Matthieu 15, 23
Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »
Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »
1736. MAIS VOUS, VOUS DITES, etc. Ici, [le Seigneur] aborde la manière dont [les Pharisiens] ont transgressé [un commandement]. Et d’abord, il le montre ; en second lieu, il apporte une autorité. À propos du premier point, il montre quel était leur rite ; en second lieu, ce que lui faisait.
[Le Seigneur] dit : VOUS, VOUS DITES : «QUICONQUE DIRA À SON PÈRE OU À SA MÈRE, etc.» Cela se lit de plusieurs façons. Première façon : la construction [de la phrase] est parfaite, et [on la lit] ainsi : QUICONQUE, c’est-à-dire, n’importe qui, dira, c’est-à-dire, aura pu dire. Autre façon : [la construction de la phrase] est imparfaite, [et on la lit] ainsi : QUICONQUE DIRA, etc., il faut ajouter : …observe le commandement et est exempt de châtiment. Qu’est-ce qui est dit ainsi ? On l’explique de trois façons. Raban disait que le bien spirituel doit être préféré au [bien] temporel ; ceux-là qui avaient des pères pauvres leur disaient donc : «Père, ne t’en déplaise, si je ne te donne pas le nécessaire, car l’offrande que je fais t’est spirituellement profitable.» Mais cela n’était pas vrai, conformément à ceci : Le Très-Haut n’accepte pas les dons des impies [Si 34, 23]. Et Pr 28, 24 : Celui qui enlève quelque chose à son père et à sa mère et dit que cela n’est pas péché, prend part à un homicide. Ainsi, si quelqu’un a un père et une mère et qu’ils ne peuvent vivre sans lui, celui qui lui dirait : «Va outre-mer et entre en religion», tomberait sous le coup de ce jugement.
1737. Il existe une autre interprétation. En effet, Jérôme lit [ce passage] sous une forme interrogative : Est-ce que cela te servira à quelque chose ? On lit dans Lv 22, 2 qu’un étranger ne pouvait prendre ce qui avait été consacré au Seigneur ; c’est pourquoi on avertissait les fils qui avaient des pères pauvres de l’offrir à Dieu. Et si les pères voulaient s’en servir pour leur subsistance, [les fils] leur diraient : «Si tu prends une partie de ce que je dois offrir à Dieu, est-ce que cela sera pour ton bien ? Non, bien plutôt, cela sera pour ta damnation.» Augustin donne l’interprétation suivante. Les Juifs disaient que les enfants, aussi longtemps qu’ils étaient sous la tutelle de leur père, étaient tenus à ces choses. De sorte que, lorsque les fils sont petits, les pères font des offrandes pour leurs fils, et cela comptait pour eux. Mais lorsque [les fils] ont l’exercice du libre arbitre, la dévotion d’un autre ne compte plus. Ils disaient donc que quiconque peut parvenir à cet état et dire à son père : «Le don qui vient de moi te sera utile», n’avait pas d’obligation envers son père. Mais, de cette doctrine, découlent deux [conclusions] inappropriées : l’une, contre le prochain ; l’autre, contre le Seigneur. Contre le prochain, parce celui qui dirait cela et qui aurait reçu une telle directive n’honore pas son père. Ainsi, [on lit] dans Rm 1, 30 : Ingénieux pour le mal, rebelles à leurs parents. Vient ensuite : Ceux qui agissent ainsi méritent la mort.
[Le Seigneur] dit : VOUS, VOUS DITES : «QUICONQUE DIRA À SON PÈRE OU À SA MÈRE, etc.» Cela se lit de plusieurs façons. Première façon : la construction [de la phrase] est parfaite, et [on la lit] ainsi : QUICONQUE, c’est-à-dire, n’importe qui, dira, c’est-à-dire, aura pu dire. Autre façon : [la construction de la phrase] est imparfaite, [et on la lit] ainsi : QUICONQUE DIRA, etc., il faut ajouter : …observe le commandement et est exempt de châtiment. Qu’est-ce qui est dit ainsi ? On l’explique de trois façons. Raban disait que le bien spirituel doit être préféré au [bien] temporel ; ceux-là qui avaient des pères pauvres leur disaient donc : «Père, ne t’en déplaise, si je ne te donne pas le nécessaire, car l’offrande que je fais t’est spirituellement profitable.» Mais cela n’était pas vrai, conformément à ceci : Le Très-Haut n’accepte pas les dons des impies [Si 34, 23]. Et Pr 28, 24 : Celui qui enlève quelque chose à son père et à sa mère et dit que cela n’est pas péché, prend part à un homicide. Ainsi, si quelqu’un a un père et une mère et qu’ils ne peuvent vivre sans lui, celui qui lui dirait : «Va outre-mer et entre en religion», tomberait sous le coup de ce jugement.
