Matthieu 17, 20
Jésus leur répond : « En raison de votre peu de foi. Amen, je vous le dis : si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. »
Jésus leur répond : « En raison de votre peu de foi. Amen, je vous le dis : si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. »
Ou bien encore, la foi est comparée au grain de sénevé, parce que les hommes n'ont pour elle que du dédain et la regardent comme une chose de peu d'importance et sans aucune valeur. Mais lorsque cette semence trouve une âme bonne, comme une terre bien disposée, elle devient un grand arbre. Or, la maladie de ce lunatique est si forte et si difficile à guérir parmi toutes les autres, qu'elle est comparée ici à une montagne et qu'elle ne peut être guérie que par toute la foi de celui qui entreprend cette guérison.
Si donc nous devons, un jour entreprendre et poursuivre la guérison d'un mal semblable, n'adjurons pas l'esprit impur, ne l'interrogeons pas comme s'il nous entendait; mais chassons ces esprits malins par nos jeûnes et par nos prières.
Les Apôtres avaient la foi, sans doute; mais elle était loin d'être parfaite; car pendant le séjour du Seigneur sur la monta gne, elle s'était bien affaiblie au contact de la foule, au milieu de laquelle ils étaient restés.
Il est donc évident, d'après ces paroles, que quelques-uns des disci ples, mais non pas tous, avaient faibli dans la foi; car ceux qui étaient comme les colonnes ( Ga 2,9 ), c'est-à-dire Pierre, Jacques et Jean, n'étaient pas alors avec eux.
Les Apôtres avaient reçu le pouvoir de chasser les esprits immondes, et comme cependant ils n'avaient pu délivrer le démoniaque qui leur avait été présenté, on peut supposer qu'ils doutaient s'ils avaient encore le pouvoir qui leur avait été donné. C'est ce que l'Évangéliste nous exprime en disant: «Alors les disciples vinrent trouver Jésus», etc. Ils l'interrogent en particulier, non par un sentiment de crainte ou de honte, mais parce qu'ils avaient à lui demander l'explication d'une chose extraordinaire et mystérieuse.
Il faut cependant se rappeler que souvent la foi de celui qui prie suffit pour obtenir le miracle qu'il demande, que bien des fois aussi la puissance de celui qui opère le miracle suffit également, lors même que ceux qui demandent ce miracle n'ont pas la foi. Car si d'un côté ceux qui vinrent trouver Pierre en faveur du centurion Corneille attirèrent sur lui la grâce de l'Esprit saint par la foi personnelle; d'un autre côté, le mort qui fut jeté dans le tom beau d'Elisée ressuscita par la vertu seule du corps du saint prophète ( 2R 13,21 ). Or, il arriva que les disciples faiblirent ici dans la foi, parce que leurs dispositions étaient imparfaites avant la passion du Sauveur. C'est pour cela qu'il donne ici la foi comme la cause des miracles: «Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi», etc.
C'est pour cela que le Sauveur la compare indirectement au transport d'une montagne, et qu'il va même au delà en ajoutant: «Et rien ne vous sera impossible».
Si vous me demandez: Quand donc les Apôtres ont-ils transporté des montagnes? je vous répondrai qu'ils ont opéré des prodiges bien plus grands en ressuscitant plusieurs fois des morts. Mais l'histoire nous apprend qu'après les Apôtres, des saints qui leur étaient inférieurs ont réellement transporté des montagnes dans des nécessités pressantes. Si les Apôtres eux-mêmes n'ont pas fait de miracles de ce genre, ce n'est point impuissance de leur part, mais parce qu'ils ne l'ont pas voulu, n'y voyant aucune nécessité. Le Seigneur ne dit pas d'ailleurs qu'ils feraient ce miracle, mais qu'ils pourraient le faire. Il est probable cepen dant qu'ils ont opéré ce prodige, mais les Évangélistes ne nous en ont point conservé le souvenir, car ils n'ont pas rapporté tous les miracles faits par les Apôtres.
