Matthieu 20, 22

Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. »

Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. »
Saint Thomas d'Aquin
2120. JÉSUS LUI RÉPONDIT. Ici est présentée la réponse ; ensuite, les murmures des autres, en cet endroit : LES DIX AUTRES, QUI AVAIENT ENTENDU CELA, S’INDIGNÈRENT CONTRE LES DEUX FRÈRES.

À propos du premier point, [le Seigneur] fait trois choses : premièrement, il blâme leur sottise ; deuxièmement, il soumet leur empressement à un examen, en cet endroit : POUVEZ-VOUS BOIRE LE CALICE QUE JE VAIS BOIRE ? ; troisièmement, il repousse leur demande, en cet endroit : IL NE M’APPARTIENT PAS D’ACCORDER QUE VOUS SIÉGIEZ À MA DROITE ET À MA GAUCHE.

2121. Mais de quoi s’agit-il ? Eux-mêmes ne le demandaient pas, mais leur mère. Le Seigneur savait que celle-ci le demandait à leur instigation. Il leur répond donc, comme il avait répondu plus haut, 16, 23, à Pierre : Tu ne sais pas ce que tu dis. VOUS NE SAVEZ PAS CE QUE VOUS DEMANDEZ, comme s’il disait : «Vous ne devez pas demander des choses temporelles, mais l’excellence spirituelle.» Ou alors, s’ils l’entendaient [de choses] spirituelles, ils demandaient d’être placés au-dessus de toutes les créatures, car siéger à la droite ne convient à aucune créature, comme on le trouve en He 1, 13 : Auquel des anges a-t-il dit un jour : «Siège à ma droite ?» Ainsi donc, siéger à la droite dépasse toute créature. Autre interprétation, selon Hilaire : VOUS NE SAVEZ PAS CE QUE VOUS DEMANDEZ, car je vous ai déjà accordé ce que vous demandez. En effet, il a été dit plus haut, 19, 28 : Vous siégerez sur douze trônes, etc. Ou bien, autre [interprétation] : VOUS NE SAVEZ, car je vous ai appelés à la droite, et vous demandez qu’un soit à la gauche ? Ou bien, le Diable, comme il avait attiré l’homme à la gauche par le truchement d’une femme, voulait ramener ceux-ci à gauche par le truchement d’une femme. Mais il n’y réussit pas, puisque le salut est venu par une femme.

2122. Ou bien : VOUS NE SAVEZ PAS, car vous vous disputez une récompense sans qu’elle ait été précédée par un mérite. Vous devez donc considérer que l’on n’accède à la récompense que par le mérite. Je veux donc d’abord vous soumettre à un examen [afin de savoir] si vous pouvez souffrir, etc. [Le Seigneur] dit donc : POUVEZ-VOUS BOIRE LE CALICE QUE JE VAIS BOIRE ? Ici, il les soumet à un examen et les oriente délicatement vers la passion, car il appelle la passion un calice. Il est question de celui-ci en Ps 115]116], 13 : Je prendrai le calice du salut, puis vient ensuite : La mort de ses saints est précieuse au regard du Seigneur. [La passion] est appelée un calice, parce qu’elle enivre. Il dit aussi : QUE JE VAIS BOIRE. 1 P 2, 21 : Le Christ a souffert pour nous, en vous laissant un exemple pour que vous suiviez ses traces.

2123. ILS LUI RÉPONDIRENT : «NOUS LE POUVONS.» Pourquoi répondent-ils ainsi ? Pour trois raisons. Premièrement, par amour du Christ, car ils étaient tellement attachés au Christ que la mort ne pourrait les séparer de lui, comme le dit Pierre, plus loin, 26, 35 : Même si je devais mourir avec toi, je ne te renierai pas. Aussi, par ignorance, parce qu’ils ne tenaient pas compte de leurs forces, car ceux à qui [une chose] paraît parfois légère avant le fait défaillent [devant] la réalité. Ils répondirent aussi par cupidité d’obtenir ce qu’ils avaient demandé. Ils croyaient ainsi obtenir aussitôt ce qu’ils demandaient ; ils affirment donc aussitôt : NOUS LE POUVONS, par cupidité.
Louis-Claude Fillion
Jésus répondit. Le Sauveur accueille cette étrange demande avec une grande bonté. Les suppliants méritaient un blâme qu’ils reçoivent immédiatement : toutefois, ce blâme est adressé non pas à la mère, mais aux fils qui étaient les plus coupables en cette affaire : c’étaient eux peut-être qui avaient eu la première idée de ce petit complot. « Que personne ne s’étonne de voir ici tant d’imperfection dans les apôtres. Le mystère de la Croix n’avait pas encore été consommé, et la grâce du Saint-Esprit ne s’était pas encore répandue sur eux. Si vous désirez savoir quelle a été leur vertu, considérez ce qu’ils ont fait ensuite, et vous les verrez toujours élevés au-dessus de tous les maux de la vie », S. Jean Chrys. Hom. 65 in Matth. - Vous ne savez pas ce que vous demandez. Vous agissez comme des enfants qui ne comprennent pas la portée de leurs demandes : vous avez, de plus, une idée très fausse de mon royaume, qui n’est pas ce que vous supposez. - Jésus fait ressortir ensuite les difficultés qu’ils doivent se résoudre à affronter pour arriver à la position élevée qu’ils ambitionnent : - Pouvez-vous boire le calice...? Il y a des coupes royales de différentes sortes : celle dont parle ici Jésus est évidemment, d’après le contexte, la coupe amère de sa Passion et de sa mort. Auront-ils assez de courage pour la vider avec lui jusqu’à la lie ? Cette belle métaphore du calice, pour représenter des destinées heureuses ou malheureuses, revient fréquemment dans la Bible et dans les classiques, Cf. Ps. 10, 6 ; 15, 5 ; 22, 5 ; Jérém. 25, 15. Les fils de Zébédée demandent des couronnes : Jésus leur présente sa croix ! - Nous le pouvons. L’amour ardent, quoique encore imparfait, qu’ils portaient à Jésus leur inspire cette réponse généreuse : Oui, nous le pouvons. S. Jacques et S. Jean étaient en réalité, et ils le prouveront bientôt l’un et l’autre, deux des membres les plus courageux du collège apostolique.
Fulcran Vigouroux
Ce calice désigne les souffrances de Jésus-Christ.