1737. Il existe une autre interprétation. En effet, Jérôme lit [ce passage] sous une forme interrogative : Est-ce que cela te servira à quelque chose ? On lit dans Lv 22, 2 qu’un étranger ne pouvait prendre ce qui avait été consacré au Seigneur ; c’est pourquoi on avertissait les fils qui avaient des pères pauvres de l’offrir à Dieu. Et si les pères voulaient s’en servir pour leur subsistance, [les fils] leur diraient : «Si tu prends une partie de ce que je dois offrir à Dieu, est-ce que cela sera pour ton bien ? Non, bien plutôt, cela sera pour ta damnation.» Augustin donne l’interprétation suivante. Les Juifs disaient que les enfants, aussi longtemps qu’ils étaient sous la tutelle de leur père, étaient tenus à ces choses. De sorte que, lorsque les fils sont petits, les pères font des offrandes pour leurs fils, et cela comptait pour eux. Mais lorsque [les fils] ont l’exercice du libre arbitre, la dévotion d’un autre ne compte plus. Ils disaient donc que quiconque peut parvenir à cet état et dire à son père : «Le don qui vient de moi te sera utile», n’avait pas d’obligation envers son père. Mais, de cette doctrine, découlent deux [conclusions] inappropriées : l’une, contre le prochain ; l’autre, contre le Seigneur. Contre le prochain, parce celui qui dirait cela et qui aurait reçu une telle directive n’honore pas son père. Ainsi, [on lit] dans Rm 1, 30 : Ingénieux pour le mal, rebelles à leurs parents. Vient ensuite : Ceux qui agissent ainsi méritent la mort.
1773. Ensuite, le fait que le Christ se taise est présenté : MAIS IL NE LUI RÉPONDIT PAS UN MOT. Mais cela semble étonnant que la source de la compassion se soit tue. On en donne une triple raison. Première [raison] : afin qu’il ne semble pas aller contre ce qu’il avait dit plus haut : N’allez pas du côté des païens [10, 5]. C’est pourquoi il n’a pas voulu écouter immédiatement. Toutefois, comme elle insistait beaucoup, il acquiesça à ce qu’elle demandait. Il faut donc comprendre qu’elle est exaucée en raison de son insistance, ce qui va au-delà de la loi. En effet, selon la loi, seuls les Juifs devaient être sauvés ; mais celle-ci, par son insistance, obtint ce qui allait au-delà de la loi. Deuxième raison : afin qu’augmente la dévotion. Ha 1, 2 : Jusqu’à quand appellerai-je au secours sans que tu écoutes, crierai-je vers toi : «À la violence !», sans que tu me sauves ? Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité et la souffrance, me fais-tu voir la rapine et l’injustice qui sévissent contre moi ? Troisième raison : afin de donner aux disciples l’occasion d’intercéder eux-mêmes pour elle, car, aussi bon que soit quelqu’un, il a besoin des prières des autres.
1774. L’intercession des apôtres suit immédiatement. Premièrement, leur demande est présentée ; deuxièmement, la réponse du Christ. [Matthieu] dit donc : SES DISCIPLES, S’APPROCHANT, LE PRIAIENT. Pourquoi se sont-ils approchés ? Une première raison est qu’ils ne savaient pourquoi [le Seigneur] tardait tant ; une deuxième, qu’ils furent poussés par la miséricorde ; aussi, ils ne pouvaient par supporter l’insistance de la femme. Lc 11, 8 : S’il continue à frapper, je vous dis que, s’il ne se lève pas pour répondre parce qu’il est son ami, il se lèvera à cause de son insistance, et il lui donnera tout ce qui lui est nécessaire. Les disciples ne disent pas : Guéris-la, mais : RENVOIE-LA, c’est-à-dire : Dis-lui : «Je ne ferai rien pour toi.» C’est là une manière de parler, car lorsque nous désirons une chose, nous disons son contraire. Mais il y a une objection, car, en Mc 7, 25, il est dit qu’elle entra dans la maison et y adressa sa demande. Que veut donc dire ce qui est dit ici : CAR ELLE CRIE APRÈS NOUS ? Augustin dit que, sans aucun doute, elle entra d’abord dans la maison et, là, dit : AIE PITIÉ DE MOI, puis que Jésus se retira. Mais elle le suivit.