Le Sauveur ne parle pas ici seulement de l'espèce des lunatiques, mais de tous les démons, quels qu'ils soient; car le jeûne est une source abondante de sagesse; il rend l'homme semblable à un ange descendu du ciel et le revêt d'une force toute divine pour combattre les puissances invisibles. Mais la prière lui est encore plus nécessaire, car celui qui joint le jeûne à une prière bien faite est affranchi de bien des nécessités; il n'est plus esclave de l'avarice; au contraire, sa main se répand facilement en aumônes. De même celui qui jeûne est beaucoup plus dégagé, sa prière est plus attentive et plus recueillie; il éteint dans son coeur les mauvais désirs, se rend Dieu propice et humilie l'orgueil de son âme. Celui donc qui sait unir la prière au jeûne a, pour ainsi dire deux ailes plus rapides que les vents; il ne se laisse atteindre dans la prière ni par l'ennui, ni par la tiédeur, défauts si communs dans un grand nombre; m ais il est plus ardent que le feu et plus élevé que la terre, et un tel homme est pardessus tout re doutable au démon. Rien n'est plus fort que l'homme qui sait bien prier. Si la faiblesse de votre tempérament ne vous permet pas de jeûner continuellement, au moins vous permet-elle de prier, et si vous ne pouvez jeûner, vous pouvez au moins ne pas vous livrer à la volupté. Or, c'est là un acte de haute importance et qui égale presque le mérite du jeûne.
C'est cette vérité que le Seigneur leur rappelle dans un autre endroit ( Jn 15 ): «Tout ce que vous demanderez en mon nom, vous le recevrez, si vous avez la foi». Donc toutes les fois que nous ne recevons pas, ce n'est pas l'impuissance de celui qui accorde, mais la faute de ceux qui demandent qui en est cause.
Il en est qui pensent que la foi qui est ici comparée au grain de senevé, est petite et faible; mais qu'ils écoutent le grand Apôtre s'écriant: «Quand j'aurais une foi si grande, que je pourrais transporter les montagnes» ( 1Co 13,2 ). C'est donc une grande chose que la foi que le Sauveur compare ici à un grain de senevé.
Ou bien encore, la montagne qu'il s'agit ici de transporter n'est point une de ces montagnes qui peut être aperçue des yeux du corps, mais cette montagne qui fut enlevée de l'âme du lunatique et dont Jérémie a dit qu'elle corrompait toute la terre ( Jr 51,25 ).
Ou bien, dans un autre sens, de peur que les Apôtres ne vinssent à s'enorgueillir des miracles qu'ils opéraient, Notre-Seigneur les avertit de chercher plutôt à remplacer la vanité naturelle à l'homme, figurée ici par une montagne élevée, par l'humilité de la foi, qu'il compare à un grain de sénevé.
Ou bien enfin, le jeûne doit s'entendre ici dans un sens plus étendu, non-seulement de l'abstinence des aliments, mais du renoncement à toute volupté charnelle et à toutes les passions qui portent au péché; il faut entendre également la prière dans un sens général en tant qu'elle comprend les oeuvres de la piété et de la charité, prière que l'Apôtre recommande quand il dit: «Ne cessez point de prier».
Si le grain de sénevé n'est broyé, il ne fait point sentir sa vertu; ainsi, c'est lorsque la persécution accable et broie pour ainsi dire l'homme juste, que tout ce qui paraissait en lui de méprisable et d'informe se change en vertu pleine de ferveur.
Ainsi la foi rend notre âme capable de recevoir tous les dons du Ciel et d'obtenir avec la plus grande facilité tout ce que nous pouvons demander au Seigneur, fidèle dans ses promesses.
