Matthieu 2, 11

Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Saint Jean Chrysostome
Ils furent transportés de joie, parce que leur espérance, loin d'être trompée, se trouvait affermie, et qu'ils ne s'étaient pas exposés inutilement aux fatigues d'un si long voyage

Le ministère rempli par cette étoile leur fit comprendre que la dignité du roi qui venait de naître surpassait de beaucoup celle de tous les rois de la terre. L'auteur sacré ajoute : " d'une joie extrême. "

Elle n'était pas couronnée du diadème, elle ne reposait pas sur un lit doré, elle avait à peine une simple tunique, non point pour orner son corps, mais pour le couvrir, le vêtir, et telle que pouvait en porter en voyage la femme d'un charpentier. Si donc ils étaient venus chercher un roi de la terre, la joie eût fait place chez eux à un sentiment de confusion, de ce qu'un si grand voyage était pour eux sans résultat. Mais comme le roi qu'ils cherchaient était le roi du ciel, bien qu'ils ne découvraient en lui rien de royal, contents du témoignage que lui rendait l'étoile, ils se réjouissaient à la vue de ce pauvre enfant dont l'Esprit saint leur dévoilait au fond du coeur la redoutable majesté ; c'est pour cela qu'ils se prosternèrent pour l'adorer, car si leurs yeux ne voient en lui qu'un homme, ils reconnaissent un Dieu.

Que les Mages ne comprissent pas alors la grandeur du mystère qui les faisait agir ainsi, ou la signification mystérieuse de chacun de leurs présents, peu importe, car la grâce qui leur avait inspiré toute cette conduite avait tout disposé suivant ses vues.

Que Marcion et Paul de Samosate rougissent donc, eux qui refusent de reconnaître ce qu'ont reconnu les Mages, qui ont donné naissance à l'Église, et qui ont adoré Dieu dans une chair mortelle. Que celui qu'ils adorent fût revêtu d'un corps mortel, les langes et la crèche le disent assez ; mais qu'ils aient adoré en lui non pas un simple mortel, mais un Dieu, nous en avons la preuve dans les présents qu'il était juste d'offrir à la divinité. Que les Juifs soient aussi couverts de honte, eux qui sont prévenus par les Mages, et qui ne se mettent pas en peine de venir du moins à leur suite.
Saint Augustin
Ils lui offrent de l'or comme à un roi puissant, l'encens comme à un Dieu, la myrrhe comme à celui qui devait mourir pour le salut de tous.
Saint Rémi
Il veut nous apprendre par là qu'on se réjouit beaucoup plus des choses qu'on retrouve que de celles qu'on n'a jamais perdues.

Et remarquez qu'il ne se contente pas de dire : " Ils furent dans la joie " mais : " Ils furent transportés d'une joie extrême. "

il ne faut pas oublier que chacun des trois Mages ne présenta pas en particulier un seul de ces trois présents, mais que chacun d'eux les offrit tous les trois, proclamant ainsi tous les trois par la nature de leurs présents le roi, le lieu et l'homme.
Saint Léon le Grand
Ils le trouvèrent petit de forme, réduit à avoir besoin du secours d'autrui, incapable de parler, ne différant en rien de la généralité des autres enfants ; car de même que des témoignages incontestables prouvaient qu'en lui se trouvait l'invisible majesté de Dieu, de même il devait être démontré que cette nature éternelle du Fils de Dieu s'était unie à la vérité de la nature humaine.
Saint Grégoire le Grand
L'or convient à la dignité royale, l'encens faisait partie des sacrifices offerts à Dieu, et la myrrhe sert à embaumer les morts...

