Matthieu 2, 20
et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »
et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »
Lorsque, pour punir le sacrilège qu'Hérode avait commis sur la personne du Sauveur, et le crime qu'il avait consommé sur les enfants de son âge, la vengeance divine hâtait le moment de sa mort, son corps, au dire de Josèphe, fut en proie à diverses maladies dans lesquelles les devins eux-mêmes virent, non pas une maladie ordinaire, mais des signes visibles de la justice de Dieu. Plein de fureur, ce malheureux prince fit jeter dans une prison les membres des principales et plus nobles familles des Juifs, et ordonna qu'on les fit tous mourir aussitôt qu'il aurait expiré, afin que toute la Judée fût forcée malgré elle de pleurer sa mort. Un peu avant de rendre le dernier soupir, il fit égorger son fils Antipater, comme il avait fait auparavant de ses deux autres fils Alexandre et Aristobule. Telle fut donc la fin d'Hérode, qui paya par un juste supplice la peine qu'il méritait pour le massacre des enfants de Bethléem, et les embûches qu'il avait tendues à l'Enfant-Dieu. C'est cette mort à laquelle l'Évangéliste fait allusion lorsqu'il dit : " Hérode étant mort. "
Vous voyez que Joseph avait été choisi pour rendre à Marie les services que son état réclamait. Quel autre aurait pu lui donner tous les soins dont elle eut besoin pendant son voyage en Égypte et à son retour, s'il n'avait été son époux ? Au premier aspect, c'est Marie qui nourrissait Jésus, et Joseph qui veillait sur lui ; mais dans la réalité c'est ce divin enfant qui nourrissait sa mère et protégeait Joseph lui-même.
Ils sont accusés d'avoir tramé la mort de l'enfant, parce qu'ils approuvèrent le dessein qu'avait Hérode de le mettre à mort, comme l'indiquent les paroles suivantes : " Hérode fut troublé et toute la ville de Jérusalem avec lui. "
Le Sauveur descendit dans l'Égypte comme un médecin pour la visiter languissante au milieu de ses erreurs, mais non pas pour y rester. La raison de son retour nous est indiquée dans les paroles suivantes : " Car ceux qui cherchaient l'enfant pour lui ôter la vie sont morts. " Nous devons conclure de là que non seulement Hérode, mais encore les prêtres et les scribes avaient tramé en même temps la mort du Seigneur.
Il en est beaucoup qui, par ignorance de l'histoire, commettent l'erreur de confondre cet Hérode avec celui qui s'est moqué du Sauveur dans sa passion. Le roi Hérode, qui renoua plus tard amitié avec Pilate, était fils de ce premier Hérode et frère d'Archélaüs, que Tibère-César exila dans la ville de Lyon après lui avoir donné son frère Hérode pour successeur. Or, c'est après la mort de ce premier Hérode que " l'ange du Seigneur apparut en songe à Joseph dans l'Égypte et lui dit : Levez-vous, prenez l'enfant et la mère. "
Je vois que Jésus lui-même, placé par sa nature au-dessus de toutes les essences célestes, étant descendu jusqu'à nous sans rien changer à sa nature, accepte toutes les conditions inhérentes à la nature humaine, qu'il avait lui-même déterminées. Il obéit donc et se soumet aux ordres de Dieu son Père qui lui sont communiqués par les anges ; c'est par les anges que Dieu le Père intime à Joseph l'ordre de partir pour l'Égypte et plus tard celui de revenir de l'Égypte en Judée.
Mais s'ils étaient si nombreux, comment sont-ils tous morts dans un si court espace de temps ? Parce qu'après la mort d'Hérode, tous les grands qui étaient retenus dans les fers furent massacrés comme nous l'avons dit plus haut.
Ou bien l'Évangéliste fait usage ici de cette figure où le pluriel est mis à la place du singulier. En disant : " L'âme de l'entant, " il détruit l'erreur des hérétiques qui ont avancé que le Christ n'avait pas d'âme, et que la divinité lui en tenait lieu.
Hèrode succomba peu de temps après que les enfants furent massacrés pour le Sauveur, et Joseph ramena Jésus avec sa mère dans la terre d'Israël ; c'est là une figure que toutes les persécutions qui devaient être suscitées contre l'Église cesseraient à la mort des persécuteurs, que la paix serait de nouveau rendue à l'Église, et que les saints, qui avaient été obligés de fuir et de se cacher, retourneraient dans leur patrie. Le retour de Jésus en Judée, après la mort d'Hérode signifie aussi qu'à la voix d'Hénoch et d'Hélie les Juifs laisseront s'éteindre les feux de leur haine envieuse, et se convertiront à la foi et à la vérité.
261. L’ordre est indiqué] en cet endroit : LÈVE-TOI, PRENDS L’ENFANT. [L’ange] ne dit pas «[ton] fils», ni «ton épouse», mais l’enfant, afin que soit montrée la dignité de l’enfant et la pureté de la mère. Par cela est signifié que Joseph ne fut pas donné [à celle-ci] en vue de l’union charnelle, mais pour la servir et la protéger.