En enseignant aux Apôtres ce qu'ils doivent faire pour chasser les démons, il nous apprend à tous les règles de la vie spirituelle, c'est-à-dire que nous pouvons surmonter les plus fortes tentations, qu'elles viennent des esprits impurs ou des hommes, par la prière et par le jeûne, et que c'est encore un des moyens les plus efficaces d'apaiser la colère de Dieu; c'est pour cela qu'il ajoute: «Cette sorte de démon ne se chasse que par la prière et par le jeûne».
La Glose
Voici donc le sens de ces paroles: Vous direz à cette montagne, c'est-à-dire au démon plein d'orgueil: Transporte-toi d'ici, c'est-à-dire de ce corps que tu obsèdes, dans les profondeurs de la mer, c'est-à-dire dans les abîmes de l'enfer; et il s'y transportera, et rien ne vous sera impossible, c'est-à-dire qu'il n'y aura point de maladie que vous ne puissiez guérir.
Ou bien encore on ne peut vaincre cette espèce de démon, c'est-à-dire cette inconstance des voluptés charnelles, qu'en fortifiant son esprit par la prière et en macérant son corps par les jeûnes.
1926. Ici, [Jésus] répond. Premièrement, il répond [à leur question] ; deuxièmement, il propose un enseignement de portée générale, en cet endroit : CETTE ESPÈCE [DE DÉMONS], ON NE PEUT LA CHASSER QUE PAR LA PRIÈRE ET LE JEÛNE [17, 21].
À propos du premier point, il répond d’abord à la question et, en second lieu, il éclaire sa réponse, en cet endroit : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, etc. [17, 20].
1927. [Les disciples] avaient demandé : POURQUOI, NOUS AUTRES, N’AVONS-NOUS PAS PU L’EXPULSER ? Le Seigneur répond : À CAUSE DE VOTRE PEU DE FOI. Il faut donc considérer que, avant qu’ils n’aient reçu l’Esprit Saint avec une telle plénitude (car il furent tous remplis de l’Esprit Saint, Ac 2, 4), ils souffraient de quelques faiblesses. Le Seigneur les rabroue donc, Lc 24, 25 : Ô insensés et lents à croire ! Et cela n’est pas étonnant, car, alors que le Seigneur était sur la montagne, ceux qui avaient été les plus avancés dans la foi, Pierre, Jacques et Jean, étaient absents. En effet, la cause de [leur] incapacité à faire des miracles était la faiblesse de [leur] foi, puisque l’accomplissement de miracles vient de la toute-puissance, car la foi s’appuie sur la toute-puissance [divine]. De sorte que là où la foi est faible, il y a absence de miracles. On lit ainsi plus haut, 13, 58, que le Christ n’a fait que peu de miracles dans sa patrie en raison du peu de foi [de celle-ci]. Parfois des miracles sont accomplis en raison de l’insistance de celui qui demande, comme on le lit plus haut, 15, 22s, au sujet de la Cananéenne ; parfois, afin de manifester la sainteté de quelque saint, et on trouve ceci en 4 R [2 R] 13, 20s, où il est dit qu’alors que des voleurs venus de Syrie s’étaient introduits dans la terre d’Israël, ils lancèrent un cadavre près d’Élisée et qu’il reprit vie, non pas parce que le mort le méritait, mais afin de manifester la sainteté d’Élisée.