On peut encore donner une autre interprétation de ces présents. L'or signifie la sagesse, au témoignage de Salomon : " Un trésor désirable se trouve sur les lèvres du Sage " (Pv 21, 20), l'encens qu'on brûle devant Dieu figure la vertu de la prière selon ces paroles : " Que ma prière se lève comme l'encens en votre présence ; la myrrhe est le symbole de la mortification de la chair. Nous offrons à ce roi nouveau-né l'or lorsque nous resplendissons devant lui de l'éclat de la sagesse ; nous lui offrons l'encens lorsque par la prière nous exhalons devant Dieu le parfum de nos hommages ; nous lui offrons la myrrhe en mortifiant par l'abstinence les vices de la chair.
Rabanus Maurus
Par une disposition providentielle, Joseph se trouvait alors absent, pour ne point donner aux Gentils l'occasion d'un soupçon injurieux.
La Glose
On est transporté de joie quand on se réjouit pour Dieu, qui est la joie véritable. L'Évangéliste ajoute : " d'une grande joie, " parce que l'objet de cette joie était considérable.

Après avoir montré comment l'étoile s'était mise au service des Mages, l'Évangéliste nous apprend quelle fut la joie de ces derniers : " Lorsqu'ils virent l'étoile, ils furent transportés d'une joie extrême. "

Bien qu'ils aient suivi les usages de leur nation dans les dons qu'ils offraient au Sauveur, les Arabes trouvant en abondance dans leur pays l'or, l'encens et des parfums de toute espèce, cependant dans leur intention ces présents avaient une signification mystérieuse. Le texte sacré ajoute donc : " Ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent pour présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. "

Ces trois hommes qui offrent à Dieu leurs présents figurent les nations venues des trois parties du monde. Ils ouvrent leurs trésors en manifestant la foi de leurs coeurs par le témoignage qu'ils en donnent. Ils les ouvrent dans l'intérieur de la maison pour nous apprendre à ne pas étaler par vanité aux yeux du public le trésor d'une bonne conscience ; ils offrent trois présents, c'est-à-dire leur foi en la sainte Trinité. On peut dire encore qu'ils ouvrent les trésors des Écritures et qu'ils en tirent les trois sens historique, moral et allégorique ; ou bien la logique, la physique et la morale en tant qu'il les soumettent à la foi.
Saint Thomas d'Aquin
216. ENTRANT DANS LA MAISON, ILS TROUVÈRENT L’ENFANT. [Matthieu] aborde trois choses. LA MAISON, qui, si on se demande ce qu’elle était, est décrite en Lc 2, 7. De plus, si on se demande comment était l’enfant, il ne différait en rien des autres, comme le disent les saints. Pour ce qui était de l’apparence, il ne parlait pas, il paraissait faible, et ainsi de suite. De même, si on se demande comment était la mère, on répond : comme est l’épouse d’un charpentier. Et je dis cela, parce que, s’ils avaient cherché un roi terrestre, ils auraient été scandalisés en voyant ces choses ; mais en voyant des réalités humbles et en contemplant les réalités les plus élevées, ils ont été incités à l’admiration et ils l’ont adoré. C’est ce qui [est dit] : ET, SE PROSTERNANT, ILS LUI RENDIRENT HOMMAGE. Mais pourquoi Joseph n’est-il pas mentionné ? Il faut dire que, par une disposition divine, il arriva qu’il n’était pas présent afin qu’à ceux qui étaient les prémices des nations ne soit donnée aucune raison de penser à mal.

217. Ensuite est abordé le respect qu’ils manifestèrent à l’enfant, en cet endroit : SE PROSTERNANT. Et il se produisit trois choses : ils adorèrent, ils offrirent et ils obéirent. [Matthieu] dit donc : ET, SE PROSTERNANT, ILS L’ADORÈRENT, comme Dieu se trouvant dans un homme, Ps 71[72], 9 : Les Éthiopiens se prosterneront devant celui-là. De même, par leur offrande, ils manifestèrent leur respect, d’où : OUVRANT LEURS CASSETTES. C’était en effet la coutume, chez les Perses, de toujours rendre hommage par des présents ; c’est cela [que signifie] : OUVRANT LEURS CASSETTES, ILS LUI OFFRIRENT EN PRÉSENTS DE L’OR, DE L’ENCENS ET DE LA MYRRHE, Ps 71[72], 10 : Les rois de Tarsis et des îles offriront des présents, les rois d’Arabie et de Saba apporteront des dons ; Is 60, 6 : Tous viendront de Saba, apportant de l’or et de l’encens, et annonçant les louanges du Seigneur.

