Matthieu 16, 26
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ?
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ?
1877. Ici, [le Seigneur] confirme par une raison. Quelqu’un peut dire : «Je n’ai cure : je veux cette vie plus qu’une autre.» Et [le Seigneur] exclut cela : premièrement, à cause de cette [autre] vie sans prix ; deuxièmement, à cause d’un dommage irréparable pour l’âme.
Il dit donc : QUE SERT, etc., c’est-à-dire, à quoi te servent ces réalités temporelles si tu perds ton âme ? Il est naturel pour l’homme d’aimer davantage la fin que ce qui est ordonné à la fin, comme le corps plutôt que les richesses. Il est donc naturel que tout soit risqué pour sauver le corps. Si l’on agit en sens contraire, c’est une perversion due à la passion. Ainsi est-il plus naturel d’aimer son âme que son corps. Celui-là est donc plus sage qui préférerait souffrir corporellement que de supporter une grande humiliation. S’il en est donc ainsi, il faut donc souhaiter davantage le salut de l’âme que celui du corps, même si l’on pouvait posséder le monde entier. MAIS QUE SERT A L’HOMME DE GAGNER LE MONDE ENTIER S’IL ENCOURT LA RUINE DE SON ÂME ? Comme s’il disait : «Le dommage de l’âme est inestimable.»
1878. [Quelqu’un] pourrait aussi dire : «Si je [la] possède et si je [la] perds, je pourrai la récupérer.» Aussi le Seigneur écarte-t-il cela : ET QUE POURRA DONNER L’HOMME EN ÉCHANGE DE SON ÂME ? Comme s’il disait : «Rien.» Pr 6, 35 : Il n’acceptera pas en rachat une multitude de dons. Mais [l’âme] ne peut-elle pas être rachetée ? Dn 4, 24 : Rachète tes péchés par des aumônes. Il faut dire que [le Seigneur] parle ici d’une perte totale, car on ne pourrait la récupérer que si on la trouvait. Or, lorsqu’un homme est contrit, il trouve à nouveau [son âme]. Grégoire [interprète] d’une autre manière : «Le temps de l’Église est double : celui de l’adversité et celui de la prospérité. Au temps de l’adversité, l’adversité ; au temps de la prospérité, la prospérité.»
Il dit donc : QUE SERT, etc., c’est-à-dire, à quoi te servent ces réalités temporelles si tu perds ton âme ? Il est naturel pour l’homme d’aimer davantage la fin que ce qui est ordonné à la fin, comme le corps plutôt que les richesses. Il est donc naturel que tout soit risqué pour sauver le corps. Si l’on agit en sens contraire, c’est une perversion due à la passion. Ainsi est-il plus naturel d’aimer son âme que son corps. Celui-là est donc plus sage qui préférerait souffrir corporellement que de supporter une grande humiliation. S’il en est donc ainsi, il faut donc souhaiter davantage le salut de l’âme que celui du corps, même si l’on pouvait posséder le monde entier. MAIS QUE SERT A L’HOMME DE GAGNER LE MONDE ENTIER S’IL ENCOURT LA RUINE DE SON ÂME ? Comme s’il disait : «Le dommage de l’âme est inestimable.»
1878. [Quelqu’un] pourrait aussi dire : «Si je [la] possède et si je [la] perds, je pourrai la récupérer.» Aussi le Seigneur écarte-t-il cela : ET QUE POURRA DONNER L’HOMME EN ÉCHANGE DE SON ÂME ? Comme s’il disait : «Rien.» Pr 6, 35 : Il n’acceptera pas en rachat une multitude de dons. Mais [l’âme] ne peut-elle pas être rachetée ? Dn 4, 24 : Rachète tes péchés par des aumônes. Il faut dire que [le Seigneur] parle ici d’une perte totale, car on ne pourrait la récupérer que si on la trouvait. Or, lorsqu’un homme est contrit, il trouve à nouveau [son âme]. Grégoire [interprète] d’une autre manière : «Le temps de l’Église est double : celui de l’adversité et celui de la prospérité. Au temps de l’adversité, l’adversité ; au temps de la prospérité, la prospérité.»
