Matthieu 21, 27
Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela.
Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela.
On trouvera peut-être qu'il était ridicule de demander à Jésus par quelle autorité il faisait ces choses, car il était impossible qu'il répondît que c'était au nom du démon. L'homme de péché ( 2Th 2 ), lui-même, ne pourrait répondre, ce qui serait vrai cependant, qu'il agit par la puissance du démon. Dira-t-on que les princes des prêtres ne lui faisaient cette question que pour l'intimider, comme lorsque nous voyons un homme qui entre prend sur notre terrain des choses qui ne nous conviennent pas, nous lui disons pour l'effrayer et le faire cesser: «Qui vous a commandé d'agir ainsi ?» Mais alors, pourquoi le Sauveur leur a-t-il dit: «Répondez d'abord à ma question, et je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais ces choses».Voici donc l'explication vraisemblable de ce passage. On distingue, en géné ral, deux pouvoirs opposés; l'un qui vient de Dieu, et l'autre qui vient de Satan; mais, dans les cas particuliers, il faut en admettre un plus grand nombre. Ainsi ce n'était pas la même puis sance qui agissait dans les prophètes, lorsqu'ils faisaient des miracles, mais cette puissance était différente dans les différents prophètes. Peut-être cette puissance était moindre pour des cho ses moins importantes, et plus grande pour de plus grandes circonstances. Or, les princes des prêtres, voyant Jésus opérer une foule de prodiges, voulaient apprendre de sa bouche de quelle espèce et de quelle nature était la puissance au nom de laquelle il agissait. Ceux qui avaient fait des miracles avaient commencé d'agir à l'aide d'un pouvoir limité, et à mesure qu'ils avan çaient ils avaient reçu une puissance plus grande; mais, pour le Sauveur, il a opéré tous ses miracles par la seule et même puissance qu'il a reçue de son Père. Or, comme les princes des prêtres n'étaient pas dignes d'entendre de tels mystères, Jésus ne veut pas leur répondre, et, au contraire il les interroge lui-même.
Les prêtres, témoins de l'entrée si glorieuse de Jésus-Christ dans le temple, furent en proie à une violente jalousie, et ne pouvant contenir dans leur âme l'ardeur de cette passion qui les dévorait, ils la laissent éclater dans leurs paroles: «Et lorsqu'il fut entré dans le temple, les princes des prêtres et les anciens du peuple vinrent le trouver».
Ils ne peuvent calomnier ses miracles, ils l'attaquent sur la défense qu'il a faite de vendre dans le temple, comme s'ils lui disaient: Est-ce que vous occupez la chaire des docteurs? est-ce que vous avez reçu la consécration sacerdotale pour déployer une si grande autorité?
Par les paroles qui suivent: «Et qui vous a donné ce pouvoir ?» ils reconnaissent qu'il y a plusieurs dignités qui ont le droit de conférer sur la terre la puissance extérieure ou même la puissance spirituelle, et ils semblent dire au Sauveur: «Vous n'êtes pas d'une famille sacerdotale; ni le sénat ni César ne vous ont investi de ce pou voir».S'ils avaien t cru que tout pouvoir vient de Dieu, ils ne lui auraient jamais fait cette question: «Qui vous a donné ce pouvoir ?»Car tout homme juge les autres d'après lui-même; le fornicateur ne peut croire qu'il existe un homme chaste; l'homme chaste, au contraire, ne croit pas facilement à la fornication, c'est ainsi que celui que Dieu n'a point établi prêtre, ne croit pas qu'il puisse y avoir de sacerdoce qui vienne de Dieu.
Ce n'est pas dans le dessein que leur réponse les rende plus dociles, mais pour les embarrasser et les empêcher de le questionner davantage; car il avait lui-même donné le précepte de ne pas donner les choses saintes aux chiens. D'ailleurs, eût-il répondu à leur question, c'eût été sans résultat; car les ténèbres, dont la volupté est environnée, ne lui permettent pas de se laisser pénétrer par la lumière. Il faut éclairer celui qui interroge pour s'instruire; mais pour celui qui ne questionne que pour tendre des piéges, il suffit de le confondre par une réponse pleine de sens, sans lui faire connaître les secrets du mystère qu'il veut pénétrer. Le Seigneur les embarrasse donc dans la question qu'ils lui ont faite par celle qu'il leur adresse, et comme ils ne pouvaient échapper à cette difficulté, il ajoute: «Et si vous m'y répondez, j e vous dirai par quelle autorité je fais ceci».Or, voici la question qu'il leur pose: «Le baptême de Jean, d'où était-il? du ciel ou des hommes ?»
Ou bien, on peut dire qu'ils renouvellent ici la même calomnie qu'ils avaient faite autrefois lorsqu'ils disaient: «C'est par Béelzébub, prince des démons, qu'il chasse les démons».En effet, ces paroles: «Par quelle autorité faites-vous ces choses ?»ne sont-elles pas un doute formel que ce soit au nom de la puissance de Dieu, et ne laissent-elles pas sous-entendre que c'est au nom du démon que Jésus opère ces merveilles? Ils ajoutent: «Et qui vous a donné ce pouvoir ?»et ils nient par là ouvertement qu'il soit le Fils de Dieu, en croyant que c'est par une puissance étrangère et non par sa propre vertu qu'il opère des miracles. Or, Notre-Seigneur pouvait ré futer les calomnies de ceux qui le tentaient, par une réponse claire et sans réplique; mais il aime mieux leur poser une question pleine de prudence, pour qu'ils trouvent leur condamna tion, ou dans leur silence ou dans leur science prétendue. «Jésus leur répondit: J'ai moi-même une question à vous faire».
