Matthieu 21, 26

Si nous disons : “Des hommes”, nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. »

Si nous disons : “Des hommes”, nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. »
Louis-Claude Fillion
Sommaire intéressant de la délibération. On y voit des hypocrites qui se demandent non pas de quel côté se trouve la vérité, mais ce qu’ils doivent dire pour ne pas se compromettre. S’ils répondent que Jean-Baptiste était un envoyé de Dieu, Jésus lancera aussitôt contre eux, ils le prévoient bien, ce reproche terrible : Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui ? Jean n’a-t-il pas à mainte reprise affirmé catégoriquement que je suis le Christ ? Cf. Joan. 1, 33. S’il était prophète et envoyé de Dieu, pourquoi donc ne croyez-vous pas en moi ! Voilà le raisonnement qu’ils redoutaient dans cette première hypothèse. - Nous avons à craindre la foule. D'après S. Luc, « le peuple tout entier va nous lapider ». Comme ils manifestent bien par ce langage la bassesse de leur caractère ! Au fond ils ne croient pas à la mission du Précurseur, et pourtant ils font semblant d’y croire par politique, de crainte d’indisposer le peuple contre eux s’ils avouaient hautement leur incrédulité. Telle était la valeur morale des hommes qui exerçaient alors chez les Juifs une autorité suprême en fait de religion. - Car tous... Indication du motif qui leur fait craindre d’exaspérer l’opinion publique, s’ils nient l’origine divine du rôle de S. Jean. Hérode, lui aussi, avait hésité pendant quelque temps à faire mourir le Baptiste, parce qu’il redoutait de soulever une révolte parmi le peuple. Cf. 16, 5. - Regardaient : ce verbe, de même que le grec, a ici le sens de « estimer, considérer ». Cf. Bretschneider, Lexic. græc. latin. in libr. N. T. s. v. 6°.