Matthieu 2, 23

et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Flavius Josèphe
Hérode eut neuf femmes dont sept lui donnèrent une nombreuse famille. Il eut son fils aîné Antipater de Doris, Alexandre et Aristobule de Mariamne, Archélaüs de Marthace de Samarie, Hérode Antipas qui fut dans la suite tétrarque de Galilée et Philippe, de Cléopâtre de Jérusalem. Or Hérode ayant fait mettre à mort ses trois premiers enfants, et Archélaüs s'appuyant sur le testament de son père pour s'emparer de son royaume, la cause fut portée à Rome au tribunal de César-Auguste, qui, sur l'avis du sénat, partagea les états d'Hérode de la manière suivante : Il donna à Archélaüs sous le titre de tétrarque la moitié du royaume d'Hérode, c'est-à-dire l'Idumée et la Judée, en lui promettant de rétablir en sa personne le titre de roi, s'il s'en rendait digne. Il subdivisa l'autre partie en deux tétrarchies, donna la Galilée à Hérode avec le titre de tétrarque, et à Philippe l'Iturée et la Traconite. Archélaüs devint donc après la mort d'Hérode une espèce d'etnarque, sorte de pouvoir que l'Évangéliste assimile au titre de roi.
Saint Hilaire de Poitiers
On peut donner une raison mystique de cette conduite. Joseph représente ici les apôtres à qui Dieu a confié Jésus-Christ pour le porter dans tout l'univers. Après la mort d'Hérode, c'est-à-dire après que le peuple juif fut comme détruit en punition de la mort du Sauveur, Dieu leur ordonna de prêcher aux Juifs, car ils étaient envoyées premièrement aux brebis perdues de la maison d'Israël (Mt 28, 19). Mais voyant qu'ils étaient toujours dominés par l'infidélité, qui était chez eux comme héréditaire, les apôtres craignent et se retirent, et avertis par une vision céleste qui leur révèle que les dons de l'Esprit saint sont transférés aux Gentils, ils leurs portent alors Jésus-Christ.
Saint Jean Chrysostome
Et d'ailleurs en quittant la bourgade où il avait pris naissance, il était plus facile d'en cacher le secret, car toute la violence de l'ennemi se portait contre Bethléem et ses alentours. Joseph vint donc à Nazareth pour échapper au danger et revenir dans sa patrie. " Et il vint à Nazareth, dit l'Évangéliste, et il y demeura. "

Ou bien peut-être cette citation est tirée d'une prophétie qui n'existe plus, et on ne doit point pousser trop loin les investigations sur ce point, car un grand nombre des écrits des prophètes ont été détruits. Ou bien encore l'Évangéliste aura lu ce témoignage dans des prophètes qui ne sont pas au nombre des livres canoniques, comme Nathan et Esdras. Ce qu'il y a de certain, c'est que cette circonstance avait été prédite, comme on le voit dans ces paroles de Philippe à Nathanaël : " Nous avons trouvé celui que Moïse et les prophètes ont annoncé, Jésus de Nazareth. " Voilà pourquoi les chrétiens furent d'abord appelés Nazaréens, nom qui fut ensuite changé à Antioche pour celui de chrétiens.

Le Sauveur est entré en Egypte pour supprimer le deuil de l'antique tristesse. Au lieu des plaies il apporta la joie; au lieu des ténèbres et de la nuit, il donna la lumière du salut. Autrefois l'eau du fleuve avait été polluée par le massacre prématuré des petits enfants. Il entra donc en Egypte, celui qui jadis avait rougi cette eau, et il rendit les eaux des fleuves capables d'engendrer le salut, en purifiant par la puissance de l'Esprit ce qui était maudit et souillé en elles. Les Égyptiens avaient été châtiés et, dans leur folie, ils avaient renié le Seigneur. Le Seigneur entra en Egypte, il remplit les âmes religieuses de la connaissance de Dieu, et il donna au fleuve de produire encore plus de martyrs que d'épis de blé.

Que puis-je dire de ce mystère? Je vois un ouvrier, une mangeoire, un enfant, des langes, l'enfantement d'une vierge privée de tout le nécessaire, toutes les marques de l'indigence, tout le fardeau de la pauvreté. Avez-vous jamais vu la richesse dans une telle pénurie? Comment celui qui était riche s'est-il fait pauvre pour nous au point que, privé de berceau et de couvertures, il est étendu dans une dure mangeoire?

