Matthieu 16, 13
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? »
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? »
1825. Plus haut, le Seigneur a enseigné que la doctrine évangélique doit être gardée pure du levain des Juifs ; mais ici, il enseigne l’éminence de [cette] doctrine : premièrement, pour ce qui est de la foi dans les deux natures, à savoir, celles de la divinité et de l’humanité ; deuxièmement, pour ce qui est de la foi en la passion, en cet endroit : À PARTIR DE CE JOUR, JÉSUS COMMENÇA À MONTRER À SES DISCIPLES, etc. [16, 21] ; troisièmement, pour ce qui est de la foi en [son] pouvoir judiciaire : EN EFFET, LE FILS DE L’HOMME DOIT VENIR DANS LA GLOIRE DE SON PÈRE [16, 27].
1826. À propos du premier point, on s’enquiert d’abord de l’opinion des foules au sujet du Christ ; deuxièmement, de la foi des disciples, en cet endroit : MAIS POUR VOUS, QUI SUIS-JE ? [16, 15].
1827. À propos du premier point, le lieu est d’abord présenté ; deuxièmement, l’interrogation par le Christ, en cet endroit : AU DIRE DES GENS, QUI EST LE FILS DE L’HOMME ? ; troisièmement, la réponse de Pierre, en cet endroit : MAIS EUX DIRENT, etc. [16, 14].
1828. [Matthieu] dit donc : JÉSUS SE RENDIT DANS LA RÉGION DE CÉSARÉE, et non seulement cela, mais il ajoute : DE PHILIPPE, car il y avait deux Césarée, à savoir, Césarée de Trachonitide, où Pierre a été envoyé à Corneille [Ac 10, 1], et une autre, qui portait aussi le nom de Panée. La première avait été établie en l’honneur de César Auguste ; Philippe construisit cette dernière en l’honneur de Tibère.
Mais pourquoi le Seigneur a-t-il posé ici cette question ? Il faut dire que cette ville était située aux frontières des Juifs ; ainsi, avant qu’elle ne puisse poser des questions sur la foi, il la tira du milieu des Juifs. On lit de même que le Seigneur, alors qu’il tirait les Juifs de l’Égypte, ne leur fit pas prendre la route des Philistins, comme on lit en Ex 13, 17.
1829. Ensuite, l’interrogation est présentée : ET IL POSA À SES DISCIPLES CETTE QUESTION, etc. «Lorsque le sage interroge, il enseigne», comme le dit Jérôme. Nous recevons donc un enseignement sur plusieurs points : être attentifs à ce qu’on nous dit ; corriger ce qui est mal ; préserver et accroître ce qui est bien. Ainsi, prends soin de ta réputation, car elle te restera plus longtemps que mille grands trésors précieux, Si 41, 15. Le Christ demanda donc ce qu’on disait de lui. De même, ceux qui connaissent la divinité sont appelés dieux. Ps 81[82], 6 : J’ai dit : «Vous êtes des dieux», et ceux qui connaissent l’humanité sont appelés hommes. Il est donc dit : AU DIRE DES GENS, QUI EST LE FILS DE L’HOMME ? Mais, comme le dit Hilaire, «le Christ ne se présentait pas seulement comme un homme ; c’est pourquoi il voulut qu’ils sachent qu’il était autre chose qu’un simple homme». Il donne donc lui-même à entendre par là qu’il y a autre chose en lui. De même, l’humilité du Christ est montrée, car il confesse qu’il est fils d’homme, selon ce [qui est dit] plus haut, 11, 29 : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.
1826. À propos du premier point, on s’enquiert d’abord de l’opinion des foules au sujet du Christ ; deuxièmement, de la foi des disciples, en cet endroit : MAIS POUR VOUS, QUI SUIS-JE ? [16, 15].
1827. À propos du premier point, le lieu est d’abord présenté ; deuxièmement, l’interrogation par le Christ, en cet endroit : AU DIRE DES GENS, QUI EST LE FILS DE L’HOMME ? ; troisièmement, la réponse de Pierre, en cet endroit : MAIS EUX DIRENT, etc. [16, 14].
1828. [Matthieu] dit donc : JÉSUS SE RENDIT DANS LA RÉGION DE CÉSARÉE, et non seulement cela, mais il ajoute : DE PHILIPPE, car il y avait deux Césarée, à savoir, Césarée de Trachonitide, où Pierre a été envoyé à Corneille [Ac 10, 1], et une autre, qui portait aussi le nom de Panée. La première avait été établie en l’honneur de César Auguste ; Philippe construisit cette dernière en l’honneur de Tibère.
Mais pourquoi le Seigneur a-t-il posé ici cette question ? Il faut dire que cette ville était située aux frontières des Juifs ; ainsi, avant qu’elle ne puisse poser des questions sur la foi, il la tira du milieu des Juifs. On lit de même que le Seigneur, alors qu’il tirait les Juifs de l’Égypte, ne leur fit pas prendre la route des Philistins, comme on lit en Ex 13, 17.
