Matthieu 16, 20
Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ.
Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ.
Pierre devait recevoir les clés de l'Église, plus encore les clés des cieux, et le gouvernement d'un peuple nombreux devait lui être confié. Le Seigneur lui avait dit: Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux (Mt 16,19). Si Pierre, avec sa tendance à la sévérité, était resté sans péché, comment aurait-il pu faire preuve de miséricorde pour ses disciples? Or, par une disposition de la grâce divine, il est tombé dans le péché, si bien qu'après avoir fait lui-même l'expérience de sa misère, il a pu se montrer bon envers les autres.
Rends-toi compte: celui qui a cédé au péché, c'est bien Pierre, le coryphée des Apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l'Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ: Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas (Mt 26,35); lui qui, par une divine révélation, avait confessé la vérité: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16).
Or, l'évangile rapporte que, la nuit même où le Christ fut livré, Pierre vint s'approcher du feu pour se chauffer. Une jeune fille lui dit alors: Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme, et Pierre lui répondit: Je ne connais pas cet homme (cf. Mt 26,69-72).
Tu viens de dire: Même si je dois mourir avec toi, et maintenant tu nies en disant: Je ne connais pas cet homme. Pierre, est-ce bien cela que tu avais promis? On ne t'a encore fait subir aucune torture, infligé aucun coup de fouet, mais il a suffi qu'une fille t'adresse la parole pour que tu te mettes à nier!
Une deuxième fois, la fille lui dit: Toi aussi, hier, tu étais avec lui. Et Pierre répondit: Je ne connais pas l'homme en question.
Quelle est la personne qui te parle pour que tu nies ainsi? Une femme sans influence, une portière, une étrangère, une esclave, qui n'a droit à aucune considération, te parle et tu lui réponds en niant. Que c'est étonnant! Une fille vient vers Pierre, une femme de mauvaise vie bouleverse la foi de Pierre. Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d'une femme. Ce n'étaient que des mots, mais ils ont ébranlé la colonne, ils ont fait trembler le rempart lui-même. <>
On lui dit une troisième fois: Toi aussi, hier tu étais avec cet homme, mais il le nia une troisième fois.
Finalement, Jésus fixa sur lui son regard pour lui rappeler ce qu'il lui avait dit. Pierre comprit, se repentit de sa faute et se mit à pleurer. Mais alors le Seigneur miséricordieux lui accorda son pardon, car il savait que Pierre, étant un homme, était sujet à la faiblesse humaine.
Comme je l'ai déjà dit, Dieu en a disposé ainsi et a permis que Pierre commette un péché, parce qu'un peuple nombreux allait lui être confié: car il ne fallait pas que, sévère parce que sans péché, il soit incapable de pardonner à ses frères. Il a été soumis au péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur, le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi une disposition providentielle conforme à la manière d'agir de Dieu.
Il a fallu que Pierre, lui à qui l'Église devait être confiée, la colonne des Églises, le port de la foi, le docteur du monde, se montre faible et pécheur. C'était, en vérité, pour qu'il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d'exercer sa bonté envers les autres hommes.
Rends-toi compte: celui qui a cédé au péché, c'est bien Pierre, le coryphée des Apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l'Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ: Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas (Mt 26,35); lui qui, par une divine révélation, avait confessé la vérité: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16).
Or, l'évangile rapporte que, la nuit même où le Christ fut livré, Pierre vint s'approcher du feu pour se chauffer. Une jeune fille lui dit alors: Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme, et Pierre lui répondit: Je ne connais pas cet homme (cf. Mt 26,69-72).
Tu viens de dire: Même si je dois mourir avec toi, et maintenant tu nies en disant: Je ne connais pas cet homme. Pierre, est-ce bien cela que tu avais promis? On ne t'a encore fait subir aucune torture, infligé aucun coup de fouet, mais il a suffi qu'une fille t'adresse la parole pour que tu te mettes à nier!
Une deuxième fois, la fille lui dit: Toi aussi, hier, tu étais avec lui. Et Pierre répondit: Je ne connais pas l'homme en question.