218. Au sens mystique, il faut penser que ceux-ci n’ont pas ouvert leur trésor en cours de route, mais lorsqu’ils s’approchèrent du Christ. De même, nous ne devons pas montrer nos biens en cours de route. Ainsi, cela est blâmé plus loin, [25, 1-13] à propos des vierges, et en 13, 44, il est dit : Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ ; celui qui le découvre le cache et, rempli de joie, il s’en va et vend tout ce qu’il possède et achète ce champ.

219. ILS LUI OFFRIRENT EN PRÉSENTS, etc. Certains donnent à ces présents un sens littéral et disent que [les mages] trouvèrent trois choses : une maison sordide, un faible enfant et une mère pauvre. Et ainsi, ils offrirent de l’or pour aider la mère, de la myrrhe pour aider l’enfant et de l’encens pour enlever les mauvaises odeurs.

220. Mais il faut dire que quelque chose de mystique est ici suggéré, et ces trois choses se rapportent plutôt à trois choses que nous devons offrir à Dieu, à savoir, la foi, l’action et la contemplation. Pour ce qui est de la foi, de deux manières : d’abord, pour les choses qui se retrouvent dans le Christ, à savoir, la dignité royale, Jr 23, 5 : Le roi régnera et il sera sage, etc. Ils lui offrirent donc de l’OR ; la grandeur du sacerdoce, et ainsi [ils lui offrirent] de l’ENCENS en sacrifice ; la mortalité de l’homme, et ainsi [ils lui offrirent] de la MYRRHE. De même, pour ce qui est de la foi en la Trinité, car les personnes de la Trinité nous sont indiquées.

221. En second lieu, [les trois présents] peuvent se rapporter à notre action. En effet, par l’or, peut être signifiée la sagesse, Pr 2, 4 : Si tu la dispenses comme un trésor, tu comprendras alors la crainte de Dieu. Par l’encens, [peut être signifiée] la prière dévote, Ps 140[141], 2 : Que ma prière s’élève, Seigneur, comme l’encens sous ton regard, etc. Par la myrrhe, [peut être signifiée] la mortification de la chair, Col 3, 5 : Mortifiez vos membres qui sont sur terre ; Ct 5, 5 : Mes mains ont répandu la myrrhe.