1774. L’intercession des apôtres suit immédiatement. Premièrement, leur demande est présentée ; deuxièmement, la réponse du Christ. [Matthieu] dit donc : SES DISCIPLES, S’APPROCHANT, LE PRIAIENT. Pourquoi se sont-ils approchés ? Une première raison est qu’ils ne savaient pourquoi [le Seigneur] tardait tant ; une deuxième, qu’ils furent poussés par la miséricorde ; aussi, ils ne pouvaient par supporter l’insistance de la femme. Lc 11, 8 : S’il continue à frapper, je vous dis que, s’il ne se lève pas pour répondre parce qu’il est son ami, il se lèvera à cause de son insistance, et il lui donnera tout ce qui lui est nécessaire. Les disciples ne disent pas : Guéris-la, mais : RENVOIE-LA, c’est-à-dire : Dis-lui : «Je ne ferai rien pour toi.» C’est là une manière de parler, car lorsque nous désirons une chose, nous disons son contraire. Mais il y a une objection, car, en Mc 7, 25, il est dit qu’elle entra dans la maison et y adressa sa demande. Que veut donc dire ce qui est dit ici : CAR ELLE CRIE APRÈS NOUS ? Augustin dit que, sans aucun doute, elle entra d’abord dans la maison et, là, dit : AIE PITIÉ DE MOI, puis que Jésus se retira. Mais elle le suivit.
Il ne lui répondit pas... Jésus soumit la
suppliante à une rude épreuve. Lui, si bon, si compatissant, qui d’ordinaire allait au-devant des infortunés,
qui du moins a toujours exaucé leurs prières ! Et pourtant il n’adresse pas même un seul mot à la
Cananéenne. « Comme cela était nouveau et surprenant ! Il accueille les Juifs ingrats, et ne renvoie pas ceux
qui essayent de le tenter. Mais celle qui accourt à lui, qui prie et supplie, qui manifeste de la piété sans avoir
été éduquée dans la loi et les prophètes, il ne daigne même pas lui donner une réponse », St Jean
Chrysostome Hom. 52. « Le Verbe n'a pas de paroles, dit encore le saint Docteur, la fontaine est scellée, la
médecine refuse ses remèdes ». Mais il veut donner à cette femme l’occasion de manifester toute sa foi. - Ses
disciples, s'approchant. Les disciples eux-mêmes, quoique habitués à voir bien des misères réunies autour de
Jésus, sont attendris par cette scène ; jamais encore ils n’avaient vu leur Maître se montrer sourd à une
pareille requête : ils prennent donc sans hésiter le parti de la malheureuse mère. - Le priaient ; dans le grec
on lit « interrogeaient » ; mais ce verbe a souvent aussi le sens de demander, en particulier dans la version
des 70, dans S. Luc et dans S. Jean. - Renvoyez-la : locution équivoque, employée à dessein par les Apôtres,
qui ne veulent pas avoir l’air d’imposer un miracle à leur Maître. Toutefois, ici elle doit évidemment être
prise en bonne part, comme le montre la réponse négative de Jésus, v. 24 : « Congédiez-la en exauçant ses
désirs ». - Car elle crie. Ils mentionnent un motif spécial qui leur fait désirer le prompt départ de cette
femme, par conséquent la prompte guérison de sa fille : en répétant sa demande à haute voix, elle attirait
l’attention sur le Sauveur, qui désirait précisément demeurer inconnu dans ce pays. Cf. Marc. 7, 24. La raison
était habilement choisie pour appuyer la prière de la Chananéenne, soit que les disciples fussent réellement
émus de pitié, soit qu’à leur attendrissement se joignit le déplaisir de se voir l’objet d’une scène bruyante, à
laquelle ils eussent été heureux d’échapper au plus tôt. Ces derniers mots « derrière nous » signifient : en
nous suivant, ce qui suppose que la plus grande partie de l’épisode se passa en plein air, bien qu’il eût
commencé dans une maison ; Cf. Marc. 7, 24, et S. Augustin. de Cons. Evang. 2, 49.
Jésus-Christ ne répondit rien à cette femme pour éprouver sa foi.