Matthieu 17, 22

Comme ils étaient réunis en Galilée, Jésus leur dit : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ;

Comme ils étaient réunis en Galilée, Jésus leur dit : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ;
Origène
Au premier abord, ces paroles paraissent être les mêmes que celles qui ont été rapportées plus haut, et on pourrait dire qu'elles n'en sont qu'une répétition, mais il n'en est pas ainsi; en effet, dans les paroles qui précèdent, il n'est pas dit que le Fils de l'homme sera livré; ici, au contraire, nous voyons que non-seulement il sera livré, mais qu'il sera livré entre les mains des hommes. L'Apôtre déclare que le Fils a été livré par Dieu le Père ( Rm 8 ); mais il est également vrai qu'il fut livré entre les mains des hommes par les puissances ennemies.

Cependant cette prédiction du Seigneur les jette dans la tristesse, comme le remarque l'Évangéliste: «Et ils furent pro fondément affligés». Ils ne firent point attention aux paroles suivantes: «Et il ressuscitera le troisième jour», et ne réfléchirent point quel était celui qui n'avait besoin que de trois jours pour triompher de la mort.
Saint Jean Chrysostome
Il leur prédit qu'il ne restera pas longtemps dans le sein de la mort, mais qu'il ressuscitera le troisième jour.
Saint Jérôme
Notre-Seigneur entremêle toujours des pensées consolantes aux souvenirs affligeants; en effet, si la prédiction de sa mort est de nature à les contrister, la pensée de sa résurrection doit les combler de joie.

Or, cette tristesse profonde qu'ils éprouvent ne vient pas de l'incrédulité, mais de l'amour qu'ils avaient pour leur Maître et qui ne leur permettait d'entendre rien qui lui fût contraire ou qui parût indigne de lui.
Saint Rémi
Notre-Seigneur prédit souvent à ses disciples les mystères de sa passion, afin que la connaissance plus grande qu'il leur en donne par avance les aide à supporter plus facilement cette épreuve lorsqu'elle sera arrivée; c'est pour cela que nous lisons ici: «Comme ils étaient en Galilée, Jésus leur dit: Le Fils de l'homme doit être livré», etc.
Saint Thomas d'Aquin
1933. COMME ILS SE TROUVAIENT RÉUNIS EN GALILÉE, etc. Plus haut, une figure de la tranquillité de la gloire a été donnée par la libération du pouvoir des démons. Cette libération a été réalisée par la mort du Christ. He 2, 14 : Par la mort, il détruira celui qui avait pouvoir sur la mort, c’est-à-dire le Diable, et il libérera ceux qui, par crainte de la mort, ont été pendant toute leur vie soumis à l’esclavage. C’est pourquoi [le Seigneur], immédiatement après, annonce à l’avance la passion. Premièrement, l’annonce anticipée est présentée ; deuxièmement, l’effet, en cet endroit : ET ILS EN FURENT TOUT CONSTERNÉS [17, 23].

1934. Notre Seigneur avait auparavant annoncé à l’avance sa passion et [il le fait] maintenant encore et [le fera] par la suite. Et pourquoi à autant de reprises ? Parce que ce qui est prévu bouleverse moins. Comme les disciples allaient être scandalisés à l’avenir par la mort du Seigneur, il voulut donc la leur annoncer d’avance à plusieurs reprises afin qu’ils soient moins scandalisés. Mais il ajoute toujours quelque chose. Auparavant, il avait abordé la mise à mort, mais non la trahison ; ici, il aborde la trahison, en disant : LE FILS DE L’HOMME SERA LIVRÉ AUX MAINS DES HOMMES. Et c’est à juste titre qu’il dit : LE FILS DE L’HOMME, car même si celui qui est livré est le Seigneur de gloire, il est cependant livré comme Fils de l’homme. Ainsi, Augustin [écrit] : «Bien que certains choses soient dites du Fils de Dieu et du Fils de l’homme, il y a cependant une différence, car ce qui est faible est dit de sa nature humaine et ce qui est solide, de sa nature divine.» Mais [le Seigneur] ne dit pas par qui il est livré, car il s’est livré. Ga 2, 20 : Lui qui s’est livré lui-même pour moi. Il a été livré par le Père, qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, Rm 8, 32. De même, il a été livré par Judas, plus haut, 10, 4 : [Judas] qui le livra. Aussi par les démons. On lit, en Jn 13, que le Diable avait décidé que Judas le livrerait. Et Sg 2, 12 : Venez, tuons le juste.
Louis-Claude Fillion
Pendant qu'ils se trouvaient. Le grec dit : tandis qu’ils retournaient en Galilée. Jésus et les siens avaient quitté cette province pour aller dans la Gaulanite, Cf. 16, 4, 5, 13 ; ils y rentrent maintenant après une absence qui paraît avoir duré quelques semaines. Ils franchirent probablement le Jourdain en face de Césarée et traversèrent toute la Haute-Galilée pour descendre à Capharnaüm, v. 23. Ce voyage fut mystérieux et secret, comme nous l’apprend S. Marc, 9, 29. - Jésus leur dit. Chemin faisant, le Sauveur réitère à ses disciples la triste nouvelle qu’il leur avait déjà communiquée peu de jours avant sa Transfiguration : Le Fils de l'homme doit être livré... Plus l’heure de la Passion approche, plus il faut que les Apôtres s’habituent au cri terrible « Crucifie le » qu’ils entendront bientôt retentir. Or, nous l’avons vu, l’ère de la Passion a été en quelque sorte inaugurée sur la montagne de la Transfiguration : voilà pourquoi Jésus insiste avec force sur la nécessité de ses souffrances, afin de préparer ses disciples et de les fortifier contre l’épreuve. - Doit être livré, : c’est une nécessité ; le décret divin a été lancé et il faut qu’il s’exécute. - Entre les mains des hommes. Les mains des hommes sont de méchantes mains, David le savait par expérience, Cf. Par. 22, 13 ; aussi, le Fils de l’homme recevra-t-il d’elles les plus mauvais traitements, qu’il résume ici dans le mot mourir. La première fois que Jésus avait prédit ses souffrances et sa mort, il l’avait fait en termes plus explicites, Cf. 16, 21 ; mais il est vraisemblable que l’évangéliste ne nous livre ici que le thème de la conversation du Sauveur, sans entrer dans tous les détails. - Et le troisième jour il ressuscitera. Notre-Seigneur unit de nouveau l’annonce de sa Résurrection à celle de sa Passion ; il ne veut pas que le moindre doute existe sur ce point dans l’âme des Apôtres. S’il doit souffrir et mourir, le triomphe le plus complet ne tardera pas à suivre ses humiliations. Cependant les disciples, en entendant ce discours, furent surtout frappés des idées sombres qu’il contenait ; aussi, ils furent vivement attristés. Précédemment, ils s’étaient indignés dans un premier mouvement de surprise ; aujourd’hui, ils comprennent qu’il y a quelque chose de réel dans la nouvelle funeste que leur transmet leur Maître, puisqu’il y revient ainsi pour la seconde fois. Et comme sa mort devait être le renversement de tous leurs préjugés, la ruine de leurs beaux rêves messianiques, ils s’attristent vivement lorsqu’ils pressentent qu’elle aura lieu. Leur tristesse eût été beaucoup plus vive encore, s’ils avaient pu prévoir que Jésus devait être livré par l’un d’entre eux aux mains de ses bourreaux.