222. En ce qui concerne la contemplation, par ces trois [présents] peuvent être signifiés les trois sens de la Sainte Écriture, à savoir, [le sens] littéral, qui englobe [le sens] allégorique, anagogique et moral ; ou bien les trois parties de la philosophie, à savoir, la philosophie morale, la logique et la [philosophie] naturelle. En effet, nous devons utiliser toutes ces choses pour le service de Dieu.
Louis-Claude Fillion
La maison. Ce mot, d’après un assez grand nombre d’anciens auteurs (S. Justin, S. Jean Chrysost., S. Augustin, etc.), serait un euphémisme pour désigner l’étable. Mais on admet plus généralement aujourd’hui qu’il faut le traduire d’une manière littérale ; d’où l’on conclut, et ce semble, à juste titre, que depuis Noël S. Joseph avait pu trouver à Bethléem un logement plus convenable que la pauvre grotte de la Nativité. La presse des premiers jours, occasionnée par le recensement, Cf. Luc 2, 1, 7, n’avait pas été de longue durée. – Se prosternant, ils l'adorèrent. Voir l’explication du v. 2. Bien que cette attitude, comme nous l’avons dit, ne prouve pas en soi que les Mages aient reconnu la vertu divine de l’Enfant, néanmoins tout porte à croire qu’ils reçurent à ce sujet des révélations spéciales, soit au moment où ils s’approchèrent de Jésus, soit avant de quitter Bethléem. Telle est la croyance générale de l’antiquité chrétienne. « Ceux-ci adorèrent Dieu dans des petits membres », S. Augustin, sermo 200, al. 30 ; Cf. S. Jean Chrys. Homil. 8 in Matth. Il y a là plus qu’une cérémonie extérieure accomplie devant le berceau d’un enfant, c’est un véritable hommage spirituel. – Leurs trésors, leurs cassettes. Ils lui offrirent comme cadeaux. D’après l’usage immémorial de l’Orient, on ne visite jamais des personnes de quelque importance sans leur offrir des présents. – De la myrrhe. “La myrrhe est le produit d’un arbre qui croît dans plusieurs endroits de l’Arabie (Les botanistes modernes l’ont nommé “Balsamodendron myrrha” ; il appartient à la famille des Térébinthacées). Il est épineux et sa feuille ressemble à celle de l’olivier. On pratique sur lui deux incisions par an ; mais il produit spontanément, avant l’incision, une myrrhe appelée stractée, qu’on préfère à toutes les autres. En général, la bonne myrrhe a la forme de globules résultant de la concrétion d’un suc blanchâtre qui se dessèche peu à peu. La myrrhe stractée vaut de 13 à 40 deniers la livre. Elle s’emploie à l’état liquide après qu’on l’a fait dissoudre dans quelque essence”, Pline, Hist. Nat., 156. – Ces dons avaient une signification symbolique, il n’existe pas le moindre doute à ce sujet ; toutefois, la tradition a tellement varié dans l’interprétation du symbole, qu’il est très difficile de savoir à quelles idées il est préférable de s’arrêter. Les deux opinions les plus reçues sont 1° celle de S. Irénée et de Théophylacte, que suit la gracieuse prose de Noël : L'or nous déclare qu'il est roi ; La myrrhe, un homme sous la loi ; Le pur encens, qu'il est Dieu même S. Jérôme disait dans le même sens : « Le prêtre Juvencus fait une belle synthèse des sacrements liés à ces cadeaux lorsqu'il écrit ce vers : « Ils apportent l'or, l'encens et la myrrhe, our le roi, le dieu et l'homme » 2° celle de S. Fulgence, qui établit un rapport de ressemblance entre la triple offrande des Mages et la triple fonction du Messie : « Ils voulaient par l’or représenter son règne, par l’encens son pontificat, et par la myrrhe sa mort » (ou mieux, selon d’autres, sa dignité prophétique.) D’autres interprétations ont été faites. Quoi qu’il en soit, ces offrandes durent être d’une utilité providentielle à la Sainte Famille au moment de son départ précipité pour l’Égypte. – On trouvera dans les Évangiles apocryphes de singulières légendes, qui font remonter la matière de ces présents jusqu’à Noé ou même jusqu’au paradis terrestre, à travers toute sorte de péripéties. – Les peintres qui ont représenté le mystère de l’Adoration des Mages ont choisi de préférence l’instant où ils offrent leurs dons à l’Enfant Jésus : les plus célèbres sont Rubens (musée de Lyon), Véronèse, Andrea del Sarto, van Eyck, Ghirlandajo, Bernardino Luini, Bonifazzio ; ces trois derniers maîtres en avaient fait leur sujet favori.
Fulcran Vigouroux
La plupart des Pères ont remarqué dans ces présents un mystère qui désignait la divinité, la royauté et l’humanité de Jésus-Christ.
Catéchisme de l'Église catholique
En Marie, l’Esprit Saint manifeste le Fils du Père devenu Fils de la Vierge. Elle est le Buisson ardent de la Théophanie définitive : comblée de l’Esprit Saint, elle montre le Verbe dans l’humilité de sa chair et c’est aux Pauvres (cf. Lc 1, 15-19) et aux prémices des nations (cf. Mt 2, 11) qu’elle Le fait connaître.