Matthieu 2, 13
Après leur départ, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
Après leur départ, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
227. À propos du premier point, trois choses sont abordées. D’abord, le moment de l’apparition est indiqué ; deuxièmement, l’apparition elle-même est décrite ainsi que le mode de l’apparition, en cet endroit : VOICI QUE L’ANGE ; troisièmement, est indiqué l’avertissement même donné par l’ange, en cet endroit : LÈVE-TOI, PRENDS L’ENFANT.
228. Le moment est décrit en cet endroit : APRÈS LEUR DÉPART. Il faut comprendre que l’apparition n’a pas eu lieu immédiatement après le départ des mages, car il faut insérer [ici] tout ce qui est dit en Lc 2, 6 au sujet de la purification : Après que le temps fut accompli, etc. En effet, Hérode n’envisagea pas immédiatement le meurtre des enfants. Ainsi, lorsque [Matthieu] dit : Après leur départ, tout le récit de la purification doit être inséré.
229. Ensuite, est indiquée l’apparition elle-même, d’où : VOICI QUE L’ANGE APPARUT EN SONGE, etc. On dit [de l’ange] qu’il apparut en songe parce qu’alors les hommes suspendent leurs actes extérieurs et que la révélation par des anges est faite à de tels hommes, Ps 4, 9 : Je dormirai en paix en lui et me reposerai ; Pr 3, 24 : Tu te reposeras et ton sommeil sera doux.
230. Dans cet avertissement, trois choses sont indiquées. Premièrement, en effet, l’ange les convainc de fuir ; deuxièmement, il précise la durée [de leur éloignement] ; troisièmement, il détermine la cause.
231. Il dit donc : LÈVE-TOI. Il faut remarquer, comme le dit Hilaire, que la bienheureuse Vierge est appelée épouse par l’ange avant la naissance, plus haut, 1, 5, mais pas après la naissance. Et cela, pour deux raisons. Premièrement, en hommage à la Vierge : en effet, de même qu’elle conçut alors qu’elle était vierge, de même enfanta-t-elle vierge. Deuxièmement, en raison de sa dignité : en effet, elle était la mère de Dieu, dignité à laquelle nulle autre n’est supérieure et à laquelle on ne peut donner un nom plus digne. De plus, comme le dit Chrysostome, l’enfant n’était pas venu pour la mère, mais c’était plutôt l’inverse. C’est pourquoi il dit : PRENDS L’ENFANT ET SA MÈRE, etc.
232. Mais pourquoi : FUIS EN ÉGYPTE ? Est-ce que le Ps 18[19], 15 ne dit pas : Le Seigneur est mon soutien et mon rédempteur ? Mais il faut savoir qu’il fuit pour trois raisons. Premièrement, pour manifester son humanité : en effet, de même que la divinité s’est manifestée par l’étoile, de même l’humanité [s’est-elle manifestée] par la fuite, Ph 2, 7 : Devenu semblable aux hommes. Deuxièmement, pour l’exemple : en effet, il montre par l’exemple ce qu’il a enseigné par la parole, plus loin, 10, 23 : Lorsqu’on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Troisièmement, en raison du mystère : en effet, de même qu’il a voulu mourir afin de nous ramener à la vie, de même a-t-il voulu fuir afin de ramener ceux qui fuient son visage à cause du péché, Ps 138[139], 7 : Où irai-je loin de ton esprit ? Tu seras là.
233. Mais pourquoi de préférence en Égypte, plutôt que dans un autre pays ? Il faut dire que c’est pour deux raisons. La première est qu’il est propre à Dieu de se souvenir de sa miséricorde au milieu de la colère, Ha 3, 8. En effet, le Seigneur était en colère contre les Égyptiens qui poursuivaient les fils d’Israël, parce que les fils d’Israël étaient le premier-né de Dieu. C’est pourquoi il lui fut accordé de rendre hommage au premier-né, Is 19, 1 : Voici que le Seigneur montera sur une nuée légère et entrera en Égypte, etc. ; [dans le même livre], 9, 2 : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; la lumière s’est levée sur ceux qui habitaient la région où s’étendait l’ombre de la mort ; Jn 1, 14 : Nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité.