1928. CAR JE VOUS LE DIS, EN VÉRITÉ, SI VOUS AVEZ DE LA FOI GROS COMME UN GRAIN DE SÉNEVÉ, etc. Ici, [Jésus] éclaire sa réponse. Et il présente une conditionnelle, dont l’antécédente est : SI VOUS AVEZ, etc., et la conséquente est : VOUS DIREZ À CETTE MONTAGNE : «DÉPLACE-TOI», ET ELLE SE DÉPLACERA. Certains disent que la foi comparée au grain de sénevé est une faible foi, comme si [Jésus] disait : «Si vous aviez une certaine foi, vous diriez, etc.» Mais Jérôme récuse cela, car l’Apôtre dit : Si j’avais une foi à déplacer les montagnes [1 Co 13, 2]. Une foi parfaite est donc nécessaire pour déplacer les montagnes. Lorsque [Jésus] dit : COMME UN GRAIN DE SÉNEVÉ, une triple perfection de la foi est indiquée. En effet, on trouve dans [ce] grain la chaleur, la fécondité et la petitesse. Ce grain, avant d’être écrasé, semble n’avoir aucune chaleur, mais, lorsqu’il est écrasé, il commence à brûler. De même, le croyant, avant d’être mis à l’épreuve, semble être méprisable, mais, lorsqu’il est écrasé, alors apparaît sa sainteté. 1 P 1, 7 : Il faut que vous soyez maintenant un peu attristés afin que votre foi se révèle beaucoup plus précieuse que l’or que l’on vérifie par le feu. On trouve aussi dans [ce] grain la fécondité, plus haut, [Mt] 13, car, bien qu’il soit petit, il se développe en un grand arbuste, de sorte que les oiseaux du ciel y habitent. He 2, où l’on raconte les œuvres de la foi, poursuit : Les saints ont vaincu des royaumes par la foi, etc. De même y trouve-t-on une petitesse, et, par là, l’humilité de la foi peut être indiquée. En effet, est reconnu humble dans la foi celui qui accepte la parole de Dieu. 1 Tm 6, 3 : Si quelqu’un n’accepte pas la parole de Dieu, c’est un orgueilleux. Ainsi, en sens contraire, celui qui accepte [cette] parole, est humble. Il veut donc dire : «Si vous aviez eu la foi, et une foi fervente, indéfectible, féconde par ses œuvres, si [vous aviez eu une foi] petite et humble, vous auriez dit à cette montagne : “Déplace-toi !”, et elle se serait déplacée.»
1929. Ici se pose une question que soulèvent les incroyants : on ne voit jamais que les apôtres aient fait cela. Chrysostome répond que si on ne le trouve pas chez les apôtres, on le trouve chez les hommes apostoliques. On lit en effet, dans le livre des Dialogues du bienheureux Grégoire, qu’alors que quelqu’un voulait construire une église, comme il n’avait pas d’endroit pour la construire, il ordonna à une montagne de se déplacer, et elle se déplaça. Ou alors, [les apôtres] l’ont fait, mais cela n’est pas écrit. Ou bien, on peut dire que, s’ils ne l’ont pas fait, ce ne fut pas à cause d’une impossibilité, mais parce qu’aucune occasion ne s’est offerte. Ainsi, les miracles sont accomplis parfois par nécessité, parfois par utilité, et parce que cela n’était pas nécessaire, ils n’en accomplirent pas. Ou bien, on parle d’une montagne [pour désigner] le Diable. DÉPLACE-TOI LÀ !, c’est-à-dire hors de ce corps, ET IL SE DÉPLAÇA. Ou bien, selon Augustin, on l’entend de l’esprit d’orgueil.
1930. ET RIEN NE VOUS SERA IMPOSSIBLE. Qu’est-ce que cela veut dire ? Seront-ils tout-puissants ? Non, car seul est vraiment tout-puissant Celui qui peut tout faire par sa propre puissance. Or, ceux-ci [agissent], non par leur propre puissance, mais comme agissent différemment un roi et un serviteur, car le roi agit en son nom propre, et le serviteur au nom du roi.
À propos du premier point, il répond d’abord à la question et, en second lieu, il éclaire sa réponse, en cet endroit : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, etc. [17, 20].
