Matthieu 16, 17
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
1837. JÉSUS LUI RÉPONDIT, etc. Ici, il approuve d’abord la confession ; en second lieu, il ordonne [aux disciples] de la taire, en cet endroit : ALORS, IL ORDONNA AUX DISCIPLES DE NE DIRE À PERSONNE QU’IL ÉTAIT LE CHRIST [16, 20].
1838. À propos du premier point, il approuve d’abord cette confession en faisant l’éloge de celui qui confesse ; deuxièmement, en le récompensant, en cet endroit : ET MOI JE TE DIS QUE TU ES PIERRE, etc. [16, 18].
1839. [Matthieu] dit donc : JÉSUS RÉPONDIT : «HEUREUX ES-TU, SIMON FILS DE JONAS.» Bar est la même chose que «fils» ; Jonas, que «colombe» : c’est son nom. Ainsi, FILS DE JONAS, c’est-à-dire fils de la colombe. Et la réponse du Christ semble répondre à la confession de Pierre. Parce que celui-ci avait confessé qu’il était le Fils de Dieu, Jésus l’appelle donc «fils de la colombe», c’est-à-dire de l’Esprit Saint, car cette confession n’a pu être faite que par le Saint-Esprit. On croit qu’il s’appelait d’abord Bar-Jonas, c’est-à-dire fils de Jean, mais qu’il était appelé ainsi en raison d’une corruption de l’Écriture.
1840. Mais qu’en est-il ? Est-ce que d’autres n’ont pas confessé le Fils de Dieu ? À coup sûr, on le lit à propos de Nathanaël, Jn 1, 49. De même [en fut-il] de ceux qui se trouvaient dans la barque, plus haut, [Mt] 9. Pourquoi donc Pierre est-il dit ici bienheureux, et non les autres ? Parce que les autres [ont confessé] le fils adoptif, mais celui-ci, le Fils par nature. C’est la raison pour laquelle il est dit plus heureux que les autres, parce qu’il fut le premier à confesser la divinité. Origène dit : «Il semble qu’auparavant on ne l’avait pas confessée. Mais comment [le Christ] les envoya-t-il prêcher ?» Il répond qu’«au départ ils ne prêchaient pas qu’il était le Christ, mais ils prêchaient la pénitence». Il peut aussi être arrivé qu’ils prêchaient le Christ, mais celui-ci fut le premier [à confesser] qu’il était le Fils de Dieu.
1841. [Le Seigneur le] récompense d’une manière spéciale : HEUREUX ES-TU, SIMON, etc., car la béatitude est dans la connaissance. Jn 17, 3 : La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu. Mais il existe une double connaissance : l’une qui se fait par la raison naturelle, l’autre qui dépasse la raison. La première n’assure pas la béatitude parce qu’elle est douteuse ; elle ne satisfait donc pas l’intelligence. Or, la béatitude doit satisfaire l’appétit naturel, et cela sera obtenu dans la patrie. Is 64, 4 : L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu ce que le Seigneur a préparé pour ceux qui l’aiment. Dans la vie présente, donc, plus quelqu’un peut recevoir de cette connaissance, plus il participe à la béatitude. Pr 3, 13 : Bienheureux l’homme qui trouve la sagesse. C’est pourquoi [le Seigneur] dit : HEUREUX ES-TU, car [Pierre] commence à participer à la béatitude.
1842. CAR CE NE SONT PAS LA CHAIR ET LE SANG QUI T’ONT RÉVÉLÉ CELA. On peut l’interpréter dans le sens où la chair et le sang signifient les amis charnels. Ga 1, 16 : Aussitôt je n’ai consulté ni la chair ni le sang. Ainsi, CE NE SONT PAS LA CHAIR ET LE SANG QUI T’ONT RÉVÉLÉ CELA, c’est-à-dire que tu ne l’as pas reçu de la tradition des Juifs, mais de la révélation de Dieu. De même, il y avait dans le Christ chair, sang et divinité. De sorte que parce que Pierre n’a pas considéré la chair et le sang, il lui est dit : «HEUREUX ES-TU, car tu ne juges pas selon ce que la chair et le sang révèlent, mais selon ce que mon Père [révèle].» Ou encore : «Tu ne tiens pas cela d’une application naturelle, mais de mon Père» : Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père, Lc 10, 22. En effet, c’est à celui à qui il appartient de connaître qu’il appartient de manifester. Ainsi, personne ne [l’]a connu que celui à qui le Père a voulu le révéler. Dn 2, 28 : Il y a un Dieu au ciel qui révèle des mystères.
