Matthieu 17, 5

Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Saint Thomas d'Aquin
1899. Vient ensuite le témoignage : COMME IL PARLAIT ENCORE, VOICI QU’UNE NUÉE LUMINEUSE LES COUVRIT, etc. Pierre avait parlé à la légère ; il ne méritait donc pas de réponse. Il voulait un témoignage matériel : il voulait donc que le Seigneur montre que les saints n’ont pas besoin [de lui]. De même, [le Seigneur] a voulu se manifester par la nuée. Ps 67[68], 35 : Sa grandeur est dans les cieux. Mais parfois apparaît une nuée claire, parfois des nuées ténébreuses. Il est dit, en Ex 19, 18, qu’une nuée ombrageuse apparut. Mais ici, elle apparaît lumineuse parce qu’elle signifie la consolation de la gloire, car ils seront alors protégés de toute chaleur. Ap 21, 4 : Dieu essuiera toutes les larmes des yeux des saints, et il n’y aura plus de mort, ni de pleurs, ni de cri, et n’y aura plus de souffrance, car ce qui précédait a disparu.

1900. Vient ensuite le témoignage de la voix du Père : ET VOICI QU’UNE VOIX DISAIT DE LA NUÉE, etc. Mais pourquoi : DE LA NUÉE ? Pour signifier qu’elle est la voix du Père. Le Seigneur habite dans la nuée. CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIMÉ, EN QUI JE ME COMPLAIS. La dignité du Christ est abordée à partir de la propriété de la filiation, de la perfection de l’amour et de la conformité de l’opération. [La voix] dit donc : CELUI-CI, comme pour un fils unique. Les autres sont fils par adoption. Ps 81[82], 6 : J’ai dit : «Vous êtes des dieux et vous êtes tous des fils du Très-Haut.» Mais celui-ci est le vrai Fils, à savoir, d’une manière unique, comme [le dit] 1 Jn 5, 20 : Le Fils de Dieu est venu et il nous a donné l’intelligence afin que nous connaissions le vrai Dieu. De même, d’une autre façon : BIEN-AIMÉ. Notre amour vient de la bonté des créatures : en effet, une chose n’est pas bonne parce que je l’aime, mais parce que la chose est bonne, je l’aime. Mais l’amour de Dieu est la cause de la bonté des choses. Et de même que Dieu a versé la bonté dans les créatures par la création, de même le fait-il par la génération, parce qu’il communique toute sa bonté au Fils. Ainsi, les créatures sont rendues bonnes par participation, mais Il donne tout au Fils. Jn 3, 35 : Le Père aime le Fils et a tout livré entre ses mains. Ainsi l’amour lui-même procède du Père qui aime le Fils et du Fils qui aime le Père.

1901. Mais il arrive que quelque chose soit donné à quelqu’un et qu’il n’en fasse pas un bon usage : cela ne plaît donc pas à celui qui a donné. Mais Dieu a donné [au Fils] la plénitude et [celui-ci] en a fait bon usage. Il lui a donc plu. [Le Père] dit donc : EN QUI JE ME COMPLAIS. On lit la même chose en [Mt] 12, 18 : En qui je me complais et sur qui repose mon Esprit. Parce qu’il est ainsi, ÉCOUTEZ-LE. [Le Père] insinue ainsi qu’il a été donné à tous comme docteur. Dt 18, 15 : Le Seigneur suscitera un prophète de votre lignée ; écoutez-le comme s’il était moi. Ou encore : ÉCOUTEZ-LE, non pas Moïse, non pas Élie, si ce n’est dans la mesure où ils enseignent le Christ ou la doctrine du Christ. Remarquez que le Christ a reçu un témoignage venu du ciel de la part du Père, de l’enfer de la part de Moïse, du paradis de la part d’Élie et de la terre de la part des disciples : Afin que tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers, Ph 2, 10.

1902. Il faut aussi remarquer qu’il existe une double régénération : l’une par le baptême ; l’autre, lorsque nous serons purifiés de toute souillure. C’est la raison pour laquelle, lors du baptême, Jésus a été signalé par la colombe, qui est un animal simple, afin d’indiquer la simplicité ; elle est aussi un animal fécond, afin d’indiquer l’autre régénération.

[Le Seigneur] est apparu dans une nuée lumineuse afin d’indiquer la clarté et l’extinction de toute concupiscence. Is 4, 5 : Et le Seigneur créera partout sur la montagne de Sion et, là il sera invoqué, [il créera] une nuée pendant le jour et de la fumée avec l’éclat d’un feu flamboyant pendant la nuit.
Louis-Claude Fillion
Cependant la scène change tout à coup et nous voyons éclater de nouveaux prodiges. - Voici qu'une nuée... C’est la tente divine, au lieu des tentes fabriquées de main d’homme que proposait S. Pierre. Dans l’Ancien Testament, les théophanies, ou manifestations de Jéhova, étaient toujours accompagnées d’une nuée, Dieu dissimulant sa gloire sous cette enveloppe mystérieuse, parce que des yeux mortels n’en auraient pu supporter l’éclat, Cf. Ex. 16, 10 ; 40, 32 et ss. ; Num. 11, 25, etc. ; delà ces mots bien connus du Psalmiste : « des nuées, tu te fais un char, tu t'avances sur les ailes du vent », Ps. 103, 3. La nuée lumineuse qui apparaît soudain est donc un symbole de la présence divine, de la Schechina, pour employer le langage consacré des Rabbins. - Les couvrit. Eux, c’est-à-dire les trois principaux personnages que S. Pierre vient de nommer, Jésus, Moïse et Élie. Le pronom ne se rapporte ni aux seuls disciples, ni à toute l’assistance, comme il ressort très clairement du récit de S. Luc, 9, 34. Quoique brillante, la nuée qui descendait du ciel enveloppa le Sauveur et ses deux visiteurs à la façon d’un voile : ils disparurent dans ce sanctuaire dont les trois Apôtres demeuraient exclus. - Ce prodige avait à peine eu lieu, qu’un nouveau miracle était produit : - Et voici qu'une voix. C’était la voix du Père céleste, comme l’indique le nom de Fils qu’elle donne à Jésus. Elle a salué le Messie au moment de son baptême, Cf. 3, 17 ; elle le saluera plus tard encore à la veille de sa Passion, Cf. Joan. 12, 28, elle le salue aujourd’hui pour le proclamer Législateur de la nouvelle Alliance. - Disant. Les paroles qu’elle prononce diffèrent à peine de celles qu’elle avait fait entendre autrefois sur les bords du Jourdain, « Celui-ci est mon Fils », dit-elle d’abord. Ces mots sont presque littéralement empruntés au second Psaume, v. 7. Les suivants : « bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances », sont tirés d’Isaïe, 42, 1. Les derniers enfin, écoutez-le, obéissez-lui, ne sont que la reproduction pure et simple de la recommandation adressée au Hébreux par Moïse relativement au Messie, Deut. 18, 15 ; de sorte que Dieu le Père réunit ici trois prophéties messianiques pour les appliquer lui -même à Jésus. Voilà donc la confession de S. Pierre, 16, 16, confirmée directement par le ciel !