1927. [Les disciples] avaient demandé : POURQUOI, NOUS AUTRES, N’AVONS-NOUS PAS PU L’EXPULSER ? Le Seigneur répond : À CAUSE DE VOTRE PEU DE FOI. Il faut donc considérer que, avant qu’ils n’aient reçu l’Esprit Saint avec une telle plénitude (car il furent tous remplis de l’Esprit Saint, Ac 2, 4), ils souffraient de quelques faiblesses. Le Seigneur les rabroue donc, Lc 24, 25 : Ô insensés et lents à croire ! Et cela n’est pas étonnant, car, alors que le Seigneur était sur la montagne, ceux qui avaient été les plus avancés dans la foi, Pierre, Jacques et Jean, étaient absents. En effet, la cause de [leur] incapacité à faire des miracles était la faiblesse de [leur] foi, puisque l’accomplissement de miracles vient de la toute-puissance, car la foi s’appuie sur la toute-puissance [divine]. De sorte que là où la foi est faible, il y a absence de miracles. On lit ainsi plus haut, 13, 58, que le Christ n’a fait que peu de miracles dans sa patrie en raison du peu de foi [de celle-ci]. Parfois des miracles sont accomplis en raison de l’insistance de celui qui demande, comme on le lit plus haut, 15, 22s, au sujet de la Cananéenne ; parfois, afin de manifester la sainteté de quelque saint, et on trouve ceci en 4 R [2 R] 13, 20s, où il est dit qu’alors que des voleurs venus de Syrie s’étaient introduits dans la terre d’Israël, ils lancèrent un cadavre près d’Élisée et qu’il reprit vie, non pas parce que le mort le méritait, mais afin de manifester la sainteté d’Élisée.
1928. CAR JE VOUS LE DIS, EN VÉRITÉ, SI VOUS AVEZ DE LA FOI GROS COMME UN GRAIN DE SÉNEVÉ, etc. Ici, [Jésus] éclaire sa réponse. Et il présente une conditionnelle, dont l’antécédente est : SI VOUS AVEZ, etc., et la conséquente est : VOUS DIREZ À CETTE MONTAGNE : «DÉPLACE-TOI», ET ELLE SE DÉPLACERA. Certains disent que la foi comparée au grain de sénevé est une faible foi, comme si [Jésus] disait : «Si vous aviez une certaine foi, vous diriez, etc.» Mais Jérôme récuse cela, car l’Apôtre dit : Si j’avais une foi à déplacer les montagnes [1 Co 13, 2]. Une foi parfaite est donc nécessaire pour déplacer les montagnes. Lorsque [Jésus] dit : COMME UN GRAIN DE SÉNEVÉ, une triple perfection de la foi est indiquée. En effet, on trouve dans [ce] grain la chaleur, la fécondité et la petitesse. Ce grain, avant d’être écrasé, semble n’avoir aucune chaleur, mais, lorsqu’il est écrasé, il commence à brûler. De même, le croyant, avant d’être mis à l’épreuve, semble être méprisable, mais, lorsqu’il est écrasé, alors apparaît sa sainteté. 1 P 1, 7 : Il faut que vous soyez maintenant un peu attristés afin que votre foi se révèle beaucoup plus précieuse que l’or que l’on vérifie par le feu. On trouve aussi dans [ce] grain la fécondité, plus haut, [Mt] 13, car, bien qu’il soit petit, il se développe en un grand arbuste, de sorte que les oiseaux du ciel y habitent. He 2, où l’on raconte les œuvres de la foi, poursuit : Les saints ont vaincu des royaumes par la foi, etc. De même y trouve-t-on une petitesse, et, par là, l’humilité de la foi peut être indiquée. En effet, est reconnu humble dans la foi celui qui accepte la parole de Dieu. 1 Tm 6, 3 : Si quelqu’un n’accepte pas la parole de Dieu, c’est un orgueilleux. Ainsi, en sens contraire, celui qui accepte [cette] parole, est humble. Il veut donc dire : «Si vous aviez eu la foi, et une foi fervente, indéfectible, féconde par ses œuvres, si [vous aviez eu une foi] petite et humble, vous auriez dit à cette montagne : “Déplace-toi !”, et elle se serait déplacée.»