O richesse immense, sous les apparences de la pauvreté! Il gît dans une mangeoire et il ébranle l'univers! Serré dans ses langes, il brise les chaînes du péché. Alors qu'il ne peut pas prononcer un mot, il a instruit les mages et les a fait changer d'itinéraire! Encore une fois, le mystère décourage la parole! Voici le bébé enveloppé de langes, couché dans une mangeoire; il y a là aussi Marie, à la fois vierge et mère, il y a encore Joseph qu'on appelle son père. Celui-ci a épousé Marie, mais le Saint-Esprit a couvert Marie de son ombre. C'est pourquoi Joseph était angoissé, ne sachant comment appeler l'enfant.

Dans cette anxiété, un oracle lui fut apporté par un ange: Ne crains pas, Joseph, l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint (Mt 1,20). Car c'est lui qui l'a couverte de son ombre. Pourquoi le Sauveur est-il né d'une vierge et a-t-il sauvegardé sa virginité? Parce que jadis Eve, étant vierge, fut trompée par le démon, Gabriel apporta la bonne nouvelle à Marie qui était vierge. Mais tandis qu'Eve, s'étant laissé séduire, enfanta une cause de mort, Marie ayant reçu la bonne nouvelle, enfanta le Verbe incarné qui nous a apporté la vie éternelle.
Saint Jérôme
Si l'Évangéliste avait cité un passage précis de l'Écriture, il aurait dit : " Ce qui a été prédit par le prophète, " et non " ce qui a été prédit par les prophètes ; " or en prenant cette expression au pluriel il nous montre qu'il rapporte non pas le texte, mais le sens de l'Écriture. Le mot Nazaréen signifie saint et toute l'Écriture proclame la sainteté du Seigneur. Nous pourrions dire encore que cette citation se trouve littéralement dans ce texte hébreu d'Isaïe : " Une tige sortira de la racine de Jessé et le Nazaréen sortira de sa racine. "
Saint Augustin
On nous demandera peut-être ici comment les parents de Jésus, comme le raconte saint Luc, pouvaient pendant toute son enfance venir tous les ans à Jérusalem, alors que la crainte d'Archélaüs devait les en tenir éloignés. La réponse est facile. Ils pouvaient très bien en effet venir secrètement à Jérusalem le jour de la fête, confondus qu'ils étaient au milieu d'une si grande foule, pour en sortir bientôt, tandis qu'ils auraient dû craindre d'y fixer leur séjour en d'autres temps. C'est ainsi qu'ils accomplissaient leurs devoirs religieux en assistant à la fête, et qu'ils ne s'exposaient pas à être remarqués en y restant plus longtemps. Il est d'ailleurs évident que lorsque saint Luc nous dit qu'ils montaient tous les ans à Jérusalem, Il faut l'entendre du temps où ils n'avaient plus rien à craindre d'Archélaüs, qui, d'après Josèphe, ne régna que neuf ans.

Quelqu'un sera peut-être surpris d'entendre saint Matthieu nous dire que Joseph craignait de revenir avec l'enfant dans la Judée, parce qu'Archélaüs avait succédé à Hérode son père, tandis qu'il ne craint pas de se retirer dans la Galilée, dont un autre fils d'Hérode était tétrarque, au témoignage de saint Luc. Mais l'époque dont parle saint Luc n'était pas celle où l'on craignait pour l'enfant. Tout était changé alors, et ce n'était plus Archélaüs qui régnait en Judée, mais Ponce-Pilate qui la gouvernait.

On pourrait encore demander pourquoi saint Matthieu nous dit que les parents de Jésus se retirèrent avec lui dans la Galilée, parce qu'ils craignaient d'aller à Jérusalem à cause d'Archélaüs, tandis qu'au témoignage de saint Luc (Lc 1, 26 ; 2, 24 ; Mt 2, 23 ; 21, 11) il est plus vraisemblable qu'ils se fixèrent dans la Galilée, parce que la ville de Nazareth qu'ils habitaient en faisait partie. Nous répondons que lorsque l'ange vint trouver Joseph en Égypte et lui dit pendant son sommeil : " Retourne dans la terre d'Israël, " Joseph put comprendre d'abord qu'il était mieux pour lui d'aller dans la Judée, à laquelle paraissait convenir plus spécialement la dénomination de terre d'Israël. Mais lorsqu'il eût appris qu'Archélaüs y régnait, il ne voulut pas s'exposer au danger, puisque d'ailleurs le nom de terre d'Israël pouvait aussi convenir à la Galilée, qui était également habitée par le peuple d'Israël. Voici une autre solution : les parents de Jésus purent croire qu'ils ne devaient fixer leur demeure avec lui qu'à Jérusalem, où se trouvait le temple du Seigneur et c'est là qu'ils auraient été, si la crainte d'Archélaüs qui habitait cette ville ne les en eût détournés. Mais l'ordre qu'ils avaient reçu du ciel ne leur faisait pas une loi de se fixer dans la Judée ou à Jérusalem en passant par-dessus la crainte que leur inspirait Archélaüs, mais seulement dans la terre d'Israël, ce qui pouvait s'entendre de la Galilée, comme nous l'avons dit.