1838. À propos du premier point, il approuve d’abord cette confession en faisant l’éloge de celui qui confesse ; deuxièmement, en le récompensant, en cet endroit : ET MOI JE TE DIS QUE TU ES PIERRE, etc. [16, 18].
1839. [Matthieu] dit donc : JÉSUS RÉPONDIT : «HEUREUX ES-TU, SIMON FILS DE JONAS.» Bar est la même chose que «fils» ; Jonas, que «colombe» : c’est son nom. Ainsi, FILS DE JONAS, c’est-à-dire fils de la colombe. Et la réponse du Christ semble répondre à la confession de Pierre. Parce que celui-ci avait confessé qu’il était le Fils de Dieu, Jésus l’appelle donc «fils de la colombe», c’est-à-dire de l’Esprit Saint, car cette confession n’a pu être faite que par le Saint-Esprit. On croit qu’il s’appelait d’abord Bar-Jonas, c’est-à-dire fils de Jean, mais qu’il était appelé ainsi en raison d’une corruption de l’Écriture.
1840. Mais qu’en est-il ? Est-ce que d’autres n’ont pas confessé le Fils de Dieu ? À coup sûr, on le lit à propos de Nathanaël, Jn 1, 49. De même [en fut-il] de ceux qui se trouvaient dans la barque, plus haut, [Mt] 9. Pourquoi donc Pierre est-il dit ici bienheureux, et non les autres ? Parce que les autres [ont confessé] le fils adoptif, mais celui-ci, le Fils par nature. C’est la raison pour laquelle il est dit plus heureux que les autres, parce qu’il fut le premier à confesser la divinité. Origène dit : «Il semble qu’auparavant on ne l’avait pas confessée. Mais comment [le Christ] les envoya-t-il prêcher ?» Il répond qu’«au départ ils ne prêchaient pas qu’il était le Christ, mais ils prêchaient la pénitence». Il peut aussi être arrivé qu’ils prêchaient le Christ, mais celui-ci fut le premier [à confesser] qu’il était le Fils de Dieu.
1841. [Le Seigneur le] récompense d’une manière spéciale : HEUREUX ES-TU, SIMON, etc., car la béatitude est dans la connaissance. Jn 17, 3 : La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu. Mais il existe une double connaissance : l’une qui se fait par la raison naturelle, l’autre qui dépasse la raison. La première n’assure pas la béatitude parce qu’elle est douteuse ; elle ne satisfait donc pas l’intelligence. Or, la béatitude doit satisfaire l’appétit naturel, et cela sera obtenu dans la patrie. Is 64, 4 : L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu ce que le Seigneur a préparé pour ceux qui l’aiment. Dans la vie présente, donc, plus quelqu’un peut recevoir de cette connaissance, plus il participe à la béatitude. Pr 3, 13 : Bienheureux l’homme qui trouve la sagesse. C’est pourquoi [le Seigneur] dit : HEUREUX ES-TU, car [Pierre] commence à participer à la béatitude.
