseignez-leur.» Tt 3, 10 : Après un second avertissement, évite l’hérétique ; Jr 51, 9 : Nous avons soigné Babylone, et elle n’est pas guérie.
1756. Et pourquoi : CE SONT DES AVEUGLES ? Au sens spirituel, les aveugles sont les ignorants. Is 56, 10 : Ses guetteurs sont tous des aveugles. Et parce que cela vient d’une malice avérée, ils ne sont pas seulement aveugles, mais aussi des guides d’aveugles et des maîtres. Jb 19, 4 : Si je m’égare, mon égarement restera en moi seul. Qu’ils soient des guides d’aveugles, cela est bien ; mais qu’ils soient aveugles, cela est mal.
OR, SI UN AVEUGLE GUIDE UN AVEUGLE, TOUS LES DEUX TOMBERONT DANS UN TROU. Jb 40, 8 : Cache-les dans la poussière, à savoir, pour ce qui est de leur corps.
Laissez-les... Il n’y a pas lieu de
s’inquiéter des Pharisiens. En quoi sont à craindre des hommes semblables à de mauvaises herbes que l’on
arrachera bientôt ? En quoi sont à craindre de pauvres aveugles qui se jettent dans le fossé et qui y périssent
misérablement ? Telle est la seconde image, qui n’a guère besoin de commentaire. Elle exprime au fond la
même idée que la première : elle ajoute pourtant un trait important au tableau, car elle nous montre les Juifs
conduits en masse à leur perte par ces guides pervers auxquels ils se sont imprudemment confiés. - Ce sont
des aveugles : au point de vue spirituel et pour ce qui concerne les choses divines ; ils ne le montraient que
trop. - Qui conduisent des aveugles. La conjonction « et » n’est pas dans le texte grec ; cette légère différence
ne change rien au sens. La note qui venait d’être donnée aux Pharisiens : Ce sont des aveugles, était loin
d’être bonne ; celle-ci est pire encore. En effet, si c’est un immense malheur d’être aveugle, surtout au moral,
c’en est un beaucoup plus grand de l’être quand on est chargé par office de conduire les autres hommes : que
dire du cas présent, dans lequel et les guides et les personnes à diriger étaient pareillement privées de la vue ?
car le peuple juif n’était pas moins aveugle que ses Docteurs. - Si un aveugle... Jésus décrit en peu de mots le
dénouement tragique, inévitable, d’un tel état de choses. Quand un aveugle est assez téméraire pour vouloir
conduire un autre aveugle ; quand un aveugle est assez insensé pour accepter la direction de l’un de ses
semblables, la catastrophe finale est facile à prévoir. - Ils tombent tous deux. Tel sera le sort des Juifs et de
leurs guides. - La seconde moitié du verset est proverbiale. On trouve des locutions du même genre chez les
classiques, par exemple : « C’est comme si un aveugle pouvait montrer le chemin », Horace ; etc.