Matthieu 2, 4
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
197. AYANT RÉUNI. Ici est présentée la recherche. Comme il a été dit, Hérode était soucieux de s’enquérir tant en raison de son règne qu’en raison de la crainte des Romains. Il rechercha donc la vérité. Mais pour avoir une certitude au sujet de quelque chose, trois choses sont nécessaires de la part de ceux qui cherchent. En effet, on accorde foi à un grand nombre [de personnes], à l’autorité et aux gens instruits. C’est ainsi qu’il réunit un grand nombre [de personnes], des gens qui avaient une autorité et des sages. C’est ce que [Matthieu] dit : AYANT RÉUNI TOUS, pour le premier point, Sg 4, 26 : Le grand nombre des sages est la santé de toute la terre. LES GRANDS-PRÊTRES, pour le second point, Ml 2, 7 : Les lèvres des prêtres gardent la connaissance, et on cherche la loi qui vient de leur bouche…ET LES SCRIBES, pour le troisième point : on ne parle pas d’eux seulement parce qu’ils écrivent, mais parce qu’ils interprètent l’écriture de la loi. Par eux, en effet, il voulait chercher la vérité, Si 22, 13 : Ne présume pas de parler au milieu des grands, et là où il y a des anciens, ne parle pas beaucoup.
198. IL S’ENQUIT DU LIEU OÙ DEVAIT NAÎTRE LE CHRIST. Les mages l’avaient appelé roi, mais ils cherchaient le Christ. En effet, ils savaient, pour avoir parlé avec les Juifs, que le roi légitime des Juifs était oint. Mais se pose la question : ou bien [Hérode] croyait à la prophétie, ou bien il n’y croyait pas. S’il y croyait, il savait qu’on ne pouvait empêcher que [le Christ] règne : pourquoi donc tua-t-il les enfants ? S’il n’y croyait pas, pourquoi cherchait-il ? Mais il faut dire qu’il ne croyait pas parfaitement, parce qu’il était ambitieux et que l’ambition des hommes rend aveugle.
198. IL S’ENQUIT DU LIEU OÙ DEVAIT NAÎTRE LE CHRIST. Les mages l’avaient appelé roi, mais ils cherchaient le Christ. En effet, ils savaient, pour avoir parlé avec les Juifs, que le roi légitime des Juifs était oint. Mais se pose la question : ou bien [Hérode] croyait à la prophétie, ou bien il n’y croyait pas. S’il y croyait, il savait qu’on ne pouvait empêcher que [le Christ] règne : pourquoi donc tua-t-il les enfants ? S’il n’y croyait pas, pourquoi cherchait-il ? Mais il faut dire qu’il ne croyait pas parfaitement, parce qu’il était ambitieux et que l’ambition des hommes rend aveugle.
Et rassemblant. Dans cette circonstance délicate, Hérode ne dément
pas le portrait qu’ont tracé de lui les anciens auteurs au point de vue de la ruse et de l’habilité. Il ne fallait ni
trop de mystère, ni trop d’éclat : trop de mystère eût excité l’effervescence populaire au lieu de la calmer ;
trop d’éclat eût entraîné tout le monde auprès du Messie. Hérode saura choisir à merveille le juste milieu
recommandé à l‘homme sage. Non moins que les Mages, il tient à savoir où est “le roi des Juifs”, son
concurrent inattendu. Il dissimule son inquiétude, semble désireux de rendre service aux illustres voyageurs,
et, comme leur demande concernait un fait religieux, bien plus, le fait religieux par excellence du Judaïsme,
la naissance du Messie, il convoque en séance extraordinaire le grand conseil ecclésiastique des Juifs, ou
Sanhédrin. Ce corps célèbre, que nous trouvons mentionné plusieurs fois dans le premier Évangile, Cf. 5,
22 ; 10, 17 etc., et dont le nom, malgré sa couleur hébraïque, laisse facilement reconnaître son origine
grecque, se composait de 71 membres, c’est-à-dire d’un président qui était ordinairement le grand prêtre, et
de 70 assesseurs. Ces membres formaient trois classes distinctes. Il y avait 1° les princes des prêtres. On
désignait ainsi non-seulement le souverain Pontife actuellement en fonctions, qui était le prince des prêtres