234. La deuxième raison est qu’Il avait lui-même fait entrer les ténèbres en Égypte. Il voulait donc l’éclairer la première. C’est pourquoi [Joseph] fit bien d’y fuir, Is 9, 2 : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; la lumière s’est levée sur ceux qui habitaient la région où s’étendait l’ombre de la mort. Il faut remarquer que lorsque quelqu’un veut fuir le péché, il doit d’abord secouer sa paresse, Ep 5, 14 : Réveille-toi, toi qui dors et lève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. En deuxième lieu, il doit recevoir la confiance de la mère et du fils, c’est-à-dire le Christ, Si 24, 25 : En moi se trouve tout espoir de vie et de vertu. Troisièmement, il doit fuir le péché avec l’aide de la mère et de l’enfant, Ps 54[55], 8 : Voici que je me suis éloigné en fuyant et je suis demeuré dans le désert.
235. [L’ange] indique plus loin la cause de cette fuite : CAR HÉRODE VA RECHERCHER L’ENFANT POUR LE FAIRE PÉRIR. Hérode fut trompé parce qu’il voulut perdre celui qui était venu disposer de son royaume, Lc 22, 29 : Et moi, je dispose pour vous du royaume comme mon Père en a disposé pour moi. Deuxièmement, parce que [Hérode] voulut perdre] celui qui ne cherchait pas la gloire du monde, He 12, 2 : Lui qui, au lieu de la joie qui lui était proposée, a enduré la croix.
228. Le moment est décrit en cet endroit : APRÈS LEUR DÉPART. Il faut comprendre que l’apparition n’a pas eu lieu immédiatement après le départ des mages, car il faut insérer [ici] tout ce qui est dit en Lc 2, 6 au sujet de la purification : Après que le temps fut accompli, etc. En effet, Hérode n’envisagea pas immédiatement le meurtre des enfants. Ainsi, lorsque [Matthieu] dit : Après leur départ, tout le récit de la purification doit être inséré.
229. Ensuite, est indiquée l’apparition elle-même, d’où : VOICI QUE L’ANGE APPARUT EN SONGE, etc. On dit [de l’ange] qu’il apparut en songe parce qu’alors les hommes suspendent leurs actes extérieurs et que la révélation par des anges est faite à de tels hommes, Ps 4, 9 : Je dormirai en paix en lui et me reposerai ; Pr 3, 24 : Tu te reposeras et ton sommeil sera doux.
230. Dans cet avertissement, trois choses sont indiquées. Premièrement, en effet, l’ange les convainc de fuir ; deuxièmement, il précise la durée [de leur éloignement] ; troisièmement, il détermine la cause.
231. Il dit donc : LÈVE-TOI. Il faut remarquer, comme le dit Hilaire, que la bienheureuse Vierge est appelée épouse par l’ange avant la naissance, plus haut, 1, 5, mais pas après la naissance. Et cela, pour deux raisons. Premièrement, en hommage à la Vierge : en effet, de même qu’elle conçut alors qu’elle était vierge, de même enfanta-t-elle vierge. Deuxièmement, en raison de sa dignité : en effet, elle était la mère de Dieu, dignité à laquelle nulle autre n’est supérieure et à laquelle on ne peut donner un nom plus digne. De plus, comme le dit Chrysostome, l’enfant n’était pas venu pour la mère, mais c’était plutôt l’inverse. C’est pourquoi il dit : PRENDS L’ENFANT ET SA MÈRE, etc.
