Matthieu 21, 22
Tout ce que vous demanderez dans votre prière avec foi, vous l’obtiendrez. »
Tout ce que vous demanderez dans votre prière avec foi, vous l’obtiendrez. »
Car les disciples de Jésus-Christ ne demandent rien qui ne soit digne d'être demandé, et pleins de foi dans leur divin: Maître, ils ne demandent que des biens supérieurs aux biens périssables et mortels.
Dans le sens mystique, le Seigneur, ayant quitté les princes des prêtres et les scribes, sort de la Jérusalem terrestre, ce qui fut la cause de sa ruine. Il vient à Béthanie, la maison de l'obéissance, c'est-à-dire dans l'Église. Lorsqu'il s'y est reposé, après avoir jeté les premiers fondements de l'Église, il retourne dans la ville qu'il avait quittée aupa ravant, et c'est en y retournant qu'il eut faim.
Et comme cet arbre, pris au figuré, était pour ainsi dire animé, Notre-Seigneur lui dit, comme s'il était capable de l'entendre: «Que jamais fruit ne naisse de toi». C'est ainsi que la synagogue des Juifs est frappée de stérilité, et qu'elle demeurera sans fruits jusqu'à la fin du monde, jus qu'à ce que la multitude des nations soit entrée dans l'Église, Ce figuier s'est desséché pendant que Jésus-Christ était encore sur la terre, et les Apôtres, voyant avec les yeux de l'âme ce mystère de la foi frappé de stérilité, furent saisis d'étonnement, et immédiatement, en fidèles disciples de Jésus-Christ, et sans la moindre hésitation, ils abandonnent la synagogue qui se dessèche aussitôt, parce que les Apôtres portent aux Gentils toute la sève vivifiante de la grâce. De même encore lorsqu'ils amènent quelqu'un àla foi, on peut dire qu'ils transportent une montagne, c'est-à-dire Satan, et la précipitent dans la mer, c'est-à-dire dans l'abîme.
Tout homme aussi qui se rend docile à la parole de Dieu, est Béthanie, et Jésus-Christ repose dans son coeur. Il abandonne les méchants et les pécheurs, mais lorsqu'il sera au milieu des justes, il ira encore vers d'autres sans quitter les premiers; car il n'abandonne pas Béthanie en venant à Jérusalem. Or, le Seigneur éprouve toujours le besoin de la faim dans les justes, et désire se nourrir en eux des fruits de l'Esprit saint, qui sont à la fois la charité, la joie et la paix ( Ga 5,22 ). Ce figuier, qui n'avait que des feuilles sans porter de fruits, était près du chemin.
Or, si le Seigneur vient au milieu des tentations et des épreuves pour recueillir des fruits, et qu'il rencontre un chrétien qui n'ait que la profession extérieure de la foi, c'est-à-dire des feuilles sans fruits, ce chrétien est bientôt frappé de stérilité, et perd même jusqu'au carac tère extérieur du christianisme. Tout disciple peut dessécher ainsi un figuier en lui montrant qu'il est tout à fait vide de la sève vivifiante de Jésus-Christ. C'est ainsi que Pierre dit à Simon le Magicien : « Votre coeur n'est pas droit devant Dieu». Il vaut bien mieux qu'un figuier trompeur qui n'a que l'apparence de la vie, et qui ne porte aucun fruit, soit frappé de stérilité par la parole des disciples de Jésus-Christ, que de tromper et de dérober par un faux semblant de religion la confiance des coeurs simples et innocents. Il y a aussi dans tout coeur incrédule une montagne proportionnée à son incrédulité, et que la parole seule des disciples de Jésus-Christ peut faire disparaître.
Nous devons conclure de là que Notre-Seigneur était si pauvre, et d'ailleurs si éloigné de flatter personne, que dans une si grande ville, il ne trouva pas un seul hôte, une seule demeure, et qu'il fut obligé de se retirer dans un petit bourg, chez Lazare et ses soeurs; ce bourg qu'ils habitaient, s'appelait Béthanie. «Et il y demeura», ajoute le texte sacré.
C'est en cela qu'il nous donne une preu ve de sa bonté. En effet, lorsqu'il voulut prouver par des exemples qu'il venait sauver le monde, il fit sentir les effets de sa toute-puissance aux corps des hommes, établissant ainsi l'espérance des biens futurs, et le salut des âmes par la guérison des maux de cette vie; mais maintenant qu'il veut donner un exemple de sa sévérité contre les rebelles opiniâtres, c'est en faisant mourir un arbre qu'il nous donne l'image des châtiments futurs: «Et il lui dit: Qu'éternellement, aucun fruit ne naisse de toi».
