Matthieu 16, 3

Et le matin, vous dites : “Aujourd’hui, il fera mauvais, car le ciel est d’un rouge menaçant.” Ainsi l’aspect du ciel, vous savez en juger ; mais pour les signes des temps, vous n’en êtes pas capables.

Et le matin, vous dites : “Aujourd’hui, il fera mauvais, car le ciel est d’un rouge menaçant.” Ainsi l’aspect du ciel, vous savez en juger ; mais pour les signes des temps, vous n’en êtes pas capables.
Saint Thomas d'Aquin
1811. Il en est de même pour la tempête, puisque VOUS DITES : «MAUVAIS TEMPS, AUJOURD’HUI, CAR LE CIEL ET ROUGE SOMBRE», car celui-ci indique la tristesse. En effet, lorsque l’air est agité, les hommes ne sont pas aussi heureux, car le rouge du soir est signe de calme. Ceci s’explique, selon le Philosophe, par la diffusion des rayons du soleil au-dessus des vapeurs. En effet, lorsque les vapeurs sont abondantes, les rayons ne peuvent pas pénétrer, et alors le noir apparaît dans l’air ; mais lorsqu’elles sont légères, [les rayons les] pénètrent. Mais lorsque ce qui est enflammé l’emporte, alors apparaît la couleur rouge, comme elle apparaît dans la flamme, car plus celle-ci s’élève, plus apparaît la couleur rouge en elle. Cela signifie donc que les vapeurs ne sont pas abondantes et indique le calme. Mais, au matin, lorsque [la vapeur] se condense en rosée ou en pluie, c’est un signe de tempête.

Au sens mystique, la passion du Christ est signifiée par le soir. Le soir, le soleil se couche, comme le Christ a souffert au soir du monde. Ml 3, 2 : Qui pourra penser au jour de sa venue et qui restera-t-il pour le voir ? Car il est comme un feu attisé. Ps 29[30], 6 : Au soir, les pleurs ; mais, au matin, la joie. C’est pourquoi il est apparu brillant le soir, et il signifiait la tranquillité. Tb 3, 22 : Après la tempête, tu rétablis la tranquillité, et, après les lamentations et les pleurs, tu donnes la joie. Lors de la résurrection, qui est signifiée par le matin, le rouge est apparu dans les martyrs, et il signifie la tempête pour les pécheurs. Ou bien, par le matin, le matin du jugement est signifié, précédé par le rouge. Ps 96[97], 3 : Le feu le précédera.

1812. «Ainsi donc, vous êtes connaissants pour ces réalités terrestres : POUR LE VISAGE DU CIEL, VOUS SAVEZ L’INTERPRÉTER, MAIS, POUR LES SIGNES DES TEMPS, VOUS N’EN ÊTES PAS CAPABLES !» Il existe deux temps : l’un qui correspond au premier avènement ; l’autre, au second avènement. Certains signes ont précédé le premier avènement. Is 45, 8 : Cieux, épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice ; que la terre s’ouvre et produise le salut, etc. Et en [Is] 45, 15 : Vraiment, tu es un Dieu caché. Mais, à la fin, Dieu viendra de manière manifeste et il n’y aura pas de signes dans le ciel. Mais ce ne sera plus le temps. Ou bien, [autre interprétation] : «VOUS SAVEZ INTERPRÉTER LE VISAGE DU CIEL, etc.», comme si [le Seigneur] disait : «Vous cherchez un signe de l’avènement. Il est superflu de chercher un signe, là où il y a de nombreux signes», plus haut, 11, 5 : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, etc. Is 35, 4, avait donné ce signe : Le Seigneur lui-même viendra et nous sauvera. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, etc.

1813. À partir de cette autorité, certains soutiennent que nous devons nous efforcer de connaître le second avènement. Mais Augustin l’interprète du premier avènement : «Le premier est tout à fait assuré, car il existe pour le salut, le salut par la foi et la foi par la connaissance. Il est donc nécessaire qu’il soit reconnu. Mais le second est en vue de la récompense. Il est donc caché afin que les hommes s’en préoccupent davantage.»
Louis-Claude Fillion
Rougeâtre. Dans le texte grec, il n’y a qu’un seul et même verbe pour exprimer la rougeur du soir et celle du matin. - Les deux deux proverbes populaires cités par Notre-Seigneur sont, chez nous comme en Orient, d’une frappante vérité ; aussi toutes les nations en ont-elles de semblables pour désigner les mêmes phénomènes. Pline : « Le soleil annonce des vents, si les nuages rougissent avant le lever du soleil. Si les nuages rougissent au coucher du soleil, ils présagent pour le lendemain une journée sereine », Hist. Nat. 18, 78. On trouvera d'autres exemples dans l'ouvrage de Wettstein. Au figuré, nous pourrions dire que la rougeur qui se manifestait au coucher de l’ancienne Alliance, présageait la belle et splendide aurore du Nouveau Testament ; et même, que le lever de l’Église, annoncé à l’horizon par des couleurs éclatantes, présageait l’orage pour la synagogue incrédule. Saint Jérôme, parlant des versets 2 et 3, écrivait : « Cela ne se trouve pas dans la plupart des manuscrits » ; leur authenticité n'est cependant l'objet d'aucun doute.