232. Mais pourquoi : FUIS EN ÉGYPTE ? Est-ce que le Ps 18[19], 15 ne dit pas : Le Seigneur est mon soutien et mon rédempteur ? Mais il faut savoir qu’il fuit pour trois raisons. Premièrement, pour manifester son humanité : en effet, de même que la divinité s’est manifestée par l’étoile, de même l’humanité [s’est-elle manifestée] par la fuite, Ph 2, 7 : Devenu semblable aux hommes. Deuxièmement, pour l’exemple : en effet, il montre par l’exemple ce qu’il a enseigné par la parole, plus loin, 10, 23 : Lorsqu’on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Troisièmement, en raison du mystère : en effet, de même qu’il a voulu mourir afin de nous ramener à la vie, de même a-t-il voulu fuir afin de ramener ceux qui fuient son visage à cause du péché, Ps 138[139], 7 : Où irai-je loin de ton esprit ? Tu seras là.
233. Mais pourquoi de préférence en Égypte, plutôt que dans un autre pays ? Il faut dire que c’est pour deux raisons. La première est qu’il est propre à Dieu de se souvenir de sa miséricorde au milieu de la colère, Ha 3, 8. En effet, le Seigneur était en colère contre les Égyptiens qui poursuivaient les fils d’Israël, parce que les fils d’Israël étaient le premier-né de Dieu. C’est pourquoi il lui fut accordé de rendre hommage au premier-né, Is 19, 1 : Voici que le Seigneur montera sur une nuée légère et entrera en Égypte, etc. ; [dans le même livre], 9, 2 : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; la lumière s’est levée sur ceux qui habitaient la région où s’étendait l’ombre de la mort ; Jn 1, 14 : Nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité.
234. La deuxième raison est qu’Il avait lui-même fait entrer les ténèbres en Égypte. Il voulait donc l’éclairer la première. C’est pourquoi [Joseph] fit bien d’y fuir, Is 9, 2 : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; la lumière s’est levée sur ceux qui habitaient la région où s’étendait l’ombre de la mort. Il faut remarquer que lorsque quelqu’un veut fuir le péché, il doit d’abord secouer sa paresse, Ep 5, 14 : Réveille-toi, toi qui dors et lève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. En deuxième lieu, il doit recevoir la confiance de la mère et du fils, c’est-à-dire le Christ, Si 24, 25 : En moi se trouve tout espoir de vie et de vertu. Troisièmement, il doit fuir le péché avec l’aide de la mère et de l’enfant, Ps 54[55], 8 : Voici que je me suis éloigné en fuyant et je suis demeuré dans le désert.
235. [L’ange] indique plus loin la cause de cette fuite : CAR HÉRODE VA RECHERCHER L’ENFANT POUR LE FAIRE PÉRIR. Hérode fut trompé parce qu’il voulut perdre celui qui était venu disposer de son royaume, Lc 22, 29 : Et moi, je dispose pour vous du royaume comme mon Père en a disposé pour moi. Deuxièmement, parce que [Hérode] voulut perdre] celui qui ne cherchait pas la gloire du monde, He 12, 2 : Lui qui, au lieu de la joie qui lui était proposée, a enduré la croix.
Voici qu'un ange. C’est le
second songe mystérieux de S. Joseph. – Apparut, en grec au présent, ce qui rend la narration plus rapide. –
L'enfant et sa mère. Ces mots ont été choisis à dessein pour montrer encore que Joseph n’est pas le père de
l’Enfant, mais qu’il joue simplement le rôle de gardien envers Lui et envers Marie. De même au vv. 14, 20
et 21. – Fuis en Égypte. Pourquoi l’Égypte ? Pourquoi, demandons-nous aussi, ceux de nos compatriotes qui
redoutent quelque persécution politique se dirigent-ils immédiatement du côté de la Suisse, de la Belgique,
de l’Espagne, selon la zône qu’ils habitent ? Parce que ces contrées sont les plus faciles à atteindre pour un
Français, et aussi, parce qu’après avoir franchi la frontière, ils sont à l’abri de toute poursuite. Il en était de même de l’Égypte; c’était la terre étrangère le plus à la portée de S. Joseph. Placée directement sous la
domination romaine, elle se trouvait complètement en dehors de la juridiction d’Hérode. Entre elle et la
Judée s’étendait le désert protecteur de l’Arabie Pétrée, traversé par des routes connues et fréquentées.
