Matthieu 2, 8
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Hérode se trouvant en présence d'une réponse que rendait doublement probable et le témoignage des prêtres et l'autorité des prophètes, ne se détermine pas à rendre hommage au roi qui doit naître ; mais il se laisse aller au coupable désir de s'en défaire par ruse. Il a vu qu'il ne pouvait ni ébranler les Mages par ses caresses, ni les effrayer par ses menaces, ni les corrompre par son or, et les amener ainsi à consentir au meurtre du roi qui leur est annoncé ; il forme donc le dessein de les tromper. C'est ce qu'indique l'Évangéliste par ces paroles : " Hérode ayant fait venir les Mages en secret. " Il les appelle en secret, parce qu'il se défiait des Juifs et qu'il craignait que le désir d'avoir un roi de leur nation ne fût pour eux un motif de trahir ses desseins. " Il demanda donc aux Mages avec soin le temps où l'étoile leur avait apparu. "
Ou bien comme leur voyage devait être de longue durée, l'étoile leur apparaissait depuis longtemps, afin qu'ils pussent se trouver au berceau du Christ aussitôt qu'il serait né, et l'adorer enveloppé de langes qui le leur rendaient plus admirable encore.
Il ne dit pas : Informez-vous du roi, mais informez-vous de l'enfant, car il ne peut souffrir qu'on lui donne ce nom, symbole de son autorité.
Pour les amener à ses desseins, il feint le désir d'aller lui rendre hommage, et sous ce manteau d'hypocrisie il aiguise son glaive et veut dissimuler la perversité de son coeur sous les dehors de la soumission et de l'humilité. Ainsi font tous les méchants : c'est quand ils veulent porter en secret des coups plus terribles qu'ils font semblant de s'abaisser et qu'ils prodiguent les marques d'amitié ; c'est ce qui fait dire à Hérode : " Lorsque vous l'aurez trouvé, faites-le moi savoir, " etc.
Cette étoile leur avait apparu presque deux ans auparavant, et elle était pour eux depuis ce temps un objet d'étonnement. Il faut donc admettre qu'ils n'apprirent ce que signifiait cette étoile qu'ils voyaient depuis longtemps, qu'à la naissance de celui qu'elle figurait ; et c'est après qu'il leur fut révélé que le Christ était né que les Mages vinrent de l'Orient, et qu'ils adorèrent le treizième jour celui dont ils avaient appris la naissance quelques jours auparavant.
Il les interroge avec soin, car c'était un homme astucieux, et il craignait qu'ils ne revinssent pas le trouver pour le renseigner sur l'enfant qu'il voulait mettre à mort.
Les Mages obéissent aux ordres d'Hérode pour chercher le Seigneur, mais non pour revenir le trouver ; en cela ils étaient l'image de ceux qui écoutent la parole de Dieu dans un bon esprit ; ils pratiquent les enseignements que leur donnent des prédicateurs vicieux, mais ils se gardent bien d'imiter leurs oeuvres.
" L'enfant nouveau-né créa une nouvelle étoile. "
Après avoir pris des informations sur le temps et sur le lieu, il veut aussi connaître la personne de l'enfant, et il ajoute : " Allez et informez-vous exactement de l'enfant. " Il leur enjoint de faire ce qu'ils devaient faire eux-mêmes sans avoir besoin de recommandation.
Il feint de vouloir l'adorer, pour pouvoir plus facilement le mettre à mort, s'il vient à le trouver.
La Glose
Suivant d'autres, cette étoile n'aurait apparu que le jour même de la naissance du Christ, elle avait été créée pour cette mission, et aussitôt qu'elle l'eut remplie elle disparut.
208. [Hérode] leur indique le lieu, en cet endroit : ET EN LES ENVOYANT. Il leur confère la charge de rechercher, en cet endroit : ALLEZ VOUS RENSEIGNER, etc. Puis, il leur donne deux avertissements et, pour qu’ils les suivent, un troisième. Dans le premier, il dit : ALLEZ, etc. [Hérode] cherche de manière insidieuse dans le but de tuer, comme ceux à qui il est dit en Jn 7, 34 : Vous me cherchez, mais vous ne me trouverez pas. Dans le deuxième [avertissement], il dit : LORSQUE VOUS L’AUREZ TROUVÉ, INFORMEZ-MOI. Il disait cela dans une mauvaise intention, Si 13, 14[11] : Par son verbiage, il te mettra à l’épreuve. Dans le troisième, il dit : AFIN QUE JE VIENNE MOI AUSSI LUI RENDRE HOMMAGE, et ainsi il promit par ruse de rendre hommage à Dieu, Jr 9, 8 : Comme une flèche acérée, leur langue a exprimé une ruse ; Ps 27, 3 : Ils parlent de paix avec leur prochain, mais ils entretiennent de mauvais desseins dans leur cœur. Il faut noter que, alors que les mages avaient parlé d’un roi, lui l’appelle ENFANT, car la bouche parle de l’abondance du cœur [Mt 12, 34]. Il faut noter aussi qu’il demande aux Juifs où doit naître le Christ, en voulant se rendre compte et vérifier s’ils s’en réjouissaient.
Les
envoyant. Hérode conclut qu’à un âge si faible son rival n’aura pas encore été éloigné du lieu où il est né. Le
roi eût pu sans doute partir lui-même immédiatement pour Bethléem, mais la chose eût fait trop de bruit, ce
qu’il voulait à tout prix éviter. Il est beaucoup plus habile de sa part et beaucoup plus simple de transformer les Mages en espions inconscients, allez, informez-vous. – Afin que moi aussi... C’est bien là le monarque
hypocrite dont nous parle l’historien Josèphe. Il essaie, par ces dévotes paroles, de tromper les âmes bonnes
et droites des Mages, qui eussent été pris au piège sans la révélation spéciale qu’ils reçurent plus tard, v.12.