Matthieu 16, 14

Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »

Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Saint Thomas d'Aquin
1830. Ensuite est présentée l’opinion des foules : ET ILS DIRENT : «POUR LES UNS, JEAN BAPTISTE, etc.» Les opinions variaient selon les individus. Les Pharisiens blasphémaient le Christ, mais les foules l’appelaient prophète. Ainsi, Lc 7, 16 : Un grand prophète est apparu parmi nous, etc. On disait qu’il était Jean en raison de son autorité, car Jean prêchait la pénitence, plus haut, 3, 2 : Faites pénitence, car le royaume des cieux approche. Ils croyaient donc qu’il était Jean parce que le Christ avait débuté d’une manière semblable : Faites pénitence, le royaume des cieux est proche, comme plus haut, 4, 17. Ils avaient aussi du respect pour le prophète Élie. Ml 3, 5 : Voici que je vais vous envoyer le prophète Élie, avant que n’arrive le grand et redoutable jour du Seigneur. Ils croyaient donc qu’il était Élie en raison de la force de sa parole et de la puissance de sa prédication. Si 48, 1 : Et le prophète Élie s’éleva comme le feu, car sa parole brûlait comme une torche. Et plus haut, [Mt] 7, 29, il est dit du Christ qu’il enseignait en homme qui a autorité. De même, en raison de l’élévation de sa vie, ils croyaient qu’il était Jérémie, dont le Seigneur dit : Avant de te former dans le sein, je t’ai connu, et avant que tu ne sortes du ventre, je t’ai sanctifié, Jr 1, 5. Et on lit, [dans le chapitre] 40 du même [livre], qu’il était honoré par les Gentils. Le Christ était de même considéré avec respect par les étrangers, mais les Juifs blasphémaient à son sujet. C’est pourquoi ils le comparaient à Jérémie.

1831. Mais pourquoi disaient-il qu’il était Élie ? On lit en effet, dans 4 R [2 R] 2, 11, que celui-ci a été enlevé mais qu’il revivrait, et il était promis aux Juifs comme salut, ainsi qu’on le lit en Ml 3, 5. Parce que certains ont proposé le passage d’un corps à l’autre, selon cette opinion, il aurait pu ainsi arriver que l’âme d’Élie soit entrée dans un autre corps.
Louis-Claude Fillion
Ils lui répondirent. Leurs rapports continuels avec les multitudes qui suivaient Jésus leur ont permis de connaître à fond les dispositions et les jugements populaires relativement à leur Maître : ils peuvent donc répondre avec l’exactitude la plus parfaite. - Les uns... les autres. D’après S. Marc, 6, 14-15, et S. Luc, 9, 7-8, la plupart de ces opinions avaient déjà fait leur apparition à la cour d’Hérode Antipas, où elles s’étaient peut-être même formées. Le tétrarque, comme nous l’a montré S. Matthieu, 14, 1-2, avait adopté la première : C’est Jean-Baptiste, s’était-il écrié après avoir entendu parler de Jésus ; il est ressuscité d’entre les morts, c’est pourquoi il opère des miracles. Beaucoup de personnes faisaient un raisonnement semblable ; d’autres, au contraire, établissaient une grande différence entre le Précurseur et Jésus de Nazareth, Cf. 11, 18-19. - Élie. Il y avait, dans le zèle brûlant de Notre-Seigneur Jésus-Christ, quelque chose qui pouvait faire penser au grand prophète de Thisbé, dont on attendait du reste la réapparition avant l’avènement du Messie. - Jérémie. Le rapport est plus difficile à saisir ; mais les Juifs croyaient aussi que Jérémie serait un des précurseurs du Christ, et qu’il ressusciterait pour venir lui servir de héraut ; Cf. Joseph Gorion ap. Wettstein, Hor. Talm. h. l. - Ou l'un des prophètes. « Ils croyaient que l’un de leurs anciens qui étaient célèbres par leurs miracles était revenu à la vie non pas de nom seulement, mais en toute vérité », Fr. Luc, Comm. in h. l. La célèbre prédiction de Moïse, annonçant que Dieu donnerait un jour aux Juifs un prophète semblable à lui, Deut. 18, 15, pouvait fort bien s’être dénaturée dans l’esprit des contemporains du Sauveur, et avoir donné lieu à cette opinion bizarre. - Les quatre opinions signalées par les Apôtres prouvent que Jésus-Christ jouissait d’une grande réputation auprès du peuple ; car, tout en variant beaucoup sur sa nature, on s’accordait généralement à le regarder comme un personnage important. Mais ce n’était que du petit nombre qu’il recevait son véritable titre, le titre de Messie, puisque les disciples ne mentionnent pas même ce sentiment. Et pourtant, ne semble-t-il pas qu’après chacun de ses principaux miracles les individus comme les multitudes se sentaient portés à l’acclamer comme le Christ ? Mais d’une part la réserve de Notre-Seigneur, son opposition aux préjugés messianiques du vulgaire, d’autre part les calomnies des Pharisiens, avaient refroidi l’enthousiasme de la foule, qui s’était mise à ne plus voir en Jésus qu’un Précurseur du Libérateur promis.