Quelle est la personne qui te parle pour que tu nies ainsi? Une femme sans influence, une portière, une étrangère, une esclave, qui n'a droit à aucune considération, te parle et tu lui réponds en niant. Que c'est étonnant! Une fille vient vers Pierre, une femme de mauvaise vie bouleverse la foi de Pierre. Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d'une femme. Ce n'étaient que des mots, mais ils ont ébranlé la colonne, ils ont fait trembler le rempart lui-même. <>
On lui dit une troisième fois: Toi aussi, hier tu étais avec cet homme, mais il le nia une troisième fois.
Finalement, Jésus fixa sur lui son regard pour lui rappeler ce qu'il lui avait dit. Pierre comprit, se repentit de sa faute et se mit à pleurer. Mais alors le Seigneur miséricordieux lui accorda son pardon, car il savait que Pierre, étant un homme, était sujet à la faiblesse humaine.
Comme je l'ai déjà dit, Dieu en a disposé ainsi et a permis que Pierre commette un péché, parce qu'un peuple nombreux allait lui être confié: car il ne fallait pas que, sévère parce que sans péché, il soit incapable de pardonner à ses frères. Il a été soumis au péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur, le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi une disposition providentielle conforme à la manière d'agir de Dieu.
Il a fallu que Pierre, lui à qui l'Église devait être confiée, la colonne des Églises, le port de la foi, le docteur du monde, se montre faible et pécheur. C'était, en vérité, pour qu'il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d'exercer sa bonté envers les autres hommes.
1856. Plus haut, la confession de la divinité du Christ par Pierre a été présentée. Ici, [le Seigneur] ordonne qu’on la taise pour un temps, à savoir, que [les disciples] ne disent pas qu’il était le Christ.
Mais ici se présente une question. Car, plus haut, le Seigneur avait envoyé ses disciples prêcher le royaume de Dieu ; pourquoi le défend-il ici ? Superficiellement, selon la lettre, on pourrait dire que [le Seigneur] n’a pas ordonné auparavant qu’ils annoncent le Christ, mais le royaume de Dieu. Mais, parce que l’annonce du règne de Dieu comporte l’annonce du Christ, ce qu’il avait ordonné plus haut, il semble l’interdire ici. Jérôme dit que «ce qu’il avait prêché auparavant, il ne l’interdit pas, car, auparavant, il avait ordonné d’annoncer Jésus, et ici il ordonne qu’ils ne disent pas qu’il était le Christ ; en effet, Christ est un nom de dignité, et Jésus le nom du Sauveur». Ainsi, [on lit] plus haut, 1, 21 : Et tu l’appelleras Jésus. Origène répond que «les apôtres parlaient auparavant du Christ comme d’un grand homme ; mais [le Seigneur] voulut qu’on passe sous silence [qu’il était le Christ], afin que, après eux, cela devienne plus clair». Parfois, l’enseignement est ainsi anticipé afin qu’ils aient le temps de comprendre. Ou bien il faut dire que : Allez prêcher ne doit pas être reporté avant la passion, mais après. C’est pourquoi il est là question qu’ils soient traînés devant les rois et les autorités, etc., et cela n’eut pas lieu avant la passion.
1857. Mais pourquoi le Seigneur a-t-il maintenant ordonné que cela soit tu ? En effet, le peuple allait le voir souffrir et lorsque certains voient l’abaissement d’un grand personnage, ils sont davantage incités au scandale. C’est pourquoi, etc. Chrysostome dit : «Si ce qu’on a planté est arraché, on ne peut le replanter immédiatement.» Ainsi, si la foi avait été plantée et avait été arrachée lors de la passion, elle n’aurait pas été plantée aussi rapidemen après. De sorte que beaucoup de choses ne doivent pas être dites afin d’éviter le scandale.