Saint Luc passe sous silence tout ce qui a rapport aux Mages et les événements qui suivent. C'est ici le lieu de faire cette observation qui devra nous servir pour toute la suite, que chacun des Évangélistes coordonne son récit comme s'il n'omettait aucun fait. Tout en passant sous silence ce qu'il veut taire, chacun d'eux établit entre les choses qu'il a dites et celles qu'il vent dire une telle liaison que le récit parait sans interruption. Mais lorsque l'un raconte ce que l'autre a cru devoir omettre, en examinant attentivement la suite du récit, on voit où l'on peut placer ce qui a été omis par l'un des écrivains sacrés. 
Rabanus Maurus
Ou bien on peut voir ici une figure des derniers temps de l'Église, où un grand nombre de Juifs se convertiront à la voix d'Hénoch et d'Élie, tandis que les autres seconderont la haine de l'Antéchrist en combattant contre la foi. La partie de la Judée sur laquelle régnait Archélaüs représente les partisans de l'Antéchrist ; Nazareth, ville de Galilée où Jésus-Christ est transporté, figure le reste de cette nation qui doit embrasser la foi. En effet le nom de Galilée signifietransmigration, et Nazareth, fleur des vertus, parce que plus l'Église se détache de la terre pour s'élever avec ardeur vers le ciel, plus aussi on voit se multiplier au milieu d'elle la fleur et la semence des vertus.
La Glose
L'Évangéliste confirme ce fait par le témoignage suivant du prophète : " Pour accomplir ce qui a été prédit par les prophètes, il sera appelé Nazaréen. "

On se demande encore pourquoi Joseph ne craignait pas de se retirer dans la Galilée, sur laquelle s'étendait le pouvoir d'Archélaüs ? C'est qu'il était plus facile d'échapper à toute recherche dans Nazareth que dans Jérusalem, capitale du royaume ou Archélaüs résidait ordinairement.

Joseph se montre docile à l'avertissement qui lui est donné par un ange ; " Et s'étant levé dit l'auteur sacré, il prit la mère et l'enfant, " etc. L'ange n'avait pas déterminé dans quel endroit de la terre d'Israël il devait se retirer ; l'incertitude de Joseph lui donnait ainsi l'occasion de revenir, et de lui ôter par ses fréquentes visites tout doute sur ce qu'il devait faire. Aussi lisons nous : " Ayant appris qu'Archélaüs, " etc.
Saint Thomas d'Aquin
265. ET, AVERTI EN SONGE, IL SE RETIRA DANS LA RÉGION DE GALILÉE. Or, l’ange lui avait d’abord dit d’aller dans la terre d’Israël. Mais parce que Joseph n’avait pas encore compris, l’ange, qui avait d’abord fait une révélation imprécise, précise maintenant : ET, AVERTI…, IL SE RETIRA DANS LA RÉGION DE GALILÉE. Argument en sens contraire : comme Archélaüs régnait en Judée, ainsi Hérode régnait en Galilée. Mais il faut dire que cela se produisit aussitôt après la mort d’Hérode, alors qu’Archélaüs régnait sur l’ensemble, car, par la suite, une division se produisit. Mais alors on se demande de nouveau pourquoi [Joseph] ne craignait pas Archélaüs. Il faut dire que le siège du royaume se trouvait à Jérusalem, de sorte qu’ [Archélaüs] y résidait presque toujours. Mais on se demande pourquoi en Lc 2, 41, on dit que, chaque année, [ses parents] conduisaient l’enfant à Jérusalem. Augustin donne la solution : ils le conduisaient d’une manière sûre au milieu de la grande foule qui s’y rendait ; mais il aurait été dangereux qu’il y demeurât longtemps. De même, on se demande pourquoi l’évangéliste insinue que Joseph est venu à Nazareth comme par accident, mais, en Lc 2, 39, on dit qu’il avait son propre domicile à Nazareth. Mais il faut dire que l’ange lui avait dit d’aller dans la terre d’Israël, qui, à parler rigoureusement, n’incluait pas la Galilée ni Nazareth. Et c’est ainsi que le comprit Joseph. C’est pourquoi il n’avait pas l’intention d’aller à Nazareth.