par excellence, ou ses prédécesseurs encore vivants, mais aussi les chefs des vingt-quatre familles
sacerdotales ; Cf. 1, Par. 24. – 2° les Scribes, ou docteurs de la Loi, comme les nomme S. Luc. Ils
constituaient une corporation nombreuse et puissante, dont le ministère consistait surtout à interpréter la Loi
mosaïque. Comme la religion et la politique étaient très-étroitement associées sous le régime théocratique de
l’Ancien Testament, les Scribes étaient tout à la fois des jurisconsultes et des théologiens. Ils appartenaient
presque tous au parti pharisaïque et jouissaient d’un grand crédit auprès du peuple. Naturellement, ce
n’étaient que les plus illustres d’entre eux, tels que les Gamaliel, les Nicodème, qui faisaient partie du
Sanhédrin. Leur dénomination montre qu’une de leurs fonctions était aussi d’écrire les actes publics. – 3° les
Anciens, c’est-à-dire les notables, qui étaient pris parmi les chefs des principales familles. Ils formaient
l’élément purement laïque du grand conseil. Bien que la question à décider dans la circonstance présente fût
complètement du domaine de la théologie, les anciens durent être convoqués avec les deux autres classes,
parce qu’Hérode voulait une réponse officielle, authentique, qui réclamait la présence de tous les
Sanhédristes. Si l’évangéliste ne les nomme point, au v. 4, cela tient à ce que la décision du cas proposé
regardait de préférence les princes des prêtres et les docteurs de la Loi. Plus tard encore, nous rencontrerons
des omissions semblables, alors même qu’il s’agira certainement d’une réunion complète des assesseurs. Cf.
Matth. 20, 18 ; 26, 59 ; 27, 1. – Devait naître ou mieux “naître”, car le verbe grec est au présent. Hérode,
comme les Mages, s’informe seulement du lieu de la naissance du Christ, où. Le fait en lui-même est
supposé certain ; l’attente du Messie était alors universelle, on sentait que les temps étaient accomplis. Voir
l’intéressante brochure de MM. les abbés Lémann, La question du Messie et le Concile du Vatican, Lyon, 1869, chap. 2.
Les princes des prêtres, c’est-à-dire les chefs des prêtres, comme le porte le texte grec, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales qui faisaient à tour de rôle une semaine chacun le service du temple. La Vulgate avait employé le mot principes, on a pris l’habitude de traduire en français les princes des prêtres, mais il faut remarquer que le mot principes n’a pas le sens restreint de notre mot princes et signifie ici dans le texte latin chefs, chefs des familles sacerdotales. Ils étaient membres du sanhédrin. ― Les scribes du peuple. On appelait scribes des hommes habiles dans la science et dans l’explication de la loi mosaïque. Ils jouissaient d’une grande considération parmi le peuple. Ils sont ordinairement mentionnés comme ici avec les princes, c’est-à-dire les chefs des prêtres. Comme corps, ils avaient une plus grande influence que les prêtres simplement dits. Plusieurs d’entre eux faisaient partis du sanhédrin avec les principaux des prêtres et les anciens. Leur nombre était considérable ; ils avaient des écoles où ils enseignaient ; ils donnaient aussi des conseils à ceux qui les consultaient. ― Les docteurs de la loi étaient des scribes mais on réservait ce titre de docteurs à ceux des scribes qui étaient spécialement juristes et interprétaient la loi. La plupart des scribes étaient pharisiens ; ils comptaient cependant aussi dans leurs rangs quelques saduccéens. Ils avaient surchargé la loi de pratiques minutieuses ; ils adressèrent souvent au Sauveur des questions captieuses et ils méritèrent d’être traités par lui d’hypocrites et de guides aveugles.