1929. Ici se pose une question que soulèvent les incroyants : on ne voit jamais que les apôtres aient fait cela. Chrysostome répond que si on ne le trouve pas chez les apôtres, on le trouve chez les hommes apostoliques. On lit en effet, dans le livre des Dialogues du bienheureux Grégoire, qu’alors que quelqu’un voulait construire une église, comme il n’avait pas d’endroit pour la construire, il ordonna à une montagne de se déplacer, et elle se déplaça. Ou alors, [les apôtres] l’ont fait, mais cela n’est pas écrit. Ou bien, on peut dire que, s’ils ne l’ont pas fait, ce ne fut pas à cause d’une impossibilité, mais parce qu’aucune occasion ne s’est offerte. Ainsi, les miracles sont accomplis parfois par nécessité, parfois par utilité, et parce que cela n’était pas nécessaire, ils n’en accomplirent pas. Ou bien, on parle d’une montagne [pour désigner] le Diable. DÉPLACE-TOI LÀ !, c’est-à-dire hors de ce corps, ET IL SE DÉPLAÇA. Ou bien, selon Augustin, on l’entend de l’esprit d’orgueil.
1930. ET RIEN NE VOUS SERA IMPOSSIBLE. Qu’est-ce que cela veut dire ? Seront-ils tout-puissants ? Non, car seul est vraiment tout-puissant Celui qui peut tout faire par sa propre puissance. Or, ceux-ci [agissent], non par leur propre puissance, mais comme agissent différemment un roi et un serviteur, car le roi agit en son nom propre, et le serviteur au nom du roi.
Mais cette sorte de démon. Tout est possible à la foi, et pourtant il est des œuvres qu’elle accomplit plus
difficilement que d’autres : telle est la signification de ce « mais » placé en tête du v. 20. Jésus, revenant
directement à la question que lui avaient posée les Apôtres, montre que le contrôle des esprits mauvais est
une chose plus malaisée que l’action de transporter les montagnes : il faut donc, pour remplir le rôle
d’exorciste, une foi d’une énergie particulière, activée par de grands moyens. Les exégètes se demandent si,
par les mots « cette sorte », Notre-Seigneur a voulu désigner toute la race des démons en général, S. Jean
Chrysost., ou seulement la catégorie à laquelle appartenait l’esprit infernal que les Apôtres n’avaient pas été
capables d’expulser. Ce second sentiment nous paraît le plus probable ; c’est du reste le plus généralement
adopté. - Que par la prière... Évidemment, il s’agit ici de la prière et des jeûnes de l’exorciste, bien que des
esprits bizarres aient essayé d’en faire les œuvres du possédé lui-même. Évidemment aussi, cette prière et ce
jeûne ne doivent pas être considérés isolément, mais dans leur union avec la foi qui forme le sujet de
l’entretien, ou mieux encore, comme moyens d’accroître et d’aviver la foi. Jésus veut dire que, dans certaines
circonstances, le Thaumaturge est en présence de démons supérieurs et si puissants qu’une foi commune est
insuffisante pour les expulser : les Apôtres venaient précisément de se trouver dans un cas semblable. Quand
cela arrive, il faut exciter sa foi pour la mettre à la hauteur du prodige que l’on veut accomplir ; or, la prière
et le jeûne produisent sous ce rapport des résultats aussi prompts qu’infaillibles. La prière, qui est au fond un
acte de foi, fortifie considérablement cette vertu dans un cœur. Vivre dans la prière, c’est vivre dans la foi ; il
en est de même du jeûne. « Le jeûne uni à la foi produit une très grande force », S. Jean Chrysost. Hom. in l.
c. Ces deux moyens réunis sont donc, suivant la belle comparaison du saint Docteur, deux ailes qui nous
transportent bien haut dans les régions de la foi. « Celui donc qui sait unir la prière au jeûne a, pour ainsi dire
deux ailes plus rapides que les vents; il ne se laisse atteindre dans la prière ni par l'ennui, ni par la tiédeur,
défauts si communs dans un grand nombre; mais il est plus ardent que le feu et plus élevé que la terre, et un
tel homme est par dessus tout redoutable au démon », ibid.