266. AFIN QUE S’ACCOMPLÎT CE QUI AVAIT ÉTÉ DIT PAR LE PROPHÈTE : «IL SERA APPELÉ NAZARÉEN.» On ne trouve pas ceci dans l’Écriture, mais on peut dire qu’on le conclut à partir de plusieurs endroits. Car «nazaréen» veut dire «saint», et parce que le Christ est appelé saint, Dn 9, 24 : Jusqu’à ce que le saint soit oint, on dit à juste titre : PAR LE PROPHÈTE. Ou bien on peut dire que «nazaréen» veut dire «fleuri» ; ceci se trouve dans Is 9, 1 : Une pousse sortira de la souche de Jessé, et une fleur montera de sa souche, etc. Lui convient donc ce qui est dit en Ct 2, 1 : Je suis une fleur des champs et un lis des vallées.
Louis-Claude Fillion
Dans une ville : en latin, l’accusatif avec un verbe qui marque le repos ; c’est le contraire de ce que nous remarquions il n’y a qu’un instant. – Nazareth. Voir Patritii, de Evangeliis, t. 2, p. 383 et ss. S. Luc nous fera connaître, 1, 26 et ss., le séjour antérieur de Marie et de Joseph dans cette fameuse bourgade qui avait été témoin du mystère de l’Incarnation, et où le Verbe fait chair va passer désormais la plus grande partie de sa vie. L’Ancien Testament, le Talmud, l’historien Josèphe ne la mentionnent nulle part : c’est ici qu’elle apparaît pour la première fois. Bâtie à 1.170 pieds au-dessus du niveau de la mer, sur le territoire de la tribu de Zabulon, dans un amphithéâtre formé par des collines crayeuses d’une blancheur éblouissante, elle ressemble, suivant la gracieuse étymologie de son nom, Natzar, “qui verdit, qui fleurit”, à une fleur des montagnes, symbole de la fleur céleste qui devait y germer. « Nous irons à Nazareth et nous verrons la fleur de la Galilée, car Nazareth veut dire fleur », S. Jérôme Lettre 44. Grâce à sa position isolée au milieu des montagnes, et à son éloignement de toute grande voie de communication, elle convenait admirablement à la vie cachée que Jésus devait y mener durant près de trente ans. – Afin que s'accomplît. Dans ce séjour de Jésus-Christ à Nazareth, S. Matthieu voit un nouvel accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament. Mais de qui est le texte il sera appelé Nazaréen, qu’il cite à cette occasion ? On a beau parcourir tous les écrits des Prophètes, et même tous les livres de l’Ancienne Alliance, on ne le trouve nulle part, ni rien qui s’en approche directement ; aussi est-il peu de citations qui créent autant de difficultés à l’exégète. S. Jean Chrysostôme et quelques commentateurs après lui ont supposé que ce passage a été emprunté à un livre prophétique qui s’est perdu depuis ; mais de pareilles explications n’expliquent absolument rien. S. Matthieu semble avoir voulu nous mettre lui-même sur la voie de la bonne interprétation en employant une formule extraordinaire pour introduire son texte ; pourquoi donc se sert-il ici du pluriel qui est nécessairement très vague ? Cela ne signifie-t-il pas qu’il voulait citer non point un oracle déterminé, comme il l’avait fait plus haut, mais une sorte de résumé de plusieurs prédictions messianiques, plusieurs textes condensés en un seul ? Telle est depuis longtemps l’opinion générale. Aussi est-ce à tort que quelques anciennes versions ont remplacé le pluriel par le singulier “prophète”. Il nous reste maintenant, et c’est le point essentiel, à fixer le sens de la citation. Il est évident que l’évangéliste joue sur les mots à la façon orientale ; il fait actuellement une de ces combinaisons spirituelles que les écrivains sacrés se sont souvent permises à l’égard des noms propres, ou plutôt qui leur ont été plus d’une fois directement inspirées du ciel, ainsi que nous devons l’admettre pour la circonstance présente. S. Matthieu aperçoit donc, à la lumière d’en haut, une connexion mystique qui existe entre le nom de la ville de Nazareth où Jésus-Christ habita de longues années, et un prédicat appliqué au Messie par les prophètes en termes généraux, sous une forme ou sous une autre. Quel est ce prédicat ? Il existe trois hypothèses à son sujet. 1° Ce serait le Nazir, “saint, consacré”, plus spécialement au Seigneur par le vœu du “nazirat” ; Cf. Jud. 13, 5. Les prophètes ont certainement prédit plus d’une fois que le Christ serait saint et même le Saint par excellence, qu’il serait éminemment consacré à Dieu ; mais Jésus n’a jamais été “nazir” dans le sens strict de cette expression ; l’Évangile l’affirme expressément, Cf. Matthieu. 