Elle est comparée au figuier, parce que les Apôtres, qui furent les premiers d'entre les Juifs pour croire en Jésus-Christ, précéderont les autres, comme des figues préco ces, par la gloire et 1 époque de leur résurrection.
Ou bien la mer signifie la grande confusion du monde où se trouvent des eaux Salées, c'est-à-dire des peuples impies.
C'est-à-dire dans le monde; car celui qui vit selon le monde ne peut produire les fruits de la justice.
On triomphe plus facilement de la malice en lui cédant qu'en es sayant de lui résister; car les discours, loin de l'éclairer, la rendent plus violente. Aussi le Seigneur cherche-t-il a apaiser, en s'éloignant, ceux que ses paroles n'ont pu calmer: «Et les ayant laissés là, il sortit de la ville, et s'en alla à Béthanie».
Afin de trou ver le repos du corps là où il jouissait du repos de l'âme, car c'est un des caractères des saints d'aimer à se fixer dans les maisons où brille, non le luxe des splendides festins, mais l'éclat de la vertu et de la sainteté.
Car en laissant son corps souffrir ce qui est dans sa nature, il prouvait qu'il était sujet à la souffrance.
Ce n'est point parce qu'il avait faim, qu'il s'en approchait, mais dans l'intérêt de ses disciples, car comme il répandait partout ses bien faits, sans jamais châtier personne, et qu'il fallait cependant donner des exemples de sa justice toute-puissante, il choisit, non pas les hommes, mais un arbre pour en établir la vérité.
Ce fut seulement dans l'opinion des disciples que ce figuier avait été maudit, parce qu'il ne portait point de fruit; mais pourquoi donc fut-il maudit? pour l'instruction des Apôtres, qui apprenaient ainsi que le Sauveur pourrait mettre à mort ceux qui le crucifièrent. Il est dit, en effet: «Et au même moment le figuier se sécha».Ce ne fut pas sur un autre arbuste, mais sur celui de tous qui a le plus de sève qu'il fit ce miracle, pour le rendre plus éclatant. Or, lorsque vous voyez que des plantes ou des animaux sont l'objet de sembla bles prodiges, ne demandez pas comment ce figuier a été desséché avec justice, si ce n'était pas le temps des fruits; cette question serait de la dernière folie, puisque dans de semblables objets, il ne peut être question ni de faute ni de peine, mais considérez attentivement ce miracle, et admirez la puissance de celui qui l'opère. C'est ce que font les disciples: «Ce que les disci ples ayant vu, ils furent saisis d'étonnement»,etc.
Or, pour vous apprendre que c'est pour l'utilité de ses disciples, c'est-à-dire pour exciter en eux une grande confiance, qu'il a opéré ce miracle, écoutez ce qu'il ajoute: «Alors Jésus leur dit: Je vous le dis en véri té, si vous avez de la foi»,etc.
Or, c'est à la prière et à la foi que le Seigneur attribue cette puissance, et c'est pour cela qu'il dit de nouveau: «Toutes les choses que vous demanderez».
Or, si la faim qu'il éprouvait avait été naturelle et avait eu pour objet la nourriture du corps, il ne l'aurait pas res sentie le matin; cette faim du matin, c'est donc la faim du salut des âmes.
La figue, qui renferme une multitude de grains sous une même enveloppe, est comme la réunion de la multitude des fidè les. Or, le Seigneur ne trouve sur le figuier que des feuilles, c'est-à-dire les traditions pharisaï ques, et toutes les prétentions orgueilleuses de la loi, sans aucun fruit de vérité.
Lorsque les ténèbres de la nuit furent dissipées, le Seigneur étant revenu à Jérusalem, éprouva le besoin de la faim. «Le matin, dit l'Évangéliste, comme il retournait dans la ville, il eut faim ?» et il donnait ainsi la preuve qu'il s'était vraiment revêtu de la nature humaine.
Or, le Seigneur, avant de souffrir à la vue du peuple et de porter le scandale de la croix, voulut raf fermir l'âme de se s disciples par un miracle qui précédât ses humiliations. «Et voyant un fi guier, il s'en approcha».
Ou «dans aucun temps»; car le mot grec peut recevoir l'un et l'autre sens.
Les chiens des Gentils aboient contre nous, en af firmant que les Apôtres n'ont pas eu la foi, puisqu'ils n'ont pu transporter des montagnes. Nous leur répondons que Notre-Seigneur a fait un grand nombre de miracles qui ne sont pas rapportés par les Évangélistes, et nous croyons également que les Apôtres ont opéré des pro diges de cette nature, mais que les auteurs sacrés n'ont pas rapportés, pour ne pas donner aux infidèles une nouvelle occasion de contredire les vérités chrétiennes. Demandons leur, en effet, s'ils croient ou non aux miracles écrits dans l'Évangile, et, en voyant leur incrédulité à cet égard, nous serons autorisés à conclure qu'ils n'auraient pas cru davantage à de plus grands prodiges.