1829. Ensuite, l’interrogation est présentée : ET IL POSA À SES DISCIPLES CETTE QUESTION, etc. «Lorsque le sage interroge, il enseigne», comme le dit Jérôme. Nous recevons donc un enseignement sur plusieurs points : être attentifs à ce qu’on nous dit ; corriger ce qui est mal ; préserver et accroître ce qui est bien. Ainsi, prends soin de ta réputation, car elle te restera plus longtemps que mille grands trésors précieux, Si 41, 15. Le Christ demanda donc ce qu’on disait de lui. De même, ceux qui connaissent la divinité sont appelés dieux. Ps 81[82], 6 : J’ai dit : «Vous êtes des dieux», et ceux qui connaissent l’humanité sont appelés hommes. Il est donc dit : AU DIRE DES GENS, QUI EST LE FILS DE L’HOMME ? Mais, comme le dit Hilaire, «le Christ ne se présentait pas seulement comme un homme ; c’est pourquoi il voulut qu’ils sachent qu’il était autre chose qu’un simple homme». Il donne donc lui-même à entendre par là qu’il y a autre chose en lui. De même, l’humilité du Christ est montrée, car il confesse qu’il est fils d’homme, selon ce [qui est dit] plus haut, 11, 29 : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.
Jésus vint, ou plutôt « alors
qu'il venait ». S. Marc, 8, 27, suppose en effet que Jésus était déjà sur le territoire de Césarée, et qu’il en
parcourait les hameaux lorsqu’eut lieu l’incident actuel. - Aux environs de Césarée. Après avoir traversé
Bethsaïda-Julias, Marc. 8, 22, le Sauveur, suivant en amont le cours du Jourdain, arriva auprès de Césarée de
Philippe : une journée de marche avait pu lui suffire pour franchir la distance qui sépare ces deux villes.
Césarée avait porté pendant longtemps le nom de Panéas, qui lui venait du mont Panium, dédié à Pan, auprès
duquel elle était bâtie. On a prétendu, mais à tort, qu’elle avait succédé à Lesem, Laïs ou Dan de l’Ancien
Testament. « Son emplacement est unique : combinant à un rare degré les éléments de la grandeur et de la
beauté. Elle reposait à la base méridionale du puissant Hermon, qui s’élève majestueusement à une hauteur
de sept à huit mille pieds. Les eaux abondantes de la source du Jourdain répandent tout autour une fertilité
luxuriante : c’est une gracieuse succession de taillis, de pelouses et de champs cultivés », Robinson,
Palæstina, t, 3, p. 614. Après la mort d’Hérode-le-Grand, Panéas était échue avec la province de Gaulanite
dont elle faisait partie au tétrarque Philippe qui l’avait agrandie, embellie et dédiée à Tibère. C’est alors
qu’elle fut nommée « Cæsarée de Philippe », Césarée en l’honneur de l’empereur, de Philippe en l’honneur
du tétrarque et pour qu’on put la distinguer d’une autre Césarée, située sur les bords de la Méditerranée, au
Sud du Carmel, et connue sous le nom de « Cæsarée de Straton » ou « Cæsarée de Palestine ». De cette
glorieuse cité, il ne reste aujourd’hui que des ruines et un petit village appelé Banias : c’est donc
l’appellation primitive qui a reparu après de longs siècles, celles que la flatterie lui avait imposées (Césarée,
puis Néronias au temps d’Agrippa 2) n’ayant pas survécu à sa splendeur. Mais cette splendeur existait dans
tout son éclat au moment de la visite du Sauveur. - Et il interrogeait... Dans cette contrée lointaine, perdue à
l’extrémité septentrionale de la Palestine, Jésus adresse à ses Apôtres une question extraordinaire, parmi des
circonstances que les deux autres évangélistes ont signalées. C’était, dit S. Marc, 8, 27, le long du chemin ;
c’était, ajoute S. Luc, 9, 18, au sortir d’une prière solitaire. - Que disent les hommes... Nous lisons dans le
texte grec : « que me disent » ; la Vulgate, de concert avec plusieurs manuscrits (B. Sinaït.), plusieurs versions anciennes (l’éthiop., la copte, la syr., la persane, l’anglo-saxone) et plusieurs Pères (S. Irénée, S.
Ambroise, etc), a rejeté le pronom comme superflu. Son authenticité est cependant regardée comme plus
probable : il donne à la question plus de force, plus de solennité : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de
l’homme ? « Hommes » est un hébraïsme, et désigne le peuple en général, surtout le peuple croyant qui
accompagnait si volontiers Jésus. - Les deux derniers mots, Fils de l'homme, sont une simple apposition au
pronom. « Qui disent-ils que je suis, moi qui, par humilité, ai coutume de m’appeler fils de l’homme ? »
Sylveira in h. l. Jésus connaissait mieux que personne les pensées et les dires du peuple à son égard, et il n’y
attachait pas une grande importance, sachant bien, comme le disait S. Jean dans une autre circonstance, 2, 25,
« ce qui était dans l’homme ». Cette question n’est donc pas posée pour elle-même ; son but est d’en
introduire une seconde beaucoup plus importante.
Césarée de Philippe, au pied de l’Hermon, près d’une des sources du Jourdain, en Gaulonitide, s’appelait d’abord Panéas. Quand Philippe le tétrarque l’eut agrandie, il l’appela Césarée en l’honneur de Tibère César, et on y ajouta le nom même de Philippe pour le distinguer de la Césarée bâtie sur la Méditerranée, par Hérode le Grand, entre Joppé et Dora. Aujourd’hui Césarée de Philippe a repris son nom primitif sous la forme Bânias et compte environ 150 maisons.