11, 49. 2° Ce serait le participe, nazor, opprimer, de telle sorte que nous aurions ici une allusion directe aux humiliations et aux souffrances du Messie, dont les Prophètes ont parlé si souvent et d’une manière si précise, et en même temps une allusion au mépris qu’on semble avoir témoigné, vers l’époque de Jésus-Christ, aux habitants de Nazareth. On objecte à cette dérivation que jamais nazor n’apparaît dans les écrits prophétiques comme un prédicat ; on ne peut donc pas dire du Messie qu’il ait été appelé (vocabitur) “oppressus”. 3° Ce serait le substantif netzer, “rejeton, rameau”. Ce sentiment est, croyons-nous, le plus vraisemblable des trois. En effet, - a. c’est le plus exact étymologiquement parlant. Bien que l’orthographe hébraïque du nom de Nazareth ne soit complètement certaine, il est néanmoins très probable qu’on écrivait anciennement par un tsadé et non par un zaïn, et que sa vraie racine, comme nous le disions plus haut est la même par conséquent que pour “netzer”. – b. Les prophètes attribuent réellement au Messie la dénomination de “netzer”, soit d’une manière très expresse, par exemple dans ce passage d’Isaïe : « Un rameau (en hébr. netzer) sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines, » 11, 1 ; soit en termes analogues, v. g. : Jérémie 23, 5 ; 33, 15 ; Zach. 3, 8 ; 6, 12, etc., qui nomment le Christ, germe. Ainsi pensait déjà S. Jérôme : « Ce que tous les exégètes catholiques cherchent sans le trouver, à savoir où il est écrit qu’il sera appelé nazaréen, les érudits Juifs pensent que Matthieu l’a tiré du passage suivant d’Isaïe : 11, 1 ». Puis, dans son commentaire sur S. Matthieu, expliquant notre passage, il donne la traduction suivante du texte d’Isaïe : « Il sortira une tige de la racine de Jessé et un Nazaréen poussera de ses racines ». Encore une fois, c’est un jeu de mots, quelle que soit l’hypothèse que l’on adopte ; mais rappelons-nous que Dieu se sert de tout pour arriver à se fins mystérieuses ; rien n’est petit, ni méprisable lorsqu’il s’agit de réaliser ses grands desseins. – Sur la croix, au lieu de “Nazaraeus”, nous lirons “Nazarenus”, et les Juifs appellent encore Notre-Seigneur Jésus-Christ “Jéschou Ha-notz’ri”. Nazaréen, Galiléen, noms de mépris qui ont été depuis couverts de gloire. – “Béthléem et Nazareth, voilà donc la double patrie de Jésus-Christ, Bethléem qui l’a vu naître, Nazareth qui le verra grandir. Il est né dans celle-là comme fils des rois, il vivra dans celle-ci comme fils d’un ouvrier. L’une a entendu le chant des anges, reçu la visite des Mages..., l’autre, ne verra que la vie humble et cachée du Fils de l’homme et ne comprendra que bien tard le trésor qui l’honore”, Le Camus, Préparation exégétique à la Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, p. 431. – L’enfant, après sa disparition de Bethléem, passa probablement pour mort, et ceux-là même dont l’attention avait été excitée par l’arrivée des Mages, la réponse du Sanhédrin, etc., ne s’occupèrent bientôt plus de Lui. Cependant le rejeton divin grandissait à l’ombre de Nazareth. S’il nous est apparu pauvre, fugitif, ignoré du grand nombre, remarquons les beaux témoignages que nous avons eus en sa faveur : l’Ange, l’étoile, les docteurs juifs, les Mages, les Prophètes, les soins délicats de la Providence, tout nous a parlé de sa grandeur. Tels sont donc les renseignements que S. Matthieu nous fournit sur l’Enfance et la vie cachée de Jésus. Il a choisi, conformément à son plan général, les faits qui lui permettaient de mieux montrer l’accomplissement des oracles messianiques par Jésus-Christ : Jésus est né de David et d’une Vierge, dans la ville de Bethléem, et il a longtemps séjourné à Nazareth, quatre circonstances qui avaient été prédites. Nous étudierons le reste dans S. Luc, et nous nous réservons d’établir alors une harmonie parfaite entre les deux récits inspirés qu’on a si souvent attaqués comme contradictoires. Dans ces premiers chapitres de S. Matthieu, dont on a de nos jours transformé les différentes parties en mythes ou en légendes, nous n’avons trouvé rien que de très naturel et de très authentique. Ils ne contiennent pas un mot contre lequel on puisse diriger de sérieuses attaques, à moins donc de renverser du même coup toutes les lois de la critique historique.