D’ailleurs, ce n’était pas la première fois que l’Égypte servait de refuge à des Juifs forcés de s’exiler : dès
l’origine de l’histoire juive, chassé par la famine, Abraham, Cf. Gen. 12, 10, était allé lui demander du pain.
Des événements providentiels y conduisirent plus tard le patriarche Jacob, qui s’installa avec toute sa famille
dans la terre de Gessen, Cf. Gen. 46. Jéroboam, fuyant devant Salomon, avait pris, lui aussi, le chemin de
l’Égypte, Cf. 3 Reg. 11, 40. C’est là pareillement qu’un grand nombre d’Israélites, suivis par Jérémie, vinrent
se cacher après l’assassinat de Godolias, pour échapper à la vengeance des Chaldéens, 4, Reg. 25, 26 ; Cf.
Jérém. 43. Cette série d'événements a fait dire avec beaucoup de justesse à Maldonat, Comm. in h.l. :
« L'Égypte semble être une école de fils de Dieu qui ne peuvent grandir que s'ils sont châtiés ». Au début de
l’ère chrétienne, l’Égypte comptait parmi ses habitants une multitude d’Israélites qui s’y étaient établis, les
uns pour se livrer à de grandes entreprises commerciales, les autres afin de s’y mettre à l’abri de la tyrannie
d’Hérode. Ces Juifs formaient une colonie florissante : ils avaient à Héliopolis leur magnifique basilique
bâtie par Onias ; si grande, dit le Talmud avec fierté, que, la voix de l’officiant ne pouvant pénétrer à ses
extrémités, le sacristain était obligé d’agiter un mouchoir pour avertir du moment où l’on devait répondre
Amen. Ils avaient leurs corporations riches et puissantes dont les largesses à l’égard des concitoyens
malheureux étaient devenues proverbiales. La Sainte Famille pouvait donc trouver là les secours et la
protection dont elle avait besoin. – Hérode cherchera l'enfant.., preuve qu’Hérode avait immédiatement
conçu le projet de faire mourir l’Enfant, dès qu’il avait appris la nouvelle de son existence.
La fuite en Égypte et le massacre des innocents (cf. Mt 2, 13-18) manifestent l’opposition des ténèbres à la lumière : " Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu " (Jn 1, 11). Toute la vie du Christ sera sous le signe de la persécution. Les siens la partagent avec lui (cf. Jn 15, 20). Sa montée d’Égypte (cf. Mt 2, 15) rappelle l’Exode (cf. Os 11, 1) et présente Jésus comme le libérateur définitif.
C'est dans la vie même de Jésus, du début jusqu'à la fin, que l'on retrouve cette singulière « dialectique » entre l'expérience de la précarité de la vie humaine et l'affirmation de sa valeur. En effet, la vie de Jésus est marquée par la précarité dès sa naissance. Certes, il trouve l'accueil favorable des justes, qui s'unissent au « oui » immédiat et joyeux de Marie (cf. Lc 1, 38). Mais il y a aussi, dès le début, le refus d'un monde qui se montre hostile et qui cherche l'enfant « pour le tuer » (Mt 2, 13), ou qui reste indifférent et sans intérêt pour l'accomplissement du mystère de cette vie qui entre dans le monde: « Il n'y avait pas de place pour eux dans l'auberge » (Lc 2, 7). Le contraste entre les menaces et l'insécurité d'une part, et la puissance du don de Dieu d'autre part, fait resplendir avec une force plus grande la gloire qui se dégage de la maison de Nazareth et de la crèche de Bethléem: cette vie qui naît est salut pour toute l'humanité (cf. Lc 2, 11).