262. Ensuite, [l’ange] donne la raison : CEUX QUI EN VOULAIENT À LA VIE DE L’ENFANT SONT MORTS. Mais on se demande pourquoi il dit : SONT. En effet, seul Hérode était mort. À cela, il y a une double solution. Premièrement, celui-ci avait fait tant de mal que les Juifs se réjouissaient de sa mort, lui qui, alors qu’il était présent, avait ordonné à sa sœur de son vivant de tuer les nobles parmi les Juifs lorsqu’il mourrait ; et ceux-ci en avaient voulu à la vie de l’enfant avec Hérode. C’est ce que veut dire : CEUX QUI EN VOULAIENT À LA VIE DE L’ENFANT. Ou bien, autre explication, c’est l’usage de la Sainte Écriture de rendre le pluriel pour le singulier, d’où : ILS SONT MORTS, c’est-à-dire, il est mort, etc. De sorte que par le fait qu’il dit : CEUX QUI EN VOULAIENT À LA VIE DE L’ENFANT, l’erreur d’Apollinaire est détruite. Il disait en effet que la divinité occupait dans le Christ la place de l’âme.
262. Ensuite, [l’ange] donne la raison : CEUX QUI EN VOULAIENT À LA VIE DE L’ENFANT SONT MORTS. Mais on se demande pourquoi il dit : SONT. En effet, seul Hérode était mort. À cela, il y a une double solution. Premièrement, celui-ci avait fait tant de mal que les Juifs se réjouissaient de sa mort, lui qui, alors qu’il était présent, avait ordonné à sa sœur de son vivant de tuer les nobles parmi les Juifs lorsqu’il mourrait ; et ceux-ci en avaient voulu à la vie de l’enfant avec Hérode. C’est ce que veut dire : CEUX QUI EN VOULAIENT À LA VIE DE L’ENFANT. Ou bien, autre explication, c’est l’usage de la Sainte Écriture de rendre le pluriel pour le singulier, d’où : ILS SONT MORTS, c’est-à-dire, il est mort, etc. De sorte que par le fait qu’il dit : CEUX QUI EN VOULAIENT À LA VIE DE L’ENFANT, l’erreur d’Apollinaire est détruite. Il disait en effet que la divinité occupait dans le Christ la place de l’âme.
Hérode ne jouit pas longtemps de la sécurité
factice que lui avait procurée le massacre des enfants de Bethléem. Il mourut quelques semaines seulement
ou tout au plus deux ou trois mois après cet acte d’inutile cruauté, dans les premiers jours d’avril 750 U. C. Il
avait vécu soixante-dix ans et en avait régné trente-sept. Josèphe nous raconte son horrible fin dans les
termes suivants : “Un feu intérieur le consumait lentement ; il lui était impossible, à cause des affreuses
douleurs d’entrailles qu’il éprouvait, de satisfaire son besoin pressant de prendre quelque nourriture. Une
grande quantité d’eau s’était amassée au ventre et dans les jambes. Lorsqu’il était debout, il lui était
impossible de respirer : son haleine exhalait une puanteur infecte ; des crampes dans tous les membres lui
donnaient une vigueur extraordinaire. C’est en vain qu’il essaya les bains de Callirhoë ; on l’en rapporta plus
malade à Jéricho. Sentant alors qu’il ne guérirait pas, il fut saisi d’une rage amère, parce qu’il supposait avec
raison que tous se réjouiraient de sa mort. Il fit donc assembler dans l’amphithéâtre de Jéricho et cerner par
des soldats les personnes les plus notables, et il ordonna à sa sœur Salomé de les faire égorger dès qu’il aurait
rendu le dernier soupir, afin qu’il y eût des larmes versées à l’occasion de sa mort. Mais Salomé n’exécuta
point cet ordre. Comme ses douleurs augmentaient de plus en plus, et qu’il était en outre tourmenté par la
faim, il voulut se donner un coup de couteau, mais on l’en empêcha. Il mourut enfin dans la trente-septième
année de son règne” ; Ant. 17, 6, 1. C’est la première page du traité de Lactance “De morte persecutorum”.
L’évangéliste n’emploie pourtant qu’un seul mot, de la plus grande simplicité, “Hérode étant mort”. –
Apparut en songe ; pour la troisième fois, Cf. 1, 20 ; 2, 13. – Dans le pays d’Israël, terme général pour
désigner toute la Palestine ; la province particulière destinée à l’habitation de la Sainte Famille sera bientôt
l’objet d’une nouvelle révélation, Cf. v. 22. – Ceux qui… sont morts ; pluriel très-extraordinaire puisqu’il
n’est question que d’Hérode. C’est un pluriel ou “de majesté” ou “de catégorie”, pour employer les expressions des grammairiens ; le premier s’emploie comme une marque de respect à l’égard des
personnages haut placés, le second désignerait ici la classe entière des persécuteurs de Jésus. On les trouve
fréquemment l’un et l’autre chez les classiques. L’Ange fait probablement allusion à une parole qui avait été
adressée à Moïse dans une circonstance analogue, Exod. 4, 19 : « Va, retourne en Égypte, car ils sont morts,
tous ceux qui en voulaient à ta vie ». Là aussi, il s’agissait uniquement du Pharaon ; mais tandis que Moïse
recevait l’ordre de rentrer en Égypte, S. Joseph reçoit celui de la quitter. – La vie de l'enfant : en latin,
animam, hébraïsme très usité pour “vitam”.