Cet arbre qu'il rencontre dans le chemin, c'est la synagogue; elle était le long du chemin, parce qu'elle avait la loi, mais elle ne croyait pas à la voie véritable qui est Jésus-Christ.
Ou bien, c'est le langage que le serviteur de Dieu doit tenir à la montagne de l'orgueil pour la repousser loin de lui. Ou bien encore, comme c'est par les Apôtres que l'Évangile a été prêché, le Seigneur, qui est appelé la montagne, a été jeté par les Juifs au mi lieu des Gentils comme au sein de la mer.
Remarquons que les disciples s'étonnèrent de ce que le figuier s'était desséché, et que le Seigneur leur fit connaître l'efficacité de la foi, non pas le deuxième jour où il maudit cet arbre, mais le troisième jour, comme saint Marc le rapporte. En effet, cet Évangéliste raconte que le second jour, Notre-Seigneur chassa les marchands du temple, ce qu'il avait omis le premier jour; le second jour, il dit que le soir étant venu, Jésus sortit de la ville, et que le lendemain matin les Apôtres virent en passant le figuier desséché. D'après le récit de saint Matthieu, au contraire, tout se serait passé le second jour. Lors donc que cet Évangéliste dit: «Et aussitôt le figuier fut desséché»; et que passant tout les événe ments du second jour, il ajoute immédiatement: «Ce qu'ayant vu les disciples, ils furent saisis d'étonnement», il faut l'entendre en ce sens que ce n'est pas le même jour que le Seigneur vit et maudit le figuier que les disciples furent dans l'étonnement. En effet, ce n'est pas au moment qu'ils le virent desséché que le figuier se dessécha, mais aussitôt qu'il eût été maudit; car ils ne le virent pas se desséchant, mais tout à fait desséché, et c'est ce qui leur fit comprendre qu'il s'était desséché tout d'un coup, à la parole de leur divin Maître.
Remarquez le zèle toujours croissant de cet ouvrier infatigable, il retourne le matin à la ville pour y prêcher de nouveau, et gagner quelques âmes à son Père.
Car Satan se venge d'être chassé du milieu des élus en se déchaînant avec plus de fureur Contre les réprouvés.
Or, toutes les fois que nos prières ne sont pas exaucées, cela vient de ce que nous avons demandé des choses contraires à notre sal ut; ou de ce que les mauvaises dispositions de notre âme nous ont rendu indignes d'obtenu ce que nous demandions pour les autres; ou bien enfin, Dieu diffère de nous accorder l'effet de notre prière, pour accroître nos désirs, et nous faire recevoir d'une manière plus parfaite les grâces que nous demandons.
La Glose
Le Créateur ne commet pas d'injustice à l'égard de celui à qui appartient un objet quelconque, en usant de sa créature comme il l'entend pour l'utilité des autres.
2185. De même, il aborde la puissance de la prière : TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ LORSQUE VOUS PRIEREZ AVEC FOI, VOUS LE RECEVREZ. Plus haut, 2, 7 : Demandez et vous recevrez.
Jésus, dilatant sa promesse, passe du particulier au général. Ce n’est pas seulement une espèce de
miracles, mais tous les prodiges sans exception que ses disciples pourront accomplir au moyen de la foi. -
Dans la prière : réflexion importante, qui a pour but de montrer que le thaumaturge, outre sa foi, a encore
besoin d’un secours spécial du ciel pour réussir. Sa puissance personnelle n’est rien ; tout ce qu’il produit, il
le produit par Dieu dont il est l’instrument et auquel il doit en conséquence s’unir par une fervente prière. Ce
verset rappelle aussi les résultats tout-puissants et infaillibles de la prière ; Cf. 7, 8, 9 ; 18, 19.
De même que Jésus prie le Père et rend grâces avant de recevoir ses dons, il nous apprend cette audace filiale : " tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez déjà reçu " (Mc 11, 24). Telle est la force de la prière, " tout est possible à celui qui croit " (Mc 9, 23), d’une foi " qui n’hésite pas " (Mt 21, 22). Autant Jésus est attristé par le " manque de foi " de ses proches (Mc 6, 6) et le " peu de foi " de ses disciples (Mt 8, 26), autant il est saisi d’admiration devant la " grande foi " du centurion romain (Mt 8, 10) et de la cananéenne (Mt 15, 28).