Matthieu 15, 26

Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »

Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
Saint Thomas d'Aquin
1779. IL LUI RÉPONDIT : «IL NE CONVIENT PAS DE PRENDRE LE PAIN DES ENFANTS ET DE LE DONNER AUX CHIENS.» Cela est ajouté afin de mettre l’humilité [de la femme] à l’épreuve, car sa foi était déjà manifeste et montrait l’excellence des Juifs par rapport aux païens. En effet, [son] humilité est mise à l’épreuve lorsqu’elle supporte que des reproches soient adressés à son peuple. C’est pourquoi [le Christ] dit : «IL NE CONVIENT PAS, etc.» Les Juifs étaient appelés fils : J’ai nourri et élevé des fils, mais ils m’ont bafoué, car ils avaient été instruits des commandements de Dieu, Jn 10, 34. Le pain est l’enseignement. Si 15, 3 : Il les a nourris du pain de la vie et de l’intelligence. Les miracles du Seigneur ou les enseignements de la loi peuvent être appelés un pain. Ce pain est donc dû aux fidèles, à savoir, les Juifs. «IL NE CONVIENT PAS DE PRENDRE LE PAIN DES ENFANTS, c’est-à-dire, des Juifs, qui jusqu’alors étaient les enfants, ET DE LE DONNER AUX CHIENS», c’est-à-dire, aux Gentils, car, de même que le chien est un animal impur, de même le sont les Gentils. Ainsi, [il est dit] plus haut, 7, 6 : Ne jetez pas aux chiens ce qui est saint. Ils ne l’ont donc pas encore totalement rejeté, mais, comme le dit Jérôme, il est approprié que les Juifs soient appelés des chiens, conformément à ce qu’on lit en Ps 21[22], 17 : De nombreux chiens m’ont encerclé. Et Ep 4, 28 : Mais nous, nous sommes des fils.
Louis-Claude Fillion
Il répondit. La situation se détend peu à peu, et déjà l’on prévoit quel sera le dénouement. Notre-Seigneur a d’abord refusé de répondre ; s’il a pris ensuite la parole, c’était pour dire à ses disciples que leur intercession était inutile : mais voici qu’enfin il parle à la pauvre mère. Il lui adresse toutefois en apparence une véritable injure. Se comparant à un père de famille, il affirme qu’il ne doit pas donner aux chiens le pain destiné à nourrir ses enfants. Il n'est pas bien : il ne convient pas, cela ne saurait pas être. - Le pain ; ici, les grâces et les faveurs messianiques, tels qu’étaient les miracles de Notre-Seigneur Jésus-Christ. - Des enfants désigne les Juifs qui étaient vraiment alors les enfants de Dieu, sa famille privilégiée : aux chiens représente les païens auxquels les Israélites donnaient habituellement ce titre injurieux. - Jeter est un terme humiliant qui continue l’image ; on donne le pain aux enfants, on le jette aux chiens. Cependant, on voit que Jésus a tâché d’adoucir le trait : car, dans le texte grec, dès le v. 25 nous trouvons le diminutif « petits chiens », qui est moins blessant que l’appellation ordinaire « chiens ». Le Sauveur compare donc la Cananéenne et les païens en général non pas aux chiens délaissés qui remplissent les rues des villes orientales, mais aux petits chiens nourris et soignés dans la plupart des familles ; c’est précisément cette expression qui va donner une fin heureuse à l’incident.
Fulcran Vigouroux
Les Juifs traitaient les gentils de chiens, à cause de la corruption de leurs mœurs.