Or, nous voyons dans ces paroles suivantes: «Mais ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes», le conseil qu'ils tinrent sous l'inspiration de leur malice. S'ils répondaient; le bap tême de Jean venait du ciel, il. était naturel de leur répliquer: «Pourquoi donc n'avez-vous pas reçu ce baptême de Jean ?» S'ils répondaient, au contraire, que ce baptême était d'invention humaine, et n'avait rien de divin, ils craignaient de soulever une sédition parmi le peuple; car il s'était porté en foule pour recevoir le baptême de Jean, et le regardait comme un prophète. Cette faction d'impiété lui répondit donc, et pour mieux cacher ses intentions perfides, elle a recours à cet aveu plein d'humilité, qu'elle ne savait que répondre. «Ils répondirent donc à Jésus: Nous ne savons». Cette réponse était un véritable mensonge, et il semble que le Seigneur au rait dû leur rendre la pareille, en leur disant: «Ni moi non plus je ne sais pas». Mais la vérité est incapable de mensonge. «Il leur répondit donc: Je ne vous dirai point non plus par quelle autorité je fais ceci». Il leur démontre ainsi qu'ils le savent fort bien, mais qu'ils ne veulent pas répondre, et qu'il sait aussi que répondre, mais qu'il ne veut pas le faire, parce que eux-mêmes ne veulent pas dire ce qu'ils savent.
Jean reçut le pouvoir de baptiser de celui qu'il baptisa lui-même par la suite, et ce baptême qu'il avait reçu le pouvoir de donner, est appelé ici le baptême de Jean. Il est le seul qui ait reçu une telle faveur, et aucun juste avant lui, aucun juste après lui n'a reçu le pouvoir de donner un baptême qui portât son nom. Car Jean vint baptiser dans l'eau de la pénitence pour préparer les voies au Seigneur, mais sans purifier les âmes, ce que ne peut faire un simple mortel.
Il y a deux raisons de cacher la vérité à ceux qui semblent la chercher, lorsque celui qui interroge est incapable de la comprendre, ou bien lors que la haine ou le mépris de la vérité le rendent indigne qu'on lui explique ce qu'il demande.
2190. Ensuite, il est question des réponses : premièrement, de la réponse des Juifs ; deuxièmement, de celle du Christ.
Il est vrai que les petits ont cru, mais les Pharisiens étaient indignés. Car s’ils disaient que [le baptême de Jean] venait des hommes, ils seraient confondus. De même, tous considéraient Jean comme un prophète, plus haut, 11, 7 : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert, etc. ? ILS RÉPONDIRENT : «NOUS NE SAVONS PAS.» Ils mentent. Ps 26[27], 12 : L’iniquité se ment à elle-même.
La réponse du Christ est ensuite présentée : MOI NON PLUS, JE NE VOUS LE DIRAI PAS. En cela nous avons un exemple de ce que le Seigneur cache le reste à celui qui ne veut pas dire ce qu’il sait. Ainsi, dans Sg 7, 13 : J’ai appris sans feinte et je transmets sans envie.
Il est vrai que les petits ont cru, mais les Pharisiens étaient indignés. Car s’ils disaient que [le baptême de Jean] venait des hommes, ils seraient confondus. De même, tous considéraient Jean comme un prophète, plus haut, 11, 7 : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert, etc. ? ILS RÉPONDIRENT : «NOUS NE SAVONS PAS.» Ils mentent. Ps 26[27], 12 : L’iniquité se ment à elle-même.
La réponse du Christ est ensuite présentée : MOI NON PLUS, JE NE VOUS LE DIRAI PAS. En cela nous avons un exemple de ce que le Seigneur cache le reste à celui qui ne veut pas dire ce qu’il sait. Ainsi, dans Sg 7, 13 : J’ai appris sans feinte et je transmets sans envie.
Ils répondirent. Placés dans
une alternative embarrassante, ils essaient d’en sortir par une réponse évasive. Mais leur Nous ne savons
mensonger était une complète défaite, surtout si l’on se rappelle que la foule était là, assistant à toute cette
discussion, et qu’elle entendit l’aveu que ses maîtres faisaient de leur ignorance. Jésus achève de les accabler
en disant : je ne vous dirai pas non plus... Mais, s’écrie S. Jean Chrysostôme : le Seigneur ne devait-il donc
pas les instruire, puisqu’ils ignoraient ? Il ajoute aussitôt : C’est à bon droit qu’il refusa de leur répondre,
parce qu’ils agissaient avec malice. Hom. 67 in Matth. « Il leur démontre ainsi qu’ils le savent fort bien,
mais qu’ils ne veulent pas répondre, et qu’il sait aussi que répondre, mais qu’il ne veut pas le faire, parce que
eux-mêmes ne veulent pas dire ce qu’ils savent », S. Jérôme. Quelle dignité et quelle majesté royales brillent
ici en Jésus !