Que sert à l'homme. Nouvel aphorisme
étroitement lié à celui du v. 25, et probablement emprunté au Ps. 49, 7 et 8. - De gagner le monde entier.
C’est une concession que fait ici Notre-Seigneur. Soit, je le veux bien, vous réussirez à conquérir le monde
entier. Son argument n’en aura que plus de force, puisque ce n’est qu’une bien minime partie de l’univers et
de ses trésors qui devient le partage des ambitieux même les plus privilégiés. Il s’adresse aux âmes
nombreuses qui font du monde présent, sous ses formes variées, honneurs, richesses, plaisirs, l’objet de leurs
poursuites suprêmes, qui placent toute leur fin dans les créatures. - S'il perd son âme... On vient de voir, v.
25, qu’on ne saurait tout à la fois gagner le monde et sauver son âme. Si quelqu’un réussit à conquérir en tout
ou en partie l’univers dans le sens indiqué par Jésus, cela suppose donc qu’il a perdu sa vie spirituelle et supérieure en même temps qu’il acquérait les biens matériels. Les mots s'il perd représentent en effet une
perte totale et non pas simplement un dommage plus ou moins considérable. - Qu'est-ce-que l'homme
donnera… « Car, que donnera l’homme en échange de son âme ? A-t-il une autre âme qu’il puisse donner
pour la racheter ? Si vous avez perdu de l’argent, vous le pouvez remplacer par d’autre argent. Si vous avez
perdu une maison ou des esclaves, ou quelque autre chose semblable, vous pouvez les racheter. Mais si vous
perdez votre âme, vous n’en avez point d’autre que vous puissiez donner en échange pour la recouvrer », S.
Jean Chrysost. Hom. 55 in Matth. De même que, la vie physique une fois perdue, il est tout à fait impossible
de la recouvrer, quelque compensation qu’on offrît à cette intention ; de même et à plus forte raison, si l’âme
est perdue, condamnée, possédât-t-on l’univers et tous les biens qu’il renferme, on ne trouvera rien
d’équivalent, qui puisse servir de rançon pour elle. « De l'argent perdu, c'est une perte ; l'honneur perdu, c'est
une perte plus importante ; l'âme perdue, tout est perdu » (Proverbe flamand). - C’est ainsi que, dans un
langage très simple mais très frappant, Jésus-Christ fait comprendre à tous ceux qui liront ou entendront ces
paroles jusqu’à la fin des temps la valeur inappréciable de l’âme. On sait l’impression qu’elles produisirent
sur S. François-Xavier.
La mort met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ (cf. 2 Tm 1, 9-10). Le Nouveau Testament parle du jugement principalement dans la perspective de la rencontre finale avec le Christ dans son second avènement, mais il affirme aussi à plusieurs reprises la rétribution immédiate après la mort de chacun en fonction de ses œuvres et de sa foi. La parabole du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 22) et la parole du Christ en Croix au bon larron (cf. Lc 23, 43), ainsi que d’autres textes du Nouveau Testament (cf. 2 Co 5, 8 ; Ph 1, 23 ; He 9, 27 ; 12, 23) parlent d’une destinée ultime de l’âme (cf. Mt 16, 26) qui peut être différente pour les unes et pour les autres.
Quand les individus et les communautés ne voient pas rigoureusement respectées les exigences morales, culturelles et spirituelles fondées sur la dignité de la personne et sur l'identité propre de chaque communauté, à commencer par la famille et par les sociétés religieuses, tout le reste - disponibilité de biens, abondance de ressources techniques appliquées à la vie quotidienne, un certain niveau de bien-être matériel - s'avérera insatisfaisant et, à la longue, méprisable. C'est ce qu'affirme clairement le Seigneur dans l'Evangile en attirant l'attention de tous sur la vraie hiérarchie des valeurs: «Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s'il le paye de sa vie?» (Mt 16, 26).