1842. CAR CE NE SONT PAS LA CHAIR ET LE SANG QUI T’ONT RÉVÉLÉ CELA. On peut l’interpréter dans le sens où la chair et le sang signifient les amis charnels. Ga 1, 16 : Aussitôt je n’ai consulté ni la chair ni le sang. Ainsi, CE NE SONT PAS LA CHAIR ET LE SANG QUI T’ONT RÉVÉLÉ CELA, c’est-à-dire que tu ne l’as pas reçu de la tradition des Juifs, mais de la révélation de Dieu. De même, il y avait dans le Christ chair, sang et divinité. De sorte que parce que Pierre n’a pas considéré la chair et le sang, il lui est dit : «HEUREUX ES-TU, car tu ne juges pas selon ce que la chair et le sang révèlent, mais selon ce que mon Père [révèle].» Ou encore : «Tu ne tiens pas cela d’une application naturelle, mais de mon Père» : Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père, Lc 10, 22. En effet, c’est à celui à qui il appartient de connaître qu’il appartient de manifester. Ainsi, personne ne [l’]a connu que celui à qui le Père a voulu le révéler. Dn 2, 28 : Il y a un Dieu au ciel qui révèle des mystères.
A la profession
de foi de son disciple, Jésus répond, lui aussi, par une confession : confession non moins grave, non moins
solennelle, qui s’adresse indirectement à toute l’Église chrétienne, directement, immédiatement à celui qui
s’était fait, avec un si bel élan d’amour, l’interprète de ses frères. - Tu es bienheureux. Jésus commence par
féliciter son disciple, ou plutôt par le proclamer bienheureux, à cause de l’étonnante faveur qu’il a reçue de
Dieu. - Simon, fils de Jonas ; Notre-Seigneur mentionne à dessein l’ancien nom de l’Apôtre, son nom
terrestre en quelque sorte, pour établir un contraste avec la glorieuse appellation de l’avenir. « Simon »,
c’était le nom donné à S. Pierre au jour où il fut circoncis ; « Bar-Jona » était une dénomination
patronymique qui signifie « fils de Jona ». Nous retrouverons la même composition dans plusieurs autres
noms évangéliques, par exemple Barabbas, Barthélemi, Bartimée. - Parce que... Jésus passe à l’indication du
motif spécial qui lui a fait dire à Simon fils de Jona : « Tu es bienheureux ». Ce motif est exprimé d’abord
d’une manière négative : « Ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé », puis en termes positifs :
« mais mon Père qui est dans les cieux ». - La chair et le sang. Pour parler comme il l’a fait, le chef des
Apôtres a reçu évidemment des instructions extraordinaires, il a eu des révélations en partage ( t'ont révélé) ;
mais quel était le principe révélateur ? Afin de dire ce qu’il n’a pas été, Jésus-Christ emploie une formule
hébraïque qui revient plusieurs fois dans la Bible, Cf. Eccli. 14, 19 ; Gal. 1, 16 ; Eph. 6, 12, et à chaque
instant dans le Talmud pour désigner l’homme en tant qu’être faible, ignorant, misérable. La chair et le sang,
c’est-à-dire les hommes, ou bien l’instinct naturel, ou encore ces deux éléments réunis : Ce que tu viens de
dire, Simon fils de Jona, ne vient d’aucun principe humain ; ce n’est pas le fruit d’un enseignement que
d’autres mortels, tes frères, auraient pu te transmettre ; ce n’est pas non plus le produit de ta sagesse et de tes
réflexions personnelles. Le divin seul a pu te faire connaître le Fils ; Cf. 11, 27 ; 1 Cor. 12, 3. - En disant
Père qui est dans les cieux, Jésus accepte et confirme la déclaration de son Apôtre, entendue d’après le sens
que nous avons indiqué. Celui qu’il appelle son Père est au ciel, c’est Dieu lui-même, dont il est le Fils par
une génération éternelle. Le poète Juvencus a très-bien paraphrasé cette parole du Sauveur à S. Pierre :
Pierre, tu est heureux,
car ni le sang humain ni aucune partie d'un corps terrestre n'ont pu te révéler cela.
Seuls les dons du Créateur peuvent concéder une foi si puissante.
(Hist. Evang. l. 3)
Lorsque S. Pierre confesse que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, Jésus lui déclare que cette révélation ne lui est pas venue " de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux " (Mt 16, 17 ; cf. Ga 1, 15 ; Mt 11, 25). La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui. " Pour prêter cette foi, l’homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne ‘à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité’ " (DV 5).