Matthieu 16, 4
Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. » Alors il les abandonna et partit.
Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. » Alors il les abandonna et partit.
De même que dans le ciel les signes qui anle beau temps sont différents de ceux qui présagent la pluie, ainsi en est-il de ce qui me concerne. Maintenant, dans mon premier avènement, il est nécessaire que j'opère ces prodiges qui éclatent sur la terre, ceux qui auront le ciel pour théâtre sont réservés pour mon second avènement. Je suis venu actuellement comme un médecin alors je viendrai comme un juge. C'est pour cela qu'aujour d'hui je suis venu en voilant ma divinité; alors je viendrai avec un grand éclat, et toutes les puissances du ciel seront ébranlées. Mais le temps de ces prodiges n'est pas encore arrivé; car je suis venu pour mouet souffrir auparavant toutes les ignominies. Cette génération cor rompue et adultère demande un prodige, et il ne lui sera pas donné.
Or, les pharisiens qui entendaient cette réponse pour la seconde fois auraient dû interroger le Sauveur, et lui demander quel était le sens de ces paroles? Mais ils se sont gardés de faire cette demande au Seigneur dans le désir de s'instruire. C'est pourquoi Notre-Seigneur se sépare d'eux. «Et, les laissant là, il s'en alla».
Cette phrase manque dans plusieurs des exemplaires grecs. Le sens, d'ailleurs, en est clair, c'est-à-dire que d'après les phé nomènes réguliers des éléments, on peut prédire d'avance le beau temps et les jours de pluie. Mais les scribes et les pharisiens qui paraissaient être les docteurs de la loi, ne pouvaient re connaître dans les oracles des prophètes le temps de la venue du Christ.
Nous avons dit plus haut ce que signifie ce prodige de Jonas ( Mt 12,40-41 ).
Saint Matthieu a déjà rapporté ces mêmes paroles ( Mt 12 ), ce qui doit nous convaincre que le Seigneur a souvent dit plusieurs fois la même chose; et lorsque nous ne pouvons faire disparaître la contradiction qui existe entre deux récits, nous devons en conclure que ces paroles ont été dites dans deux circonstances différentes.
Ces paroles du Seigneur: «Le soir vous dites: Il fera beau, car le ciel est rouge», peuvent signifier que la rémission des péchés est accordée dans le premier avènement par le sang que Jésus-Christ a versé dans sa pas; et les autres: «Le matin vous dites: il y aura de l'orage aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre», que dans le second avènement le Christ sera précédé par le feu.
«Les pharisiens et les sadducéens s'approchèrent de lui», etc. Etonnant aveuglement des pharisiens et des sadducéens ! Ils demandent un prodige dans le ciel, comme si les faits dont ils étaient témoins n'étaient pas de véritables prodiges. Saint Jean nous apprend ( Jn 6,30 ) quelle espèce de miracle ils lui demandaient, en rapportant qu'après que Jésus eut nourri le peuple avec cinq pains, le peuple s'approcha de lui, et lui dit: «Quel miracle faites-vous, afin que nous le voyions et que nous croyions en vous ?» Nos pères ont mangé la manne dans le désert, ainsi qu'il est écrit: Il leur a donné à manger le pain du ciel ( Ps 78,24 ). C'est dans ce même sens que les phalui disent ici: «Faites-nous voir un prodige dans le ciel», c'est-à-dire faites tomber la manne un ou deux jours de suite, afin que tout le peuple soit rassasié, comme cela s'est fait si longtemps dans le désert. Mais le Sauveur qui, comme Dieu, pénétrait leurs pensées, et savait bien qu'alors même qu'il ferait paraître à leurs yeux un prodige dans le ciel» ils ne croiraient pas davantage, ne voupas leur donner le signe qu'ils demandaient. «Il leur répondit: Le soir vous dites: Il fera beau», etc.
Ces signes des temps sont dans la pensée, du Seigneur, son avènement ou sa passion qui nous sont représentés par un ciel qui est rouge le soir; et la tribulation qui précédera son second avènement, figurée par un ciel qui, le matin, est sombre et rougeâtre.
Le Seigneur ne donnera donc point à cette génération qui le tente de prodige dans le ciel, comme ils le demandent, eux qu'il a rendus témoins de tant de prodiges sur la terre; mais il réserve ces prodiges pour la génération de ceux qui cherchent le Seigneur ( Ps 23,6 Ps 99,9-10 ), c'est-à-dire pour les Apôtres qui le virent monter au ciel, et auxquels il envoya l'Esprit saint.
C'est-à-dire ayant quitté cette mauvaise géération des Juifs, il passa au delà du lac, et le peuple des Gentils le suivit. Et remarquez qu'il n'est point dit qu'il se retira après avoir renvoyé le peuple comme dans les autres circonstances, mais qu'il les abandonna, parce que l'erreur de l'incrédulité s'était emparée de leurs esprits orgueilleux.
La Glose
Ou bien dans un autre sens, le ciel est sombre et rougeâtre, c'est-à-dire les Apôtres auront à souffrir après ma résurrection, et vous pouvez savoir qu'après eux, je dois exercer mon jugement; car si je n'épargne pas les souffrances à mes serviteurs, à plus forte raison ne les éparpas aux autres un jour à venir.
Il les appelle génération corrompue et adultère, c'est-à-dire, n'ayant qu'une intelligence charnelle, incapable de comprendre les choses spirituelles.