Mais ici se présente une question. Car, plus haut, le Seigneur avait envoyé ses disciples prêcher le royaume de Dieu ; pourquoi le défend-il ici ? Superficiellement, selon la lettre, on pourrait dire que [le Seigneur] n’a pas ordonné auparavant qu’ils annoncent le Christ, mais le royaume de Dieu. Mais, parce que l’annonce du règne de Dieu comporte l’annonce du Christ, ce qu’il avait ordonné plus haut, il semble l’interdire ici. Jérôme dit que «ce qu’il avait prêché auparavant, il ne l’interdit pas, car, auparavant, il avait ordonné d’annoncer Jésus, et ici il ordonne qu’ils ne disent pas qu’il était le Christ ; en effet, Christ est un nom de dignité, et Jésus le nom du Sauveur». Ainsi, [on lit] plus haut, 1, 21 : Et tu l’appelleras Jésus. Origène répond que «les apôtres parlaient auparavant du Christ comme d’un grand homme ; mais [le Seigneur] voulut qu’on passe sous silence [qu’il était le Christ], afin que, après eux, cela devienne plus clair». Parfois, l’enseignement est ainsi anticipé afin qu’ils aient le temps de comprendre. Ou bien il faut dire que : Allez prêcher ne doit pas être reporté avant la passion, mais après. C’est pourquoi il est là question qu’ils soient traînés devant les rois et les autorités, etc., et cela n’eut pas lieu avant la passion.
1857. Mais pourquoi le Seigneur a-t-il maintenant ordonné que cela soit tu ? En effet, le peuple allait le voir souffrir et lorsque certains voient l’abaissement d’un grand personnage, ils sont davantage incités au scandale. C’est pourquoi, etc. Chrysostome dit : «Si ce qu’on a planté est arraché, on ne peut le replanter immédiatement.» Ainsi, si la foi avait été plantée et avait été arrachée lors de la passion, elle n’aurait pas été plantée aussi rapidemen après. De sorte que beaucoup de choses ne doivent pas être dites afin d’éviter le scandale.
En même temps, aussitôt après la double confession de
Pierre relativement à Jésus et de Jésus relativement à Pierre. - Il ordonna, il leur enjoignit formellement. Les
deux autres synoptiques expriment cet ordre en termes très énergiques, pour montrer toute l’importance que
Jésus y attachait. « Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne », Marc. 8, 30 ; « Mais Jésus,
avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne », Luc. 9, 21. - De ne dire à personne, à personne
absolument jusqu’à sa Résurrection. - Qu'il était Jésus, le Christ. « Il » est emphatique ; lui-même et pas un
autre. De cette injonction du Sauveur, il suit, d’après les observations très justes de S. Jérôme et de Grotius,
que, durant la mission que les Apôtres avaient récemment prêchée aux Galiléens, ils s’étaient bornés, suivant
les recommandations antérieures de leur Maître, Cf. 10, 7 et parall., à proclamer la proximité de l’avènement
du Messie, sans dire que Jésus était personnellement le Christ. - Mais pourquoi cet ordre qui a lieu de
sembler étrange ? Nous avons répondu autrefois à cette question, en indiquant le motif pour lequel Jésus
interdisait si fréquemment aux malades qu’il guérissait, aux possédés qu’il délivrait, de faire connaître le
miracle dont ils avaient été l’objet. L’heure actuelle ne convenait pas pour une révélation de ce genre. Le
peuple n’était pas encore capable de recevoir l’enseignement messianique proprement dit : les Apôtres
n’étaient pas davantage en état de le porter ; ils avaient besoin d’être instruits, formés plus longuement par
Jésus, d’être fortifiés, éclairés par l’Esprit Saint. Ce n’est qu’après la Résurrection du Sauveur que les
prédicateurs et l’auditoire seront suffisamment préparés. Comme les disciples auraient pu supposer, à la suite
de la confession de S. Pierre et de la réponse de Jésus, que le temps était venu de manifester hautement le
caractère messianique et divin de leur Maître, celui-ci met des bornes à leur enthousiasme par un
commandement sévère.