Matthieu 15, 17
Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche passe dans le ventre pour être éliminé ?
Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche passe dans le ventre pour être éliminé ?
1760. Ensuite, [le Seigneur] explique. En premier lieu, il explique ce qu’il avait dit, c’est-à-dire : CE QUI ENTRE DANS LA BOUCHE ; en deuxième lieu, la seconde chose qu’il avait dite : MAIS CE QUI SORT DE LA BOUCHE, C’EST CELA QUI SOUILLE L’HOMME ; en troisième lieu, il précise son intention.
1761. Il dit donc : NE COMPRENEZ-VOUS PAS QUE TOUT CE QUI PÉNÈTRE DANS LA BOUCHE PASSE PAR LE VENTRE ET EST ÉVACUÉ AUX LIEUX D’AISANCE ? Et pourquoi le Seigneur parle-t-il ainsi ? Chrysostome dit que [le Seigneur] leur parle comme à des gens qui sont habitués aux observances de la loi. Car l’intention de la loi était que, aussi longtemps que la nourriture n’était pas prise par la bouche, elle était impure ; mais, une fois prise, elle était pure. Ainsi, il est toujours dit dans la loi : Elle sera impure jusqu’au soir [Lv 11, 24]. C’est pourquoi, à supposer que ces observances doivent être observées, elles ne rendent cependant l’homme impur que pour un temps. Ainsi, ce qui passe ne peut les rendre impurs. Ou bien, autre interprétation : rien de ce qui n’atteint pas l’âme ne peut la rendre impure. Or, la nourriture n’atteint pas l’âme : le signe en est qu’ELLE PASSE PAR LE VENTRE ET EST ÉVACUÉE AUX LIEUX D’AISANCE.
1762. Mais, comme dit Jérôme, certains s’objectent à cela en disant que le Seigneur ignore la science de la nature, car [la nourriture] n’est pas entièrement évacuée aux lieux d’aisance. Ainsi, certains, voulant entendre que la totalité en est évacuée, entendent que rien d’elle n’est convertie en la nature humaine, mais qu’est seulement multiplié ce qui est tiré d’Adam, et que cela ressuscitera. De sorte que ce qui vient de la nourriture ne ressuscitera pas. Ainsi, les artisans mêlent du plomb à l’or afin que le plomb soit consumé et que l’or soit préservé. De même en est-il de la nourriture, afin que la chaleur ne la consume pas, ce qui appartient à la puissance de la nature. Mais cela semble impossible, car quelque chose ne peut devenir plus grand que par raréfaction, puisque la raréfaction n’est rien d’autre que le fait de prendre une plus grande quantité. De même l’homme a-t-il en commun avec les animaux [l’âme] sensitive et nutritive, et avec les plantes [l’âme] végétative. Or, il arrive que celles-ci soient augmentées par la nourriture. Les hommes augmentent donc de la même façon.
Que veut donc dire ce qu’il dit : ELLE EST ÉVACUÉE AUX LIEUX D’AISANCE ? Jérôme dit que cela ne signifie pas seulement l’excédent impur, mais quelle que soit la façon dont cela se produit, que ce soit par les selles ou d’une autre façon. Et cela est conforme à ce que dit le Philosophe, car, bien que [l’homme] reste le même par son espèce, il évolue cependant selon sa matière, comme lorsque le feu garde son espèce, mais que la matière est consumée. On peut aussi dire : tout ce qui entre dans la bouche va dans la bouche, en sorte que l’Écriture prend parfois le tout pour la partie.
1761. Il dit donc : NE COMPRENEZ-VOUS PAS QUE TOUT CE QUI PÉNÈTRE DANS LA BOUCHE PASSE PAR LE VENTRE ET EST ÉVACUÉ AUX LIEUX D’AISANCE ? Et pourquoi le Seigneur parle-t-il ainsi ? Chrysostome dit que [le Seigneur] leur parle comme à des gens qui sont habitués aux observances de la loi. Car l’intention de la loi était que, aussi longtemps que la nourriture n’était pas prise par la bouche, elle était impure ; mais, une fois prise, elle était pure. Ainsi, il est toujours dit dans la loi : Elle sera impure jusqu’au soir [Lv 11, 24]. C’est pourquoi, à supposer que ces observances doivent être observées, elles ne rendent cependant l’homme impur que pour un temps. Ainsi, ce qui passe ne peut les rendre impurs. Ou bien, autre interprétation : rien de ce qui n’atteint pas l’âme ne peut la rendre impure. Or, la nourriture n’atteint pas l’âme : le signe en est qu’ELLE PASSE PAR LE VENTRE ET EST ÉVACUÉE AUX LIEUX D’AISANCE.
1762. Mais, comme dit Jérôme, certains s’objectent à cela en disant que le Seigneur ignore la science de la nature, car [la nourriture] n’est pas entièrement évacuée aux lieux d’aisance. Ainsi, certains, voulant entendre que la totalité en est évacuée, entendent que rien d’elle n’est convertie en la nature humaine, mais qu’est seulement multiplié ce qui est tiré d’Adam, et que cela ressuscitera. De sorte que ce qui vient de la nourriture ne ressuscitera pas. Ainsi, les artisans mêlent du plomb à l’or afin que le plomb soit consumé et que l’or soit préservé. De même en est-il de la nourriture, afin que la chaleur ne la consume pas, ce qui appartient à la puissance de la nature. Mais cela semble impossible, car quelque chose ne peut devenir plus grand que par raréfaction, puisque la raréfaction n’est rien d’autre que le fait de prendre une plus grande quantité. De même l’homme a-t-il en commun avec les animaux [l’âme] sensitive et nutritive, et avec les plantes [l’âme] végétative. Or, il arrive que celles-ci soient augmentées par la nourriture. Les hommes augmentent donc de la même façon.
Que veut donc dire ce qu’il dit : ELLE EST ÉVACUÉE AUX LIEUX D’AISANCE ? Jérôme dit que cela ne signifie pas seulement l’excédent impur, mais quelle que soit la façon dont cela se produit, que ce soit par les selles ou d’une autre façon. Et cela est conforme à ce que dit le Philosophe, car, bien que [l’homme] reste le même par son espèce, il évolue cependant selon sa matière, comme lorsque le feu garde son espèce, mais que la matière est consumée. On peut aussi dire : tout ce qui entre dans la bouche va dans la bouche, en sorte que l’Écriture prend parfois le tout pour la partie.
Ne comprenez-vous pas : d’après le grec, « pas encore ». - Tout ce
qui entre... Jésus explique la première moitié du v. 11 en décrivant le sort réservé aux aliments lorsqu’ils ont
passé de la bouche dans l’estomac. Après que l’assimilation des matières nutritives a été opérée, ce qui en
reste va dans le ventre, « sans entrer dans son cœur », ajoute S. Marc, 7, 19 ; puis est jeté. Comment donc
l’homme pourrait-il être souillé par des objets qui n’ont rien de commun avec lui, qui ne font point partie de
son être moral ? On le voit, dans le phénomène de la digestion, le Sauveur ne prend que la partie la plus
favorable à sa thèse, sans s’occuper des autres points. Du reste, les éléments nutritifs qui sont absorbés par
l’homme restent eux-mêmes étrangers à son être spirituel et moral : ils n’atteignent que son organisation
matérielle. La comparaison demeure donc juste à tous égards.