1814. Ensuite, [le Seigneur] refuse ce qui a été demandé. Il dit donc : «GÉNÉRATION MAUVAISE ET ADULTÈRE ! ELLE RÉCLAME UN SIGNE.» Cette génération est appelée mauvaise parce qu’elle s’éloigne de Dieu ; est mal, en effet, ce qui s’éloigne de Dieu : Elle a abandonné Dieu, son créateur, et s’est éloignée de Dieu, son salut, comme on lit en Dt 32, 15. Mais elle est appelée adultère, car elle s’est unie à un autre. Ps 26[27] : Si je t’abandonne au cours de ma vie. Is 55, 7 : Que l’impie abandonne sa route et l’homme injuste ses pensées.
1815. ELLE DEMANDE UN SIGNE, et elle ne doit pas en recevoir, car IL NE LUI SERA DONNÉ QUE LE SIGNE DE JONAS. En effet, comme Jonas passa trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi, etc., comme on l’a vu plus haut, [Mt] 12.
1816. Mais pourquoi [le Seigneur] donne-t-il le signe de la résurrection plutôt qu’un autre signe ? Il faut dire que le salut nous est venu par la résurrection. Rm 10, 9 : Si tu crois en ton cœur que le Christ est ressuscité, tu seras sauvé, car en ressuscitant, il a restauré la vie, puisque nous ressusciterons par la résurrection du Christ. C’est pourquoi ce signe a été donné aux fidèles, et tous les autres orienteront vers celui-ci, car il a ressuscité Lazare, etc. C’est pourquoi il n’a pas été donné d’autre signe [aux Pharisiens et aux Sadducéens]. Mais il a donné à ses disciples un signe venu du ciel lorsqu’il leur a montré sa gloire, comme on le trouve plus loin, [Mt] 17. [Le Seigneur] montre donc ainsi l’apathie [des Pharisiens et des Sadducéens].
1815. ELLE DEMANDE UN SIGNE, et elle ne doit pas en recevoir, car IL NE LUI SERA DONNÉ QUE LE SIGNE DE JONAS. En effet, comme Jonas passa trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi, etc., comme on l’a vu plus haut, [Mt] 12.
1816. Mais pourquoi [le Seigneur] donne-t-il le signe de la résurrection plutôt qu’un autre signe ? Il faut dire que le salut nous est venu par la résurrection. Rm 10, 9 : Si tu crois en ton cœur que le Christ est ressuscité, tu seras sauvé, car en ressuscitant, il a restauré la vie, puisque nous ressusciterons par la résurrection du Christ. C’est pourquoi ce signe a été donné aux fidèles, et tous les autres orienteront vers celui-ci, car il a ressuscité Lazare, etc. C’est pourquoi il n’a pas été donné d’autre signe [aux Pharisiens et aux Sadducéens]. Mais il a donné à ses disciples un signe venu du ciel lorsqu’il leur a montré sa gloire, comme on le trouve plus loin, [Mt] 17. [Le Seigneur] montre donc ainsi l’apathie [des Pharisiens et des Sadducéens].
Vous savez
discerner. S. Marc ajoute qu’avant de commencer sa réponse, le Sauveur poussa un profond soupir. Dans le
texte latin se trouve « la face du ciel », métaphore gracieuse qui rappelle le passage suivant d'Aulu-Gelle, 13,
29 : « Ce n’est pas seulement pour les corps des hommes qu’on emploie le mot face, mais pour toutes sortes
d’autres choses. Car on parle de la face de la montagne, du ciel et de la mer, couramment, même si
improprement ». Les Pharisiens et leurs alliés savent donc prédire la pluie ou le beau temps d’après la figure
que fait le ciel ; mais qu’on ne leur demande pas les signes d’une température plus relevée, car ils les
ignorent entièrement. - Les signes des temps... Il est aisé de comprendre le sens de cette expression. Les
signes des temps, ce sont en général les phénomènes caractéristiques qui se produisent dans la suite des
siècles, les grandes crises historiques qui déterminent la couleur d’une époque déterminée ; dans le cas
présent, c’étaient les signes avant-coureurs de la venue du Christ, par exemple l’accomplissement des
anciennes prophéties, les miracles de Jésus, l’ensemble de sa conduite. - Vous ne pouvez pas connaître ? avec
interrogation. Ne pourriez-vous pas discerner également ces signes ? Le sceptre n’est-il pas sorti de Juda ?
Les semaines de Daniel ne se sont-elles pas écoulées ? Le Précurseur n’a-t-il pas fait son apparition ? La
fermentation extraordinaire qui règne maintenant dans tous les esprits au sujet du Christ n’indique-t-elle pas
que de grandes choses se préparent ? Mais ils ferment volontairement les yeux à la lumière : c’est pourquoi
ils ne voient pas. Quelle ironie sanglante dans le reproche que Jésus adresse à ces prêtres et à ces docteurs :
Vous êtes de bons astrologues, mais c’est tout ! - Le Sauveur ajoute, comme dans une circonstance analogue,
12, 39 : Cette génération mauvaise... etc. Mais, cette fois, il ne donne aucune explication sur le rapport de
ressemblance qui existe entre lui et Jonas. A quoi bon perdre le temps en vaines discussions avec ces
adversaires de mauvaise foi ? Aussi, il s'en alla. Il leur tourne le dos ! Cette conduite était sévère, mais ils avaient bien mérité la sainte indignation du Sauveur. Ils avaient cru humilier Jésus-Christ en exigeant de lui
un signe qu’ils s’attendaient bien, d’après sa réponse d’autrefois, à ne pas obtenir, et ce sont eux qui sont
confondus. - Léonard de Vinci a composé un beau tableau qui représente une des discussions du Sauveur
avec les Pharisiens : on y admire surtout le contraste frappant qui existe entre le visage doux, serein,
resplendissant de Jésus et les physionomies dures et sombres de ses interlocuteurs.