Matthieu 20, 25

Jésus les appela et dit : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir.

Jésus les appela et dit : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir.
Saint Thomas d'Aquin
2127. Ensuite, [le Seigneur] reprend [les disciples]. Premièrement, il fait état de l’exemple des païens ; deuxièmement, il enseigne que cet exemple ne doit pas être suivi, en cet endroit : VOUS SAVEZ QUE LES DIRIGEANTS DES PAÏENS LES TRAITENT EN MAÎTRES [20, 25] ; troisièmement, il propose ce qui doit être imité, en cet endroit : IL N’EN DOIT PAS ÊTRE AINSI PARMI VOUS [20, 26].

2128. [Matthieu] dit donc : JÉSUS LES APPELA, en donnant un exemple d’humilité, plus haut, 11, 29 : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. ET IL DIT : VOUS SAVEZ QUE LES DIRIGEANTS DES PAÏENS LES TRAITENT EN MAÎTRES. Pour les Juifs, les païens étaient abominables, comme on le voit plus haut, 18, 17 : Qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. [Le Seigneur leur] inspire donc de l’horreur : LES DIRIGEANTS DES PAÏENS LES TRAITENT EN MAÎTRES, afin d’indiquer que cet exemple ne doit pas être imité. Mais il faut remarquer qu’il existe une double prééminence : celle de la dignité et celle du pouvoir, et il aborde les deux lorsqu’il dit : LES DIRIGEANTS DES PAÏENS LES TRAITENT EN MAÎTRES, etc. Il s’agit des dirigeants dont la prééminence vient de la fonction.

Mais qu’est-ce que cela ? Est-ce que se comporter en maître est mal ? Se comporter en maître est employé parfois pour gouverner, et ce n’est pas en ce sens que [l’expression] est employée ici. Mais parfois [cela indique] le rapport avec le serviteur, et cela veut alors dire la même chose que traiter un serviteur en esclave, et c’est en ce sens que [l’expression] est employée ici. En effet, les dirigeants ont été établis afin d’assurer le bien des sujets ; s’ils veulent les réduire en esclavage, alors ils abusent, parce qu’ils font d’hommes libres des esclaves. En effet, est libre celui qui est cause par lui-même ; est esclave celui qui est cause par un autre. Et parce que cela était courant chez les païens et que cela l’est encore chez certains, il dit donc, Ex 22, 27 : Tes dirigeants seront chez lui comme des loups rapaces. De même, certains ont une élévation non pas par la dignité, mais par le pouvoir, comme c’est le cas de certains nobles. Or, il est courant que ceux qui possèdent le pouvoir n’en usent pas pour le bénéfice [de leurs sujets], mais LEUR FONT SENTIR LEUR POUVOIR, à savoir, pour les opprimer, et non en vue de la justice.
Louis-Claude Fillion
Jésus les appela à lui. Jésus groupe alors autour de lui toute la troupe apostolique : les dix s’étaient tenus à quelque distance pendant la scène qui vient d’être racontée, bien qu’ils s’en fussent très bien rendu compte, comme l’a montré le v. 24. Les apôtres ont tous besoin d’une leçon, car ils ont tous manifesté leur ambition humaine : le Maître la leur donne avec une grande douceur. Pour les corriger, il établit un parallèle entre la fausse grandeur, telle qu’elle existe dans le monde, et la vraie grandeur, telle qu’elle doit se manifester dans le royaume messianique. 1° La grandeur mondaine, que les Apôtres doivent éviter, v. 25. - Vous savez : Jésus fait appel à leur expérience relativement à un point bien connu, même des hommes les plus humbles. - Les princes des nations, c’est-à- dire les princes qui gouvernent les païens ; voir 20, 19 et la note correspondante. - Les dominent. Le verbe composé du texte grec, exprime une domination violente, absolue, qui n’a été que trop à la mode chez les princes païens ; Cf. Ps. 10, 5, 10 ; et voici que les Apôtres de Jésus voulaient dominer à la façon des païens ! - Les grands : en grec, au positif : les grands en général, les ministres des rois. - Exercent la puissance : encore un verbe dans la composition duquel entre la préposition sur, ce qui donne habituellement un mauvais sens à la pensée ; il s’agit donc de nouveau d’un pouvoir odieusement exercé. - Sur elles, non pas « sur les rois », comme le veulent Rosenmüller et Stier, mais « sur les nations ».
Pape Saint Jean-Paul II
Ce service de l'unité, enraciné dans l'œuvre de la miséricorde divine, est confié, à l'intérieur même du collège des Evêques, à l'un de ceux qui ont reçu de l'Esprit la charge, non pas d'exercer un pouvoir sur le peuple — comme le font les chefs des nations et les grands (cf. Mt 20, 25; Mc 10, 42) —, mais de conduire le peuple pour qu'il puisse avancer vers de paisibles pâturages. Cette charge peut imposer d'offrir sa propre vie (cf. Jn 10, 11-18). Après avoir montré que le Christ est « le seul Pasteur, en l'unité de qui tous ne font qu'un », saint Augustin exhorte: « Que tous les pasteurs soient donc en un seul pasteur, qu'ils fassent entendre la voix unique du pasteur; que les brebis l'entendent, qu'elles suivent leur pasteur, non pas celui-ci ou celui-là, mais le seul. Et que tous, en lui, fassent entendre une seule voix, et non pas des voix discordantes. Cette voix, débarrassée de toute division, purifiée de toute hérésie, que les brebis l'écoutent! » La mission de l'Evêque de Rome au sein du groupe de tous les pasteurs consiste précisément à « veiller » (episkopein), comme une sentinelle, de sorte que, grâce aux pasteurs, on entende dans toutes les Églises particulières la voix véritable du Christ-Pasteur. Ainsi, se réalise, dans chacune des Eglises particulières qui leur sont confiées, l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Toutes les Eglises sont en pleine et visible communion, parce que les Pasteurs sont en communion avec Pierre et sont ainsi dans l'unité du Christ.

Il s'agit, avant tout, du fait de l'interdépendance, ressentie comme un système nécessaire de relations dans le monde contemporain, avec ses composantes économiques, culturelles, politiques et religieuses, et élevé au rang de catégorie morale. Quand l'interdépendance est ainsi reconnue, la réponse correspondante, comme attitude morale et sociale et comme «vertu», est la solidarité. Celle-ci n'est donc pas un sentiment de compassion vague ou d'attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c'est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous. Une telle détermination est fondée sur la ferme conviction que le développement intégral est entravé par le désir de profit et la soif de pouvoir dont on a parlé. Ces attitudes et ces «structures de péché» ne peuvent être vaincues - bien entendu avec l'aide de la grâce divine - que par une attitude diamétralement opposée: se dépenser pour le bien du prochain en étant prêt, au sens évangélique du terme, à «se perdre» pour l'autre au lieu de l'exploiter, et à «le servir» au lieu de l'opprimer à son propre profit (cf. Mt 10, 40-42; 20, 25; Mc 10, 42-45; Lc 22, 25-27).